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Janvier 2010
mensuel Wag Mag Wag!
N° 58 > page 34
par François Mobihan
→
au format PDF (347 Ko)
Histoire gay :
Akademos n° 1 (15 janvier 1909)
L'Académie Gay et Lesbienne, derrière ce
nom travaille une association de passionnés s'attelant à
archiver la mémoire LGBT, livres, magazines, flyers
Depuis 2000, ils sont un petit nombre à oeuvrer pour ce projet
qu'ils présentent sur leur site internet : www.archiveshomo.info
C'est une bien belle réussite que vient de réaliser
l'association en acquérant chez une bouquiniste anglaise,
par le biais du net, le tout premier magazine gay français : Akademos.
Publiée chaque mois, de janvier à Noël 1909,
Akademos est considérée comme la plus ancienne des revues
homosexuelles françaises
Après l'acquisition autofinancée du 1er numéro (daté
du 15 janvier 1909), l'Académie Gay & Lesbienne l'a numérisé
en mode image pour le mettre en accès libre sur son site.
Pages web, où l'on peut apprendre qu'Akademos
fut créée et financée par le fortuné baron
Jacques d'Adelswärd-Fersen (jeune poète de 29 ans
et sulfureux ancien "exilé de Capri").
Celui-ci avait pris contact avec Magnus Hirschfeld (fondateur en 1897
du Comité Scientifique Humanitaire WHK contre la discrimination
des homosexuels par le § 175 du Code Pénal
Prussien) et Adolf Brand (éditeur depuis 1896 de la revue homosexuelle
allemande Der Eigene) pour promouvoir l'acceptation sociale de
l'homosexualité.
Pour en savoir plus, n'hésitez pas à replonger
dans notre histoire :
http://www.archiveshomo.info/documents-numerises/bibliotheque.htm
[ → le communiqué ]
L'Académie
Gay & Lesbienne met en ligne le 1er numéro de la revue Akademos,
parue il y a cent ans
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4 janvier 2010
site
fugues.com
par Nicolas Lavallée
Archives > magazine :
Le 1er numéro de la plus ancienne revue homosexuelle
de langue française
retrouvé et mis en ligne
Un exemplaire du numéro inaugural de la plus ancienne
revue homosexuelle de langue française, Akademos, paru il y a un
siècle, vient d'être retrouvé et mis en ligne par
l'Académie Gay & Lesbienne.
L'Académie Gay & Lesbienne a acheté le 1er numéro
(daté du 15 janvier 1909) de la revue à un bouquiniste de
Londres, sur internet et l'a numérisé en mode image pour
le mettre en accès libre sur son site :
http://www.archiveshomo.info/documents-numerises/bibliotheque.htm
Akademos, fondé en 1909 par Jacques d'Adelswärd-Fersen
est la première revue homosexuelle française de l'histoire.
Elle fut publiée chaque mois, de janvier à Noël 1909.
Akademos fut créée et financée par le fortuné
baron Jacques d'Adelswärd-Fersen. Son objectif était de promouvoir
l'acceptation sociale de l'homosexualité comme cela se produisait
déjà en Allemagne grâce aux travaux de Magnus Hirschfeld.
En fondant une " Revue d'art, de philosophie, de littérature
", Jacques d'Adelswärd-Fersen se proposait selon les termes
de l'époque de " réhabiliter l'Autre Amour
" en particulier par l'évocation de l'ancienne Grèce
et de Rome. Akademos est d'ailleurs le nom d'un héros de la mythologie
grecque.
Akademos ne dura qu'une année, après douze numéros
mensuels, en partie sous la pression hostile de la société
ambiante.
Dans le 1er numéro, on trouve entre autres une étude sur
Verlaine, une note de Colette Willy sur le music-hall, des poèmes
d'Henri Barbusse, d'Emile Verhaeren...
[ → le communiqué ]
L'Académie
Gay & Lesbienne met en ligne le 1er numéro de la revue Akademos,
parue il y a cent ans
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30 mai 2010
webzine
Minorités
N° 38
par Didier Lestrade
La Revue :
La mémoire gay disparaît (1)
Tout le monde parle de mémoire gay
Tout le monde parle de sa beauté, de sa nécessité
pour comprendre notre époque, pour cerner d'où nous
venons, pour ne pas perdre nos souvenirs collectifs au fur et à
mesure de l'avance de l'oubli.
Mais cette mémoire gay se meurt en France. Lentement, parce que
cet oubli facilite la vie de ceux qui nous dirigent.
En tant que fondateur d'Act Up-Paris et de Têtu,
je possède des archives qui sont probablement uniques
Les archives de Magazine, elles, ont en plus de la valeur avec
des tirages de photo signés, des dessins d'artistes, des
négatifs de milliers de photos. Et, en passant, ce que je possède
n'est rien à côté de la collection de Misti,
beaucoup plus vaste.
Tant au legs d'Act Up, il commence bien avant la création
d'Act Up-Paris, avec de nombreux documents ramenés
précieusement de New York, dès 1987. Je possède des
extraits de l'histoire de ce groupe qui n'ont même pas
été distribués ou photocopiés aux premiers
membres de l'association, les Cleews Vellay et Philippe Labbey.
Tous ces documents sont rangés chez moi dans des boîtes,
année après année, thème par thème,
avec des marques de Stabilo qui soulignent les éléments
importants des comptes-rendus internes qui racontent en détail
le début de l'association, et ses conflits aussi. Il y a
donc beaucoup de jeunes gays qui n'étaient pas nés
alors que je collectionnais déjà tout ce que je trouvais
sur Act Up et le sida.
Si je meurs aujourd'hui, qu'en fera-t-on ? Ces boîtes
en carton dorment chez moi, personne ne les consulte, personne ne les
fait vivre. Bien sûr, je vais scanner les extraits les plus intéressants,
mais le reste ? Devrais-je les offrir à la Bibliothèque
de Lyon parce que c'est le seul centre documentaire français
qui se charge de la mémoire LGBT ? Ou devrais-je l'offrir
à un équivalent parisien qui n'existe toujours pas
? Ne serait-il pas préférable de donner ces milliers de
pages et de documents pendant que je suis vivant ?
La mémoire gay, en France, est un immense flop
Cela fait plus de quinze ans que l'on en parle et le dossier est
toujours au point mort. Le sujet est tellement lourd de magouilles, de
lâcheté et d'irresponsabilité que personne ne
veut l'aborder d'une manière coercitive. On attend
patiemment que rien ne se passe.
C'est ce que le NYT décrivait comme un « development
hell » en décrivant les années de transformation
subies par le script de « Knight and Day » avec Tom
Cruise et Cameron Diaz. Un autre article racontait que la destruction
de la maison de l'artiste Jabra Ibrahim Jabra avait été
vécu à Bagdad comme l'utime symbole d'une culture irakienne
qui disparaît à cause de la guerre.
Alors, comme je suis un troll, je vais vous raconter ce qui est, selon
moi, responsable de ce flop. Et ce qu'on peut faire pour sauver la situation.
La mémoire n'est pas un sujet consensuel. Bien sûr,
tout le monde est d'accord pour dire que c'est essentiel et
que c'est joli de l'entretenir. La mémoire gay, c'est un
de ces sujets qui vous met au même niveau que tous les grands sujets
minoritaires « prestigieux ». Toutes les minorités
se battent pour exister, mais aussi pour la sauvegarde de leur mémoire.
Toutes les minorités s'estiment reconnues quand un centre,
une structure, une bibliothèque quelque part prend l'engagement
de rassembler, classer, protéger, présenter et faire vivre
cette mémoire en l'ouvrant au plus grand nombre.
Quand on pense à la puissance du mouvement LGBT en France, il y
a de quoi être étonné par l'échec de
cette entreprise. On dirait que c'est fait exprès.
Gai Pied Hebdo
Plusieurs faits ont contribué à cette impasse. En 1992,
au moment l'arrêt de la publication de Gai Pied Hebdo,
la Direction s'était officiellement engagée, par la
voix de Gérard Vappereau, à préserver les archives
du journal. Parce que Gai Pied était alors probablement
la PME gay la plus importante d'Europe, en termes de salariés,
ses archives étaient particulièrement bien tenues.
Il y avait un documentariste à plein temps, chargé de ranger
toute la presse gay internationale que GPH recevait tous les
mois, les tirages photos, les livres offerts par des personnalités
gay, tout. Quand le directeur artistique avait besoin d'une image,
ce documentariste pouvait chercher tout de suite le document demandé.
Peu de médias gays ont aujourd'hui un tel service et en général,
quand un documentariste est là, il ne connaît pas son boulot.
Dans ma vie, j'ai entendu à de nombreuses reprises des phrases
hallucinantes comme quoi « il n'est pas nécessaire
d'avoir une formation quelconque pour devenir archiviste »,
ce qui avait le don de me rendre fou, là, sur place. Les archives,
c'est le noyau d'un journal, c'est ce qui permet de s'auto-référencer.
En 1992, j'étais le dernier salarié journaliste du
Gai Pied, avec Patrick Bossatti qui est mort du sida quelques
années après. Dans les bureaux vides du Gai Pied,
rue Sedaine, au-dessus des locaux actuels d'Act Up, je
me promenais et j'allais parfois jeter un œil dans la grande
pièce des archives. La poussière commençait à
se déposer sur les étagères, mais tout était
très bien rangé.
Plusieurs années plus tard, ces archives ont été
vendues, on ne sait pas comment, sous quels termes, à quel prix.
GayVox, qui les possède désormais, promet une numérisation
à venir. [
http://www.gayvox.fr/actualites/culture/,1,4129,3104.html ]
Têtu
La situation de Têtu est différente. Un engagement
légal, lors de mon licenciement de 2008, m'interdit d'écrire
quoi que ce soit qui puisse être considéré comme un
dénigrement des personnes qui dirigent Têtu. Mais,
comme je l'ai déjà dit lors de ce licenciement, je
me considère toujours comme la personne morale de ce magazine,
et de son histoire et ça, personne ne peut me l'enlever.
Le concept de ce magazine, c'est moi qui l'ai trouvé, bien avant
que Pascal Loubet n'intervienne.
Ce n'est un secret pour personne que les archives de Têtu,
depuis 1995, rassemblent l'intégralité de l'histoire
du mouvement LGBT français depuis 15 ans. On peut dire ce que l'on
veut de Têtu, mais pratiquement tous les sujets de mémoire
ou d'actualité ont été abordés dans
ses pages. On peut même dire que Têtu représente
le plus grand champ de mémoire LGBT francophone, quelque chose
qui pourrait aider les personnes LGBT en France, mais aussi dans tous
les pays où le Français est utilisé. Politiquement,
c'est un énorme outil.
Depuis des années, tous les collaborateurs de Têtu,
même ceux qui ont été licenciés et qui ont
créé Yagg, attendent que ces archives soient disponibles
sur le net. Après tout, dans ces archives, il y a tous leurs articles
aussi, ce qui représente une bonne partie de leur carrière.
Quand j'étais à Têtu, je disais que
ces archives étaient un trésor de guerre, capable d'attirer
potentiellement des dizaines de milliers de personnes à travers
le monde qui cherchent des articles de référence sur l'histoire
gay – et l'histoire du sida. Je crois savoir que le basculement
de ces archives sur Internet est imminent. Tout est prêt. Mais qui
va appuyer sur le bouton vert ?
Mon point, c'est que les deux médias gays français
majeurs des 30 dernières années en France n'ont pas
leurs archives sur Internet. L'autre point central, c'est
le suivi calamiteux des différents projets d'archives LGBT
depuis 10 ans.
Tout le monde sait que Jean Le Bitoux a été chargé
de créer les bases du premier Centre d'Archives et qu'il
est parti, un an plus tard, avec des étagères vides. Ce
n'est pas parce qu'il est récemment décédé
qu'on va oublier la manière désastreuse avec laquelle
il a « géré » ce dossier, réussissant
à se mettre tout le monde à dos, la Mairie de Paris, les
autres personnalités leaders sur le sujet de la mémoire,
etc. Cela s'appelle : être payé à ne rien faire.
Une subvention de 100.000 euros avait été versée
par la Municipalité. C'est beaucoup d'argent.
Un échec avant tout politique
J'ai toujours trouvé tristement ironique ce soit un des fondateurs
du Gai Pied, un grand militant historique du mouvement gay en
France, un grand militant de la prévention au sein du groupe Pin'Aides
(hum, sarcasme total ici) qui ait été salarié pendant
des mois pour créer quelque chose de très important pour
la communauté et qui parte, le job non terminé, sans que
cela ne provoque un scandale quelconque.
Mais l'échec de Jean Le Bitoux est surtout l'échec
de la Mairie de Paris. Quand on débloque une telle somme d'argent,
on suit le dossier et on s'arrange pour qu'il ne se casse pas la gueule,
surtout quand le Maire est gay. Depuis, Delanoë est le Ponce
Pilate de la mémoire gay. Échaudée par cet échec
public, attaquée sur sa droite pour des budgets LGBT qui ne donnent
rien de concret, la Mairie s'est enfermée dans un silence
boudeur, dans le genre « On essaye de faire des trucs super
bien et tout le monde nous tombe dessus. Bouh, on est trop vénère
! ».
Depuis, la culture de la Capitale a d'autres dossiers sur les bras
: la nuit qui se meurt, les vols de tableaux de maître, j'arrête
là.
Act Up
Arrive Phan Bigotte, que tout le monde appelle Hoàng.
Là, il faut expliquer. Hoàng est arrivé à
Act Up dans les années 90. Quand vous entendez parler
Hoàng la première fois, vous croyez qu'il est un peu
fou. Il parle fort, il se lève, il s'emballe, on ne comprend
pas toujours ce qu'il dit, il fait même rire car il a un humour
irrésistible dans la catégorie autodérision. Mais
quand il prend la parole, c'est qu'il a souvent attendu pour
la prendre, et quand ça sort, c'est parce qu'il a réfléchi.
C'est comme un geyser vocal. Il a des convictions.
Dans l'histoire d'Act Up, Hoàng est une sorte
de victoire de l'intégration. Au début, on ne comprenait
pas ce qu'il disait. Il est asiatique, vous comprenez. Ensuite,
on a compris. Et quand il a dit qu'il voulait s'engager dans
ce projet de mémoire gay, on a souri d'une manière
gentille, du genre « Hoàng, je ne sais pas si tu sais
dans quoi tu mets les pieds, c'est incroyablement complexe cette
affaire ».
Mais il s'est accroché. Il a dit cette phrase définitive
: « Puisque personne ne veut avancer sur ce dossier, je vais
le faire tout seul, avec les moyens dont je dispose ». On lui
a souhaité bonne chance. Au fur et à mesure des mois et
des années, Hoàng a commencé à recevoir des
dons, des collections, des archives de gays qui étaient morts et
comme Hoàng est quelqu'un d'ordonné, il a commencé
à archiver tout ça selon les normes, avec son mari, dans
son garage de Vitry sur Seine. [
Lire l'historique de la création de l'association Académie
Gay & Lesbienne ]
Avant de trouver, peut-être, un jour, un toit et des murs pour sacraliser
ce fonds d'archives LGBT. Il a proposé des dossiers. Tout
le monde l'a envoyé balader. Il y a encore deux ou trois ans, Hoàng
était la seule personne à Paris à faire ça.
Il se décrit lui-même comme « une petite fourmi
des archives ».
La Mairie de Paris aurait dû se dire qu'à défaut
de candidature alternative, Hoàng était le seul moteur de
cette idée. Mais la Mairie de Paris n'a pas eu confiance
en Hoàng. On peut légitimement se demander si Hoàng
n'a pas obtenu la confiance de la Mairie de Paris parce qu'il
est… asiatique. Est-ce du racisme ? Ce n'est pas courant de
voir des vietnamiens gays issus du mouvement sida qui s'engagent
corps et âme dans une entreprise de mémoire collective.
Depuis 10 ans, Hoàng est plus calme, il mérite vraiment
d'être encouragé. Mais il n'a pas le profil habituel
pour le poste. Mais justement : doit-on avoir un profil « habituel
» pour ce poste ? Si Hoàng était une folle trans,
aurait-il plus de succès ?
Si quelqu'est est bon dans son travail et qu'il est passionné,
qu'est-ce qu'on s'en fout s'il a un accent ? Et
dans Minorités, peut-on même aller plus loin ? Est-ce
que la Mairie de Paris n'est pas capable de voir, au contraire,
le merveilleux symbole de " diversité " que
cela représenterait ?
Les mémoires LGBT source de conflit
Mon idée derrière cette situation. La mémoire gay
n'avance pas à Paris parce que les gens, d'une manière
générale, savent que la mémoire présente des
pans de l'histoire que certains veulent occulter. Deux médias
iconiques de l'histoire gay française ne parviennent pas
à donner un libre accès à leurs archives.
Une municipalité qui se justifie en disant que l'opposition
de droite refuse de voter les subventions nécessaires à
un lieu ouvert au public, même restreint. Des magouilles qui ont
permis à certains d'être payés pour un travail
qu'ils n'ont pas fourni. Une communauté gay qui préfère
oublier car ! elle ! vit ! dans ! le ! moment ! présent !
Une culture du souvenir qui s'effrite. Delanoë a tout intérêt
à ce que ce projet reste bloqué. Après tout, ses
échecs en tant que Maire gay font désormais partie de cette
mémoire.
Quand je dis que le contenu des mémoires LGBT est source de conflit,
c'est que la mémoire n'est jamais juste le souvenir
des jolis moments de notre passé. Je ne parle pas des documents
qui attestent des difficultés de la vie gay dans les décennies
et les siècles précédents. Je parle des documents
sources et autres comptes-rendus qui établissent les conflits souvent
fratricides entre les associations LGBT depuis le début des années
80 et ensuite. Cette histoire, aussi, fait partie de notre passé.
Certains pensent qu'ils pourraient disparaître avec l'échec
du projet de Centre de Mémoire LGBT, et cela les arrange.
Heureusement, ailleurs... mais rien n'est gagné
D'un autre côté, les projets de mémoire se multiplient,
ce qui est bien, mais sans coordination. Il y a le site Hegagone Gay
dont parlait Têtu. En juin 2005, Tjenbe Red avait
mis au point un rapport de préfiguration d'un Centre
des Mémoires LGBT.
Lors du décès de Le Bitoux, on a eu plus d'infos sur
les personnes qui possèdent les archives de Gai Pied et
qui font la promesse que tout ceci sera disponible bientôt.
Récemment, des documentaires programmés sur Pink
abordent le sujet des seniors gays ( " Les vieilles "
) et puis il y a ce docu sur " Gay sex in the 70's ".
Mais qui est abonné à Pink TV ? On voit bien que
les sources de mémoire ne sont pas rares. Les Festivals de Films
LGBT fourmillent de ces films réalisés à travers
le monde.
Les livres ne manquent pas non plus. Mais la Région Parisienne
ne dispose toujours pas de lieu pour rassembler toutes ces données.
Cela existe pourtant pour le sida avec le CRIPS qui sert de modèle
de prévention et d'intervention pour les lycées et
les facs. Mais Delanoë et Huchon ont décidé qu'il
n'y avait pas d'immeuble (même petit, même dans
un coin paumé de Paris ou de la banlieue) à offrir pour
une telle structure. C'est connu, la Région est pauvre et
tous les immeubles sont remplis.
À ce stade, il faut présenter un autre nœud
du problème avant de tenter une solution.
Sur ce marché très compétitif de la mémoire,
il y a plusieurs leaders historiques. Il y a Patrick Cardon, qui a fait
le boulot exemplaire que l'on sait à Lille, à travers
ses Cahiers Gay Kitsch Camp. Il y a Marie-Hélène
Bourcier, qui a montré ses compétences lors de nombreux
débats sur feu Pink TV et qui a une vision plus large
des questions de genre.
Et il y a Louis-George Tin, qui s'est placé auprès
de la Mairie de Paris comme personne incontournable de tout nouveau projet
de mémoire. Louis George est bien gentil, mais à un moment,
il serait sage de ne pas trop faire le cumulard en s'appropriant
tous les sujets minoritaires qui surgissent : le Cran, Idaho, la mémoire,
la religion, etc. On sait bien qu'un Prix Nobel est en jeu dans
15 ans (je rigooooole), mais c'est bien d'en laisser aux autres,
non ? Surtout qu'à vouloir tout faire, parfois, on ne fait
rien du tout et l'agenda de Louis-George Tin me semble bien surchargé,
moi je dis ça je dis rien, hein.
Et puis bien sûr, il y a Hoàng qui
n'est intéressé que par la fonctionnalité d'un
centre de mémoire LGBT. Ce qui le motive, lui, c'est ce qui
se passe derrière les étagères.
Il y aurait donc une possibilité pour que Cardon, Bourcier ou Tin
soient les « ambassadeurs » de ce centre de mémoire,
ceux qui parcourent les monts et les vallées et les villes de notre
belle nation pour présenter dans les colloques et les festivals
LGBT les nombreux bienfaits d'une mémoire commune. Ma question
: est-il donc impossible de mettre ces personnes autour d'une même
table pour voir si elles sont capables de s'entendre ? Est-ce trop
demander ? Suis-je trop candide ? Après tout, c'est ce qui
a été fait dans le sida pour aider le développement
des antirétroviraux (et je peux vous rappeler qu'on ne s'aimait
pas du tout, entre Aides, Act Up et Arcat, on se détestait
même, mais on y est arrivé). Ou alors, ces personnes, par
leur refus de trouver un terrain d'entente, seront-elles comme feu
Jean Le Bitoux, responsables d'un pourrissement de la mémoire
gay, alors que c'est tout ce qu'elles ne veulent pas voir
?
Maintenant que les forces de gauche représentent 55% des votes
aux récentes Régionales, certains se demandent avec espoir
si un tel raz-de-marée des suffrages dans la Région Parisienne
va permettre de débloquer un dossier fondamental dans l'édification
d'une culture LGBT commune.
J'appartiens à une génération de gays
qui vieillit
Peut-on nous donner une adresse fiable pour léguer ce que nous
avons amassé durant nos vies afin d'en faire profiter le
plus grand nombre ? Ou faut-il jeter tous ces papiers à la rue,
comme cela se fait encore avec les milliers de gays qui sont morts du
sida ou de mort naturelle, qui ont vu leurs souvenirs éparpillés
par des familles qui ne voulaient pas garder des documents dont ils ne
voyaient pas d'intérêt ?
Si nous étions Juifs, serions-nous capables d'accepter un
tel désintérêt municipal pour notre passé et
de culture, celle que nous avons créée et développée
pendant nos vies parisiennes ? Si nous étions Noirs ou Arabes (merde,
mauvais exemple, il n'y a rien pour eux).
Bref, si nous encourageons des stèles gays sur la déportation
des homosexuels pendant le seconde guerre mondiale, pouvons-nous vivre
sans centre de mémoire? Et à quoi ça sert de s'engager
contre l'homophobie quand il n'y a pas de centre référent
de ce que nous sommes ?
On s'en fout que Delanoë sorte dire bonjour à la Gay Pride.
Maintenant que la Région et la Ville de Paris ont les pleins pouvoirs,
vont-ils continuer à se cacher derrière les méchants
partis de droite qui protestent contre des projets importants ?
Fuck this.
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