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Fonds d'archives du Groupe
Gai Pied
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1er 1 2006 > Résister
- Vivre la mémoire [ Vincent Espagne ]
:: Vers un deuxième
acte ?
Au printemps 1994, nous nous retrouvons rue Sedaine à une quinzaine.
Certains ont travaillé longtemps dans ses locaux, d’autres aujourd’hui
y militent. Les plus anciens se souviennent des assemblées générales
du FHAR dans le préfabriqué de l’Ecole des beaux arts, François
montre des photographies des premiers défilés. Sur ses images,
on en reconnaît beaucoup. Certains sont morts, d’autres, on n’a
aucune nouvelle… Les séances du groupe sont graves. L’appel
vient des plus jeunes. Leur génération fait fasse au sida, la
précédente avait du rendre visible la différence. L’homosexualité
devient un vecteur marchand et c’est par celui là même que
se propage le plus facilement le virus. Les homosexuel(e)s s’organisent
en une myriade d’associations et un « centre » tente de les
fédérer. On dépose des logos, des titres de presse. Radio
Fil rose devient FG...
:: Les startellettes en
piste !
En quelques mois de préparation de l’acte 1, (pas grand-chose :
une exposition à Paris puis à Amsterdam en juin, une brochure),
je réalise combien la tâche peut être difficile. A la question
: qui détient les fonds, les épaules se rentrent, les rancoeurs
émergent… Avec tout son art, Audrey nous obtient quelques planches
que Frank Arnal avait crées en 1979.
Le problème, c’est que le projet d’un
Centre d’Archives et de Documentations existe dans les têtes depuis
quelques années. J’en avais déjà
entendu parler dans les anciens locaux du CGL à
quelques mètres du Dupleix ! [ le projet de Centre
d'Archives de la Maison des Homosexualités n'a pas abouti (
malgré les 50.000
francs de subventions du Ministère de la Culture ) ].
Pendant toutes ces années d’agitation égocentrée
( à Pablo, à Jean : n’avez-vous pas le sentiment d’un
immense gâchis ? ), rien ne s’est fait et rien n’est fait
encore, sinon un dossier quelque part dans un bureau du cabinet du Maire de
Paris.
L’institutionnalisation avant l’existence de l’établissement
: en voilà une avancée !
Que sont devenues les archives de Guy Hockeinghem, celles
de Michel Cressole, celles de Gilles Chatelet ? J’apprends que celles
de Gai Pied ( ou du moins ce qu’il en reste ) sèchent dans des
cartons quelque part dans Paris, ( propriété d’un organe
de presse ? )
:: Confisquer la mémoire,
c’est entretenir la discrimination
Depuis, c’est sans cesse que des garçons découvrent
avec stupeur dans ma bibliothèque 3 Milliards de pervers - Grande
encyclopédie des homosexualités (1973) et demandent à
entendre mon témoignage, un petit bout d’histoire, désir
très important puisqu’elle les concerne en premier chef. Et je
réalise à chaque fois combien la confiscation de la mémoire
est un acte plus qu’inconsidéré !
Ne pas faire vivre la mémoire, la rendre visible, c’est la bafouer.
C’est pratiquer une discrimination entre ceux qui savent, ceux qui détiennent
et ceux qui doivent savoir. C’est entretenir la suspicion, voire la honte.
C’est jouer de la spéculation sur un patrimoine collectif.
Aujourd’hui, combien d’entreprises citoyennes
font vivre la mémoire ?
- GKC à Lille [ Centre d'Archives
et de Documentation de Gay Kitsch Camp ] ( gaykitschcamp.com
)
- et celle de Hoang à Vitry sur Seine [
Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBTQ de l'Académie
Gay & Lesbienne ] ( archiveshomo.info
),
- bientôt une à Lyon [ Centre de Ressources
Documentaires Gays et Lesbiennes de la Bibliothèque Municipale de Lyon
( www.bm-lyon.fr
) ].
Des structures, non pas rivales mais complémentaires
avec leur dynamique propre. Tout cela devrait être immédiatement,
de manière permanente et directement visible.
Il s’agit de témoigner des résistances, des luttes, de faire
vivre une culture, ou du moins de tenter la démonstration qu’il
en existe une. C’est rendre visibles les immenses influences, les apports
intellectuels et sociaux, l’histoire d’une communauté qui
n’en est pas vraiment une.
Mais quelle importance à vouloir faire vivre la mémoire, dès
lors que D. ( 25 ans ), revendique le droit à l’indifférence
et qu’il réfute la folle attitude qui, pourtant, le caractérise
?
Je ne peux m’empêcher de lui rappeler ce que les acquis qui sont
les siens aujourd’hui le sont parce qu’avant lui, des folles se
sont battue pour les obtenir. Il n’était question ni de droit à
la différence ou à l’indifférence, mais de celui
à l’existence. Puis, en quelques années, le sida a transformé
nos organisations naissantes. Que sont devenus les mémoires de nos pairs,
de nos amants disparus ? Certes, Les homosexuel(e)s se reproduisent de bouche
à oreille ( Place Saint Ravy, Montpellier, 1980 ) …
:: En 2005, on pend
les homosexuels à quelques heures d’avion d’ici…
En ces temps de retour de l’ordre moral, le texte/manifeste de Gilles
Chatelet La République
des chiennes ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra
pas est toujours de vigueur.
Pour résister, faire vivre la mémoire. Vers un deuxième
acte ?
11 4 2003 > Initiatives
[ gayvox.com ]
Artistes, ça vous dirait de partir à Berlin, Budapest, Moscou,
New York ou Sao Paulo ? La Mairie de Paris vous offre cette possibilité
! ...
Nous observons tout par la lucarne, du Net, bien sûr.
Enfin, le CADHP colle à la peau …
:: CADHP impair et
passe
Ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère dans l’édito
du mensuel Ex’ist … Si j’ai bien compris,
la province est outrée que ce Centre d’Archives et de Documentation
Homosexuelles de Paris bénéficie d’une somme de 100 000€
pour préfigurer le projet. Et qu’à ce tarif là, en
province, on monte deux centres pour le prix d’un. Et en plus, à
ce tarif, ce n’est même pas un projet national … donc, exit
la province. Comme dirait la dinde que je fréquente à l’occasion
parce qu’elle me fait rire : Paris te pète au cul ! C’est
bien le portrait que trace Ex’ist. Cette vision provinciale n’est
pas dénuée d’intérêt …
Moins drôle et un peu plus factuel, ce petit détail qui tue : je
me souviens qu’après mon édito du 4 octobre 2002, parmi
les arguments employés au téléphone d’un de la Mairie
( non, pas dinde de la mairie ), il y avait celui qui consistait à m’objecter
que l’équipe du CADHP faisait référence. En d’autres
termes, il fallait que nous nous contentions d’approuver béatement
ou de nous taire. Exit la discussion. C’était mal nous connaître
que de vouloir nous prendre de haut.
C’était aussi nous prendre pour des imbéciles que de nous
objecter l’aspect indiscutable de ce projet parce qu’il était
voté par l’ensemble de la gauche ( qui ne savait pas encore où
elle mettait les pieds, peut-être parce qu’elle était mal
conseillée … ) et par une partie de la droite ( et alors
? ).
On nous avait dit aussi que la liste des Participants
à ce jour au projet ( ainsi titrée )
était confidentielle. Un comble pour justifier une subvention publique
! Et que dans cette liste, c’était imparable, il n’y avait
que du beau linge.
Nous avons fini par nous procurer une copie de cette liste effectivement estampillée
: CONFIDENTIEL. Et je peux vous dire que si demain, nous cherchons
les bonnes raisons soit disant indiscutables de la présence de chacun
des noms cités, il va nous falloir dérouler des questions très
gênantes sur la pertinence de la participation à ce projet de certaines
personnalités dites sérieuses et intouchables.
Entre ceux qui sont morts, en prison, ou carrément
écervelés, si on trie le bon grain de l’ivraie il ne restera
pas grand monde de cette liste de noms dont on se demande bien ce qu’elle
a d’intouchable et d’indiscutable.
On peut s’interroger aussi sur le fait que des personnes réellement
connues, reconnues, compétentes, cultivées, passionnées,
militantes et motivées à juste titre pour apporter leur aide,
aient acceptées que leurs noms soit associés à l’incongruité
la plus noire de cette liste. A moins que l’on ait évité
de leur dire à quelle soupe elles seraient bouillies ?
Ce qui expliquerait l’aspect CONFIDENTIEL de cette liste ? ?
? A suivre, car il y a du tri ou une remise à jour à faire !
:: NB : Et pour ceux qui
douteraient de notre attachement à ce projet et aux archives LGBT en
général, nous vous annonçons que nous avons déménagé
les nôtres en lieu sûr, tempéré, à l’abri
de la lumière et gardé 24h/24. Je veux parler des archives de
Gai Pied, bien entendu. Cela représente plusieurs dizaines de mètres
cubes !
:: Résidences
d'artistes parisiens à l'étranger
La Mairie de Paris et l'Association française d'action artistique (AFAA)
s'associent pour proposer aux artistes parisiens des résidences, d'une
durée de trois à six mois, dans cinq capitales culturelles : Berlin,
Budapest, Moscou, New York et Sao Paulo.
Les artistes sélectionnés par un jury bénéficieront
d'un voyage aller-retour, d'un logement et d'une bourse mensuelle pendant la
durée de leur séjour. Les services culturels de l'Ambassade de
France seront associés à cette résidence et faciliteront
les contacts de l'artiste avec les institutions artistiques locales.
Les artistes, habitant Paris, désirant postuler à ce programme
de résidences internationales, peuvent télécharger leur
formulaire de candidature sur Internet, www.paris.fr, ou sur le site de l'Association
française d'action artistique. La date limite de remise de dossiers est
fixée au 15 mai 2003.
:: Inauguration et ouverture de l’antenne HomoFesty 95 ( Val d’Oise
) ...
:: Aix-en-Provence, suite et fin ...
:: La lucarne
( Observatoire des Interactions entre l'Homosexualité et les Médias
Audiovisuels )
Nous annonce la mise en ligne de son site. Thèmes : Homosexualité,
Médias, Sociétés, Télévisions, Internet,
Radio ... La Lucarne s'est ouverte pour la première fois en juin 2002
en publiant le numéro 0 de sa cyber lettre mensuelle traitant des interactions
entre l'homosexualité et les médias audiovisuels.
L'abonnement à la cyber lettre est gratuit. Elle est envoyée à
300 abonnés, principalement belges et français, dont une part
importante de professionnels des médias audiovisuels, de la communication
et de responsables d'associations homosexuelles. La Lucarne assure une chronique
hebdomadaire dans G-mag, l'émission radiophonique gay quotidienne de
Ciel FM.
En collaboration avec Média-G, les programmes de télévisions
( France, Belgique, Suisse ) susceptibles d'intéresser les téléspectateurs
homosexuels sont disponibles sur le site qui donne également l'opportunité
de faire connaissance avec les rédacteurs et le cas échéant
de les contacter. Francis Lamberg, responsable de Projet.
20 12 2002 > L'Académie
Gay & Lesbienne lance un appel pour un recensement complet de tous les
centres et fonds d'archives [ tetu.com ] ...
L'Académie Gay & Lesbienne, quant à
elle, lance un appel pour un recensement complet de tous les centres et fonds
( français ) d'archives qui ont des documents gay, lesbiens, bisexuels
et transgenres ...
Toutes les informations, notamment la liste des fonds déjà recensés,
se trouvent sur http://www.archiveshomo.info/
Le communiqué de l'Académie Gay et Lesbienne http://debats.tetu.com/viewtopic.php?t=667
26 9 2002 > Création
du Conservatoire des Archives et des Mémoires Homosexuelles
[ tetu.com ]
A l'occasion des 19èmes Journées européennes du Patrimoine,
du 40ème anniversaire de la loi Malraux créant les Secteurs
sauvegardés et du 30ème anniversaire de la Convention de
l'Unesco pour la protection du Patrimoine mondial et culturel, la
direction de l'Académie Gay & Lesbienne a concrétisé
la création le 21 septembre 2002 du Conservatoire des Archives et des
Mémoires Homosexuelles, dont les objectifs sont d'assurer l'entretien
et une meilleure conservation du grand fonds d'archives de l'Académie
Gay & Lesbienne et de permettre le recueil de tous nouveaux documents collectés.
L'Académie demande au ministre de la Culture et
de la Communication, Jean-Jacques Aillagon, et à Bertrand Delanoë,
maire de Paris, de lui accorder un minimum d'aide et/ou un local dans Paris
intra-muros pour permettre au public ( surtout pour les Parisiens ), de venir
plus facilement consulter les archives du Conservatoire.
Ces demandes interviennent quelques jours après [ avant ! ] le
vote par le Conseil de Paris d'une subvention de 100.000 euros pour la
création du Centre d'archives et de documentation homosexuelles de Paris
(CADHP) ...
9 9 2002 > Le
Centre d'Archives Gay sur les rails [ e-llico.com ]
Comme promis lors de sa campagne et répété
depuis son élection fin mars 2001 dans le magazine Illico, Bertrand Delanoë
veut que sorte enfin de terre le projet du Centre d'Archives et de Documentation
Homosexuelle.
L'Association de Préfiguration du Centre a travaillé
depuis plusieurs mois avec l'équipe municipale. Elle est animée
principalement par Jean Le Bitoux. Journaliste, fondateur du journal Gai Pied
en 1979, puis activiste de la lutte contre le sida ( [ salarié
] chez Aides ), Jean Le Bitoux est le spécialiste
de l'histoire des discriminations contre les homosexuels en France, notamment
la déportation longtemps ignorée ( mais reconnue officiellement
en 2001 par une commission d'historiens mise en place sous le gouvernement de
Lionel Jospin, auteur de Les oubliés de la Mémoire chez
Hachette ).
Le projet du Centre est piloté par une série de chercheurs, universitaires,
sociologues, médecins, juristes, acteurs associatifs.
Des liens sont d'ores et déjà tissés avec les Centres existants
déjà dans des grandes villes occidentales comme Londres, Barcelone,
Berlin, San Francisco, Toronto, Montréal, New York et même Moscou.
De même, des échanges réguliers ont lieu avec les associations
détentrices d'archives homosexuelles en Province ( Lyon, Nantes, Montpellier,
Dijon, Marseille, Bordeaux, Strasbourg, Rouen... ), ainsi
que des négociations solides entamées avec les structures ou personnes
qui possèdent des archives des UEEH, de
Gai Pied ou d’Arcadie.
Lors de la séance mensuelle du Conseil de Paris
de septembre ( les 23 et 24 ), une délibération
sera donc soumise au vote des élu-e-s pour lui attribuer une première
subvention de 100.000 euros.
Le budget prévoit trois salariés permanents
pour animer les lieux, dont un conservateur d'archives et une personne dédiée
à la mise en place d'un futur site web, outil indispensable dans ce domaine.
Les archives ne seront pas que papier, mais aussi audiovisuelles (
radio, télé ... ).
L'Association [ AP CADHP ] et
la mairie [ de Paris ] ont discrètement
sollicité JL Roméro ( RPR-UMP ) pour
qu'il tente de sensibiliser quelques élu-e-s de droite pour
éviter des dérapages homophobes lors de la session qui examinera
cette question.
7 2 2002 > L'Académie
Gay & Lesbienne s'adresse au Ministère de la Culture [ tetu.com
]
Suite aux liquidations successives par le Tribunal de
commerce de Paris des sociétés du groupe Gai Pied, l’Académie
Gay & Lesbienne demande l’aide du Ministère de la Culture et
de la Communication pour que le fonds d’archives (
1979 à 2001 ) du groupe Gai Pied ( Éditions
du Triangle Rose, LFM, Delta Éditions, PX Presse, Netgate … )
soit retrouvé et sauvegardé dans son intégralité
pour la mémoire homosexuelle et pour la consultation du public.
L'Académie s'inquiète en effet de toute éventuelle destruction,
abandon ou dispersion de ces archives.
Toutes les infos auprès de academiegay@yahoo.fr
> Le Gay Pouvoir : Enquête sur la République bleu blanc rose
[ Yves Derai ] 22 5 2003
=> Vert à
l'extérieur, rose à l'intérieur ...
[ Christophe ] Girard s'est aussi attiré les foudres des lesbiennes en
s'impliquant personnellement dans la création d'un Centre d'archives
homo.
=> Au
cours de l'année 2002, deux projets s'affrontent sous les regards
examinateurs de l'adjoint à la Culture et de sa collègue en charge
de la mémoire et du monde combattant, Odette Christienne.
L'un est présenté par un vieux militant gay, Jean Le Bitoux, président
du Mémorial pour la déportation homosexuelle, l'autre par les
femmes de l'Académie gay et lesbienne.
C'est le premier, jugé plus crédible, qui est retenu à
l'issue de quelques mois de débats animés.
Le comité de pilotage constitué dans la foulée se discrédite
par une disparité générique : il ne compte que cinq femmes
sur cinquante-neuf membres !
Il n'en faut pas plus pour que Marie-Jo Bonnet, historienne de l'homosexualité
féminine et lesbienne emblématique, accuse Girard des pires avanies.
Il suffit que le chouchou du maire, Christophe Girard, adjoint vert à
la Culture et gay, claque des doigts pour que de l'argent lui tombe dans les
mains, écrit-elle dans une lettre adressée à Anne
Hidalgo, première adjointe et responsable de la parité à
la Mairie de Paris.
Ce que les opposants hétéros de Bertrand Delanoë au Conseil
de Paris n'ont jamais osé, une lesbienne l'a fait sans complexe aucun.
Il y a parfois une agressivité terrible dans notre milieu qui tient
à un mal-être quasi palpable en certaines circonstances, regrette
Christophe Girard.
Persiste surtout, pour des raisons à la fois culturelles et historiques,
dans la communauté homosexuelle française, une mainmise exclusive
des gays sur les fonctions dirigeantes au détriment des lesbiennes dont
le poids politique se réduit à l'Association des parents et futurs
parents gays et lesbiens, présidé par Martine Gross.
Ces quelques antagonismes n'empêchent pas Girard de poursuivre son ascension.
Depuis sa nomination à l'Hôtel de Ville, le Tout-Paris fait son
miel de cet esthète d'une cinquantaine d'années à l'itinéraire
original, à la personnalité double, à la sexualité
triple ...
29 3 2001 > Les pédophiles,
boucs émissaires des homos [ illico ] n° 26
Ancien co-fondateur et rédacteur en chef de Gai
Pied, Jean Le Bitoux, observateur engagé, depuis les années 70,
revient sur les rapports entre militants homos et militants pédophiles.
:: L’enfant
- En France, l’homosexualité vient d’une culture pédophile
avec André Gide.
En 1968, il existait même un comité d’action pédérastique
révolutionnaire.
Dans le discours du GLH à partir de 1975, il y a tout un héritage
du FHAR notamment sur la question pédophile. A l’époque,
il s’agissait de libérer son corps, libérer ses fantasmes.
Il ne faut pas oublier qu’à cette époque-là la majorité
est à 21 ans, ce qui est bien tard.
Dans les années 70 , tout est à libérer y compris l’enfant
qui est corseté comme la femme, comme l’homosexuel.
Aujourd’hui, on ne parle plus du tout du même enfant. L’enfant
des années 70 était l’esclave d’une vieille civilisation,
l’enfant d’aujourd’hui est extrêmement sacralisé.
:: Gai Pied
- Cela ne coulait pas de source pour tout le monde. J’ai régulièrement
été inquiet, par rapport à des articles relativement audacieux,
de représailles judiciaires.
Dans les années 70 déjà, la pédophilie est un sujet
tabou. Il y avait cependant une conscience collective qu’il fallait libérer
tout cela. René Schérer [ philosophe très engagé
en faveur de la pédophilie, ndlr ] expliquait : pendant que tout le monde
se libère, il ne faut pas oublier l’enfant.
Je crois, concernant Gai Pied, qu’est resté parfaitement gravé
le souvenir de toutes nos adolescences homosexuelles. J’ai attendu 21
ans avant d’être majeur officiellement. Mon adolescence homosexuelle
est passée à la trappe.
Ces années ont été assez douloureuses pour pas mal de gens
de ma génération. Le tabou de la pédophilie cache toute
cette période où on est adolescent, où on a des désirs
mais où on reste en carafe parce que rien n’est possible.
C’est cela dont se souvient la génération de l’équipe
Gai Pied à la fin des années 70.
:: Duvert
- Tony Duvert [ écrivain très engagé en faveur de la
pédophilie, ndlr ] tenait une rubrique dans Gai Pied où il affirmait
: la question pédophile existe et certains gays sont pédophobes
et ils considèrent que l’émancipation des homosexuels se
fera sur le dos des pédophiles.
On a inventé un homosexuel qui laisse de côté la question
pédophile.
:: Le Coral
- La date symbolique et funeste, c’est 1982, celle de l’affaire
du Coral. La gauche est au pouvoir et l’extrême droite sort une
affaire complètement farfelue, selon laquelle de grands intellectuels
de gauche et des politiques iraient visiter régulièrement un centre
pour jeunes ayant des difficultés psychologiques pour y avoir des ébats.
Il y avait là une machination médiatico-politique qui a fait peur
à tout le monde.
L’affaire du Coral constitue un arrêt, non pas de la pédophilie,
mais de la réflexion sur cette question.
:: Bouc émissaire
- Aujourd’hui, je pense que les pédophiles sont toujours les
boucs émissaires des homosexuels.
Le débat n’est plus du côté d’un espace de liberté
que les pédophiles n’ont toujours pas mais du côté
de la jeunesse des homosexuels.
> Chronique d'une promesse électorale : le Centre d'archives et de
documentation homosexuelles de Paris [ SexPolitique - Queer Zone 2 ] 12 4 2005
=> 2001 - 2002
:: Maux d'archives : devoir de mémoire ou exclusions ?
En mars 2001, le candidat à la mairie de Paris, Bertrand Delanoë,
a glissé dans son panier de promesses électorales la création
d'un centre d'archives dédié au mouvement homosexuel français
[23].
En septembre 2002, le Conseil de Paris accorde une subvention de 100.000 euros
à une association de préfiguration d'un centre d'archives homosexuelles
de Paris (le CADHP).
Problème : le projet se payait le luxe de faire l'impasse sur la plupart
des minorités sexuelles et de genre. Sans parler des minorités
visibles. Ne figuraient quasiment aucune référence lesbienne et
aucune référence transsexuel(l)e ou transgenre dans la bibliographie.
Le budget publicitaire n'allait qu'aux supports gais, parisiens et régionaux
[24].
Les annexes du projet traitaient exclusivement de l'histoire du Paris gai. Homocentré
et homonormatif, le futur centre faisait l'économie de pans entiers de
la culture gaie : la pornographie et les cultures SM. Et comme il fallait aussi
exclure Act-Up Paris, le sida n'était pas évoqué [25].
Mais il y avait pire : nombre des fonds d'archives listés par le CADHP
l'étaient à l'insu de leurs détenteurs qui n'avaient tout
simplement pas été contactés.
Fermé sur sa culture homosexuelle, le
centre négligeait également l'apport d'expériences bien
antérieures en matière d'archives :
- comme le travail de Hoang B. Phan et Thomas Leduc, fondateurs de l'Académie
Gay & Lesbienne, [26]
- ainsi que les réalisations du Centre Européen de recherches,
d'études et de documentation sur les sexualités plurielles et
les interculturalités, de Patrick Cardon à Lille.
Compte tenu de tous ces manquements et comme l'initiateur du projet - Jean Le
Bitoux [27] - et le président de l'association à l'époque
- Christopher Miles - refusaient tout dialogue avec les parties concernées
mais oubliées [28], les groupes Archilesb!, VigiTrans et LopattaQ se
sont formés en 2002 pour que le projet devienne représentatif
et que son contenu scientifique et politique soit revu et enrichi.
Nous demandions notamment que les lesbiennes, les transsexuel(le)s et les transgenres
soient intégrés dans la réflexion et les circuits de décision
dès la phase de préfiguration - en un mot, que le futur centre
compte avec toutes les minorités sexuelles et de genre, mais aussi ethniques.
Nous avons lancé une pétition en France et à l'étranger
en octobre 2002 qui a recueilli plus de mille signatures réunissant des
activistes, des universitaires, des chercheurs indépendants, des figures
des études LGBT, des associations, des particuliers transpédégouines
ou non, désireux de voir mis en place un dispositif de recueil, de construction
et de diffusion d'archives, dédié aux minorités sexuelles
et de genre, qui ne soit ni excluant ni scientifiquement archaïque [29].
L'autre objectif de ces groupes d'archivaction était qu'un débat
public soit ouvert sur la question des archives LGBTQ et sur les orientations
du projet.
=> Notes :
- [23] - Au-delà de la mémoire de la déportation, le
mouvement homosexuel français a toujours été fragile lorsqu'il
s'est agi, depuis cinquante ans, de conserver et de transmettre son histoire
[...] C'est pourquoi la possibilité de créer un lieu de documentation,
d'information et de recherches autour de cette mémoire a retenu toute
mon attention. Réponse écrite de Bertrand Delanoë aux
questions posées aux candidats à la mairie de Paris par l'association
Lesbian & Gay Pride-Ile de France, 2 mars 2001.
- [24] - Budget de fonctionnement indiqué pour la publicité :
1/4 de page dans Têtu : 20.000 F, 1/4 de page dans Illico : 10.000
F, presse régionale gai : 20.000 F.
- [25] - L'histoire se répète. En 1991, Act-Up Paris avait déjà
quitté la Maison des homosexualités à cause de la non-prise
en compte des lesbiennes et du sida, critiquant ainsi la politique de Jean Le
Bitoux, l'un des co-fondateurs ( Action n° 004, novembre 1991, p. 7 ). Rappelons
qu'en 1990, une première subvention de 50.000 francs avait été
accordée par le ministère de la Culture pour un projet de centre
d'archives au sein de la Maison des homosexualités ( cf. Décharges
publiques par Jean Le Bitoux in Illico, octobre 1991, p. 12 ). Malgré
les subventions publiques, celui-ci n'a jamais abouti.
- [26] - L'Académie Gay & Lesbienne a réuni
plus de 20.000 documents [ collectés et archivés ] depuis 1975
http://www.archiveshomo.info
- [27] - Fort de sa qualité de président du Mémorial de
la déportation homosexuelle et de l'injonction au droit de mémoire,
Jean Le Bitoux est toujours resté insensible aux critiques en matière
de représentativité. Il s'est opposé dès le départ
à la présence de Marie-Jo Bonnet, historienne de référence
dans la culture lesbienne française et dont la thèse sur les relations
entre les femmes dirigée par Michelle Perrot ( Les Relations amoureuses
entre les femmes du XVIe au XXe siècle, Odile Jacob 1995 ) est devenu
un classique.
- [28] - En juillet 2001, Christopher Miles m'avait demandé de faire
partie du projet. Après lecture de la première mouture, je lui
avais fait part de mes réserves - le mot est faible. C'est en voyant
que Jean Le Bitoux refusait de réagir que j'ai décidé de
ne pas faire partie d'un projet discriminant et d'agir dans le cadre d'Archilesb!
- [29] - Parmi les signataires : Teresa de Lauretis, les Lesbian Archives de
New York, Alain Touraine, Virginie Despentes, Martha Gever, la Coordination
Lesbienne de France, Stephen Whittle... Liste disponible sur http://perso.wanadoo.fr/
coalition.lgbtq/pet_archi.html
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