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logo du site tetu.com 14 mars 2019

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par Youen Tanguy

Centre d’archives LGBT+ à Paris :
pourquoi ça coince


Que ce soit les associations, les militants, la Mairie
ou l’Etat,
tout le monde s’accorde à dire qu’il faut
qu’un Centre d’archives LGBT+ ouvre à Paris en 2019.

Mais, depuis 19 ans, ces différents acteurs ne s’entendent pas sur la façon de faire. Et des divergences se font même entendre au sein du Collectif archives LGBTQI, créé en 2017 pour avancer sur ce projet. Après dix-neuf ans de tergiversations, 2019 sera-t-elle enfin l’année qui verra la création d’un Centre [ d'archives ] LGBT+ à Paris ? C’est le souhait commun de la Ville [ Ville de Paris ] et du Collectif archives LGBTQI.

Une réunion s’est d’ailleurs tenue en ce sens il y a quelques semaines. Preuve que les choses bougent, donc. Mais pas dans le bon sens, à en croire plusieurs membres du Collectif.
– « On nous convoque à des réunions pour nous expliquer des décisions qui ont déjà été prises, gronde Renaud Chantraine, adhérent du Collectif et doctorant en anthropologie. La mairie [ Mairie de Paris ] construit le projet sans nous, il n’y a pas de dialogue. »
– « Les relations avec la mairie de Paris sont devenues anxiogènes », abonde le co-trésorier du [ Collectif ] Patrick Comoy.

Les discussions semblent aujourd’hui être au point mort. Pour comprendre le débat, il faut d’abord remonter presque 20 ans en arrière, en 2001.


Un projet serpent de mer

Bertrand Delanoë, alors en campagne pour le poste de Maire de Paris, fait part de son intention de créer un « Centre d’Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris » (CADHP). Le dossier est placé entre les mains de Jean Le Bitoux, cofondateur du magazine Le Gai Pied. Une subvention de 100.000 euros est votée par la mairie [ Mairie de Paris ] en 2002 et un local mis à disposition. Mais Le Bitoux est finalement écarté quatre ans plus tard, faute de résultats, au profit de Stéphane Martinet, alors adjoint chargé à la Culture et du Patrimoine et [ au ] maire du 11e arrondissement. Mais rien ne bouge.
[ Lire l'article de ArchiMag Pourquoi la création du Centre d'Archives LGBT de Paris fait polémique... ]

[ ... ]

L’un des points de désaccord majeur porte sur la gouvernance du lieu. La mairie dit souhaiter une co-gestion « à dominante associative » entre les archives publiques et le Collectif. Selon l’élu Emmanuel Grégoire, la gestion des fonds par les Archives Nationales permettra de « garantir leur pérennité » face à un tissu associatif français « fragile en matière de gouvernance et de finance ».

[ ... ]

Vers un tri des archives ?

Mais le Collectif, qui dit avoir toujours plaidé pour l’ouverture d’un Centre communautaire avec des espaces de stockage, de collecte, de consultation et d’exposition, ne voit pas les choses du même oeil.
– « Ce modèle de co-gestion est incohérent », rétorque d’emblée le doctorant en anthropologie Renaud Chantraine, que nous avons rencontré dans un café du XVIIIe arrondissement avec trois de ses collègues.
– « Les archives publiques ont des critères qui ne correspondent pas à la spécificité de la mémoire, de l’histoire et des cultures LGBT (…) ils ne savent pas les traiter, les comprendre, les valoriser et en prendre soin. S’il y a si peu d’archives LGBT dans les archives publiques, il y a une raison ! »
Selon lui, ce système entraînera de facto le tri des archives par les institutions.
– « On choisira ce qui est une ‘bonne’ ou une ‘mauvaise’ archive ».

Une crainte largement partagée par Phan Bigotte, président de l’Académie Gay et Lesbienne. Ce rescapé du Sida possède, selon lui, la plus grande collection d’archives LGBT en France : 300m2 de son pavillon y sont dédiés. On y trouve des livres, des revues, des films et même des jeux de société.

– « Une délégation des Archives Nationales est venue à l’Académie Gay et Lesbienne il y trois ans, nous explique-t-il. Nous avons des dizaines de milliers de documents, mais tout ce qui les intéressait se trouvait dans trois armoires. »
Et d’ajouter : – « Il y aura un tri sélectif au bon vouloir des institutions, ce qui va à l’encontre de tout ce que l’on a fait depuis 18 ans. »

Il redoute par exemple que des affiches, des badges ou des pancartes de manifestations ne soit pas conservés.

Autre danger selon eux : la dislocation des archives.
– « Que va-t-on faire des livres, des revues, des objets, des matériaux de manifs, des costumes de Gay Pride… ? », s’inquiète Renaud Chantraine.
– « Les Archives Nationales ne stockent pas les objets physiques, mais uniquement le papier, ajoute le président de SOS Homophobie, Joël Deumier qui insiste sur l’importance de numériser et dématerialiser les archives pour les rendre « facilement accessible à tou.te.s ».

[ ... ]

« Un Centre d’archives LGBT naitra à Paris en 2019 »

Mais la décision semble bel et bien prise du côté de la municipalité : – « Un Centre d’archives LGBT naitra à Paris en 2019 », annonce Emmanuel Grégoire. A l’automne, selon nos informations.
– « Ceux qui ne veulent pas, et ils en ont le droit le plus absolu, feront autre chose, continue l’élu. Mais si toutes les associations disent non, il se passera ce qui se passe depuis longtemps : on repartira à zéro. »

Au-delà des désaccords, une chose fait en tout cas consensus : il y a urgence à ouvrir ce Centre.

– « Les jours passent et des tas de choses partent à la poubelle, lâche Phan Bigotte, las d’attendre. Des gens meurent avant d’avoir raconter leur histoire. C’est un immense gâchis. »
  [ Lire → L'Historique du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT (Format PDF : 460 Ko) ]


[ Signer → La Pétition de l'association Académie Gay et Lesbienne :
Demande d'un local parisien pour mettre les Archives LGBT à disposition du public ]

 

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par Renée Greusard

Nos vies intimes
Archives LGBTQI :
voilà pourquoi il faut un lieu fait par et pour la communauté


A Paris, un Collectif milite pour obtenir un lieu d’archives LGBTQI. Le projet est menacé.
Mais pour en comprendre l’intérêt, on peut aller faire un tour à Marseille.

C’est un appartement à Marseille, entre la gare et le Vieux-Port. Un appartement "avec du cachet", comme disent les agents immobiliers, parce qu’il y a des tomettes rouges au sol.
Au milieu du salon, une grande table en bois avec des bouteilles de vin et des verres. Des chips dans un grand saladier. Il est 18h30, c’est l’heure de l’apéro. De l’apéro déballage d’archives Lesbiennes, Gays, Bisexuelles, Transgenres, Queers et Intersexuées (LGBTQI), plus précisément.

Depuis 1978, Christian de Leusse a entrepris de garder dans son appartement des traces de sa vie d’homosexuel français. Chaque mur est investi d’étagères, de dossiers et de cartons. Il n’habite pas ici et le lieu est devenu un fonds d’archives privé.

Régulièrement, des militants et des anonymes s’y retrouvent pour l’explorer. Le principe est simple. On se réunit autour de cartons pleins de passé et on boit un verre, tout en discutant des objets qui passent de main en main : des livres, des revues, des affiches, des pin’s. Voilà pour la théorie.
En pratique, c’est un moment très émouvant (quand on est une bonne chialeuse comme moi, on se retient de pleurer). Par exemple, on ne peut pas s’empêcher de remarquer que Clemens, jeune "pédé" de 24 ans, est assis à deux chaises de Christian, qui en a 73, et qui a accepté son homosexualité dans les années 1970.
« Une archéologie de ma propre identité sexuelle »

La première fois, c’est arrivé par hasard. Une petite bande de militants était chez Christian, dont Renaud, membre du collectif Mémoire des Sexualités, qui raconte aujourd’hui :
« On a commencé à prendre un carton d’affiches. On les faisait défiler et Christian racontait. C’était un moment assez rare. »

Il faut dire que Christian a beaucoup de choses à raconter. Dans Les Invisibles, le magnifique film de Sébastien Lifshitz, il revient sur son chemin de croix pour s’accepter enfin, à 33 ans. C’était un temps « où parler d’homosexualité n’était pas dans le langage de la vie sociale », formule-t-il dans le film.
Son coming out se fera violemment. En 1979, en une de Paris Match, il se découvre en train de danser avec un homme tout de cuir vêtu. Et ce titre sympathique : « Vague homosexuelle, la France atteinte à son tour. »

A cette époque, cela fait un an que Christian de Leusse a commencé à collecter sa vie.
Comprenez. Vous vivez une révolution intérieure qui a des contours sociétaux. Il s’agit de ce qu’il se passe après Mai-68, d’une libération de la sexualité, de la vôtre. Et vous voyez ces journaux, ces affiches, ces pin’s, ces banderoles qui impriment votre vie précisément dans ce moment de bouleversement. Vous avez envie de tout garder, pour dire : « Il se passe ce truc de fou, là, maintenant » ou encore « ça a existé ». C’est ce que Christian a fait.


Vieilles revues gays suédoises

Ce soir, c’est donc le cinquième apéro cartons et chacun peut venir en ouvrir un, explorer un dossier, parcourir les livres de la bibliothèque. Christophe, un jeune homme de 24 ans, est venu par exemple parce qu’il a un « projet perso et artistique » autour de Pasolini. Il savait qu’ici il trouverait certaines de ses œuvres poétiques.

Clemens feuillette de vielles revues gays suédoises des années 1960. Il dit s’intéresser beaucoup à la culture de l’image porn et se sentir ici inspiré.
« Certains, ici, ont des choses à raconter sur une époque où je n’étais pas né. Si aujourd’hui je peux dire que je suis pédé, c’est qu’il existe toute une histoire qui me le permet. Les archives, c’est comme une archéologie de ma propre identité sexuelle. »

Mais à quoi ça sert, finalement, de déballer tout ça ensemble ? Renaud dit :
« Ouvrir une archive donne un certain de pouvoir. En ouvrant un carton, on va être inspiré, on va avoir plein d’idées. »

Ou devenir moins naïfs. La dernière fois que Béatrice, une militante de 25 ans, a fait un apéro cartons, elle est tombée sur des affiches qui avaient été faites pour « une marche de nuit ». Elle rit :
"« On a toujours l’impression de faire des trucs nouveaux. Mais en fait, non ! »"

On peut aussi accéder à son propre passé. En feuilletant de vielles revues de Lesbia, Véronique est littéralement tombée sur une photo d’elle-même. Elle a 53 ans aujourd’hui et se revoit, en noir et blanc, il y a plus de vingt ans, au milieu d’un groupe de militantes lesbiennes.
« Ah mais oui, j’ai couché avec celle-là ! »

C’était en 1997, la deuxième année de la Coordination Lesbienne, à une époque où ni le PaCS ni le mariage pour tous n’avaient été gagnés. Chaque année, une association locale accueillait toutes les autres venues de partout en France.

Après ses années de militantisme gay, Véronique s’est tournée vers le mouvement altermondialiste. Elle est loin d’un militantisme queer et regrette qu’à Arles (où elle habite), il y ait si « peu de lesbiennes et pédés », qu’ils et elles soient si placardisé-e-s. Revoir cette image de militantisme joyeux lui donne « envie de [se] réengager ».

« Ça me remobilise. » Certains disent que l’apéro déballage de cartons est un prétexte pour se rencontrer et avancer ensemble. Véronique préfère dire « un support ». C’est aussi ce que dit Clemens.
« J’ai 24 ans, ça fait trois ans que je me politise. Avec Christian, par exemple, on n’a pas du tout la même culture gay, ni même la même sexualité, je pense. Moi, je suis en mode “queer machin”. Lui, c’est Têtu, Gay Pied [ Gai Pied ], etc. Il a connu les années sida… Pas moi. »

Voilà pour la belle histoire. L’empowerment militant, les rencontres, les souvenirs, cette sensation d’accéder à son histoire personnelle et collective. Cela se passe à Marseille et c’est ce que le Collectif Archives LGBTQI aimerait voir arriver à Paris.


« Il faut désengorger l’Académie [ Académie Gay et Lesbienne ] »

Lancée en septembre 2017, cette structure soutient une vieille revendication portée depuis la fin des années 1970 : un Centre d’archives à Paris.

– « Il existe déjà des lieux mais le problème, c’est leur accessibilité », clarifie Patrick, un cadre de la fonction publique et membre du Collectif, lors d’un entretien dans les locaux de l’Obs.

– « On peut parler de l’Académie Gay et Lesbienne, qui existe depuis 2001 comme association. C’est un appartement [ pavillon (en réalité) ] de particuliers à Vitry-sur-Seine, mais ils ont saturé leur maison, puis le garage, puis le garage du voisin.

Il n’y a pas si longtemps encore, c’était un Centre de consultation. Mais aujourd’hui, il est impossible d’y accéder et d’y circuler…

Ce qui amène les militants à cette conclusion : – « Il faut désengorger l’Académie »
[ Signer → la Pétition de l'Académie Gay et Lesbienne : Demande d'un local parisien pour mettre les Archives LGBT à disposition du public ]

Problème : ils se heurtent à la Mairie de Paris qui, après avoir désigné le Collectif comme porteur du projet de Centre d’archives LGBTQI+, en récuse la vision.
Un centre de transit

Les militants veulent un centre fait « par et pour la communauté », la Mairie de Paris répond finalement (après plusieurs rebondissements chiants qu’on vous épargne) qu’elle souhaite plutôt les associer au projet.

Elle propose désormais une sorte de Centre de transit. Les « animateurs » du Centre seraient chargés « d’orienter les détenteurs [d’archives] vers les institutions de conservation », lit-on dans un courrier de la Mairie datant de janvier.

Le collectif voit là tout le contraire du projet, avec un risque de dissémination des archives et d’invisibilisation de la communauté. Renaud craint le moment où des archivistes peu concernés ou intéressés par ces sujets trieront les archives qu’ils verront arriver en disant :
« Ah oui, ça, c’est bien. Ah non, ça, c’est pas bien. »

Nora, une des militantes du collectif, pose elle aussi la question du tri.
"« Quand on est émus ou concernés, on ne garde pas les mêmes choses. »"

Dans un article qu’elle a écrit sur la question pour la revue Panthère Première, Nora donne notamment l’exemple d’Elisabeth Lebovici, qui a milité à Act Up [ Paris ] dans les années 1980. Historienne, journaliste, critique d’art, auteure de Ce que le sida m’a fait. Pour écrire son livre, elle a « consulté les fonds d’Act Up conservés aux Archives Nationales ». L’expérience n’a pas été lumineuse, comme elle le raconte dans l’article.
« On se retrouve devant des cartons qui ne contiennent que des photos, ou que des affiches. Des photos qui ne sont pas légendées, sauf parfois du nom du photographe. Moi, elles ne m’ont intéressée que parce que je pouvais les interpréter ; parce que je reconnaissais les gens qui y figuraient. Les photos d’Act Up des années 2000, elles ne veulent rien dire pour moi. Ces documents ne servent à rien si personne n’a fait un travail préalable de légende. »

Voilà qui, dit Nora, « légitime le savoir subjectif » et démontre l’intérêt d’un « légendage actif », avant d’ajouter :
« On n’a pas besoin d’un centre qui serait fait par des hétérosexuels pour nous raconter les folles nuits gays du Marais, bien que cette histoire-là puisse être intégrée dans les fonds d’archives. »

Des détracteurs pourront leur opposer que la subjectivité ne permet pas d’écrire une histoire. C’est donc ce débat passionnant qui est posé : qui pour écrire l’histoire d’une communauté ? Ses acteurs ? Ou des personnages extérieurs ?


Qui pour écrire l’histoire d’une communauté ?

Jointe par téléphone, Hélène Bidard, adjointe à la mairie chargée de la lutte contre les discriminations, parle, elle, d’une « radicalisation du Collectif » et dit vouloir « conserver un regard, une gestion » en associant « les professionnels des Archives Départementales et Nationales ». « On ne fait pas un projet privé avec du financement public. »

Cet avis divise les élus de la majorité, comme le montre ce tweet du 31 janvier du Groupe d’élus écologistes de Paris :
– « Nous avançons sur la création du centre #LGBTQI mais reste la question du lieu et de sa gestion. Pour moi, il doit être géré par les associations et collectifs. Sans cela, une grande partie des archives ne sera pas confiée au futur centre. »

#archiveslgbtqi Nous avançons sur la création du centre #LGBTQI mais restent la question du lieu et de sa gestion.… https://t.co/LSAGowRmQU
— ecoloParis(@Groupe écolo Paris)

Du côté des militants, on rappelle que la neutralité n’existe jamais dans un récit. Et que l’enjeu est surtout d’être honnête. Ce qui passe par un récit choral qui n’exclut ni les voix discordantes, ni des acteurs du mouvement.

A quoi ressemblerait le lieu rêvé du collectif ? Patrick imagine « un bel endroit, pas planqué, qu’on voit du dehors. A la hauteur de tout ce qu’on va mettre dedans. Avec une dimension d’ouverture ». Ils aimeraient que les objets soient accessibles à tous.

Avant de terminer l’entretien que nous avons fait, j’ai demandé aux militants s’ils pensaient à des objets qu’ils aimeraient voir devenir des archives. Patrick dit qu’il n’a pas grand-chose qui serait d’une quelconque utilité pour le projet.

Mais Nora a étonnamment et joliment parlé de ses cheveux.
« J’ai gardé tous mes cheveux quand je les ai coupés court. Dans un processus de “gouinification”. Ils étaient très, très longs et c’était un grand symbole de féminité. Or, je ne la renie pas, mais j’ai envie de l’investir ailleurs. »

Et vous ? Vous avez un objet qui témoigne de l’histoire de la communauté LGBTQI ? Proposez-le donc au Collectif ! Dans vingt ans, il sera peut-être déballé d’un carton, à l’apéro, par des jeunes en quête d’histoire.

  [ Voir → L'Historique du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT ( Format PDF : 460 Ko) ]

 

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par Adrien Naselli

Actualité
Le projet d'un Centre d'archives LGBT
revient sur le devant de la scène


À Paris, il n’existe pas de Centre d’archives public dédié à la Mémoire LGBT.
Pourtant, depuis une vingtaine d’années, le projet ne cesse de renaître.
Le retentissement du film " 120 Battements Par Minute " a relancé une offensive contre les pouvoirs publics, et les débats.

San Francisco a son Musée. Berlin aussi. Montréal ses Archives Gaies du Québec. Et ainsi de suite, dans la plupart des grandes villes. Or à Paris, les livres, journaux, affiches, pancartes, rapports, manuels, photos qui ont fait l’histoire LGBT sont dispersés un peu partout, aux Archives Nationales, dans les locaux des associations, dans des collections privées, sur les étagères de parents, ami.e.s et amant.e.s.

Beaucoup d’acteurs du dossier s’accordent pour dire que le succès du film " 120 Battements Par Minute ", qui a le mérite documentaire de montrer la lutte contre le sida au début des années 1990, est un moment favorable pour remettre la pression sur les pouvoirs publics. Le dernier en date est le Groupe Écologiste de Paris, en la personne de David Belliard, qui s’adresse à Anne Hidalgo dans un courrier envoyé le 19 septembre : « Pour ce Centre des archives, nous en sommes à la troisième tentative. Notre responsabilité est grande, car ce projet ne pourra pas se relever d’un troisième échec. Le temps fait son oeuvre. »   [ Lire → Pourquoi la création du Centre d'Archives LGBT de Paris fait polémique depuis 13 ans ]

« Problème de prise en charge politique »

Contacté par TÊTU, David Belliard explique vouloir « parler directement avec la Maire pour savoir si ce sujet peut être mis en priorité à l’agenda. Notre première demande est qu’il puisse y avoir des propositions de lieu. Il y a des endroits disponibles ». Pour l’heure, seule la tenue d’un Colloque avec les associations est prévue.
« Je suis insatisfait du fait que la concertation n’aboutisse que sur un Colloque, continue Belliard. Je pense que c’est un sujet passionnant, mais je vous parle en tant qu’élu et je me dis " tout ça pour ça ". Je vais envoyer un autre courrier à la Ministre de la Culture, Françoise Nyssen, en lui demandant de prendre position. Je pense qu’il y a un problème de prise en charge politique du dossier ».

Sur ce point, tout le monde (chercheurs, associatifs, historiens et collectionneurs) s’accorde.

Mais tout le monde ne demande pas la même chose, à l’instar de l’Académie Gay et Lesbienne et son Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT présidée par Phan Bigotte :
« Je ne demande aucune subvention publique, je demande juste un local pour ouvrir notre fonds au public. Les archives sont déjà prêtes. À partir du moment où j’obtiens un local de la Mairie, je m’engage à ouvrir le Centre le mois suivant ».
  [ Voir → La Pétition de l'Académie Gay et Lesbienne : Demande d'un local parisien pour mettre les archives LGBT à disposition du public ]

Ancien libraire, Phan stocke depuis des années une grande quantité d’archives LGBT dans sa maison en région parisienne, où il ne peut plus mettre un pied devant l’autre.
Entre autres : 1.800 titres de périodiques LGBT, 1.200 numéros de presse généraliste, plus de 3.000 livres, 1.000 documents VHS et DVD… La liste est encore longue.
Avec l’aide de bénévoles, le tout est soigneusement consigné et renseigné sur des fiches.
  [ Lire → L'Historique du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT (Format PDF : 460 Ko) ]

De droite à gauche : Phan Bigotte, Thomas Leduc (vice-président de l’association) et une universitaire américaine venue consulter le fonds.

Des sous !

Phan Bigotte se veut « réaliste » : « Il faut arrêter de réclamer de l’argent. On ne va pas fantasmer sur des subventions publiques… Il n’y a plus eu de réunion avec la Ville de Paris depuis que le candidat Socialiste, Benoit Hamon, est out de la présidentielle ».
Pour lui, ce sont des bénévoles, et personne d’autre, qui peuvent faire ce travail.

Didier Lestrade, cofondateur d’Act Up-Paris et de TÊTU, le rejoint sur ce point dans une tribune sur Slate.fr : « Nous ne voulons pas que ce Centre soit dirigé par un apparatchik du milieu du sida venant de AIDeS ou du CRIPS ou de l’Inter-LGBT. Nous ne voulons pas d’un Jean-Luc Romero qui a déjà assez de casquettes comme ça. On veut juste une personne sincère qui n’aurait pas des goûts de chiotte (ça existe) ». Mais les subventions seront nécessaires pour que le travail d’archivage et de mise à disposition du public soit effectif.

Début septembre [ 2017 ], le militant adressait un message cinglant à la Maire et à l’ancien Maire de Paris : « S’il n’y a pas de Centre d’archives LGBT / sida, Delanoë et Hidalgo se partageront mes cendres sur la tête ». Anne Hidalgo a répondu via Twitter que le projet devait « être porté à l’échelle nationale, car l’histoire du mouvement LGBT concerne la France entière ». Une manière de renvoyer la balle au Gouvernement qui ne s’est pour l’heure pas exprimé sur le sujet.


[ Lire → L'Historique du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT ]
[ Format PDF (460 Ko) ]

 

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