17 1 2005 :
communautarisme.net > Observatoire du communautarisme
http://www.communautarisme.net/index.php3?action=page&id_art=84285
|
.
Manipulations autour de la Déportation
Homosexuelle
.
Un téléfilm
diffusé sur France 2 entretient
la confusion en tranposant dans la France de Vichy
la déportation homosexuelle orchestrée en Allemagne
par les nazis en se fondant sur des thèses fantaisistes qui
sont contredites par les travaux des historiens.
Paris,
1942.
Sarah, une jeune réfugiée juive dont la famille
a été décimée par les Allemands,
est amoureuse de Jean.
Mais Jean, lui, aime Philippe
...
Malgré leurs différences, tous trois seront unis
dans la souffrance. Ils seront déportés :
- Sarah parce que juive, Jean
et Philippe parce qu'ils sont homosexuels.
- Pour elle, l'étoile jaune,
pour eux, le triangle rose.
C'est la présentation
de la trame - le peech, comme on dit chez Ardisson - du téléfilm
Un amour à taire, réalisé par
Christian Faure (1) et programmé sur France
2 en février. Pour traiter
auprès du grand public français du théme méconnu
de la déportation homosexuelle,
Un amour
à taire n'a pas lésiné sur les moyens.
- Porté par une distribution clinquante (Charlotte de
Turckheim, Michel Jonasz, Bruno Todeschini, l'acteur fétiche
de Patrice Chéreau),
- le téléfilm a été tourné à
Paris et en Bulgarie où un camp de concentration
a été reconstitué.
Un
téléfilm poignant, opportunément programmé
pendant les commémorations organisées pour la libération
des camps d'extermination.
- Une histoire bouleversante.
- Mais une histoire qui n'est pas conforme à l'Histoire.
.
Si nul ne conteste
que le régime nazi a persécuté et déporté
les homosexuels en Allemagne, en application des dispositions
discriminatoires du fameux paragraphe 175 (2), il
n'en fut pas de même en France.
En
effet, même si le régime de Vichy a rétabli
des mesures faisant de l'homosexualité une infraction pénale
(3) qui avaient disparu du droit français depuis l'adoption
du Code Napoléon, le gouvernement de Pétain
n'a pas mis en oeuvre la déportation des homosexuels.
- Les seuls français qui ont été déportés
pour leur homosexualité - on estime leur nombre à
environ 200 - étaient originaires d'Alsace et de Lorraine,
deux régions soumises au joug nazi après avoir été
annexées par le IIIème Reich en 1940.
- Considérés comme allemands, les homosexuels alsaciens
ou mosellans se virent appliquer la législation allemande
réprimant l'homosexualité.
Les
historiens sont catégoriques sur ce point : Vichy
n'a pas déporté les homosexuels.
Ainsi,
dans leur ouvrage Négation, dénégation :
La question des triangles roses (4),
Michel Celse et Pierre Zaoui affirment :
- "la politique anti-homosexuelle nazie ne visa
jamais à traquer tous les homosexuels d'Europe.
- Elle concerna par principe les homosexuels allemands ou considérés
comme allemands dans les territoires annexés ou rattachés
au Reich tels entre autres les autrichiens, les alsaciens
et certains lorrains.
- L'homosexualité, pour les mêmes raisons qui justifiait
aux yeux des nazis qu'elle fut combattue dans les
populations allemandes, n'avait pas à l'être au sein
de populations non - allemandes, dont elle ne pouvait que contribuer
à précipiter le déclin.
- Les homosexuels non-allemands ne furent expressément visés
par la répression nazie qu'en cas de relations
impliquant un ou des partenaires allemands".
De
même, les chercheurs en histoire de l'institut Adiamos
ont abouti à des conclusions similaires dans leurs travaux
sur la déportation :
- "Qu'en est-il de la déportation des homosexuels dans
le reste de la France ?
- Il faut être clair, les travaux historiques ne révèlent
rien. S'agit-il d'un oubli, d'une censure des historiens ?
- Non, car cela correspond au cadre juridique répressif de
l'époque. Cela ne veut pas dire que des homosexuels n'ont
pas pu être déportés, mais non pour leur homosexualité...".
.
Il faut donc
que les producteurs d'Un amour à taire aient
eu accès à des éléments inédits
pour soutenir la thèse d'une déportation homosexuelle
orchestrée par la France de Vichy.
Pour
affirmer que les homosexuels ont subi le même traitement que
les juifs à Paris, en 1942, il faut que le projet
de ce téléfilm soit assis sur des sources historiques
sérieuses et incontestables.
On
peut cependant en douter.
.
En
effet, le "conseiller historique" recruté
par la production sur ce téléfilm était Jean
Le Bitoux, un personnage pour le moins controversé.
Fondateur à
la fin des années 1970 du magazine homosexuel Gai Pied,
et président du Mémorial de la Déportation
Homosexuelle,
- Jean Le Bitoux a été récemment
écarté pour incompétence du projet d'Archives
Homosexuelles de la Ville de Paris.
Auparavant,
il avait notamment fait paraître le livre de souvenirs de
Pierre Seel, un homosexuel alsacien rescapé des camps.
- Bien que Pierre Seel n'ait pas porté le fameux triangle
rose
- (il était marqué du triangle
bleu des catholiques au camp de Schirmeck)
- et qu'il ait par la suite été enrôlé
par la Wehrmacht pour combattre sur le front de l'Est,
Le Bitoux
a donné à son livre d'entretiens le titre ambigu de
Moi, Pierre Seel, déporté homosexuel
(6).
Il est donc
surprenant que Jean Le Bitoux ait validé sur le plan
historique un téléfilm sur l'histoire de déportés
au triangle rose dont
l'action se situe à Paris
- alors qu'il admet lui-même que la
déportation homosexuelle en France est un mythe.
- Dans une interview au magazine gay E-Male [e.m@le],
Jean Le Bitoux qualifie les rafles d'homosexuels de "rumeurs
qui ne sont pas fondées" et admet que la vie sociale
et nocturne homosexuelle "ne posait pas de réel problème
à l'occupant allemand" (7).
.
Faisant fi de
ces faits incontournables, le téléfilm de France
2 s'achève sur une scène filmée de
nos jours à Paris, au Mémorial de la
Déportation situé sur l'Ile de la Cité.
- On y voit la chorale homosexuelle Melo'Men (8) chanter
pour rendre hommage aux "oubliés de la mémoire"
(9) que seraient les triangles roses
français.
- Une façon appuyée pour les auteurs d'Un amour
à taire d'accréditer
auprès du grand public l'idée d'une persécution
des homosexuels équivalente à celle que mena le régime
de Vichy à l'encontre des juifs.
Cette idée
n'est d'ailleurs pas nouvelle. Elle avait été lancée
dès la fin des années 1980 avec la création
du Mémorial de la Déportation Homosexuelle.
Alors inconnu,
le premier président du Mémorial de la Déportation
Homosexuelle est devenu célèbre par la suite
- puisqu'il s'agit de Thierry Meyssan, l'auteur du livre
Une effroyable imposture qui prétendait qu'aucun
avion ne s'était abattu sur le Pentagone le 11 septembre
2001.
- Une référence, assurément ...
Porté
par des hurluberlus (Jean Le Bitoux et Thierry Meyssan)
et décrié par les associations de déportés
(10), le Mémorial de la Déportation
Homosexuelle a pourtant obtenu une reconnaissance politique
de la part de Lionel Jospin et de Bertrand Delanoë.
Le
Maire de Paris est donc mal placé pour dénoncer
"les falsificateurs de l'histoire" comme il l'a fait à
l'occasion des cérémonies organisées pour le
soixantième anniversaire de la libération des camps
de concentration.
.
Un amour
à taire est le fruit d'un projet militant (11),
comme l'explique Pascal Fontanille, co-scénariste
et producteur du téléfilm :
- "Il y a une certaine volonté militante, partagée
par tous les gens qui sont intervenus sur le film, du réalisateur
aux acteurs en passant par le diffuseur". (12)
Une volonté
militante qui n'a pas empêché ce projet d'obtenir un
financement du CNC
- et le soutien de France 2 qui a donné son
accord pour la diffusion de ce téléfilm avant même
l'écriture du scénario !
- Quant au DVD, il est déjà disponible à
la vente ...
.
La
manipulation des faits historiques dans le but de donner corps à
la thèse fantaisiste d'une déportation homosexuelle
en France doit sans doute être replacée dans
la perspective de la concurrence des victimes qui agite aujourd'hui
les mouvements communautaristes.
- Parce que la persécution est le préalable nécessaire
à la réparation, il convient de revendiquer sa part
de souffrance dans le crime des crimes que fut le génocide
organisé par les nazis (13).
- Une bousculade malsaine où l'on voit des militants gays
jouer des coudes pour se faire une place après-coup sur le
quai de la gare de Drancy.
Détourné
par des militants communautaires qui comptent sur l'ignorance de
leurs relais médiatiques pour toucher le grand public, le
devoir de mémoire peut servir de prétexte à
toutes les dérives s'il ne repose pas sur une connaissance
solide des faits historiques.
Avec la diffusion
d'Un amour à taire, le service public audiovisuel
ne contribue pas à cet impératif de connaissance.
.
(1) Christian
Faure n'en est pas à son premier téléfilm
sur l'homosexualité. Il a aussi réalisé Juste
une question d'amour, un téléfilm relatant
une histoire d'amour entre deux jeunes hommes et diffusé
sur France 2 en 2000 .
(2) Le paragraphe
175 du code pénal allemand de 1871 interdisait
les relations sexuelles entre hommes. Cette disposition servit de
fondement juridique aux persécutions exercées par
les nazis à l'encontre des homosexuels.
(3) En août
1942, le régime de Vichy introduit dans le code
pénal une disposition interdisant les relations homosexuelles
pour les mineurs.
(4) Michel
Celse et Pierre Zaoui, Négation et dénégation
: la question des "triangles roses" ( http://www.triangles-roses.org/negation_denegation.htm
)
(5) Association
pour la Documentation, l'Information et les Archives des Mouvements
Sociaux, Histoire et Mémoire. Déportation et Déportés
( http://cigales.free.fr/iso_album/histoire_et_memoire.pdf
).
(6) Pierre
Seel et Jean Le Bitoux, Moi, Pierre Seel, déporté
homosexuel, Calmann-Lévy.
(7) E-Mâle
[e.m@le]
n° 86, [du
24 12 2004 au]
6 janvier 2005.
(8) La chorale
homosexuelle Melo'men a été notamment
présidée par Laurent Bellini qui a activement
milité pour une reconnaissance politique de la déportation
homosexuelle en France lorsqu'il était au cabinet du secrétaire
d'Etat aux anciens combattants sous le gouvernement Jospin.
(9)
Jean Le Bitoux, Les oubliés de la mémoire,
Hachette Littératures.
(10) Notamment
la Fédération nationale des déportés
et internés résistants et patriotes (FNDIRP)
et l'Union nationale des déportés et internés
français (UNADIF).
(11) Lorsqu'il
répond aux interviews de la presse gay, Christian Faure
dit "nous" en parlant des homosexuels ...
(12) E-llico
: "La télé reconnaît les Triangles
roses"
( http://www.e-llico.com/content.php?section=tele&id=107
)
(13) Les thèses
récentes insistant sur l'existence de déportés
noirs (métis issus d'unions entre des femmes allemandes et
des soldats alliés des régiments coloniaux au lendemain
de la première guerre mondiale) dans les camps nazis
peuvent aussi être appréhendées dans
ce contexte.
.
|
15 4 2005 :
illico n° 123 (page 11) > par Jean-François Laforgerie
http://www.e-llico.com/content.php?section=actu&id=4109
|
.
Telex
Actualité
de la déportation homo
.
Président-fondateur
du Mémorial de la Déportation Homosexuelle,
Jean Le Bitoux,
- auteur de louvrage " Les oubliés
de la mémoire " consacré à la déportation
homosexuelle publié en 2002,
- a mandaté (fin mars) un avocat pour assigner
en justice une nouvelle association baptisée les Oublié(e)s
de la Mémoire [ http://pagesperso.aol.fr/devoiretmemoire/lesoublie-e-sdelamemoire.html
]
Jean
Le Bitoux poursuit pour " usurpation
de titre " et " préjudice moral ".
.
|
2 4 2005 : thewarning.info
> par Nadia Clair
http://www.thewarning.info/article.php3?id_article=95
|
.
contribution d'une personne externe à Warning :
Depuis mes traboules 3
Quelques
réflexions dune militante à loccasion
des 4e assises de la Mémoire Gay et
Lesbienne (Lyon 24-26 mars 2005)
.
Pour
le lancement officiel des 4e assises à Lyon de la Mémoire
Gay et Lesbienne avait été choisi en 2005 un lieu
fort en symbole : le CHRD ou Centre dHistoire de la Résistance
et de la Déportation.
En effet ces assises
gays et lesbiennes, organisées à Lyon depuis
2002 par Michel Chomarat, chargé de Mission Mémoire
à la ville de Lyon et en partenariat avec la Bibliothèque
Municipale (BM) de la Part-Dieu, avaient
pour thème cette année « La déportation des
homosexuels », à loccasion du 60e anniversaire
de la libération des camps.
.
La commémoration
nationale de la déportation le dernier dimanche davril se
passe, selon les villes, plus ou moins bien pour les gays et les lesbiennes.
Lyon
reconnaît
(enfin !) officiellement depuis 2004 la déportation
des homosexuel(le)s puisque 2 représentants dassociations
LGBT on été conviés à la cérémonie
au même titre que les autres représentants de déportés.
- Puis 5 représentants LGBT ont été invités
à lissue de cette cérémonie à la réception
officielle faite à LHôtel de Ville.
- Mais cest seulement pendant cette réception que M. Gérard
Collomb, Sénateur-Maire de Lyon, a parlé
de la déportation des homosexuel(le)s.
.
Lors
de ces assises a été projeté pour la 2nde fois à
Lyon le documentaire de Rob Epstein et Jeffrey Friedman,
Paragraph 175 (Etats-Unis,1999).
Petit rappel historique
qui a son importance :
- une association LGBT, la Lesbian and Gay Pride de Lyon
avait dès avril 2001, entrepris ce devoir de Mémoire en
invitant Jean Le Bitoux, président du Mémorial
de la Déportation Homosexuelle [ MDH ],
pour parler de Pierre Seel et de la déportation homosexuelle.
- Quelques mois plus tard, le 22 janvier 2002, le cinéma CNP
Odéon en partenariat avec cette même association avait
projeté Paragraph 175 et avait
à lissue de la projection organisé un débat,
réunissant Jean Le Bitoux et Michel Chomarat, sur
les triangles roses et noirs.
.
A
loccasion de ces assises,
- Michel Chomarat
[chargé de Mission Mémoire à la Mairie de
Lyon ],
- Patrick Bazin (directeur BM Part-Dieu)
- et Patrice Béghain (Adjoint à la culture et
au Patrimoine à Lyon)
ont annoncé que Lyon allait enfin pouvoir disposer de
son Centre de Ressources Gays et Lesbiennes, très
certainement à la Bibliothèque Municipale de Lyon
(Part-Dieu).
Ce fonds sera évidemment
constitué
- du « fonds Chomarat »
déjà archivé à la Bibliothèque Municipale
de la Part-Dieu
- mais également des archives de lassociation ARIS.
Cest une bonne
nouvelle.
Pourtant
ce fonds ne sera véritablement intéressant que si les associations
LGBT lyonnaises, mais aussi les autres associations LGBT en ont la priorité
- pour la consultation
- mais aussi pour le travail de recherches de leurs étudiants et
de leurs chercheurs.
.
Encore un petit rappel
historique lyonnais, qui ne fait pas de mal :
- le 25 septembre 2002, un collectif dassociations
LGBT lyonnaises et dassociations amies avait présenté
à la Ville de Lyon, par lintermédiaire de Michel
Chomarat [chargé de Mission Mémoire à la Mairie
de Lyon ] et Sabiha Ahmine [ Elue à lIntégration
et aux Droits des Citoyens ] un projet « MH »
(Maison des Homosexualités) [voir une partie du projet
ci-joint].
Dans
ce projet les associations avaient intégré
- un Fonds de mémoire archivé et consultable
à la BM de la Part-dieu
- ainsi quune Bibliothèque
- et même Médiathèque dans les murs
de la MH
avec une proposition de « réseau » à moyen terme
avec les bibliothèques de Lyon mais aussi avec les autres
centres darchives gays et lesbiens de France.
Malheureusement ce
projet MH ( Maison des Homosexualités )
na jamais vu le jour, la municipalité lyonnaise nayant
pas prévu un tel financement dans son plan de mandat ...
Espérons
donc
- que ce futur Centre de Ressources gays et Lesbiennes,
qui devrait
être annoncé officiellement à loccasion de la
journée mondiale de lutte contre lHomophobie
le 17 mai 2005, sera le début dune
véritable constitution de cette mémoire LGBT
- et que ce centre de ressources ne sera pas isolé et travaillera
en partenariat avec les rares autres fonds darchives et de mémoire
LGBT de France mais aussi internationaux.
.
- Projet Maison
des Homosexualités 2002 [format PDF] http://www.thewarning.info/IMG/pdf/projetMH.pdf
- Pierre Seel http://flamandsroses.free.fr/memoire/memoireSeel.htm
- LGP Lyon http://lgplyon.free.fr/
- Mémorial Déportation Homosexuelle http://www.france.qrd.org/assocs/mdh/index.html
- ARIS http://www.aris.asso.fr/
.
|
24 au 26 3 2005 :
4èmes Assises de la Mémoire Gay & Lesbienne
> organisées par Michel Chomarat, chargé de Mission
Mémoire à la Mairie de Lyon
http://www.bm-lyon.fr
|
.
à l'occasion du 60e anniversaire de la libération des camps d'extermination
4èmes
Assises de la Mémoire Gay & Lesbienne
thème : la déportation des homosexuels
.
Jeudi
24 mars 2005
Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation
(CHRD) : 14 avenue Berthelot, Lyon 7
18
heures 30 > Lancement officiel par :
- Sabiha Ahmine, Adjointe au Maire de Lyon, déléguée
à l'intégration et aux droits des citoyens, Conseillère Régionale
- Isabelle Rivé, Directrice du CHRD,
- Michel Chomarat, Chargé de Mission Mémoire
: Hôtel de Ville de Lyon
19
heures > Conférence L'ordre moral sous Vichy :
- Marc Boninchi, Maître de Conférences Université Jean Moulin
- Lyon 3
.
Vendredi
25 mars 2005
Bibliothèque Municipale de Lyon
30 boulevard Vivier-Merle, Lyon 3
18
heures 30 > projection du film Un amour à taire :
- écrit par Pascal Fontanille et Samantha Mazeras d'après
une histoire originale de Pascal Fontanille,
- réalisé par Christian Faure,
- produit par Merlin Productions.
>
Débat avec :
- Christian Faure, réalisateur
- Pascal Fontanille, producteur.
.
Samedi 26 mars 2005
14
heures 30 > Conférence Mobilisations politiques autour de la
Mémoire des triangles roses et noirs :
- Magali Boumaza,
Docteur en sciences politiques, IEP de Strasbourg
16
heures > Conférence Etat de la recherche sur la persécution des
homosexuels :
- Andreas Pretzel, Historien, membre du Centre Magnus Hirschfeld,
Berlin
17
heures 30 > Clôture par :
- Patrick Bazin, Directeur de la Bibliothèque de Lyon
- Patrice Béghain, Adjoint au Maire de Lyon,
délégué à la Culture et au Patrimoine
.
Exposé de
Magali Boumaza :
Parmi
tous les déportés,
les homosexuels furent les plus brimés
.
A la fin du XIXe siècle,
on légifère en matière de sexualité.
En
France, le crime de sodomie
- disparaît avec la Révolution
- et échappe au code Napoléon jusqu'aux lois de
Pétain, toujours en vigueur en 1981,
.
Le nouvel Empire
allemand, dynamique et centralisateur, avait devancé la moralité
victorienne en 1871 par l'adoption du code prussien, dont le paragraphe
175 , punissant d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à
cinq ans les rapports entre hommes.
Des individus comme
Ulrichs s'étaient battus en Allemagne contre le paragraphe
175.
- Son combat fut repris par Brand qui créa en 1891 le premier
journal homosexuel, Der Eigene
- et surtout par le célèbre docteur
Magnus Hirschfeld
L'aube du XXe siècle,
se caractérise par le développement du mouvement homosexuel,
l'Allemagne des années folles.
- Le Comité Humanitaire et Scientifique
(WHK) - la première organisation de défense des
homosexuels - créé par Hirschfeld en 1897 regroupe
70 membres en 1900 et 5000 en 1910.
- On imprime alors 320 publications homosexuelles et Berlin possède
en 1905 plus de 40 bars homosexuels.
- Le mouvement homosexuel prend de l'ampleur, la pétition lancée
par le Comité contre le paragraphe 175 recueille
6 000 signatures dès 1903, parmi lesquelles celles des leaders
sociauxdémocrates Bebel, Kautsky, Bernstein et celles de
Thomas Mann, Lou Andréas Salomé, Rilke, Einstein ...
- Freud et Adler
participent à la revue de Magnus Hirschfeld, l'Annuaire
des différences intersexuelles dans laquelle il développe
sa théorie du troisième sexe.
Période contradictoire
par ailleurs, où le monde homosexuel explose en dépit
- des arrestations au nom du paragraphe 175 (2 à
300 par an)
- et des scandales de 1907 qui ont touché les hommes en place,
le Maire de Berlin Von Moltke et le conseiller du
Kaiser Von Eulenburg.
La
presse reconnaît les nouveaux pervers, désignés d'une
certaine manière par les travaux médicaux de Hirschfeld.
Le gouvernement tentera
même, en 1910 (la loi faillit passer), d'élargir le paragraphe
175 aux femmes, sans résultat, et les mouvements de protestation
renforcèrent les liens entre le mouvement homosexuel et les mouvements
féministes.
En
1915, Hirschfeld crée l'Institut des Sciences Sexuelles
à Berlin.
C'est aussi l'époque
où le mouvement homosexuel reçoit le soutien des communistes
allemands,
- l'URSS vient en effet d'abolir en 1917 toute législation
anti-homosexuelle.
- Batkis, le sexologue officiel du PC US,
affirme, au Congrès international pour la réforme
sexuelle, légitime tout plaisir sexuel avec un partenaire
consentant.
En mars 1933, débute
des rafles d'homosexuels en Allemagne ; plus de 100 000 seront
déportés à Dachau. Qu'en est-il du nombre
d'homosexuels déportés ?
Des chercheurs, des
historiens ont exhumé des archives et des documents. Et avancé
des chiffres :
- selon le United States Holocaust Memorial de Washington,
90 000 à 100 000 homosexuels ont été arrêtés
entre 1933 et 1945.
- 10 000 à 15 000 d'entre eux ont péri dans l'univers carcéral
et concentrationnaire nazi.
S'il est difficile
de chiffrer le nombre de déportés homosexuels, il est en
revanche possible d'appréhender les conditions de déportation.
- Tout d'abord, il faut imaginer que parmi tous les déportés,
les homosexuels étaient les plus brimés.
- En effet, de tous, le triangle porté par les homosexuels était
le plus grand : un triangle équilatéral de 17 cm de côté,
c'est-à-dire le plus visible pour être le plus haï.
- La hiérarchie concentrationnaire les place au plus bas de l'échelle
sociale des camps, ce qui ne leur permet guère
d'entretenir des relations d'entraide avec les autres déportés
et d'améliorer ainsi leurs chances de survie telles que les décrit
Michael Pollak dans l'Expérience concentrationnaire.
Victimes expiatoires
toutes désignées puisque déjà mises au ban
de la société non carcérale,
- les homosexuels sont, à l'instar des Tziganes, astreints
aux travaux les plus durs et les plus dégradants.
- De fait, statistiquement, le taux de mortalité de ces déportés
est parmi les plus élevés des camps.
.
En Alsace,
les déportés homosexuels français au camp de Schirmeck
ne portèrent pas le triangle rose,
mais une barrette bleue.
- Entre 1940 et 1944, les homosexuels d'Alsace et de Moselle
furent expulsés, torturés ou déportés par
l'occupant nazi qui détenait des listes remises
par la police française.
- En mai 1941, sur la base des fichiers de la police française,
les Allemands organisent en Alsace - Moselle annexée
la rafle des homosexuels.
Plusieurs seront déportés
aux camps de Schirmeck et du Struthof.
- On le voit, l'expérience concentrationnaire, doublée d'une
homophobie présente dans la société, ne favorise
pas les témoignages des homosexuels.
- De plus, à la Libération,
la répression de l'homosexualité persiste dans le Code
Pénal du Gouvernement provisoire, ce qui
exclut toute tentative de rendre publique la déportation homosexuelle.
.
Aujourd'hui
en France, une catégorie de déportés ne
jouit pas de la même manière du statut "d'ancien déporté
".
Alors qu'en Europe,
l'Allemagne, l'Italie, la Belgique (pour ne citer
que ces pays) reconnaissent la déportation pour fait d'homosexualité
(à Berlin et à Francfort, deux mémoriaux
aux déportés homosexuels ont été édifiés),
les
autorités françaises ont du mal à reconnaître
la déportation d'homosexuels dans les camps nazis.
- L'argument avancé par les associations d'anciens combattants
est spécieux : "certes on a pu voir
des homosexuels dans les camps, mais ils étaient, allemands,
autrichiens, pas français ".
- On assène l'exception nationale, comme si Hitler
s'était soucié de connaître la nationalité
des homosexuels déportés ...
.
|
.
Manipulations autour de la Déportation Homosexuelle
.
Un téléfilm
diffusé sur France 2 entretient
la confusion en tranposant dans la France de Vichy
la déportation homosexuelle orchestrée en Allemagne
par les nazis en se fondant sur des thèses fantaisistes qui sont
contredites par les travaux des historiens.
Paris, 1942.
Sarah, une jeune réfugiée juive dont la famille a
été décimée par les Allemands, est
amoureuse de Jean.
Mais Jean, lui, aime Philippe
...
Malgré leurs différences, tous trois seront unis dans
la souffrance. Ils seront déportés :
- Sarah parce que juive, Jean
et Philippe parce qu'ils sont homosexuels.
- Pour elle, l'étoile jaune, pour eux,
le triangle rose.
C'est la présentation
de la trame - le peech, comme on dit chez Ardisson - du téléfilm
Un amour à taire, réalisé par Christian
Faure (1) et programmé sur France 2 en février.
Pour traiter auprès du grand public français du théme
méconnu de la déportation homosexuelle,
Un amour à
taire n'a pas lésiné sur les moyens.
- Porté par une distribution clinquante (Charlotte de Turckheim,
Michel Jonasz, Bruno Todeschini, l'acteur fétiche de Patrice
Chéreau),
- le téléfilm a été tourné à
Paris et en Bulgarie où un camp de concentration
a été reconstitué.
Un
téléfilm poignant, opportunément programmé
pendant les commémorations organisées pour la libération
des camps d'extermination.
- Une histoire bouleversante.
- Mais une histoire qui n'est pas conforme à l'Histoire.
.
Si nul ne conteste
que le régime nazi a persécuté et déporté
les homosexuels en Allemagne, en application des dispositions discriminatoires
du fameux paragraphe 175 (2), il n'en fut pas de même
en France.
En
effet, même si le régime de Vichy a rétabli
des mesures faisant de l'homosexualité une infraction pénale
(3) qui avaient disparu du droit français depuis l'adoption du
Code Napoléon, le gouvernement de Pétain n'a
pas mis en oeuvre la déportation des homosexuels.
- Les seuls français qui ont été déportés
pour leur homosexualité - on estime leur nombre à environ
200 - étaient originaires d'Alsace et de Lorraine,
deux régions soumises au joug nazi après avoir été
annexées par le IIIème Reich en 1940.
- Considérés comme allemands, les homosexuels alsaciens
ou mosellans se virent appliquer la législation allemande réprimant
l'homosexualité.
Les
historiens sont catégoriques sur ce point : Vichy n'a pas
déporté les homosexuels.
Ainsi,
dans leur ouvrage Négation, dénégation : La question
des triangles roses (4),
Michel Celse et Pierre Zaoui affirment :
- "la politique anti-homosexuelle nazie ne visa jamais
à traquer tous les homosexuels d'Europe.
- Elle concerna par principe les homosexuels allemands ou considérés
comme allemands dans les territoires annexés ou rattachés
au Reich tels entre autres les autrichiens, les alsaciens
et certains lorrains.
- L'homosexualité, pour les mêmes raisons qui justifiait
aux yeux des nazis qu'elle fut combattue dans les populations
allemandes, n'avait pas à l'être au sein de populations non
- allemandes, dont elle ne pouvait que contribuer à précipiter
le déclin.
- Les homosexuels non-allemands ne furent expressément visés
par la répression nazie qu'en cas de relations impliquant
un ou des partenaires allemands".
De
même, les chercheurs en histoire de l'institut Adiamos
ont abouti à des conclusions similaires dans leurs travaux sur
la déportation :
- "Qu'en est-il de la déportation des homosexuels dans le
reste de la France ?
- Il faut être clair, les travaux historiques ne révèlent
rien. S'agit-il d'un oubli, d'une censure des historiens ?
- Non, car cela correspond au cadre juridique répressif de l'époque.
Cela ne veut pas dire que des homosexuels n'ont pas pu être déportés,
mais non pour leur homosexualité...".
.
Il faut donc que les
producteurs d'Un amour à taire aient eu accès
à des éléments inédits pour soutenir la thèse
d'une déportation homosexuelle orchestrée par la France
de Vichy.
Pour
affirmer que les homosexuels ont subi le même traitement que les
juifs à Paris, en 1942, il faut que le projet de ce téléfilm
soit assis sur des sources historiques sérieuses et incontestables.
On
peut cependant en douter.
.
En
effet, le "conseiller historique" recruté
par la production sur ce téléfilm était Jean Le
Bitoux, un personnage pour le moins controversé.
Fondateur à
la fin des années 1970 du magazine homosexuel Gai Pied,
et président du Mémorial de la Déportation
Homosexuelle,
- Jean Le Bitoux a été récemment écarté
pour incompétence du projet d'Archives Homosexuelles de
la Ville de Paris.
Auparavant, il avait
notamment fait paraître le livre de souvenirs de Pierre Seel,
un homosexuel alsacien rescapé des camps.
- Bien que Pierre Seel n'ait pas porté le fameux triangle
rose
- (il était marqué du triangle
bleu des catholiques au camp de Schirmeck)
- et qu'il ait par la suite été enrôlé par
la Wehrmacht pour combattre sur le front de l'Est,
Le Bitoux a donné
à son livre d'entretiens le titre ambigu de Moi, Pierre Seel,
déporté homosexuel (6).
Il est donc surprenant
que Jean Le Bitoux ait validé sur le plan historique un
téléfilm sur l'histoire de déportés au triangle
rose dont l'action se situe à Paris
- alors qu'il admet lui-même que la déportation
homosexuelle en France est un mythe.
- Dans une interview au magazine gay E-Male [e.m@le],
Jean Le Bitoux qualifie les rafles d'homosexuels de "rumeurs
qui ne sont pas fondées" et admet que la vie sociale et nocturne
homosexuelle "ne posait pas de réel problème à
l'occupant allemand" (7).
.
Faisant fi de ces
faits incontournables, le téléfilm de France 2 s'achève
sur une scène filmée de nos jours à Paris,
au Mémorial de la Déportation situé
sur l'Ile de la Cité.
- On y voit la chorale homosexuelle Melo'Men (8) chanter
pour rendre hommage aux "oubliés de la mémoire"
(9) que seraient les triangles roses
français.
- Une façon appuyée pour les auteurs d'Un amour à
taire d'accréditer auprès
du grand public l'idée d'une persécution des homosexuels
équivalente à celle que mena le régime de Vichy
à l'encontre des juifs.
Cette idée
n'est d'ailleurs pas nouvelle. Elle avait été lancée
dès la fin des années 1980 avec la création du Mémorial
de la Déportation Homosexuelle.
Alors inconnu, le
premier président du Mémorial de la Déportation
Homosexuelle est devenu célèbre par la suite
- puisqu'il s'agit de Thierry Meyssan, l'auteur du livre Une
effroyable imposture qui prétendait qu'aucun avion ne s'était
abattu sur le Pentagone le 11 septembre 2001.
- Une référence, assurément ...
Porté
par des hurluberlus (Jean Le Bitoux et Thierry Meyssan)
et décrié par les associations de déportés
(10), le Mémorial de la Déportation
Homosexuelle a pourtant obtenu une reconnaissance politique
de la part de Lionel Jospin et de Bertrand Delanoë.
Le
Maire de Paris est donc mal placé pour dénoncer "les
falsificateurs de l'histoire" comme il l'a fait à l'occasion
des cérémonies organisées pour le soixantième
anniversaire de la libération des camps de concentration.
.
Un amour à
taire est le fruit d'un projet militant (11), comme l'explique
Pascal Fontanille, co-scénariste et producteur
du téléfilm :
- "Il y a une certaine volonté militante, partagée
par tous les gens qui sont intervenus sur le film, du réalisateur
aux acteurs en passant par le diffuseur". (12)
Une volonté
militante qui n'a pas empêché ce projet d'obtenir un financement
du CNC
- et le soutien de France 2 qui a donné son accord
pour la diffusion de ce téléfilm avant même l'écriture
du scénario !
- Quant au DVD, il est déjà disponible à la
vente ...
.
La
manipulation des faits historiques dans le but de donner corps à
la thèse fantaisiste d'une déportation homosexuelle en France
doit sans doute être replacée dans la perspective de la concurrence
des victimes qui agite aujourd'hui les mouvements communautaristes.
- Parce que la persécution est le préalable nécessaire
à la réparation, il convient de revendiquer sa part de souffrance
dans le crime des crimes que fut le génocide organisé
par les nazis (13).
- Une bousculade malsaine où l'on voit des militants gays jouer
des coudes pour se faire une place après-coup sur le quai de la
gare de Drancy.
Détourné
par des militants communautaires qui comptent sur l'ignorance de leurs
relais médiatiques pour toucher le grand public, le
devoir de mémoire peut servir de prétexte à toutes
les dérives s'il ne repose pas sur une connaissance solide des
faits historiques.
Avec la diffusion
d'Un amour à taire, le service public audiovisuel
ne contribue pas à cet impératif de connaissance.
.
(1) Christian Faure
n'en est pas à son premier téléfilm sur l'homosexualité.
Il a aussi réalisé Juste une question d'amour,
un téléfilm relatant une histoire d'amour entre deux jeunes
hommes et diffusé sur France 2 en 2000 .
(2) Le paragraphe
175 du code pénal allemand de 1871 interdisait les relations
sexuelles entre hommes. Cette disposition servit de fondement juridique
aux persécutions exercées par les nazis à
l'encontre des homosexuels.
(3) En août
1942, le régime de Vichy introduit dans le code pénal
une disposition interdisant les relations homosexuelles pour les mineurs.
(4) Michel Celse
et Pierre Zaoui, Négation et dénégation
: la question des "triangles roses" ( http://www.triangles-roses.org/negation_denegation.htm
)
(5) Association
pour la Documentation, l'Information et les Archives des Mouvements Sociaux,
Histoire et Mémoire. Déportation et Déportés
( http://cigales.free.fr/iso_album/histoire_et_memoire.pdf
).
(6) Pierre
Seel et Jean Le Bitoux, Moi, Pierre Seel, déporté
homosexuel, Calmann-Lévy.
(7) E-Mâle
[e.m@le]
n° 86, [du
24 12 2004 au]
6
janvier 2005.
(8) La chorale homosexuelle
Melo'men a été notamment présidée
par Laurent Bellini qui a activement milité pour une reconnaissance
politique de la déportation homosexuelle en France lorsqu'il était
au cabinet du secrétaire d'Etat aux anciens combattants
sous le gouvernement Jospin.
(9)
Jean Le Bitoux, Les oubliés de la mémoire,
Hachette Littératures.
(10) Notamment la
Fédération nationale des déportés et
internés résistants et patriotes (FNDIRP)
et l'Union nationale des déportés et internés
français (UNADIF).
(11) Lorsqu'il répond
aux interviews de la presse gay, Christian Faure dit "nous"
en parlant des homosexuels ...
(12) E-llico
: "La télé reconnaît les Triangles
roses"
( http://www.e-llico.com/content.php?section=tele&id=107
)
(13) Les thèses
récentes insistant sur l'existence de déportés noirs
(métis issus d'unions entre des femmes allemandes et des soldats
alliés des régiments coloniaux au lendemain de la première
guerre mondiale) dans les camps nazis peuvent aussi être
appréhendées dans ce contexte.
.
|
1er 10 2004 :
illico n° 110 (pages 12 à 14) > par Stéphane
Ly-Cuong
http://www.e-llico.com/content.php?section=tele&id=107
|
.
La télé reconnaît les
Triangles roses
.
Début 2005,
France 2 diffusera le premier téléfilm à
aborder la question de la déportation homosexuelle.
- Réalisé par Christian Faure, lauteur du très
célébré (et très gay) "Juste une
question damour",
- "Un amour à taire",
un mélo romanesque sur un amour impossible, sest tourné
cet été entre la Bulgarie et Paris.
Stéphane
Ly-Cuong y était.
.
26
août 2004. Devant le Mémorial de la Déportation,
au bout de lIle de la Cité,
- un groupe danciens combattants va et vient en grande tenue.
- Plus loin, la chorale gay Mélo Men répète
une messe de Rossini, emplissant lespace dune
mélancolique mélodie
Aujourdhui se
tourne la dernière séquence d"Un amour à
taire", un téléfilm réalisé par Christian
Faure (le réalisateur du très culte "Juste une question
damour") qui aborde la question de la déportation homosexuelle.
Lhistoire nous entraîne dans la tourmente de la Seconde Guerre
mondiale et lenfer des camps, avant de sachever sur un épilogue
contemporain, devant le Mémorial.
.
Sujet
sensible et douloureux, la déportation homosexuelle a rarement
été exploitée dans le domaine de la fiction,
si ce nest dans "Bent" de Martin Sherman.
Pascal Fontanille,
co-scénariste (avec Samantha Mazeras) et producteur, explique que
ce projet est né dune envie de témoigner.
"Très
peu de gens savent que la déportation homosexuelle a existé.
Cest un sujet inconnu du grand public ainsi que dune grande
partie des homos. Jai eu envie de témoigner pour éviter
peut-être que des actes homophobes horribles se reproduisent.
Il y a donc une certaine volonté militante, partagée par
tous les gens qui sont intervenus sur le film, du réalisateur aux
acteurs en passant par le diffuseur."
Dès le départ,
le projet est envisagé pour la télévision nous confie
François Arambaru, producteur. "Cest un devoir de le
montrer à un maximum de gens, notamment à un public qui
ne va pas forcément au cinéma. Pour toucher le plus large
public, nous avons abordé le sujet de façon "populaire"
à travers un triangle dhistoires damour impossibles
"
Et alors que lon
aurait pu craindre une certaine frilosité de la part du diffuseur,
France 2 a donné son aval avant même lécriture
du scénario. Jean-François Luccioni, conseiller de programme
de la chaîne publique, explique : "Nous avons tout de suite
été séduits par cette idée de film. Le sujet
na jamais été traité à la télévision
française, on se devait den parler, cest au service
public de le faire. Nous sommes convaincus davoir un film très
fort qui va beaucoup toucher les gens."
Très vite, Christian
Faure rejoint léquipe en tant que réalisateur, séduit
par la force émotionnelle de lintrigue. "Il y a eu un
côté fédérateur autour du scénario et
de sa qualité, se souvient-il. Tout le monde sest senti impliqué,
investi. Personne navait limpression de "faire de la télévision"
dans ce que cela a de plus réducteur." "Il est rare de
trouver une équipe qui ait cette envie de mener le même combat,
ajoute François Arambaru. Et pourtant, on a tendance à oublier
que le cinéma, cest aussi ça."
"Mélo
romanesque", "Un amour à taire" suit
le parcours de Sara, jeune femme juive, et de Jean, homosexuel,
durant la Seconde Guerre mondiale.
.
Pour
les besoins de cette grande fresque, le Paris de 1942 mais également
les camps de concentration ont été reconstitués en
Bulgarie.
Commence alors un
tournage très éprouvant émotionnellement où
se succèdent scènes de séparations, de souffrance,
de convalescence...
"Le plus dur
a été de filmer les trains en partance pour Drancy, se souvient
Christian Faure. Même si les gens nétaient que des
figurants, quil sagissait dune époque que je
nai pas connue, jai vraiment été bouleversé
par ces séquences. Jai rarement autant pris conscience de
cette machine dextermination qua pu être le nazisme."
.
Afin
dêtre le plus proche possible de la réalité
historique, les scénaristes ont fait appel à Jean Le
Bitoux (ancien président du Mémorial de la Déportation
Homosexuelle [MDH])
en tant que conseiller.
"Je
suis évidemment enthousiasmé par le fait quon ait
enfin un film sur cette histoire qui est trop souvent passée
sous silence,
déclare-t-il.
Cela fait vingt ans quon se bat pour cette
reconnaissance, que lors des cérémonies de commémoration,
on dépose des gerbes sous les lazzis des patriotes résistants
pour qui le fait dévoquer ce sujet est "un scandale
pour la mémoire" et relève de la mythomanie."
.
Cest précisément
cet aspect qui est évoqué aujourdhui, avec le tournage
de lépilogue où lon retrouve Sara, lhéroïne,
soixante ans plus tard.
Devant la caméra
de Christian Faure, Sara ainsi que des militants gay doivent attendre
la fin de la commémoration officielle avant de pouvoir se recueillir
devant le mémorial sous les quolibets haineux dhomophobes.
Si, depuis quelques années, les rapports entre associations danciens
combattants et militants gay ont quelque peu été tempérés,
la reconnaissance de la déportation homosexuelle reste néanmoins
un sujet sensible.
.
La
réalité a dailleurs influencé la fiction lorsque
la production sest vue interdire laccès à la
crypte.
"Au départ,
Sara devait déposer des violettes sur le tombeau du soldat
inconnu, explique Christian Faure.
- Je trouvais intéressant de rendre ainsi hommage à tous
ceux qui ont été déportés.
- Mais le Ministère de la Défense
nous a interdit laccès à la crypte, pour ne pas créer
de polémique autour du Triangle
rose. Je trouve cette interdiction vraiment inadmissible
Il ne sagissait que dune scène où une
femme se recueille en déposant un bouquet.
- Du coup, la fin a changé, elle est plus
violente, plus braquée mais elle a été dictée
par les réticences qui subsistent encore de nos jours."
.
"Un
amour à taire" sera diffusé sur France
2 en début dannée 2005
.
A LIRE AUSSI
:
- CHRISTIAN FAURE : D'UN AMOUR À L'AUTRE...
- CASTING DE CHOIX POUR UN GRAND MÉLO
.
|
octobre
2004 : magazine
Têtu n° 93 (page 58) > par Luc Biecq
http://www.tetu.com/index.php?set_language=en&cccpage=anciens_numeros_2004 |
.
Infos France
Centre
d'Archives Homos : l'erreur de casting
.
ÉVOQUÉ
DÈS 2001, LE PROJET DE
CENTRE D'ARCHIVES ET DE DOCUMENTATION DES HOMOSEXUALITÉS,
QUI AURAIT DÛ VOIR LE JOUR IL Y A PLUS DE DEUX ANS,
CONNAÎT DE NOUVEAUX AVATARS,
APRÈS LE LICENCIEMENT DE JEAN LE BITOUX,
SON DIRECTEUR.
.
Le
Centre d'Archives et de Documentation des Homosexualités parisien
(CADHP), dont la création a été annoncée
par la Mairie de Paris en 2002, continue de faire parler de lui.
Son
unique salarié, Jean Le Bitoux, figure de la communauté
homosexuelle, vient en effet d'être licencié. Et on ignore
encore l'état réel d'avancement du projet.
.
Pourtant,
l'Association du CADHP, présidée depuis un
an par Stéphane Martinet, avait été adoubée
par la Mairie de Paris, qui lui a accordé en septembre 2002
une subvention de 100 000 €.
Mais,
aujourd'hui, Stéphane Martinet ne se risque pas à
annoncer une date d'ouverture : "Nous sommes en phase de préfiguration.
Nous publierons nos conclusions fin 2004. Je ne ferai aucune folle promesse."
.
Face
à lui, Phan Hoàng, ex-libraire et président
de l'Académie Gaie et Lesbienne [Académie
Gay & Lesbienne] depuis 2001, dispose de 30 000 documents,
qu'il stocke chez lui.
- "Qu'on me donne un local, suggère-t-il. Je peux
ouvrir les portes d'un Centre en moins d'un mois.
- Quinze bénévoles travaillent avec moi, j'ai les étagères
et le fonds ; j'ai juste besoin du lieu" assure-t-il.
Le président
Martinet ne l'entend pas de cette oreille. Il se réjouit,
au contraire, de partir de rien. "Même si je ne dis pas
que rien n'a été fait", ajoute-t-il.
.
Son
licenciement, Jean Le Bitoux, salarié pendant deux ans,
l'a demandé "contraint et forcé, parce qu'il était
urgent de modifier la façon de travailler". De son propre
aveu, l'ex-journaliste de Gai Pied n'était pas
qualifié pour le poste qu'il occupait.
Pourquoi
l'avoir compris si tard et, surtout, qu'a-t-il fait pendant deux ans
? Mystère... Interrogé par Têtu, il
dit "avoir beaucoup donné". Mais, comme il attaque
son ex-employeur au tribunal des prud'hommes suite à ce
licenciement, il ne donne pas de détails sur son bilan.
Un jeune
archiviste professionnel a été engagé récemment,
mais Stéphane Martinet ne souhaite pas dévoiler son
identité. "Il n'a pas de fonctions de direction, mais je
vous assure qu'il a toutes les compétences requises",
précise-t-il tout de même.
.
L'association
dispose d'un local dans le Marais et de trois lignes téléphoniques.
Stéphane Martinet rêve d'archives de haute tenue,
comme celles de San Francisco ou de Los Angeles.
Mais
"aucun lieu en Europe ne [lui] paraît extraordinaire".
Visiblement renseigné, il évoque la mauvaise conception
des thésaurus dont se servent les chercheurs LGBT.
Il insiste
aussi sur les conditions de conservation des documents. Aucun appel à
dons n'a encore été lancé, les conditions optimales
de réception et de conservation des documents n'étant pas
réunies : "Il faut penser à cela dès la recherche
d'un local adapté, et nous n'avons entamé aucune démarche
en ce sens."
.
Pour
Phan Hoàng, c'est le monde à l'envers :
- "Comment faire un Centre d'Archives sans archives ?"
.
ArchiQ,
qui regroupe les associations Archilesb, Vigitrans
et Loppataq, a dénoncé la situation dans un
rapport intitulé "La fièvre des archives".
Par la voix de Marie-Hélène Bourcier, ces militants
rappelent la force de la mémoire vivante, qui a fait la légitimité
des centres d'archives américains. "La conception
administrative de l'archivage qui ne stocke que des documents écrits
ne suffit pas. Il faut penser à une archive vive qui illustre les
modes de vie. Pourquoi ne pas stocker des godes ?"
.
Mais
Stéphane Martinet n'entend pas révéler avant
plusieurs mois le fruit de ses réflexions. Après avoir préfiguré,
il va donc... préfigurer, tout en demandant d'autres subventions,
"pour la recherche de locaux, l'appel aux dons et aux legs. Les
premiers 100 000 € ne sont pas consommés, mais mon rôle
est de prévoir".
.
Odette
Christienne, adjointe au Maire
de Paris chargée de la mémoire, du monde combattant
et des archives, sollicitée à plusieurs reprises, n'a
pas souhaité répondre aux questions de Têtu.
.
Alors,
quand Stéphane Martinet affirme que ses connexions dans
le milieu culturel et politique servent le projet, on ne demande qu'à
le croire...
A
la tête d'un prestigieux conseil d'administration, où l'on
retrouve entre autres personnalités l'historienne Florence Tamagne
et l'auteur Geneviève Pastre, le pro du réseau va
aussi devoir prendre en compte la militance quotidienne.
.
Car
Phan Hoàng, sans titre ni prestige, entend bien transformer
son incomparable collection en uvre utile.
.
|
24
8 2004 : communiqué de presse commun n° 10 > collectif ArchiQ,
groupe Archilesb!, association Académie Gay & Lesbienne,
Groupe Activiste Trans (GAT) |
.
ArchiQ http://www.archiq.fr.vu
Archilesb !
Académie Gay & Lesbienne http://www.archiveshomo.info
GAT (Groupe Activiste Trans) http://transencolere.free.fr
Paris,
le 24 août 2004
Projet
de Centre dArchives et de
Documentation Homosexuelles de Paris
(CADHP)
:
où en est-on ?
.
A
la veille de la rentrée, et qui sait, de la saison des subventions,
on apprend le départ de Mr Jean Le Bitoux,
unique salarié et intiateur depuis 2001 du projet de Centre
dArchives et de Documentation Homosexuelles de Paris (CADHP).
Un
homme sen va, les mêmes interrogations demeurent
Les
problèmes soulevés en 2002 par différentes associations
et les pétitions internationales dArchilesb !
et Vigitrans ont-ils été résolus ?
- Quelle est
la politique archivistique du centre ?
- Est-elle toujours aussi homocentrée ?
- La diversité des cultures sexuelles et de genre est-elle enfin
respectée ?
- Les thématiques exclues du projet en 2002 (sida, pornographie
)
sont-elles enfin prises en compte ?
- La parité culturelle des équipes est-elle réalisée
?
Quel
usage a été fait de la subvention de 100.000 euros, votée
par le Conseil de Paris en septembre 2002 ?
- Qua fait l'Association de Préfiguration du projet
de Centre dArchives et de Documentation Homosexuelles de Paris
(AP CADHP) depuis, qui puisse justifier dune nouvelle
demande de subvention en 2004 auprès de la Mairie de Paris,
du Conseil régional dÎle-de-France et
du Ministère de la Culture ?
- 3 ans dexistence sans résultats concrets ?
Comment
savoir ? Le manque de transparence et de communication de l'AP CADHP
persiste.
- Le site internet est fermé depuis février 2004.
- Les portes du local au 37 de la rue Notre Dame de Nazareth, attribué
par la Ville de Paris en 2003, restent désespérement
closes.
Toujours
pas de concertation avec les acteurs concernés.
- Aucun débat public malgré les demandes répétées
dArchilesb ! et de VigiTrans.
- Aucune mise à disposition dinformations qui permettent
de juger de létat davancement du projet qui est entré
dans une énième phase de
préfiguration.
.
Pendant
ce temps, lAcadémie Gay & Lesbienne, sans
subvention ni local fourni par les pouvoirs publics, a collecté
8.560 documents
qui sont venus rejoindre son fonds de 15.000 références.
ArchiQ
(le groupe de réflexion dArchilesb
! et de VigiTrans) sest réuni régulièrement
et a réuni ses propositions dans deux rapports sur les archives
LGBTQ (la Fièvre des Archives et Maux darchives)
.
.
Nous
renouvelons auprès de l'Association de Préfiguration
du projet CADHP notre demande douverture dun débat
public au plus vite et réaffirmons notre souhait de contribuer,
par nos compétences, expériences, et expertise, à
un projet de Centre dArchives ouvert, populaire, véritable
carrefour des mémoires et des cultures au pluriel.
Contact Marie-Hélène
Bourcier : 06 19 75 60 25
Pour toute information complémentaire
Académie Gay & Lesbienne : http://www.archiveshomo.info
ArchiQ : http://www.archiq.fr.vu
GAT (Groupe Activiste Trans) http://transencolere.free.fr
.
|
7 7 2003 : Mémorial
de la Déportation Homosexuelle > communiqué
http://www.triangles-roses.org
http://www.france.qrd.org/actualites/article.php3?id_article=376
|
.
Mémorial de la Déportation Homosexuelle (MDH)
55 boulevard de Charonne - 75011 Paris
Le
Mémorial rend hommage à Jean Le Bitoux
et renouvelle son Bureau
.
Le Mémorial
de la Déportation Homosexuelle a réuni son Assemblée
Générale ordinaire le 29 juin 2003.
Rendant
hommage à son président Jean Le Bitoux
- qui ne souhaitait pas se représenter - pour
son combat en faveur de la reconnaissance de la déportation des
homosexuels,
lAssemblée la nommé Président-Fondateur.
.
LAssemblée a procédé
au renouvellement de son Bureau. Ont été
élus :
René
Lalement, président
Isabelle Serve, vice-présidente
Émile Letertre, vice-président
Fabrice Bosque, secrétaire général
Alain Piriou, trésorier
Michel Bigot, secrétaire général adjoint
Jean-Claude Raffy, trésorier adjoint
.
LAssemblée a également
rendu hommage au courage et à la ténacité de Pierre
Seel,
- le seul français à avoir témoigné de sa
déportation pour homosexualité par les nazis.
.
LAssemblée
sest félicitée des acquis de ces dernières
années,
- sur le plan historique, avec le rapport de la Fondation pour la
Mémoire de la Déportation,
- et sur le plan politique, avec les déclarations de lancien
Premier ministre et la participation des lesbiennes et des gais
aux cérémonies du souvenir dans plusieurs villes.
Estimant quil
reste encore à généraliser ces acquis et à
les consolider aux plans juridique et symbolique, elle a demandé
au nouveau Bureau de prendre des initiatives en ce sens.
.
Enfin,
soulignant limportance du rôle de ses délégués
régionaux, lAssemblée a souhaité
- que leur réseau soit étendu, en sappuyant notamment
sur les associations LGBT locales,
- et que leurs actions soient soutenues par le Mémorial.
.
|
2
6 2003 : Têtu > par Xavier Héraud et
Sébastien Barangé et Stéphane Corbin
http://tetu.com/infos/lire/4376 |
.
Les
nouvelles associatives
[...]
Dans un communiqué, Archilesb
et Vigitrans contestent la réorganisation de l'équipe
de Centre d'Archives Homosexuelles de Paris, piloté
par Jean Le Bitoux.
"Le renouvellement
du conseil d'administration et du bureau de manière
à ce qu'il soit paritaire (biologiquement) c'est-à-dire
composé d'hommes et de femmes. Archilesb
et Vigitrans ne peuvent que constater que cette parité
du CADHP n'est pas respectée dans le choix des salariés
(seul Jean Le Bitoux se voit salarié);
que
la parité homme/femme n'est pas un critère qui permet de
prendre en compte la diversité des identités et des cultures
sexuelles et de genre (parité culturelle)",
estiment les deux groupes.
http://www.archilesb.org
http://www.vigitrans.org
[...]
|
24
5 2003 : atitud-inn.com > édito de Lionel DUROI
http://www.atitud-inn.com/index.php?pid=2&rid=5&srid=25&ida=315 |
.
Des
nouveaux au CADHP :
L'Inter-LGBT les invite
.
Réunion
du Conseil de l'Inter-LGBT samedi 24 mai 2003 :
-
Le Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelle de Paris
à l'ordre du jour.
.
Communiqué
de presse
Le
22 janvier dernier [
de 2002 et non de 2003 ! ],
le projet du Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelle
de Paris (CADHP) était présenté
aux associations
réunies en Conseil de l'Interassociative lesbienne, gaie,
bi et trans (Inter-LGBT).
À
cette occasion, a été pris auprès du Conseil de
l'Inter-LGBT l'engagement d'un compte-rendu régulier
sur l'avancement du projet.
.
C'est
pourquoi, ce samedi 24 mai, à l'occasion de la réunion
du Conseil de l'Inter-LGBT, le projet sera de
nouveau à l'ordre du jour, comme il l'a été publiquement
annoncé à l'occasion du Printemps des assoces
le 22 mars dernier.
Le
débat permettra aux associations et aux responsables du projet
d'échanger sur son état actuel, sur son fonctionnement durant
sa phase de préfiguration et sur ses objectifs.
Le Conseil
de l'Inter-LGBT réunit plus de 60 associations membres
et décide des grandes orientations de l'Inter-LGBT.
Ces discussions,
certes internes, sont toutefois publiques : la presse y est la bienvenue,
et les représentant-e-s d'associations non-membres peuvent y participer
et y intervenir, dès lors que le propos est constructif et respectueux
des autres associations et des règles démocratiques de l'Inter-LGBT.
Les
opposant-e-s au projet auront donc, dans ces conditions, la possibilité
de participer à la discussion si ils/elles le souhaitent.
.
Samedi
24 juin 2003, AGECA, 177 rue de Charonne, Paris 11e.
- Le Conseil se réunit à partir de 14h00.
- Le projet de CADHP sera présenté à
partir de 16h30.
(
Mis en ligne le 25/05/2003 )
.
Des
nouveaux au CADHP :
Lors
de son Assemblée Générale annuelle du 9 mai
20003, l'Association de Préfiguration
du Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris
(AP CADHP) a procédé au renouvellement des
ses instances.
Elle
a porté le nombre de son Conseil d'Administration
à 10 personnes.
Celui-ci, désormais paritaire est composé de :
- Yves Clerget (Architecte, cofondateur des mots à
la bouche)
- Catherine Daniel
(Psychothérapeute, formatrice à FAG)
- René Lalement (Enseignant, chercheur ; ancien Président
de l'Inter LGBT)
- Philippe Lasterle (Historien, documentaliste)
- Catherine Marjollet (Psychanalyste, cofondatrice de Lesbia)
- Stéphane Martinet
(Conseiller culturel ; ancien Président de HES)
- Charles Myara
(Editeur, spécialisé en multimédia et bibliographie,
ancien Vice-président du Beit Haverim)
- Geneviève Pastre (Ecrivain, éditeur, ancienne Présidente
de Fréquence gaie)
- Isabelle Serve (Professeur de droit, Présidente de l'association
lesbienne La Lune, Strasbourg )
- Florence Tamagne
(Docteur de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, auteur,
professeur à l'Université de Lille 3)
En
son sein, le Conseil d'administration a élu un bureau,
également paritaire :
- Stéphane Martinet, Président
- Florence Tamagne, Vice- Présidente
- Charles Myara, Secrétaire
- Catherine Daniel, Trésorière
.
L'AP
CADHP est aujourd'hui dotée d'un local situé
37, rue Notre Dame de Nazareth, 75003 Paris.
.
Le
Conseil d'Administration a en outre procédé
à la nomination de son responsable du comité d'acquisition
: Jean
Le Bitoux
.
|
février
2003 : Têtu
n° 75 : Agenda n° 26 (page 6) > par Xavier Héraud
et Jérome Gac
http://www.tetu.com/index.php?set_language=en&cccpage=anciens_numeros_2003
|
.
INFOS
Paris : Polémique autour du Centre d'Archives
.
Les lesbiennes sont-elles
mises à l'écart du futur Centre d'Archives et de Documentation
des Homosexualités de Paris ?
- C'est en tout cas ce qu'estime le groupe Archilesb
!, qui a lancé une pétition sur ce thème
à la fin du mois d'octobre dernier.
- Depuis, la polémique fait rage. Retour sur le psychodrame de
cet hiver, avec les protagonistes du débat.
.
Tout est parti d'une
pétition lancée par Archilesb !, un groupe
informel à la tête duquel se trouvent la sociologue Marie-Hélène
Bourcier et l'historienne Marie-Jo Bonnet, lors du dernier
festival Cinéffable, en octobre dernier.
Au Coeur du débat,
- la petite place accordée aux lesbiennes
dans le projet du futur Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles
de Paris (CADHP), piloté par Jean Le Bitoux
et Christopher Miles,
- et cette phrase, extraite de son dossier de présentation
: «Dans un premier temps, le fonds d'archives
concernera majoritairement l'homosexualité masculine, pour des
raisons historiques».
Archilesb !,
dans sa pétition, qui a recueilli à ce jour environ 1 000
signatures, répond : «C'est bien méconnaître
l'histoire des mouvements sociaux liés aux politiques sexuelles,
qui trouvent leur enracinement dans les cultures féministe et lesbienne,
et ce dès les années 70 en France.»
- Marie-Hélène
Bourcier faisait pourtant partie du projet à ses débuts,
mais elle avait rapidement claqué la porte.
- La Mairie de Paris, qui a attribué une subvention de 100
000 euros au Centre, a elle aussi été contactée.
- Dans une lettre à Anne Hidalgo, première adjointe
au Maire de Paris, Marie-Jo Bonnet fait part
de son indignation.
.
C'est
un article de «Libération» qui met
le feu aux poudres.
Démentis, mails «forwardés», rumeurs fusent
alors de partout.
Mais c'est un article
paru dans Libération du 7 décembre dernier,
intitulé «Des lesbiennes en guerre
contre le machisme gay», reprenant cette info, qui met le
feu aux poudres.
Démentis, mails
«forwardés», rumeurs, attaques personnelles fusent
alors dans la communauté homo. Chacun choisit son camp.
.
La polémique
atteint son climax avec l'apparition d'un groupuscule «énervé»,
le Commando des Lesbiennes Insoumises et Transgressives (CLIT).
- Ce petit groupe fait parvenir quotidiennement
à Marie-Hélène Bourcier et à Marie-Jo
Bonnet [et aussi à la journaliste Blandine Grosjean,
auteure de l'article dans Libération],
cinq jours de suite, des lettres anonymes contenant un tampon usagé.
- Au cinquième jour, Marie-Jo Bonnet reçoit une lettre
dénonçant la stratégie de victimisation d'Archilesb
!.
- L'historienne porte plainte, et Marie-Hélène Bourcier
précise qu'elle compte faire de même.
.
Le 12 décembre, Jean Le Bitoux et Christopher Miles
sortent de leur silence et envoient un communiqué à la
presse.
Se défendant
de tout «machisme», le CADHP
conteste les chiffres avancés par Archilesb ! : 5
femmes seulement sur les 59 participants investis dans le projet
:
- «Ces chiffres sont erronés: le comité de soutien
compte 35 noms, dont une dizaine de femmes.»
- Et de souligner que le projet est toujours en phase de
préfiguration, et qu'il le restera encore de dix-huit à
vingt-quatre mois.
Christopher Miles,
président du projet, confie avoir vécu «amèrement»
les attaques dont le Centre a fait l'objet. Pour
ce qui concerne les «raisons historiques» invoquées
dans le dossier de présentation du projet, il persiste
et signe :
- « La majorité des documents concernant l'homosexualité
à la fin du XIXe siècle sont des documents pénaux
ou médicaux.
- L'homosexualité féminine n'étant pas pénalisée,
ces documents parlent uniquement d'homosexualité masculine.»
.
«Par
ailleurs, ajoute Jean Le Bitoux, nous avons contacté les
Archives Lesbiennes
[Archives Recherches Cultures Lesbiennes (ARCL)]
pour obtenir les doubles des documents qu'elles possèdent.»
.
«Beaucoup
de bruit pour rien, finalement», conclut Philippe Lasnier,
conseiller de Bertrand Delanoë, notamment sur les
questions homosexuelles, qui rejette toute mise en cause de la Mairie
[de Paris] :
- «Comme promis début 2001 par Bertrand Delanoë,
ce projet mixte a été soutenu grâce
à un vote consensuel en septembre 2002.
- Mais la vie interne d'une association n'est pas de notre ressort.»
.
Archilesb !,
en tout cas, ne compte pas en rester là, comme l'explique Marie-Hélène
Bourcier :
- «Archilesb! comme Vigitrans
[groupe trans qui soutient la pétition d'Archilesb
!] demandent à ce que soit organisée
une réunion de mise à plat des objectifs scientifiques et
de l'organisation de la préfiguration du Centre en
présence d'un référent de la Mairie
[de Paris].
- Autant de trans que de lesbiennes et de gays dans les instances, qu'il
s'agisse du Comité de pilotage ou du Comité d'administration
de l'association.
- Archilesb ! et Vigitrans feront des propositions
en ce sens, ainsi qu'en matière d'animation de la réflexion
sur la notion d'archives».
Et la sociologue de
prévenir :
- «Le CADHP doit apprendre à
travailler avec toutes celles et ceux qui le veulent et ont des compétences,
et cesser de se comporter en petit chef.
- Le Centre ne se fera pas sans nous !»
.
«Pour
l'instant, rappelle Christopher Miles, nous n'avons pratiquement
pas commencé la collecte d'archives.»
Jean
Le Bitoux précise que le Centre,
loin d'être opérationnel, est toujours à la recherche
d'un local.
- Et le cofondateur de Gai Pied d'appeler de ses voeux la
fin de la polémique :
- «Travailler sur les archives demande un minimum de sérénité.»
.
|
2
12 2002 : lettre ouverte de l'historienne Marie-Jo Bonnet
http://www.penelopes.org/xarticle.php3?id_article=2565 |
.
Marie-Jo BONNET
Docteur en Histoire
contactmjbonnet[AT]yahoo.fr
Paris,
le 2 décembre 2002
à
Madame Anne HIDALGO,
Première Adjointe du Maire de Paris.
Chère Madame,
J'aimerais
vous parler du Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles
de Paris
[le projet de l'APCADHP ] qui vient
d'obtenir de la Mairie de Paris une subvention de 100 000 euros.
C'est au titre
- de spécialiste de l'histoire des relations amoureuses entre les
femmes,
- d'historienne de la représentation du couple de femmes dans l'art,
- et de militante féministe et lesbienne (outre le MLF,
j'ai participé à la fondation du Front Homosexuel
d'Action Révolutionnaire en mars 1971),
que je m'élève contre ce projet qui
ne respecte ni la parité gestionnaire et culturelle, ni l'histoire
des homosexuel(le)s.
.
Mon
premier sujet d'étonnement concerne la façon dont le Conseil
de Paris a pu voter un projet où il est explicitement écrit
qu'il concerne l'homosexualité masculine "pour des raisons
historiques".
- On aimerait savoir lesquelles ?
- Et on aimerait que le Conseil de Paris motive politiquement ces
prétendues "raisons historiques".
L'ignorance ne peut
pas toujours servir d'excuse.
- L'histoire des lesbiennes existe, elle est vivante,
en dépit de l'académisme universitaire qui décourage
les chercheuses en leur faisant croire qu'elles ne pourront pas faire
de carrière sur des sujets si "marginaux".
Alors pourquoi l'écarter,
et pourquoi légitimer cette mise à écart en finançant
un projet qui exclut délibérément les femmes ?
- Il n'est qu'à lire la bibliographie pour
se rendre compte du parti pris misogyne et anti-féministe des promoteurs
du projet. Je ne pensais pas que l'histoire des lesbiennes
serait si vite enterrée par le pouvoir gay.
Cela
est d'autant plus choquant que les auteurs se réclament d'une
mémoire des camps de concentration nazis, se posant
comme victimes de la dictature, tandis qu'ils
reconduisent la domination masculine dans son aspect politique, économique
et symbolique.
.
Pour ma part, je trouve très inquiétant pour la démocratie
que personne ne se soit étonné de
l'absence des femmes dans un projet qui se réclame de la "neutralité"
et de "l'exhaustivité" au nom d'une hypothétique
"communauté gay et lesbienne".
Il est clair que les
lesbiennes sont instrumentalisées par le pouvoir gay dans
le but de se faire passer pour une communauté mixte.
- Mais vous savez bien, et tous les Parisiens le savent, que
la communauté homosexuelle est dominée par les hommes, et
que ces derniers n'ont aucun désir de mettre en place une politique
d'égalité avec les femmes.
Il
serait donc plus juste et plus honnête de dire que ce Centre
d'Archives
[ et de Documentation Homosexuelles de Paris (le projet
de l'APCADHP) ] concerne
uniquement l'homosexualité masculine.
- Beaucoup de citoyens en ont assez de l'hypocrisie et de la langue de
bois.
- Et je ne parle pas des citoyennes...
.
De
plus, il s'agit de l'argent public auquel les femmes coopèrent
autant que les hommes.
- Pourquoi la répartition de l'argent public se fait-elle sur une
base aussi discriminatoire ?
- L'argent va aux hommes dominants et aux riches tandis que les femmes
continuent de ramer dans des conditions de précarité inadmissibles.
Il
n'est pas normal qu'un projet comme celui de Jean Le Bitoux suffise
d'être présenté par Christophe Girard pour
obtenir immédiatement de l'argent.
Un projet pour lequel
les femmes spécialistes n'ont pas été consultées,
- et dont la plupart des membres du Comité
de Pilotage se sont retrouvés inscrits sur la liste sans
avoir été invités à participer à des
discutions préalables sur les objectifs et les choix dits scientifiques.
.
Je
vous demande donc ce que vous comptez faire pour mettre un terme à
cette discrimination " officielle ".
Une
pétition initiée par Marie-Hélène Bourcier
et le groupe Archilesb ! auquel je participe, est en train
de circuler sur le net.
- Nous avons déjà recueilli plus de 700 signatures.
D'autre part, nous
avons rencontré
- Nicole Azzaro, membre du Conseil de
Paris, groupe des Verts,
- et Fabienne Leleux, élue verte à
la Mairie du 9eme arrondissement,
qui vont saisir Christophe Girard sur la question.
Il y a beaucoup de
travail à faire du côté des femmes et des lesbiennes.
- Ce ne sont pas les idées qui manquent.
.
Que
pensez-vous d'une réunion entre les différentes participantes
de la recherche, des archives et de la mémoire des femmes, pour
réfléchir aux moyens à mettre en uvre dans
cette direction ?
- J'accepterais volontiers d'y participer.
En vous remerciant
de votre attention, je vous prie de recevoir l'expression de mes sentiments
distingués,
Marie-Jo
BONNET, Docteur en Histoire
.
Copies à : Nicole Azzaro - Fabienne Leleux - Archilesb!
- Coordination Lesbienne Nationale [Coordination Lesbienne
en France (CLF)]
.
|
8 4 2002 : citegay.fr
> par F. H.
http://citegay.fr/ACTUALITES/GAY/00/00/201233/actualites_visu.htm
|
.
Actualites Gay
Journées
de la Déportation : les gays sur le front
Manifestations prévues les 27 et 28 avril
.
Le Collectif
des Associations Homosexuelles de Strasbourg (Alsarando, l'APGL,
David et Jonathan, Emergence et La Lune) a décidé,
- avec le soutien du Mémorial de la Déportation Homosexuelle,
de commémorer, les 27 et 28 avril, les persécutions
et la Déportation que subirent de nombreux homosexuels sous le
régime nazi.
.
Jean
Le Bitoux et Pierre Seel seront
présents.
- Pierre Seel a été déporté de Mulhouse
vers le camp d'internement de Schirmeck pour motif
d'homosexualité en 1941 à l'âge de 17 ans.
- Il est en outre le seul témoin français à s'être
fait connaître.
.
La Fondation pour la Mémoire de la Déportation, dans
un rapport établi en novembre 2001 relatif à la déportation
d'homosexuels à partir de la France fait état
de chiffres précis.
- Au regard des archives qui ont pu être consultées, il a
été révélé 210 noms de personnes ayant
été arrêtées, puis déportées
par les nazis :
- 206 étaient des résidants des trois départements
annexés (Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle).
.
"En France,
à la différence de l'Allemagne et des Pays-Bas,
il n'existe aucun monument commémorant le souvenir de la Déportation
Homosexuelle.
- En outre, les livres et études historiques publiés en
français sur le sujet sont fort rares,
- mis à part le récit autobiographique
de Pierre Seel, l'essai historique de Jean Le Bitoux à
paraître le 25 avril",
rappellent les organisateurs.
"Même si
la reconnaissance de la déportation des homosexuels
a été marquée en 2001 par deux évènements
de portée historique
- déclaration du Premier Ministre du 26 avril 2001
- et rapport historique de la Fondation pour la Mémoire de la
Déportation
ces déportés « oubliés
hier, exclus aujourd'hui » sont encore sur le chemin de la
reconnaissance.
Il s'agit donc de
continuer à oeuvrer pour lever le tabou entourant cette déportation,
afin qu'en France, et plus encore en Alsace-Moselle, cette
déportation soit mentionnée lors des cérémonies
officielles
- et que les historiens continuent ou commencent à étudier
la question
- et que toutes les archives soient enfin ouvertes".
.
Une
souscription est actuellement ouverte pour l'achat de la gerbe de fleurs
destinée au Monument de la place de la République
- et achetée par le Collectif des Associations Homosexuelles.
.
|
|
|
|
|
|