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par Clémence Jost

Archives - Patrimoine :
Pourquoi la création du Centre d'Archives LGBT de Paris
fait polémique depuis 13 ans

Retour sur une polémique vieille de plus de treize ans.
La décision de la Mairie de Paris y mettra-t-elle enfin un terme ?

Cela fait des années que le projet d'un Centre d'Archives LGBT (Lesbien, Gay, [ Bi et ] Trans) à Paris, lancé sous [ Bertrand ] Delanoë, est dans les cartons de la Mairie.

Celle-ci a finalement voté lundi une subvention de 12.000 euros pour une Mission de Préfiguration d'un Centre d'Archives LGBT dans la capitale, destiné à stocker les archives, documents et objets divers témoignant de l'histoire militante et parisienne du mouvement.
Si la localisation de ce futur Centre n'a pas encore été choisie, son fonctionnement a d'ores et déjà été balisé : il pourrait fonctionner en réseau avec la Bibliothèque Municipale de Lyon (le centre d'archives LGBT le plus important de l'hexagone) et le Centre de Montpellier.

La polémique

Rappelons que la question de la mise à disposition, par la Mairie de Paris, d'un local parisien pour les archives LGBT n'est pas nouvelle. Et fait surtout polémique.
Car à en croire les 100.000 euros de subventions publiques versées par la Ville de Paris en 2002 et le prêt d'un local (jamais ouvert et finalement rendu en 2004), la capitale devrait déjà disposer d'un Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris (CADHP) depuis treize ans. Pourtant, il n'a jamais vu le jour.

Pour les besoins d'un article rédigé en mars 2014 sur le Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT, et sur son président, Phan Bigotte, qui hébergeait dans son garage sans doute la plus importante collection d'archives LGBT de France et sollicitait alors l'aide de la Mairie de Paris afin qu'un local soit mis à sa disposition, nous avions alors contacté la Mairie de Paris.
[ → Lire l'article : Archives LGBT recherche appartement ou maison ]

Malgré nos relances, celle-ci n'avait pas souhaité s'expliquer sur ces dizaines de milliers d'euros de fonds publics dépensés pour un Centre mort-né.

Surtout, le fonds accumulé et conservé par Phan Bigotte n'a besoin, aujourd'hui, d'aucune subvention : la mise à disposition d'un local suffirait.

" Un parfum de clientèlisme partisan "

Initié en 2001 par Jean Le Bitoux, militant homosexuel et co-fondateur, en 1979, du journal Le Gai Pied, le projet a traîné en longueur.
Comme l'écrivait Benoît Hasse dans le Parisien le 6 avril 2006 : « Une subvention de 100.000 euros versée en 2002, pas de résultats visibles quatre ans après, un dossier qui traîne en longueur et un parfum de “clientèlisme partisan” qui flotte sur l'ensemble... La création du CADHP vire doucement au dossier empoisonné pour la Mairie de Paris. »

Licencié pour absence de résultats, Jean le Bitoux vient alors tout juste d'être remplacé par Stéphane Martinet, Adjoint chargé de la Culture et du Patrimoine au Maire du 11e arrondissement de Paris.
On annonce à l'époque que l'ouverture du centre sera finalement reportée à... 2008.

Un projet ressuscité, rebaptisé... et avorté

Pourtant, la Mairie de Paris déclare deux ans plus tard, par l'intermédiaire de Philippe Lasnier, en charge des questions LGBT, être « prête à dénicher un local à louer par l'association ».
« Rien n'a bougé depuis quelques années, mais il y aura une concrétisation s'il n'y a pas de polémique », expliquait-il aux journalistes de Yagg.

On est alors en 2010 : Jean Le Bitoux vient de mourir en léguant ses archives personnelles au Centre d'Archives LGBT devant être créé par la Mairie de Paris.
Le militant contre l'homophobie et le racisme Louis-Georges Tin est alors mandaté pour ressusciter le projet, rebaptisé (pour la troisième fois) Institut Arc-en-ciel. À l'été 2013, après avoir rendu un rapport de 80 pages sur le "futur" institut, ce dernier dénonçait encore « une mauvaise volonté » et « une certaine forme de blocage au niveau des Ministères concernés (Culture et Enseignement supérieur) » dans les colonnes de Yagg.

Un bilan désastreux

« Nous ne voulons pas alimenter la polémique, expliquait Phan Bigotte en mars 2014. Nous ne sommes pas en guerre, mais complémentaires avec le projet de la Mairie de Paris ».
Et d'ajouter : « Ce que nous voulons aujourd'hui, c'est agir au regard de ces 13 ans perdus et de ce bilan désastreux ».

Selon lui, il serait en effet préférable que plusieurs lieux, gérés par le tissu associatif et par les administrations publiques, soient dédiés à la conservation d'archives LGBT. En raison notamment de la confiance, parfois frileuse, de certains militants.
« Il se peut que certains aient plus de facilité à confier leurs documents à une association plutôt qu'à une autre, expliquait-t-il alors ; il ne faut pas que cette mémoire se perde ».

Le plus important fonds d'archives de l'Hexagone est conservé à la Bibliothèque Municipale de Lyon. Il réunit le fonds Michel Chomarat, datant de 1992 (plusieurs dizaines de milliers de références) et un ensemble Gay et Lesbien (propriété de la Bibliothèque depuis 2005 plutôt axé sur le prêt).

Si la Mairie de Paris a voté le lundi 14 décembre la subvention de 12.000 euros, c'est grâce à l'initiative du groupe écologiste EELV de Paris, qui a réclamé l'enveloppe, première étape à la réalisation du projet.


Des centaines d'armoires, de meubles, de caissons et de rayonnages remplis d'archives

Un Centre LGBT [ de Paris Île-de-France ], hébergé depuis 2008 rue Beaubourg dans le 3e arrondissement de Paris, a ouvert ses portes en 1994 (initialement rue Keller, dans le 11e arrondissement). Si sa Bibliothèque héberge plusieurs milliers de livres et de titres de magazines, elle n'a pourtant ni la vocation ni la place d'accueillir le Centre d'Archives et de Documentation LGBT de Paris en gestation depuis 13 ans.

Même provisoirement, elle ne pourrait stocker les centaines d'armoires, de meubles, de caissons et de rayonnages remplis d'archives qui occupent aujourd'hui le domicile de Phan Bigotte.
« Je ne veux pas d'argent, assurait-t-il en mars 2014 ; qu'on me prête un local et j'ouvrirai le mois suivant ».

[ → Historique du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT > Format PDF (460 Ko) ]


Sur le même sujet :

[ → Lire l'article : ] Le Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT lance un appel à la Mairie de Paris


[ → Pétition de l'Académie Gay & Lesbienne ]
Demande d'un local parisien pour mettre les archives LGBT à disposition du public

 

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Impressions, Expressions

par Marie-Anne Chabin

Provenance

Le principe de provenance est le principe fondateur de l'archivistique,
formulé au milieu du XIXe siècle en Europe.

(principle of provenance en anglais, ce qui dit assez l'importance du concept).

Ce principe postule que « les documents d'une même provenance forment un tout et doivent être conservés groupés parce que c'est le seul moyen de rendre compréhensibles la structure et le fonctionnement de l'organisme qui les a créés » ou encore que « chaque document doit être maintenu ou replacé dans le fonds dont il provient ».

C'est pourquoi le principe de provenance s'appelle aussi principe de respect des fonds.
Les archivistes parlaient naguère de production organique des archives ; on parle aujourd'hui du contexte de création. C'est la même idée. Les archives dans leur contexte de création sont toujours plus fiables.

Le principe de provenance s'oppose au principe de pertinence selon lequel les archives sont organisées selon un critère de contenu,
par exemple : on mélange les archives du ministère de l'écologie, celles du parti Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) et celles des associations de défense de l'environnement pour les reclasser par thème (climat, agriculture, biodiversité…).

Cependant, le principe de provenance / respect des fonds
a connu, connaît et connaîtra des évolutions.

J'en note quatre :

1 ¤   la première a été d'abandonner le regroupement physique des archives d'un même fonds, dès lors que l'inventaire des archives témoigne de la cohérence du fonds ; avec la croissance des volumes et l'informatisation des inventaires, la question de dissocier unité intellectuelle et unité matérielle ne se pose plus même;

2 ¤   le second point est la (mauvaise) pratique de prendre à la lettre le respect des fonds et de l'appliquer à des fonds désorganisés en s'ingéniant à respecter ce désordre : on voit l'intérêt pour étudier la désorganisation des services (un vrai sujet au passage) mais c'est au détriment de la cohérence des sources historiques et de leur exploitabilité ;

3 ¤   le troisième point est l'excès inverse quand le zèle de l'archiviste le conduit à formater le fonds à son image, en instaurant le classement qu'il estime le meilleur pour l'historien, sans prendre en compte suffisamment l'histoire de l'administration ou de l'entreprise qui a accumulé ces archives ;

4 ¤   la quatrième évolution se remarque depuis la fin du XXe siècle : les deux opérations, naguère distinctes, de constitution des sources archivistiques puis de collecte des sources documentaires pour la recherche ont tendance à se confondre (mêmes acteurs, concomitance).
Le premier exemple de ce nouveau type de fonds a été les archives LGBT, issues de la collecte par l'Académie Gay & Lesbienne auprès du public dans le but de « préserver la vérité sur notre histoire ».   [ → Historique du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT > Format PDF (460 Ko) ]
Un exemple plus récent se trouve dans les actions de collecte de documents après les attentats de Charlie-Hebdo : dès janvier, les archives de Rennes ont organisé la sauvegarde des messages « Charlie » (parallèlement donc à la collecte classique des archives municipales) ; et il y a quelques semaines, la bibliothèque de l'université de Harvard a lancé un appel au don de documents autour de cet événement, spécialement les documents éphémères, est-il précisé.

On appelle ainsi archives, en plus des fonds organiques collectés dans le respect du principe de provenance, des collections documentaires qui obéissent d'abord au principe de pertinence.

Il résulte de tout cela une triple exigence
pour les professionnels de la mémoire collective :

connaître le passé, anticiper l'avenir et vivre avec son temps.

 
 

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Couverture d'Archimag n° 272 Article d'Archimag n° 272Mars 2014
mensuel Archimag
N° 272 > pages 46 et 47
par Clémence Jost

[ → format > PDF (317 Ko) ]

Perspectives :
Archive LGBT recherche appartement ou maison

Le Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transsexuels) est le plus important fonds de documents LGBT historique. Sollicitant l'aide de la Mairie de Paris afin qu'un local soit mis à sa disposition, son président dénonce l'inaction des pouvoirs publics.

« il ne faut pas faire le culte des morts ; l'urgence, c'est de s'occuper des vivants. »
Phan Bigotte aurait pu se contenter de cette remarque, entendue alors qu'il observe, impuissant, le démantèlement de collections d'ouvrages et de documents appartenant à des militants, morts du sida. On est alors au milieu des années 90, dans le local d'AIDeS, la première association de lutte contre le VIH. À cette époque, il n'était pas rare de voir certains visiteurs piocher dans la bibliothèque, constituée en partie des collections déposées par les familles de militants disparus, pour les revendre ensuite 5 francs ; l'équivalent d'un dîner frugal.
Rien ne pouvait plus choquer ce libraire et collectionneur invétéré ayant même conservé l'ensemble des revues homosexuelles achetées après s'être réfugié en France en 1975, au lendemain de la chute de Saigon, au Vietnam. Apprenant sa séropositivité au VIH en 1989, il revend sa librairie et s'investit alors dans les associations Act-Up Paris et AIDeS. Il commence surtout à s'intéresser à la préservation de la mémoire de ce qu'on allait bientôt appeler les « LGBT » : Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transsexuels.
« Quand les premiers morts du sida ont eu lieu, on a parfois vu les affaires de toute une vie jetées ou dispersées par les familles. Honteuses, elles ne souhaitaient surtout pas garder de traces de cet aspect de la personnalité des défunts, explique-t-il. Face au refus des responsables associatifs de prendre en main ce problème, j'ai décidé de le faire seul, quitte à ce que ce soit sans soutien ».
Aujourd'hui, près de trente ans d'archives s'accumulent dans le petit pavillon de Phan Bigotte, à Vitry-sur-Seine, en banlieue parisienne. Saturés, le rez-de-jardin et le premier étage sont exclusivement dédiés au stockage de plusieurs dizaines de milliers de documents, soigneusement classés, que conserve l'association Académie Gay & Lesbienne, présidée par l'ancien libraire depuis sa fondation en 2001. Avec le documentaliste Thomas Leduc, son vice-président, il occupe l'essentiel de son temps libre à référencer les documents rassemblés au nom du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT.
Pour le moment, 5.900 notices ont été créées ; une infime partie du fonds.

Un fonds qui ne cesse de grossir
Par son volume et sa diversité, cette collection d'archives LGBT est sans doute la plus importante en France sur l'homosexualité, la bisexualité et la transidentité, ainsi que sur le genre, la sexualité et le sida. Il rassemble plus de 1.800 titres de périodiques, 1.200 numéros de presse grand public et spécialisée, 3.000 ouvrages et un millier de documents audiovisuels (VHS et DVD). Plusieurs fonds d'archives de personnes, d'organisations et d'associations, ainsi que des collections diverses (guides, annuaires, brochures, matériel de prévention, documents événementiels...) et des objets (autocollants, boîtes d'allumettes, emballages de préservatifs, pin's, tee-shirts, etc.) constituent un véritable labyrinthe dans la petite maison de Vitry.
Si des documents et des objets de tous formats et de tous supports alimentent continuellement le fonds, l'ancien libraire et le documentaliste veillent également à ce que toutes les opinions (y compris anti-LGBT) y soient représentées. « Chaque semaine, nous collectons des titres gratuits et nous faisons de la veille dans les hebdomadaires, explique Thomas Leduc, nous achetons beaucoup de magazines, car nous apprécions la diversité d'opinions de la presse spécialisée et généraliste ». Le fonds documentaire ne cesse de grossir, enrichi de jour en jour par les collectes, les achats, les dons et les échanges avec d'autres centres de ressources LGBT en France et à l'étranger.
Apolitiques, c'est sans aucune subvention, bénévolement et avec leurs modestes moyens personnels, que ces deux passionnés sauvegardent et archivent, année après année, cette impressionnante collection pour contribuer à la préservation des patrimoines socioculturels LGBT dans l'histoire. « Si nous en sommes les heureux gardiens, poursuit Phan Bigotte, nous ne le faisons pas juste pour notre plaisir. Nous souhaitons surtout que ce fonds d'archives puisse être consulté et utilisé par tous ».
Force est de constater que le pavillon de Phan Bigotte n'est pas extensible et loin de disposer des normes légales pour y accueillir du public. C'est dans cette optique qu'ils ont rédigé, le 16 janvier dernier, une pétition à l'attention de la Mairie de Paris, demandant qu'un local soit mis à leur disposition. Une bouteille à la mer lancée en ces termes : « afin de permettre rapidement au public, notamment aux Parisiennes et Parisiens, de venir consulter gratuitement toutes les archives de son Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT, dont de grands fonds de documents LGBT historiques ».

Centre de Documentation mort-né
Mais la question de la mise à disposition, par la Mairie de Paris, d'un local parisien pour les archives LGBT n'est pas nouvelle. Elle fait surtout polémique. Car à en croire les 100.000 euros de subventions publiques versées par la Ville de Paris en 2002 et le prêt d'un local (jamais ouvert et finalement rendu en 2004), la capitale devrait déjà disposer d'un Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris (CADHP) depuis treize ans. Pourtant, il n'a jamais vu le jour. Malgré nos relances, la Mairie de Paris n'a pas souhaité s'expliquer sur ces dizaines de milliers d'euros de fonds publics dépensés pour un centre mort-né.
Initié en 2001 par Jean Le Bitoux, militant homosexuel et cofondateur, en 1979, du journal Le Gai Pied, le projet a traîné en longueur. Comme l'écrivait Benoît Hasse dans le Parisien le 6 avril 2006 : « Une subvention de 100.000 euros versée en 2002, pas de résultats visibles quatre ans après, un dossier qui traîne en longueur et un parfum de “clientélisme partisan" qui flotte sur l'ensemble... La création du CADHP vire doucement au dossier empoisonné pour la Mairie de Paris ». Licencié pour absence de résultats, Jean Le Bitoux vient alors tout juste d'être remplacé par Stéphane Martinet, adjoint chargé de la Culture et du Patrimoine au Maire du 11e arrondissement de Paris. On annonce à l'époque que l'ouverture du Centre sera finalement reportée à... 2008.
Pourtant, la Mairie de Paris déclare deux ans plus tard, par l'intermédiaire de Philippe Lasnier, en charge des questions LGBT, être « prête à dénicher un local à louer par l'association ». « Rien n'a bougé depuis quelques années, mais il y aura une concrétisation s'il n'y a pas de polémique », expliquait-il aux journalistes de Yagg. On est alors en 2010 : Jean Le Bitoux vient de mourir en léguant ses archives personnelles au Centre d'Archives LGBT devant être créé par la Mairie de Paris. Le militant contre l'homophobie et le racisme Louis-Georges Tin est alors mandaté pour ressusciter le projet, rebaptisé (pour la troisième fois) Institut Arc-en-Ciel. À l'été 2013, après avoir rendu un rapport de 80 pages sur le « futur » Institut, ce dernier dénonçait encore « une mauvaise volonté » et « une certaine forme de blocage au niveau des Ministères concernés (Culture et Enseignement supérieur) » dans les colonnes de Yagg.

« Nous ne voulons pas alimenter la polémique » poursuit Phan Bigotte.
« Nous ne sommes pas en guerre, mais complémentaires avec le projet de la Mairie de Paris. » Il ajoute : « Ce que nous voulons aujourd'hui, c'est agir au regard de ces 13 ans perdus et de ce bilan désastreux. » Selon lui, il serait en effet préférable que plusieurs lieux, gérés par le tissu associatif et par les administrations publiques, soient dédiés à la conservation d'archives LGBT. En raison notamment de la confiance, parfois frileuse, de certains militants. « Il se peut que certains aient plus de facilité à confier leurs documents à une association plutôt qu'à une autre, explique-t-il ; il ne faut pas que cette mémoire se perde. »

Le plus important fonds d'archives de l'Hexagone est conservé à la Bibliothèque Municipale de Lyon. Il réunit le fonds Michel Chomarat, datant de 1992 (plusieurs dizaines de milliers de références) et un ensemble Gay et Lesbien (propriété de la Bibliothèque depuis 2005 plutôt axé sur le prêt). Un Centre LGBT, hébergé depuis 2008 rue Beaubourg dans le 3e arrondissement de Paris, a ouvert ses portes en 1994 (initialement rue Keller, dans le 11e arrondissement). Si sa Bibliothèque héberge plusieurs milliers de livres et de titres de magazines, elle n'a pourtant ni la vocation ni la place d'accueillir le Centre d'Archives et de Documentation LGBT de Paris en gestation depuis 13 ans.
Même provisoirement, elle ne pourrait stocker les centaines d'armoires, de meubles, de caissons et de rayonnages remplis d'archives qui occupent aujourd'hui le domicile de Phan Bigotte. « Je ne veux pas d'argent, assure-t-il ; qu'on me prête un local et j'ouvrirai le mois suivant. »


[ → Pétition de l'Académie Gay & Lesbienne ]
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site yagg.com
par Xavier Héraud
et Dimitri Jean

Reportage photos et audio
Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT :
« Nous ne voulons pas d’argent, juste un local. »

Reportage dans l'un des fonds d'archives LGBT les plus importants en France.
Un petit pavillon en banlieue parisienne. Un rez-de-chaussée saturé par des armoires et des étagères pleines de livres, de dossiers et de documents en tous genres. « Et à l'étage, c'est presque pareil ! », préviennent en riant Phan Bigotte, alias Hoàng, et Thomas Leduc (photo), les propriétaires des lieux. Leur association, l'Académie Gay et Lesbienne, fondée en 2001, rassemble sans doute le plus important fonds d'archives LGBT en France, avec celui de la Bibliothèque de Lyon. [ Lire l'article Archives LGBT : où sont nos mémoires ? ]
On y trouve pêle-mêle des archives associatives, des flyers, des DVD et des VHS, des revues LGBT françaises ou étrangères (la plus vieille date de 1909) ou des archives personnelles, comme celles de Philippe Labbey et Cleews Vellay, respectivement anciens président du Centre Gay et Lesbien de Paris et d'Act Up-Paris. Le tout est en cours d'archivage sur leur site web : http://www.archiveshomo.info/
[ → Historique du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT > Format PDF (460 Ko) ]

Un local
Pour l'instant, Thomas et Hoàng stockent tout chez eux. Mais la place commence à manquer. Aussi recueillent-ils volontiers ce que l'on dépose chez eux, mais sans démarcher qui que ce soit non plus.
Leur principal défi désormais : trouver un local à Paris ou dans la proche banlieue afin que ces archives puissent être consultables par le plus grand nombre, étudiants ou simples curieux. « Nous ne voulons pas d'argent, juste un local », martèle Hoàng. Une pétition a été lancée pour interpeller les pouvoirs publics sur le sujet. [ http://www.mesopinions.com/petition/droits-homme/demande-local-parisien-disposition-public-mettre/11287 ]

Thomas et Hoàng
– le premier, documentaliste, est aussi posé et discret que le second, ancien libraire, est volubile – nous ont guidé à travers leur Conservatoire des Archives et Mémoires LGBT.
Une visite passionnante, et parfois émouvante, que nous vous retraçons en sons et en images.


[ → Pétition de l'Académie Gay et Lesbienne ]
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par Clémence Jost

Actualités :
Le Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT
lance un appel à la Mairie de Paris

Le plus important fonds de documents LGBT historiques, accumulé et sauvegardé depuis treize ans cherche un hébergement.
Le Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT lance une pétition afin qu'un local soit enfin mis à sa disposition. Phan Bigotte (alias Hoàng) et Thomas Leduc sont un peu à l'étroit dans leur pavillon de Vitry sur Seine, en banlieue parisienne.
En effet, leur logement croule sous les dizaines de milliers de documents qu'il abrite : ceux du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et trans), le plus important fonds d'archives LGBT en France rassemblé au nom de l'association Académie Gay et Lesbienne, qu'ils ont fondée en 2001.

Archivage bénévole
Ils ont donc lancé une pétition le 16 janvier dernier à l'attention de la Mairie de Paris demandant qu'un grand local soit mis à leur disposition « afin de permettre rapidement au public, notamment aux parisiennes et parisiens, de venir consulter gratuitement toutes les archives de son Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT, dont de grands fonds de documents LGBT historiques. » [ http://www.mesopinions.com/petition/droits-homme/demande-local-parisien-disposition-public-mettre/11287 ]
C'est sans aucune subvention, de façon bénévole et avec leurs modestes moyens personnels que cet ancien libraire et ce documentaliste ont accumulé, sauvegardé et archivé année après année, une impressionnante collection d'archives « pour contribuer à la préservation des patrimoines socioculturels LGBT dans l'histoire. »
Les documents sont actuellement en cours de numérisation et accessibles sur leur site internet.

Le plus important fonds de France
Par son volume et sa diversité, ce fonds d'archives LGBT est probablement le plus important en France sur l'homosexualité, la bisexualité et la transidentité, ainsi que sur le genre, la sexualité et le sida.
Alimenté continuellement, de tous formats et de tous supports, il rassemble également des documents de multiples opinions (y compris anti-LGBT) et de nombreux pays : 1.800 titres de périodiques, 1.200 numéros de presse grand public et spécialisée, 3.000 ouvrages, un millier de documents audiovisuels (VHS et DVD), plusieurs fonds d'archives de personnes, d'organisations et d'associations, ainsi que des collections diverses (guides, annuaires, brochures, matériel de prévention, documents événementiels, etc) et des objets (autocollants, boites d'allumettes, emballages de préservatifs, pin's, tee-shirts, etc.).
[ → Historique du Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT > Format PDF (460 Ko) ]

Se confiant au site Yagg.com, Hoàng insiste : « Nous ne voulons pas d'argent, juste un local. » [ Lire l'article sur le Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT ]
Car la place vient à manquer.


[ → Pétition de l'Académie Gay & Lesbienne ]
Demande d'un local parisien pour mettre les archives LGBT à disposition du public

 

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par Xavier Héraud

France :
Les écolos veulent créer un centre d'archives LGBT à Paris


Le projet de Centre d'archives LGBT avait échoué
sous la mandature Delanoë

C'est la version LGBT et parisienne du serpent de mer. Lors de son premier mandat comme Maire de Paris, Bertrand Delanoë avait chargé Jean Le Bitoux de réfléchir à la création d'un centre d'archives LGBT dans la capitale.   [ le projet de Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris (CADHP) qui a bénéficié en 2002 de 100.000 euros de subventions de la Mairie de Paris, puis en 2003 d'un local (jamais ouvert au public) ]
La mission, conduite ensuite par Louis-Georges Tin, n'a jamais abouti   ( lire Archives LGBT : où sont nos mémoires ? ).


Le groupe écologiste de Paris veut le relancer.
Explications

Le groupe écologiste [ Europe Écologie Les Verts (EELV) ] du Conseil de Paris entend relancer le projet en déposant un vœu qui « appelle à la création d'un centre d'archives national » devant l'assemblée parisienne réunie pour quatre jours en ce début de semaine.
En votant ce vœu, le Conseil de Paris s'engagerait :
  ¤   à proposer dès 2015 un local d'accueil pour stocker et rassembler toutes les archives LGBT collectées auprès d'associations et de particuliers volontaires ;
  ¤   à proposer à moyen terme un lieu parisien où pourra s'établir un véritable centre d'archives et de documentation LGBT de dimension nationale, co-élaboré avec toutes les associations intéressées.


Yagg a interrogé David Belliard,
co-président du groupe écologiste au Conseil de Paris,
et auteur de ce vœu :

Pourquoi ce vœu ?
–   La culture LGBT s'inscrit dans une longue histoire qui constitue un patrimoine important malheureusement éclaté et très mal connu du grand public et, très souvent, des lesbiennes, gays, bi.e.s et trans' eux-mêmes. Cette mémoire du mouvement LGBT, qui a contribué et qui contribue encore à transformer notre société, ne bénéficie pas aujourd'hui d'une véritable reconnaissance institutionnelle. Même si, à Paris, une plaque en mémoire de Bruno Lenoir et Jean Diot a été posée dans le IIe arrondissement, il reste encore beaucoup à faire pour une vraie reconnaissance de la mémoire LGBT   ( lire Anne Hidalgo a dévoilé une plaque en mémoire de Bruno Lenoir et Jean Diot ).
Ce que nous proposons aujourd'hui, avec un vœu déposé au Conseil de Paris, c'est d'ouvrir un local pour stocker, rassembler et sécuriser les archives LGBT. Nous voulons que ce local soit mis à disposition des associations et des particuliers qui le souhaitent pour qu'ils ou elles puissent entreposer les documents qui sont en leur possession. Et tous les documents qu'ils ou elles jugent utile d'être conservés, sans sélection aucune : ceux relatifs aux luttes qui ont été menées contre les discriminations et l'égalité des droits, mais aussi tous ces témoignages des créations, initiatives, œuvres et manifestations festives dont il nous reste la trace et qui sont elles-aussi témoins de ce qui constituent l'histoire et l'identité LGBT !
Bien entendu, il ne s'agit pas d'une obligation mais d'une solution proposée à toutes celles et tous ceux qui ne peuvent plus stocker des vieux fanzines, des panneaux militants ou des flyers dans un coin de leur cave ou sous leur lit !
Certains ont d'ailleurs déjà mené un travail remarquable en la matière. Je pense notamment à l'Académie Gay et Lesbienne, qui dispose d'un fond exceptionnel de documents qui pourrait, si cette association le souhaite bien évidemment, avoir toute leur place dans ce futur local   ( lire Conservatoire des Archives et des Mémoires LGBT : « Nous ne voulons pas d'argent, juste un local » ).

Les autres groupes comptent-ils le voter ?
–   Nous verrons mais j'ai bon espoir que nous puissions arriver à un consensus sur ce sujet   [ Le groupe socialiste a indiqué à Yagg qu'il comptait voter le vœu ].
Ce serait un signe très positif, au regard de la situation préoccupante que connaissent actuellement les personnes LGBT, de la recrudescence de l'homophobie, des renoncements du gouvernement sur la PMA ou encore de l'hypocrisie généralisée face à l'outing de personnalités politiques dans Closer, que le Conseil de Paris se prononce favorablement pour la reconnaissance de la mémoire LGBT et de son histoire faite de combats en faveur de l'égalité des droits.

Que se passera-t-il concrètement une fois que le vœu sera voté ?   Et comment éviter l'impasse de la mission Le Bitoux / Tin ?
–   La première chose une fois le vœu voté, c'est qu'un local devra être trouvé. C'est notre premier objectif !
Ensuite, nous demandons à ce qu'un travail de réflexion soit mené pour la création d'un futur centre d'archives et de documentation LGBT de dimension nationale avec toutes celles et ceux qui sont motivé.e.s pour faire exister un tel lieu, en lien notamment avec le projet de monument LGBT. Un centre d'archives aurait un intérêt national, en offrant une véritable visibilité à l'histoire du mouvement LGBT. Sans compter qu'il viendrait compléter les initiatives localisées déjà existantes, comme la Bibliothèque du Centre LGBT d'Ile-de-France, le fonds de la Bibliothèque Municipale de Lyon ou encore les sites internet associatifs.
Cela fait presque 15 ans qu'on en entend parler et malheureusement, nous n'avons pas avancé.
Il s'agit maintenant de faire ( ou refaire ! ) travailler ensemble toutes celles et tous ceux que ce projet intéresse. En tant qu'élu.e.s, nous voulons susciter et accompagner la réflexion, et pas nous y substituer. Avec par contre cette fois des objectifs concrets et précis : je pense qu'un tel centre doit pouvoir voir le jour avant 2020.

Dans le vœu il est à la fois évoqué l'hypothèse d'un centre d'archives et celle d'un musée, comme celui de San Francisco. Imaginez-vous les deux ?
–   À titre personnel, je suis favorable à un projet ambitieux, qui puisse tout à la fois être lieu de mémoire, d'études, de recherche et aussi lieu où puissent vivre les débats actuels et la création liés aux LGBT. Mais nous pouvons y aller par étapes.
La GLBT Historical Society de San Francisco, qui constitue une référence en la matière, a été créée en 1985 ( il y a presque 30 ans ! ) et n'est dotée d'un musée que « depuis » 2010...


[ → Pétition de l'Académie Gay & Lesbienne :
Demande d'un local parisien pour mettre les archives LGBT à disposition du public ]

 

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