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sur l'association Académie Gay & Lesbienne
et le Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT
Pétition (demande de local) 2019 2018 2017 2016 2015 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 Reportages
15 décembre 2015
site
archimag.com
par Clémence Jost
Archives - Patrimoine :
Pourquoi la création du Centre d'Archives LGBT de Paris
fait polémique depuis 13 ans
Retour sur une polémique vieille de plus
de treize ans.
La décision de la Mairie de Paris y mettra-t-elle enfin un terme
?
Cela fait des années que le projet d'un Centre d'Archives LGBT (Lesbien, Gay, [ Bi et ] Trans) à Paris, lancé sous [ Bertrand ] Delanoë, est dans les cartons de la Mairie.
Celle-ci a finalement voté lundi une subvention de 12.000 euros
pour une Mission de Préfiguration d'un Centre d'Archives LGBT dans
la capitale, destiné à stocker les archives, documents et
objets divers témoignant de l'histoire militante et parisienne
du mouvement.
Si la localisation de ce futur Centre n'a pas encore été
choisie, son fonctionnement a d'ores et déjà été
balisé : il pourrait fonctionner en réseau avec la Bibliothèque
Municipale de Lyon (le centre d'archives LGBT le plus important de l'hexagone)
et le Centre de Montpellier.
La polémique
Rappelons que la question de la mise à disposition, par la Mairie
de Paris, d'un local parisien pour les archives LGBT n'est
pas nouvelle. Et fait surtout polémique.
Car à en croire les 100.000 euros de subventions publiques versées
par la Ville de Paris en 2002 et le prêt d'un local (jamais
ouvert et finalement rendu en 2004), la capitale devrait déjà
disposer d'un Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles
de Paris (CADHP) depuis treize ans. Pourtant, il n'a jamais vu le
jour.
Pour les besoins d'un article rédigé
en mars 2014 sur le Conservatoire des Archives et des Mémoires
LGBT, et sur son président, Phan Bigotte, qui hébergeait
dans son garage sans doute la plus importante collection d'archives LGBT
de France et sollicitait alors l'aide de la Mairie de Paris afin qu'un
local soit mis à sa disposition, nous avions alors contacté
la Mairie de Paris.
[ → Lire l'article : Archives
LGBT recherche appartement ou maison ]
Malgré nos relances, celle-ci n'avait pas souhaité s'expliquer sur ces dizaines de milliers d'euros de fonds publics dépensés pour un Centre mort-né.
Surtout, le fonds accumulé et conservé par Phan Bigotte n'a besoin, aujourd'hui, d'aucune subvention : la mise à disposition d'un local suffirait.
" Un parfum de clientèlisme partisan "
Initié en 2001 par Jean Le Bitoux, militant homosexuel et co-fondateur,
en 1979, du journal Le Gai Pied, le projet a traîné
en longueur.
Comme l'écrivait Benoît Hasse dans le Parisien
le 6 avril 2006 : « Une subvention de 100.000 euros versée
en 2002, pas de résultats visibles quatre ans après, un
dossier qui traîne en longueur et un parfum de “clientèlisme
partisan” qui flotte sur l'ensemble... La création
du CADHP vire doucement au dossier empoisonné pour la Mairie de
Paris. »
Licencié pour absence de résultats, Jean le Bitoux vient
alors tout juste d'être remplacé par Stéphane
Martinet, Adjoint chargé de la Culture et du Patrimoine au Maire
du 11e arrondissement de Paris.
On annonce à l'époque que l'ouverture du centre
sera finalement reportée à... 2008.
Un projet ressuscité, rebaptisé... et avorté
Pourtant, la Mairie de Paris déclare deux ans plus tard, par l'intermédiaire
de Philippe Lasnier, en charge des questions LGBT, être «
prête à dénicher un local à louer par l'association
».
« Rien n'a bougé depuis quelques années, mais
il y aura une concrétisation s'il n'y a pas de polémique
», expliquait-il aux journalistes de Yagg.
On est alors en 2010 : Jean Le Bitoux vient de mourir en léguant
ses archives personnelles au Centre d'Archives LGBT devant être
créé par la Mairie de Paris.
Le militant contre l'homophobie et le racisme Louis-Georges Tin
est alors mandaté pour ressusciter le projet, rebaptisé
(pour la troisième fois) Institut Arc-en-ciel. À l'été
2013, après avoir rendu un rapport de 80 pages sur le "futur"
institut, ce dernier dénonçait encore « une mauvaise
volonté » et « une certaine forme de blocage au niveau
des Ministères concernés (Culture et Enseignement supérieur)
» dans les colonnes de Yagg.
Un bilan désastreux
« Nous ne voulons pas alimenter la polémique,
expliquait Phan Bigotte en mars 2014. Nous ne sommes pas en guerre, mais
complémentaires avec le projet de la Mairie de Paris ».
Et d'ajouter : « Ce que nous voulons aujourd'hui, c'est
agir au regard de ces 13 ans perdus et de ce bilan désastreux ».
Selon lui, il serait en effet préférable
que plusieurs lieux, gérés par le tissu associatif et par
les administrations publiques, soient dédiés à la
conservation d'archives LGBT. En raison notamment de la confiance,
parfois frileuse, de certains militants.
« Il se peut que certains aient plus de facilité à
confier leurs documents à une association plutôt qu'à
une autre, expliquait-t-il alors ; il ne faut pas que cette mémoire
se perde ».
Le plus important fonds d'archives de l'Hexagone est conservé à la Bibliothèque Municipale de Lyon. Il réunit le fonds Michel Chomarat, datant de 1992 (plusieurs dizaines de milliers de références) et un ensemble Gay et Lesbien (propriété de la Bibliothèque depuis 2005 plutôt axé sur le prêt).
Si la Mairie de Paris a voté le lundi 14 décembre la subvention de 12.000 euros, c'est grâce à l'initiative du groupe écologiste EELV de Paris, qui a réclamé l'enveloppe, première étape à la réalisation du projet.
Des centaines d'armoires, de meubles,
de caissons et de rayonnages remplis d'archives
Un Centre LGBT [ de Paris Île-de-France ], hébergé depuis 2008 rue Beaubourg dans le 3e arrondissement de Paris, a ouvert ses portes en 1994 (initialement rue Keller, dans le 11e arrondissement). Si sa Bibliothèque héberge plusieurs milliers de livres et de titres de magazines, elle n'a pourtant ni la vocation ni la place d'accueillir le Centre d'Archives et de Documentation LGBT de Paris en gestation depuis 13 ans.
Même provisoirement, elle ne pourrait stocker
les centaines d'armoires, de meubles, de caissons et de rayonnages
remplis d'archives qui occupent aujourd'hui le domicile de
Phan Bigotte.
« Je ne veux pas d'argent, assurait-t-il en mars 2014 ; qu'on
me prête un local et j'ouvrirai le mois suivant ».
[ → Historique du Conservatoire des Archives
et des Mémoires LGBT >
Format PDF (460 Ko) ]
Sur le même sujet :
[ → Pétition de l'Académie Gay & Lesbienne ]
Demande
d'un local parisien pour mettre les archives LGBT à disposition du public
Pétition (demande de local) 2019 2018 2017 2016 2015 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 Reportages
26 octobre 2015
site
marieannechabin.fr
Impressions, Expressions
par Marie-Anne Chabin
Le principe de provenance est le principe
fondateur de l'archivistique,
formulé au milieu du XIXe siècle en Europe.
(principle of provenance en anglais, ce qui dit assez l'importance
du concept).
Ce principe postule que « les documents d'une même provenance forment un tout et doivent être conservés groupés parce que c'est le seul moyen de rendre compréhensibles la structure et le fonctionnement de l'organisme qui les a créés » ou encore que « chaque document doit être maintenu ou replacé dans le fonds dont il provient ».
C'est pourquoi le principe de provenance s'appelle
aussi principe de respect des fonds.
Les archivistes parlaient naguère de production organique des archives
; on parle aujourd'hui du contexte de création. C'est
la même idée. Les archives dans leur contexte de création
sont toujours plus fiables.
Le principe de provenance s'oppose au principe de
pertinence selon lequel les archives sont organisées selon
un critère de contenu,
par exemple : on mélange les archives du ministère de l'écologie,
celles du parti Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) et celles des associations
de défense de l'environnement pour les reclasser par thème
(climat, agriculture, biodiversité…).
Cependant, le principe de provenance / respect des
fonds
a connu, connaît et connaîtra des évolutions.
J'en note quatre :
1 ¤ la première a été d'abandonner
le regroupement physique des archives d'un même fonds, dès
lors que l'inventaire des archives témoigne de la cohérence
du fonds ; avec la croissance des volumes et l'informatisation
des inventaires, la question de dissocier unité intellectuelle et
unité matérielle ne se pose plus même;
2 ¤ le second point est la (mauvaise) pratique de
prendre à la lettre le respect des fonds et de l'appliquer
à des fonds désorganisés en s'ingéniant
à respecter ce désordre : on voit l'intérêt
pour étudier la désorganisation des services (un vrai sujet
au passage) mais c'est au détriment de la cohérence
des sources historiques et de leur exploitabilité ;
3 ¤ le troisième point est l'excès
inverse quand le zèle de l'archiviste le conduit à formater
le fonds à son image, en instaurant le classement qu'il estime
le meilleur pour l'historien, sans prendre en compte suffisamment
l'histoire de l'administration ou de l'entreprise qui
a accumulé ces archives ;
4 ¤ la quatrième évolution se remarque
depuis la fin du XXe siècle : les deux opérations,
naguère distinctes, de constitution des sources archivistiques puis
de collecte des sources documentaires pour la recherche ont tendance à
se confondre (mêmes acteurs, concomitance).
Le premier exemple de ce nouveau type de fonds
a été les archives LGBT, issues de la collecte par
l'Académie Gay & Lesbienne auprès
du public dans le but de « préserver la vérité
sur notre histoire ». [ →
Historique du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT >
Format PDF (460 Ko) ]
Un exemple plus récent se trouve dans les actions de collecte
de documents après les attentats de Charlie-Hebdo : dès
janvier, les archives de Rennes ont organisé la sauvegarde des messages
« Charlie » (parallèlement donc à la collecte
classique des archives municipales) ; et il y a quelques semaines, la bibliothèque
de l'université de Harvard a lancé un appel au don de
documents autour de cet événement, spécialement les
documents éphémères, est-il précisé.
On appelle ainsi archives, en plus des fonds organiques collectés dans le respect du principe de provenance, des collections documentaires qui obéissent d'abord au principe de pertinence.
Il résulte de tout cela une triple exigence
pour les professionnels de la mémoire collective :
connaître le passé, anticiper l'avenir et vivre avec
son temps.
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Mars
2014
mensuel Archimag
N° 272 > pages 46 et 47
par Clémence Jost
[ → format >
PDF (317 Ko) ]
Perspectives :
Archive LGBT recherche appartement ou maison
Le Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transsexuels) est le plus important fonds de documents LGBT historique. Sollicitant l'aide de la Mairie de Paris afin qu'un local soit mis à sa disposition, son président dénonce l'inaction des pouvoirs publics.
« il ne faut pas faire le culte des morts ; l'urgence,
c'est de s'occuper des vivants. »
Phan Bigotte aurait pu se contenter de cette remarque, entendue alors
qu'il observe, impuissant, le démantèlement de collections
d'ouvrages et de documents appartenant à des militants, morts
du sida. On est alors au milieu des années 90, dans le local d'AIDeS,
la première association de lutte contre le VIH. À cette
époque, il n'était pas rare de voir certains visiteurs
piocher dans la bibliothèque, constituée en partie des collections
déposées par les familles de militants disparus, pour les
revendre ensuite 5 francs ; l'équivalent d'un dîner
frugal.
Rien ne pouvait plus choquer ce libraire et collectionneur invétéré
ayant même conservé l'ensemble des revues homosexuelles
achetées après s'être réfugié
en France en 1975, au lendemain de la chute de Saigon, au Vietnam. Apprenant
sa séropositivité au VIH en 1989, il revend sa librairie
et s'investit alors dans les associations Act-Up Paris et AIDeS.
Il commence surtout à s'intéresser à la préservation
de la mémoire de ce qu'on allait bientôt appeler les
« LGBT » : Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transsexuels.
« Quand les premiers morts du sida ont eu lieu, on a parfois
vu les affaires de toute une vie jetées ou dispersées par
les familles. Honteuses, elles ne souhaitaient surtout pas garder de traces
de cet aspect de la personnalité des défunts, explique-t-il.
Face au refus des responsables associatifs de prendre en main ce problème,
j'ai décidé de le faire seul, quitte à ce que
ce soit sans soutien ».
Aujourd'hui, près de trente ans d'archives s'accumulent
dans le petit pavillon de Phan Bigotte, à Vitry-sur-Seine, en banlieue
parisienne. Saturés, le rez-de-jardin et le premier étage
sont exclusivement dédiés au stockage de plusieurs dizaines
de milliers de documents, soigneusement classés, que conserve l'association
Académie Gay & Lesbienne, présidée par l'ancien
libraire depuis sa fondation en 2001. Avec le documentaliste Thomas Leduc,
son vice-président, il occupe l'essentiel de son temps libre
à référencer les documents rassemblés au nom
du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT.
Pour le moment, 5.900 notices ont été créées
; une infime partie du fonds.
Un fonds qui ne cesse de grossir
Par son volume et sa diversité, cette collection d'archives
LGBT est sans doute la plus importante en France sur l'homosexualité,
la bisexualité et la transidentité, ainsi que sur le genre,
la sexualité et le sida. Il rassemble plus de 1.800 titres de périodiques,
1.200 numéros de presse grand public et spécialisée,
3.000 ouvrages et un millier de documents audiovisuels (VHS et DVD). Plusieurs
fonds d'archives de personnes, d'organisations et d'associations,
ainsi que des collections diverses (guides, annuaires, brochures, matériel
de prévention, documents événementiels...) et des
objets (autocollants, boîtes d'allumettes, emballages de préservatifs,
pin's, tee-shirts, etc.) constituent un véritable labyrinthe
dans la petite maison de Vitry.
Si des documents et des objets de tous formats et de tous supports alimentent
continuellement le fonds, l'ancien libraire et le documentaliste
veillent également à ce que toutes les opinions (y compris
anti-LGBT) y soient représentées. « Chaque semaine,
nous collectons des titres gratuits et nous faisons de la veille dans
les hebdomadaires, explique Thomas Leduc, nous achetons beaucoup
de magazines, car nous apprécions la diversité d'opinions
de la presse spécialisée et généraliste
». Le fonds documentaire ne cesse de grossir, enrichi de jour en
jour par les collectes, les achats, les dons et les échanges avec
d'autres centres de ressources LGBT en France et à l'étranger.
Apolitiques, c'est sans aucune subvention, bénévolement
et avec leurs modestes moyens personnels, que ces deux passionnés
sauvegardent et archivent, année après année, cette
impressionnante collection pour contribuer à la préservation
des patrimoines socioculturels LGBT dans l'histoire. « Si
nous en sommes les heureux gardiens, poursuit Phan Bigotte, nous
ne le faisons pas juste pour notre plaisir. Nous souhaitons surtout que
ce fonds d'archives puisse être consulté et utilisé
par tous ».
Force est de constater que le pavillon de Phan Bigotte n'est pas
extensible et loin de disposer des normes légales pour y accueillir
du public. C'est dans cette optique qu'ils ont rédigé,
le 16 janvier dernier, une pétition à l'attention
de la Mairie de Paris, demandant qu'un local soit mis à leur
disposition. Une bouteille à la mer lancée en ces termes
: « afin de permettre rapidement au public, notamment aux Parisiennes
et Parisiens, de venir consulter gratuitement toutes les archives de son
Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT, dont de grands
fonds de documents LGBT historiques ».
Centre de Documentation mort-né
Mais la question de la mise à disposition, par la Mairie de Paris,
d'un local parisien pour les archives LGBT n'est pas nouvelle.
Elle fait surtout polémique. Car à en croire les 100.000
euros de subventions publiques versées par la Ville de Paris en
2002 et le prêt d'un local (jamais ouvert et finalement rendu en
2004), la capitale devrait déjà disposer d'un Centre
d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris (CADHP) depuis
treize ans. Pourtant, il n'a jamais vu le jour. Malgré nos
relances, la Mairie de Paris n'a pas souhaité s'expliquer
sur ces dizaines de milliers d'euros de fonds publics dépensés
pour un centre mort-né.
Initié en 2001 par Jean Le Bitoux, militant homosexuel et cofondateur,
en 1979, du journal Le Gai Pied, le projet a traîné en longueur.
Comme l'écrivait Benoît Hasse dans le Parisien le 6
avril 2006 : « Une subvention de 100.000 euros versée
en 2002, pas de résultats visibles quatre ans après, un
dossier qui traîne en longueur et un parfum de “clientélisme
partisan" qui flotte sur l'ensemble... La création du
CADHP vire doucement au dossier empoisonné pour la Mairie de Paris
». Licencié pour absence de résultats, Jean Le Bitoux
vient alors tout juste d'être remplacé par Stéphane
Martinet, adjoint chargé de la Culture et du Patrimoine au Maire
du 11e arrondissement de Paris. On annonce à l'époque que
l'ouverture du Centre sera finalement reportée à... 2008.
Pourtant, la Mairie de Paris déclare deux ans plus tard, par l'intermédiaire
de Philippe Lasnier, en charge des questions LGBT, être «
prête à dénicher un local à louer par l'association
». « Rien n'a bougé depuis quelques années,
mais il y aura une concrétisation s'il n'y a pas de
polémique », expliquait-il aux journalistes de Yagg.
On est alors en 2010 : Jean Le Bitoux vient de mourir en léguant
ses archives personnelles au Centre d'Archives LGBT devant être
créé par la Mairie de Paris. Le militant contre l'homophobie
et le racisme Louis-Georges Tin est alors mandaté pour ressusciter
le projet, rebaptisé (pour la troisième fois) Institut Arc-en-Ciel.
À l'été 2013, après avoir rendu un rapport
de 80 pages sur le « futur » Institut, ce dernier
dénonçait encore « une mauvaise volonté
» et « une certaine forme de blocage au niveau des Ministères
concernés (Culture et Enseignement supérieur) »
dans les colonnes de Yagg.
« Nous ne voulons pas alimenter la polémique
» poursuit Phan Bigotte.
« Nous ne sommes pas en guerre, mais complémentaires
avec le projet de la Mairie de Paris. » Il ajoute : «
Ce que nous voulons aujourd'hui, c'est agir au regard
de ces 13 ans perdus et de ce bilan désastreux. » Selon
lui, il serait en effet préférable que plusieurs lieux,
gérés par le tissu associatif et par les administrations
publiques, soient dédiés à la conservation d'archives
LGBT. En raison notamment de la confiance, parfois frileuse, de certains
militants. « Il se peut que certains aient plus de facilité
à confier leurs documents à une association plutôt
qu'à une autre, explique-t-il ; il ne faut pas que
cette mémoire se perde. »
Le plus important fonds d'archives de l'Hexagone est conservé
à la Bibliothèque Municipale de Lyon. Il réunit le
fonds Michel Chomarat, datant de 1992 (plusieurs dizaines de milliers
de références) et un ensemble Gay et Lesbien (propriété
de la Bibliothèque depuis 2005 plutôt axé sur le prêt).
Un Centre LGBT, hébergé depuis 2008 rue Beaubourg dans le
3e arrondissement de Paris, a ouvert ses portes en 1994 (initialement
rue Keller, dans le 11e arrondissement). Si sa Bibliothèque héberge
plusieurs milliers de livres et de titres de magazines, elle n'a
pourtant ni la vocation ni la place d'accueillir le Centre d'Archives
et de Documentation LGBT de Paris en gestation depuis 13 ans.
Même provisoirement, elle ne pourrait stocker
les centaines d'armoires, de meubles, de caissons et de rayonnages
remplis d'archives qui occupent aujourd'hui le domicile de
Phan Bigotte. « Je ne veux pas d'argent, assure-t-il
; qu'on me prête un local et j'ouvrirai le mois
suivant. »
[ → Pétition de l'Académie Gay & Lesbienne ]
Demande
d'un local parisien pour mettre les archives LGBT à disposition du public
Pétition (demande de local) 2019 2018 2017 2016 2015 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 Reportages
26 janvier 2014
site yagg.com
par Xavier Héraud
et Dimitri Jean
Reportage photos et audio
Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT :
« Nous ne voulons pas d’argent, juste un local. »
Reportage dans l'un des fonds d'archives LGBT les plus importants
en France.
Un petit pavillon en banlieue parisienne. Un rez-de-chaussée saturé
par des armoires et des étagères pleines de livres, de dossiers
et de documents en tous genres. « Et à l'étage,
c'est presque pareil ! », préviennent en riant Phan
Bigotte, alias Hoàng, et Thomas Leduc (photo), les propriétaires
des lieux. Leur association, l'Académie Gay et Lesbienne, fondée
en 2001, rassemble sans doute le plus important fonds d'archives LGBT
en France, avec celui de la Bibliothèque de Lyon. [ Lire l'article
Archives LGBT : où sont nos mémoires ? ]
On y trouve pêle-mêle des archives associatives, des flyers,
des DVD et des VHS, des revues LGBT françaises ou étrangères
(la plus vieille date de 1909) ou des archives personnelles, comme celles
de Philippe Labbey et Cleews Vellay, respectivement anciens président
du Centre Gay et Lesbien de Paris et d'Act Up-Paris. Le tout est en cours
d'archivage sur leur site web : http://www.archiveshomo.info/
[ → Historique du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT >
Format PDF (460 Ko) ]
Un local
Pour l'instant, Thomas et Hoàng stockent tout chez eux. Mais
la place commence à manquer. Aussi recueillent-ils volontiers ce
que l'on dépose chez eux, mais sans démarcher qui
que ce soit non plus.
Leur principal défi désormais : trouver un local à
Paris ou dans la proche banlieue afin que ces archives puissent être
consultables par le plus grand nombre, étudiants ou simples curieux.
« Nous ne voulons pas d'argent, juste un local »,
martèle Hoàng. Une pétition a été lancée
pour interpeller les pouvoirs publics sur le sujet. [
http://www.mesopinions.com/petition/droits-homme/demande-local-parisien-disposition-public-mettre/11287
]
Thomas et Hoàng
– le premier, documentaliste, est aussi posé et discret que
le second, ancien libraire, est volubile – nous ont guidé
à travers leur Conservatoire des Archives et Mémoires LGBT.
Une visite passionnante, et parfois émouvante, que nous vous retraçons
en sons et en images.
[ → Pétition de l'Académie Gay et Lesbienne ]
Demande
d'un local parisien pour mettre les archives LGBT à disposition du public
Pétition (demande de local) 2019 2018 2017 2016 2015 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 Reportages
27 janvier 2014
site
archimag.com
par Clémence Jost
Actualités :
Le Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT
lance un appel à la Mairie de Paris
Le plus important fonds de documents LGBT historiques, accumulé
et sauvegardé depuis treize ans cherche un hébergement.
Le Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT lance une pétition
afin qu'un local soit enfin mis à sa disposition. Phan Bigotte
(alias Hoàng) et Thomas Leduc sont un peu à l'étroit
dans leur pavillon de Vitry sur Seine, en banlieue parisienne.
En effet, leur logement croule sous les dizaines de milliers de documents
qu'il abrite : ceux du Conservatoire des Archives et des Mémoires
LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et trans), le plus important fonds d'archives
LGBT en France rassemblé au nom de l'association Académie
Gay et Lesbienne, qu'ils ont fondée en 2001.
Archivage bénévole
Ils ont donc lancé une pétition le 16 janvier dernier à
l'attention de la Mairie de Paris demandant qu'un grand local
soit mis à leur disposition « afin de permettre rapidement
au public, notamment aux parisiennes et parisiens, de venir consulter
gratuitement toutes les archives de son Conservatoire des Archives et
des Mémoires LGBT, dont de grands fonds de documents LGBT historiques.
» [
http://www.mesopinions.com/petition/droits-homme/demande-local-parisien-disposition-public-mettre/11287
]
C'est sans aucune subvention, de façon bénévole
et avec leurs modestes moyens personnels que cet ancien libraire et ce
documentaliste ont accumulé, sauvegardé et archivé
année après année, une impressionnante collection
d'archives « pour contribuer à la préservation
des patrimoines socioculturels LGBT dans l'histoire. »
Les documents sont actuellement en cours de numérisation et accessibles
sur leur site internet.
Le plus important fonds de France
Par son volume et sa diversité, ce fonds d'archives LGBT est probablement
le plus important en France sur l'homosexualité, la bisexualité
et la transidentité, ainsi que sur le genre, la sexualité
et le sida.
Alimenté continuellement, de tous formats et de tous supports,
il rassemble également des documents de multiples opinions (y compris
anti-LGBT) et de nombreux pays : 1.800 titres de périodiques, 1.200
numéros de presse grand public et spécialisée, 3.000
ouvrages, un millier de documents audiovisuels (VHS et DVD), plusieurs
fonds d'archives de personnes, d'organisations et d'associations, ainsi
que des collections diverses (guides, annuaires, brochures, matériel
de prévention, documents événementiels, etc) et des
objets (autocollants, boites d'allumettes, emballages de préservatifs,
pin's, tee-shirts, etc.).
[ → Historique du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT >
Format PDF (460 Ko) ]
Se confiant au site Yagg.com, Hoàng insiste : « Nous
ne voulons pas d'argent, juste un local.
» [ Lire l'article sur le
Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT ]
Car la place vient à manquer.
[ → Pétition de l'Académie Gay & Lesbienne ]
Demande
d'un local parisien pour mettre les archives LGBT à disposition du public
Pétition (demande de local) 2019 2018 2017 2016 2015 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 Reportages
15 décembre 2014
site
yagg.com
par Xavier Héraud
France :
Les écolos veulent créer un centre d'archives
LGBT à Paris
Le projet de Centre d'archives LGBT avait échoué
sous la mandature Delanoë
C'est la version LGBT et parisienne du serpent de mer. Lors de son
premier mandat comme Maire de Paris, Bertrand Delanoë avait chargé
Jean Le Bitoux de réfléchir à la création d'un
centre d'archives LGBT dans la capitale. [ le
projet de Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris (CADHP)
qui a bénéficié en 2002 de 100.000 euros de subventions
de la Mairie de Paris, puis en 2003 d'un local (jamais ouvert au public)
]
La mission, conduite ensuite par Louis-Georges Tin, n'a jamais abouti
( lire
Archives LGBT : où sont nos mémoires ? ).
Le groupe écologiste de Paris veut le relancer.
Explications
Le groupe écologiste [
Europe Écologie Les Verts (EELV) ] du Conseil de Paris
entend relancer le projet en déposant un vœu qui « appelle
à la création d'un centre d'archives national
» devant l'assemblée parisienne réunie pour quatre
jours en ce début de semaine.
En votant ce vœu, le Conseil de Paris s'engagerait :
¤ à proposer dès 2015 un local d'accueil
pour stocker et rassembler toutes les archives LGBT collectées auprès
d'associations et de particuliers volontaires ;
¤ à proposer à moyen terme un lieu parisien
où pourra s'établir un véritable centre d'archives
et de documentation LGBT de dimension nationale, co-élaboré
avec toutes les associations intéressées.
Yagg a interrogé
David Belliard,
co-président du groupe écologiste au Conseil de Paris,
et auteur de ce vœu :
Pourquoi ce vœu ?
– La culture LGBT s'inscrit dans une longue histoire
qui constitue un patrimoine important malheureusement éclaté
et très mal connu du grand public et, très souvent, des lesbiennes,
gays, bi.e.s et trans' eux-mêmes. Cette mémoire du mouvement
LGBT, qui a contribué et qui contribue encore à transformer
notre société, ne bénéficie pas aujourd'hui
d'une véritable reconnaissance institutionnelle. Même
si, à Paris, une plaque en mémoire de Bruno Lenoir et Jean
Diot a été posée dans le IIe arrondissement, il reste
encore beaucoup à faire pour une vraie reconnaissance de la mémoire
LGBT ( lire
Anne Hidalgo a dévoilé une plaque en mémoire de Bruno
Lenoir et Jean Diot ).
Ce que nous proposons aujourd'hui, avec un vœu
déposé au Conseil de Paris, c'est d'ouvrir un local pour stocker,
rassembler et sécuriser les archives LGBT. Nous voulons que ce local
soit mis à disposition des associations et des particuliers qui le
souhaitent pour qu'ils ou elles puissent entreposer les documents qui sont
en leur possession. Et tous les documents qu'ils ou elles jugent utile d'être
conservés, sans sélection aucune : ceux relatifs aux luttes
qui ont été menées contre les discriminations et l'égalité
des droits, mais aussi tous ces témoignages des créations,
initiatives, œuvres et manifestations festives dont il nous reste la
trace et qui sont elles-aussi témoins de ce qui constituent l'histoire
et l'identité LGBT !
Bien entendu, il ne s'agit pas d'une obligation mais d'une solution proposée
à toutes celles et tous ceux qui ne peuvent plus stocker des vieux
fanzines, des panneaux militants ou des flyers dans un coin de leur cave
ou sous leur lit !
Certains ont d'ailleurs déjà mené
un travail remarquable en la matière. Je pense notamment à
l'Académie
Gay et Lesbienne, qui dispose d'un fond exceptionnel de documents qui
pourrait, si cette association le souhaite bien évidemment, avoir
toute leur place dans ce futur local ( lire
Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT : « Nous ne
voulons pas d'argent, juste un local » ).
Les autres groupes comptent-ils le voter ?
– Nous verrons mais j'ai bon espoir que nous puissions arriver
à un consensus sur ce sujet [ Le groupe socialiste a indiqué
à Yagg qu'il comptait voter le vœu ].
Ce serait un signe très positif, au regard de la situation préoccupante
que connaissent actuellement les personnes LGBT, de la recrudescence de
l'homophobie, des renoncements du gouvernement sur la PMA ou encore de l'hypocrisie
généralisée face à l'outing de personnalités
politiques dans Closer, que le Conseil de Paris se prononce favorablement
pour la reconnaissance de la mémoire LGBT et de son histoire faite
de combats en faveur de l'égalité des droits.
Que se passera-t-il concrètement une fois que le vœu
sera voté ? Et comment éviter l'impasse de la mission
Le Bitoux / Tin ?
– La première chose une fois le
vœu voté, c'est qu'un local devra être trouvé.
C'est notre premier objectif !
Ensuite, nous demandons à ce qu'un travail de réflexion soit
mené pour la création d'un futur centre d'archives et de documentation
LGBT de dimension nationale avec toutes celles et ceux qui sont motivé.e.s
pour faire exister un tel lieu, en lien notamment avec le projet de monument
LGBT. Un centre d'archives aurait un intérêt national, en offrant
une véritable visibilité à l'histoire du mouvement
LGBT. Sans compter qu'il viendrait compléter les initiatives localisées
déjà existantes, comme la Bibliothèque du Centre LGBT
d'Ile-de-France, le fonds de la Bibliothèque Municipale de Lyon ou
encore les sites internet associatifs.
Cela fait presque 15 ans qu'on en entend parler et
malheureusement, nous n'avons pas avancé.
Il s'agit maintenant de faire ( ou refaire ! ) travailler ensemble toutes
celles et tous ceux que ce projet intéresse. En tant qu'élu.e.s,
nous voulons susciter et accompagner la réflexion, et pas nous y
substituer. Avec par contre cette fois des objectifs concrets et précis
: je pense qu'un tel centre doit pouvoir voir le jour avant 2020.
Dans le vœu il est à la fois évoqué l'hypothèse
d'un centre d'archives et celle d'un musée, comme celui de San Francisco.
Imaginez-vous les deux ?
– À titre personnel, je suis favorable à un projet
ambitieux, qui puisse tout à la fois être lieu de mémoire,
d'études, de recherche et aussi lieu où puissent vivre les
débats actuels et la création liés aux LGBT. Mais nous
pouvons y aller par étapes.
La GLBT Historical Society de San Francisco, qui constitue une référence
en la matière, a été créée en 1985 (
il y a presque 30 ans ! ) et n'est dotée d'un musée que «
depuis » 2010...
[ → Pétition de l'Académie Gay
& Lesbienne :
Demande d'un local parisien pour mettre les archives LGBT à disposition
du public ]
Pétition (demande de local) 2019 2018 2017 2016 2015 2014 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 Reportages
Académie Gay & Lesbienne
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le site d'information
du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT
de l'Académie Gay & Lesbienne