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22 5 2003 > Editions Ramsay [ Yves Derai ]
Format 14 x 2 x 22 > 203 pages Broché
ISBN 2841146561 http://www.amazon.fr/ exec/obidos/ASIN/2841146561/171-8239940-2318636

Le Gay Pouvoir
Enquête sur la République bleu blanc rose

[...] pages 41 à 44
Vert à l'extérieur, rose à l'intérieur

Quand approchent les élections municipales, le directeur «Mode» de LVMH est logiquement investi par les écologistes parisiens, dans ce IVe arrondissement où les gays représentent une part importante de l'électorat.

La tête de liste socialiste, Dominique Bertinotti, aura vraisemblablement besoin de l'appoint des voix vertes pour gagner.

Girard devrait donc tirer parti d'une négociation intelligente.

Yves Contassot compte beaucoup sur les réseaux homos de l'ancien directeur de la publication de Têtu.

«La seule catégorie de la population où les Verts mordent sur l'électorat de droite, c'est la communauté homosexuelle, assure un Vert parisien. Nous sommes sans doute le parti le plus ouvert à ses multiples revendications. » Mais il faut le faire savoir.

Pour cela, l'entregent de Christophe Girard dans les milieux gays se révèle précieux.

Du Centre gay et lesbien à la Lesbian and Gay Pride Île-de-France en passant par la plupart des associations de lutte contre le sida, tout le monde apprécie ce garçon drôle et cultivé, qui ne cache pas son rainbowflag dans sa poche. Enfin, presque tout le monde.
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Depuis son départ de la maison Yves Saint Laurent, Christophe Girard esl brouillé avec Pierre Bergé et tout ce qui gravite autour de l'homme et de sa fortune.

Dans Têtu, par exemple, l'ancien directeur de la publication se retrouve parfois épingle injustement « II n'a jamais réellemenl dirigé le journal, il s'occupait surtout des relations publiques », ironise le rédacteur en chef, Thomas Douslaly.

Pierre Bergé n'a pas digéré que Christophe Girard ait échappé à sa tutelle.

- « Je dois beaucoup à Pierre, reconnaît l'adjoint de Bertrand Delanoë. J'ai travaillé à ses côtés pendant près de vingt ans, mais c'est lui qui m'a poussé à la rupture. Il a vidé mon poste de sa substance. Quand je lui ai demandé une nouvelle affectation, il m'a proposé la gestion des activités de mécénat de la société. Je lui ai répondu que je voulais un vrai boulot.»

Lorsque le lieutenant déchu est récupéré par la concurrence - le groupe LVMH -, Bergé réagit violemment.

- «C'était comme si je lui avais déclaré la guerre, se souvient Christophe Girard. Il m'a lancé à la figure : "Vous êtes un traître et un lâche !"»

La tension entre les deux hommes atteint son apogée lorsque le microcosme bruisse d'une rumeur insistante : Girard, dont la liste a réalisé le meilleur score des Verts dans la capitale, pourrait devenir adjoint au maire chargé de la Culture.

Le bâton de maréchal qui a toujours fait fantasmer Bergé ! Le sang de ce dernier ne fait qu'un tour. «C'est comme si on nommait Rika Zaraï ministre de la Santé, s'indigne-t-il dans le Tout-Paris. Le grand manitou de la culture qui n'aurait jamais lu un livre ! Il ne serait pas pris au sérieux par le milieu. »

Malgré la campagne virulente de son ex-boss, le conseiller de Paris obtiendra le poste convoité de « ministre de la Culture bis ». À partir de là, nul ne pourra plus recoller les morceaux entre les deux rivaux.
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Girard s'est aussi attiré les foudres des lesbiennes en s'impliquant personnellement dans la création d'un Centre d'archives homo.

Au cours de l'année 2002, deux projets s'affrontent sous les regards examinateurs de l'adjoint à la Culture et de sa collègue en charge de la mémoire et du monde combattant, Odette Christienne.

L'un est présenté par un vieux militant gay, Jean Le Bitoux, président du Mémorial pour la déportation homosexuelle, l'autre par les femmes de l'Académie gay et lesbienne.

C'est le premier, jugé plus crédible, qui est retenu à l'issue de quelques mois de débats animés.

Le comité de pilotage constitué dans la foulée se discrédite par une disparité générique : il ne compte que cinq femmes sur cinquante-neuf membres !

Il n'en faut pas plus pour que Marie-Jo Bonnet, historienne de l'homosexualité féminine et lesbienne emblématique, accuse Girard des pires avanies.

- «Il suffit que le chouchou du maire, Christophe Girard, adjoint vert à la Culture et gay, claque des doigts pour que de l'argent lui tombe dans les mains », écrit-elle dans une lettre adressée à Anne Hidalgo, première adjointe et responsable de la parité à la Mairie de Paris.

Ce que les opposants hétéros de Bertrand Delanoë au Conseil de Paris n'ont jamais osé, une lesbienne l'a fait sans complexe aucun.

- «Il y a parfois une agressivité terrible dans notre milieu qui tient à un mal-être quasi palpable en certaines circonstances », regrette Christophe Girard.

Persiste surtout, pour des raisons à la fois culturelles et historiques, dans la communauté homosexuelle française, une mainmise exclusive des gays sur les fonctions dirigeantes au détriment des lesbiennes dont le poids politique se réduit à l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens, présidé par Martine Gross.
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Ces quelques antagonismes n'empêchent pas Girard de poursuivre son ascension.

Depuis sa nomination à l'Hôtel de Ville, le Tout-Paris fait son miel de cet esthète d'une cinquantaine d'années à l'itinéraire original, à la personnalité double, à la sexualité triple.
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22 5 2003 > Editions Ramsay [ Yves Derai ]
Format 14 x 2 x 22 > 203 pages Broché
ISBN 2841146561 http://www.amazon.fr/ exec/obidos/ASIN/2841146561/171-8239940-2318636

Le Gay Pouvoir
Enquête sur la République bleu blanc rose
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Biographie de l'auteur

Yves Derai, journaliste politique à BFM et L'Optimum, a coécrit plusieurs ouvrages :
- Mitterrand, Israël et les juifs (1990),
- Le Pouvoir des Guignols (1998),
- Appelez-moi Jacques (2001)
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Présentation de l'éditeur [ en couverture ]

On n'a jamais autant parlé des réseaux homosexuels, de leur influence, bref de ce nouveau lobby souvent décrit comme une autre franc-maçonnerie.

Pourtant, jusqu'à présent, nul n'a véritablement pris la peine de passer au crible l'organisation de la France gay ni, surtout, de s'intéresser à ses objectifs.

Les homosexuels ont compris que, dans notre pays où le pouvoir est en premier lieu détenu par les politiques, il faut prendre d'assaut les forteresses institutionnelles.

Ils ont donc soutenu un des leurs, Bertrand Delanoë, dans sa conquête de la mairie de Paris.

Crédité au départ d'une cote de popularité médiocre, le leader socialiste est aujourd'hui un présidentiable crédible.
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Contre toute attente, la communauté homo a aussi fait le jeu de Jacques Chirac, lors de l'élection de 2002, en participant à la déroute de Lionel Jospin, qui, selon elle, aurait trahi ses engagements.

Le pouvoir gay a déjà obtenu une loi spécifique avec le Pacs : il veut continuer de transformer la société afin que tous les citoyens, quelle que soit leur orientation sexuelle, deviennent égaux devant la famille, la morale et la justice.

La pépinière de la mairie de Paris, les nouvelles filières homos à droite, les relais élyséens, autant de phénomènes que cette enquête révèle, sans complaisance ni hostilité.
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