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2003
Conservatoire des Archives
et des Mémoires LGBT Q
de l'Académie
Gay & Lesbienne
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22 5 2003 > Le
Gay Pouvoir : Enquête sur la République bleu blanc rose [ Yves
Derai ]
- Vert à l'extérieur, rose à l'intérieur ...
[ Christophe ] Girard s'est aussi attiré les foudres des lesbiennes en
s'impliquant personnellement dans la création d'un Centre d'archives
homo.
Au cours de l'année 2002, deux projets s'affrontent
sous les regards examinateurs de l'adjoint à la Culture et de sa collègue
en charge de la mémoire et du monde combattant, Odette Christienne.
L'un est présenté par un vieux militant gay, Jean Le Bitoux, président
du Mémorial pour la déportation homosexuelle, l'autre par les
femmes de l'Académie gay et lesbienne. C'est le premier, jugé
plus crédible, qui est retenu à l'issue de quelques mois de débats
animés.
Le comité de pilotage constitué dans la foulée se discrédite
par une disparité générique : il ne compte que cinq femmes
sur cinquante-neuf membres !
Il n'en faut pas plus pour que Marie-Jo Bonnet, historienne de l'homosexualité
féminine et lesbienne emblématique, accuse Girard des pires avanies.
Il suffit que le chouchou du maire, Christophe Girard, adjoint vert à
la Culture et gay, claque des doigts pour que de l'argent lui tombe dans les
mains, écrit-elle dans une lettre adressée à Anne
Hidalgo, première adjointe et responsable de la parité à
la Mairie de Paris.
Ce que les opposants hétéros de Bertrand Delanoë au Conseil
de Paris n'ont jamais osé, une lesbienne l'a fait sans complexe aucun.
Il y a parfois une agressivité terrible dans notre milieu qui tient
à un mal-être quasi palpable en certaines circonstances, regrette
Christophe Girard.
Persiste surtout, pour des raisons à la fois culturelles et historiques,
dans la communauté homosexuelle française, une mainmise exclusive
des gays sur les fonctions dirigeantes au détriment des lesbiennes dont
le poids politique se réduit à l'Association des parents et futurs
parents gays et lesbiens, présidé par Martine Gross.
Ces quelques antagonismes n'empêchent pas Girard de poursuivre son ascension.
Depuis sa nomination à l'Hôtel de Ville, le Tout-Paris fait son
miel de cet esthète d'une cinquantaine d'années à l'itinéraire
original, à la personnalité double, à la sexualité
triple ...
25 4 2003 > Le
passé au présent [ gayvox.com ]
L’histoire nous informe et nous rappelle à la vigilance ...
Paris se distingue positivement le 27 avril. Mais comme tout n’est pas
rose au pays de Lutèce, nous revenons sur le dossier du CADHP …
le présent pour l’avenir …
=> Journée
du Souvenir le 27 avril 2003
Appel à la commémoration de la déportation homosexuelle
...
=> Cours de récréation
Restons dans le droit fil du sujet, avec cette fameuse
polémique du Centre d’Archives et de Documentation Homosexuelles
de Paris ( CADHP ) et revenons sur l’interview
de Mr Philippe Lasnier, conseiller de Bertrand Delanoë pour les questions
homosexuelles au magazine 360° parue dans le numéro
de mars / avril 2003.
Le funambule est un art et Jean Genet n’aurait certainement pas reconnu
le sien en la personne de Philippe Lasnier, grand équilibriste de la
rhétorique approximative. Sauf qu’il n’est plus question
d’amour mais de politique au sens bricolage du terme.
En quoi ? Tout simplement en étant persuadé
d’avoir raison, d’être l’héritier d’une
vérité divinement détenue et surtout, au nom d’une
position municipale occupée, se permettre d’un revers de main d’envoyer
dans les roses ceux qui oseraient avoir un avis contraire sur un sujet particulier
( le CADHP en l’occurrence ).
Rappelons que nous avions fait part à nos internautes, dès le
4 octobre 2002, de notre étonnement d’entendre des voix s’élever,
non contre le projet du CADHP mais contre la manière de procéder
à sa mise en place. Manières qui vont à
l’encontre de toute velléité fédérative annoncée,
puisque étaient laissées sur le bas côté des personnes
toutes aussi compétentes et militantes que d’autres et concernées
depuis longtemps par les archives des minorités. Je veux parler de l’Académie
Gay et Lesbienne notamment mais aussi Archilesb, Vigitrans et autres
( sans compter ceux qui se gardent encore d’intervenir mais qui n’en
pensent pas moins ).
Bref, tout n’a pas commencé avec l’article
de Libération en décembre [ 2002 ]. Il faut revoir
vos fiches …
Quant à l’argument qui consiste à dire que des collectifs
informels tels Archilesb et Vigitrans sont trop jeunes pour prétendre
à une légitimité et qu’ils sont peu représentatifs,
je m’étouffe !
Quand on sait que c’est grâce à des
mouvements collectifs et spontanés de cet ordre que les minorités
comme les gays et les lesbiennes des années 70 notamment ont fait avancer
les choses dans la société, je me dis que ce n’est
pas la reconnaissance du ventre qui risque de créé une indigestion.
Si nous en sommes là des avancées sociales, si des groupes se
sont structuré à une époque, si les pédés
d’aujourd’hui ont acquis certaines facilités pour vivre ce
qu’ils sont, un peu plus librement, c’est bien parce qu’il
y avait ces allumés ou ces excités ( comme vous
voulez ) de la première heure, qui ont servi de marche pied à
ceux qui détiennent aujourd’hui une part de pouvoir.
Pensez-vous Mr Lasnier que Bertrand Delanoë aurait
pu faire le coming out qu’il a fait s’il n’y avait
pas eu trente ans plus tôt, des homos peu nombreux et courageux qui osaient
défiler le 1er mai ou se révolter à Stonewall et le reste
? Vous nous donnez l’impression d’être installés à
la mairie comme un bourgeois dans son fauteuil !
Et que penser des menaces à peine voilées
de procès qui consistent à gérer les relations relatives
au dossier du CADHP par l’intimidation ? N’est-ce pas une manière
de dire son incompétence au dialogue ? La liste des arguments
n’est pas close.
En guise de conclusion provisoire, nous réaffirmons notre soutien au
projet du CADHP qui est une très belle idée, mais
nous ne sommes pas d’accord avec les manières de faire le Jean
Le Bitoux et de son équipe, ni avec les prises de positions municipales
qui consistent à tourner le dos à ceux qui voudraient intégrer
ce projet pour l’orienter différemment.
Et nous disons que l’orienter différemment ne consiste
pas à l’anéantir mais à l’améliorer
pour la satisfaction du plus grand nombre, ce qui semble
incompatible avec la façon d’envisager la chose en mairie. On se
demande bien pourquoi.
16 1 2003 > Pétitions
en vrac [ illico ]
Outre la pétition de Marie-Hélène Bourcier et Marie-Jo
Bonnet, une autre, lancée par Vigitranz, circule. Enfin, petite dernière,
celle, très enlevée, de LopattaQ ( un collectif non mixte de pédés
queers ) qui s’en prend aussi au CDAHP.
=> Par ailleurs,
et en dehors de toute polémique, signalons
que l’Académie Gay et Lesbienne a lancé un appel pour un
recensement complet des centres et fonds d'archives français qui ont
des documents homos, lesbiens, transgenres, etc.
Infos sur : http://www.archiveshomo.info/
> Chronique d'une promesse électorale : le Centre d'archives et de
documentation homosexuelles de Paris [ SexPolitique - Queer Zone 2 ] 12 4 2005
=> 2003 : Retour
à la case préfiguration
Toujours aussi peu ouverte aux propositions et aux critiques, l'association
de préfiguration du CADHP s'est contentée de procéder,
en mai 2003, à un changement de son conseil d'administration et de son
bureau, et de trouver un nouveau président ( Stéphane Martinet,
maire adjoint du XIe arrondissement chargé des relations avec la mairie
de Paris ).
Un espace de 40 m2 a été fourni par la Ville de Paris, rue Notre-Dame-de-Nazareth,
dans le IIIe arrondissement, mais il était bien précisé
qu'il ne pouvait ni être ouvert au public ni recevoir des archives ! Cet
espace, toujours fermé, n'aura pas servi à grand-chose à
part accueillir deux ou trois réunions de préfîgurateurs.
Combien a-t-il coûté ?
A-t-il été une simple boîte aux lettres, comme l'indiquait
la plaque gravée à l'entrée sur laquelle on pouvait lire
Association de préfiguration du CADHP ? À quoi peut bien
servir un local de préfiguration ?
Les étagères de l'Académie Gay &
Lesbienne ploient sous les documents de toutes sortes alors que celles du local
de la rue de Nazareth étaient et sont encore vides !
Était-il acceptable que le président et co-fondateur, B. Phan
Hoàng ainsi que le vice-président de l'Académie Gay &
Lesbienne, Thomas Leduc, soient qualifiés péjorativement de simples
collectionneurs [30] au vu de l'exceptionnelle inefficacité du CADHP
?
L'Académie Gay & Lesbienne abat un énorme travail sans aide
ni subvention. Les fous d'archives, les collectionneurs sont les premiers acteurs
des centres d'archives. Sans eux, sans les fondations contingentes qu'ils représentent,
les archives ne sont rien et beaucoup de documents seraient perdus.
C'est un mépris bien français et bien centralisateur que de les
rejeter : sur sa carte de visite, Gérard Koskovitch, des archives de
San Francisco, arbore fièrement sa qualité de collectionneur.
L'association de préfiguration du CADHP n'avait rien trouvé de
mieux que de se doter d'un salarié, qui n'était autre que Jean
Le Bitoux, pour revoir la copie du projet. Suite à une série d'articles
parus dans la presse [31], la mairie de Paris l'avait sommée de ne pas
ignorer les critiques d'Archilesb! et de VigiTrans en matière de représentativité
de l'équipe en charge du projet.
Malheureusement, le discours paritaire biolo-gisant d'Anne Hidalgo, s'était
substitué aux demandes de parité culturelle avancées
par Archilesb! et VigiTrans lors de leurs rendez-vous avec l'adjoint au maire
chargé de la culture, Christophe Girard et auprès de Clémentine
Autain. Aux deux premières listes de participants avait donc succédé
une troisième, avec un côté homme et un côté
femme.
Archilesb! et VigiTrans continuèrent de faire entendre que la parité
biologique était bien en-deçà des exigences requises pour
le fonctionnement d'un centre d'archives et de documentation pour et sur les
minorités sexuelles, de genre et ethniques.
Voulait-on un centre simplement articulé sur la différence sexuelle,
voire l'orientation sexuelle, ou bien un centre susceptible de faire vivre dans
ses fonds et ses activités la mémoire des discriminations et des
infradiscriminations ?
En attendant, le futur centre avait réussi à entamer la confiance
des futurs archivés [32].
=> Notes :
- [29] - Parmi les signataires : Teresa de Lauretis, les Lesbian Archives de
New York, Alain Touraine, Virginie Despentes, Martha Gever, la Coordination
Lesbienne de France, Stephen Whittle... ; Liste disponible sur http://perso.wanadoo.fr/
coalition.lgbtq/pet_archi.html
- [30] - Sans parler des propos racistes à
l'encontre de Hoang B. Phan que j'ai pu entendre à la mairie de Paris.
Stigmatisation de son accent ; remarque selon laquelle il ferait
mieux de s'occuper d'une association de convivialité asiatique plutôt
que d'archives.
- [31] - Voir notamment l'article de Maria Grazia Meda, Gay che non amano
le donne dans le supplément magazine de La Reppublica, 22 février
2003 ; le dossier Paris brûle-t-il ? dans le magazine suisse
LGBT 360°, mars-avril 2003 ; et l'article du Monde du 29-30 juin 2003, Quand
les lesbiennes demandent la "parité" avec les gays par
Clarisse Fabre.
- [32] - Lors de la présentation de l'état d'avancement
du projet le samedi 24 mai 2003, lors de la réunion du conseil de l'Inter-LGBT,
de nombreuses associations présentes avaient fait part de leurs inquiétudes
vis-à-vis du projet en pointant un manque de transparence, un parti-pris
scientifique toujours discutable et le fait que la phase dite de préfiguration
se soit limitée à un lifting.
Devant le manque de crédibilité et de légitimité
du projet, L'Académie Gay & Lesbienne, le Centre Gai et Lesbien avaient
réaffirmé comme d'autres (Henri Maurel président de FG,
le CARITIG, les détenteurs des archives de Gai Pied qui engagent des
frais tous les mois pour préserver leurs archives dans des conditions
optimales) leur volonté de ne pas confier leurs archives au centre en
l'état.
Au cours de cette même réunion, l'InterLGBT, dont il faut rappeler
les liens privilégiés qu'elle entretient avec le Parti Socialiste,
a refusé de porter au vote le renouvellement de la confiance à
un projet si peu avancé et a empêché la création
d'une archive en interdisant que le débat soit filmé par un journaliste
alors que la réunion était publique.
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