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au 11 11 2003 : 15ème festival CinéFfable >
débat
http://cineffable.free.fr/p.htm#15 |
.
Agir contre linvisibilisation croissante
des lesbiennes ?
.
Ce débat
a été organisé à la demande de Marie-Hélène
Bourcier qui proposait de faire un point après la discussion
organisée au 15e festival CinéFfable
le samedi 8 novembre 2003 "Quand les
lesbiennes se font du cinéma", sur les relations
entre les institutions françaises et les associations lesbiennes.
En
présence de :
- Marie-Hélène Bourcier, sociologue et membre
dArchilesb !
- Maryse Lourmière, co-présidente de la Coordination
Lesbienne en France
- Anne Rambach, directrice des Editions gays et lesbiennes,
et auteure avec Marine Rambach de La culture gay et
lesbienne aux éditions Fayard.
.
Marie-Hélène Bourcier
: « Linvisibilisation des lesbiennes dans lespace
public (les médias, la sphère intellectuelle
)
nest pas nouvelle.
Mais elle se renforce avec lémergence dune politique
gaie-centrée et la montée en puissance dune
identité gaie hégémonique. Elle prend de nouvelles
formes : les mises à lécart perdurent, les injures
pleuvent en cas de critique et lon assiste depuis peu à
des formes dexclusion et de censure « positives »
qui consistent à remplir le L de lgbt de manière homéopathique,
restreinte et inadéquate.
On oubliait les lesbiennes, on parle désormais à leur
place.
- Lexclusion des lesbiennes du projet
du Centre dArchives [et de Documentation
Homosexuelle de Paris] de la
Ville de Paris (CADHP),
- leffacement de pans entiers des cultures lesbiennes dans
le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes paru
chez Larousse,
- labsence des lesbiennes dans la presse gaie, le procès
quintente le magazine Têtu à une
lesbienne militante, autant dépisodes récents
qui nous permettent de faire le point.
Faut-il réagir ? Avec quels moyens daction ? Le séparatisme
est-il la solution ? La solidarité lesbienne existe-t-elle
? »
Cineffable
expose létat de ses démarches auprès
de la Mairie de Paris pour obtenir une subvention
(15 000 euros accordés).
- Pour Cineffable, il sagit avant tout dune
opération de visibilité, et de faire accepter lintérêt
et la nécessité des événements lesbiens
non-mixtes. Quelles quen soient les raisons, les ¾
des initiatives lesbiennes en France sont non-mixtes. Cest
une réalité.
- Cineffable nest pas la seule association lesbienne
en contact avec la Mairie de Paris et espère que la
subvention accordée permettra de préparer le terrain
pour les autres.
Pour
certaines autres militantes et intellectuelles lesbiennes, en revanche,
lannée a été rude.
- Marie-Hélène Bourcier,
membre dArchilesb ! a alerté lopinion
publique sur linvisibilisation des lesbiennes dans le projet
de Centre darchives des homosexualités
(CADHP) dirigé par Jean
Le Bitoux et a dû faire face à une véritable
levée de bouclier.
- Comme Geneviève Pastre, éditrice, elle a
également dénoncé lexclusion de certaines
chercheuses et auteures lesbiennes réputées du Dictionnaire
des cultures gays et lesbiennes, dirigé par Didier
Eribon, publié chez Larousse cette année.
La réponse calomnieuse de Didier Eribon sur le site
de Têtu (voir ci-joint) a déclenché
un mouvement de protestation. Un communiqué de Geneviève
Pastre a été lu pendant la discussion (voir ci-joint).
- M.H. Bourcier constate que dans les événements
et les projets LGBT, le mot lesbienne était encore trop souvent
un mot creux ; les gays, en position hégémonique,
parlant encore trop pour et à la place des lesbiennes.
Certaines
participantes dans le public sont davis que le « gay
et lesbien » apporte une légitimité
parce que cette mixité ressemble à de lhétérosexualité.
- Les gays organisent donc du « gay et lesbien » mais
en ne se servant du « lesbien » que pour la forme.
Pour
Anne Rambach, les lesbiennes se tiennent encore trop loin
des sphères du pouvoir.
- Anne et Marine Rambach nont pas hésité
à « flirter avec le pouvoir », quitte à
faire quelques concessions pour arriver à leurs fins, ce
qui sest révélé très positif.
Comme
le fait remarquer une organisatrice de Cineffable,
malgré tous nos efforts, les événements lesbiens
sont bien souvent ignorés quand ils ne sont pas méprisés,
notamment dans la presse.
- On a beau soigner sa communication, on se heurte toujours au rapport
doppression hommes/femmes.
- Anne Rambach raconte à ce propos quelle a
dû lutter pour imposer le mot « lesbienne » dans
le titre de son essai. Sa maison dédition estimait
en effet que ce mot ne voulait rien dire et ne renvoyait à
aucune réalité concrète.
Pour
une personne du public, les gays ont su exploiter le mot «
gay », et en ont fait un terme très positif pour donner
deux une bonne image.
Mais dautres sont davis que, quel que soit le nom utilisé,
la lesbophobie resterait la même.
- Le militantisme prend un nouveau visage grâce à la
généralisation des moyens informatiques, PAO,
Internet
Cela nimplique pas de se « compromettre
», de devenir commercial. On peut se donner les moyens financiers
dorganiser un événement ambitieux tout en restant
très militantes.
- Les lesbiennes hésitent à se montrer dans les médias
parce quil est difficile de contrôler son image, mais
certaines pensent que lessentiel est de se rendre visibles.
Anne
et Marine Rambach ont suivi des stages de communication destinés
aux personnes en relation avec les médias.
- Daprès A. Rambach, il faut apprendre les techniques
de communication pour savoir répondre aux questions pièges
et ainsi maîtriser son image.
Une
personne du public évoque la Marche lesbienne,
organisée la veille de la Marche des Fiertés
LGBT, qui mériterait, selon elle, une meilleure communication.
- Lidée est lancée dorganiser des stages
de communication avec les médias.
Maryse
Lourmière constate quaprès des années
de militance commune avec les féministes hétéros
et les gays, les lesbiennes se sont retrouvées niées
en tant que lesbiennes dans le mouvement féministe et en
tant que femme avec les gays.
Elles doivent à présent se regrouper. Sur la différence
entre action individuelle et action collective, abordée par
le public, limportance des luttes collectives a été
réaffirmée.
- Si lon peut se dire « lesbienne » aujourdhui,
cest grâce aux mouvements collectifs. La conscience
collective nourrit la conscience individuelle. Beaucoup de lesbiennes,
face à des circonstances difficiles, ne vivent pas encore
leur lesbianisme ouvertement et vont chercher des forces dans les
groupes.
- Il y a complémentarité entre ce que chacune fait
de son côté pour exister en tant que lesbienne et ce
que nous pouvons faire ensemble. Plus on est visibles dans différentes
parties de la société, plus cela peut avoir une action
globale.
Catherine
Florian, dans le public, signale que pour ouvrir la nouvelle
librairie Violette and co, elle sest heurtée
« au système » et notamment aux banques dans
lesquelles on entend sur les lesbiennes des réflexions épouvantables.
Maryse
Lourmière évoque
la dynamique des réseaux qui sont en train de se constituer,
par exemple celui de lesbiennes artistes, initié à
Nancy par, entre autres, la danseuse Hélène
Marquié.
Il existe deux
raisons à linvisibilité.
- La première vient de notre difficulté à utiliser
les techniques de communication et à nous imposer dans le
domaine militant comme professionnel,
- et la seconde, plus difficile à maîtriser, est due
à une misogynie et à une lesbophobie encore très
vivaces.
Nous faisons face à une invisibilisation systématique
et persistante dans tous les secteurs de la société.
Pour la battre en brèche, nous devons rester vigilantes aussi
bien dans le domaine militant, privé que commercial.
Développer et multiplier les initiatives, les événements,
tout en restant solidaires. Une initiative nen empêche
pas une autre, tout peut co-exister, tout senrichit et donne
de la force, tout peut concourir à diffuser la culture lesbienne.
"
.
|
5 5 2005 : Le
Figaro (page 6) > par Pascale Sauvage
http://www.lefigaro.fr/politique/20050505.FIG0053.html
http://www.lefigaro.fr/politique/20050505.FIG0054.html
|
.
ENQUÊTE :
Élu
il y a quatre ans, le Maire de la capitale a-t-il changé
la ville ?
Voyage
dans le Paris de Bertrand Delanoë
.
Depuis
quatre ans qu'il est installé à la Mairie de Paris,
Bertrand Delanoë a eu le temps.
- Le temps d'ancrer son pouvoir.
- Le temps de mettre en oeuvre les premières mesures de son programme
électoral : couloirs de bus, restrictions budgétaires sur
le train de vie de l'Hôtel de Ville ...
- Le temps de préparer la candidature de Paris aux Jeux
Olympiques de 2012.
Mais
il avait promis beaucoup plus aux Parisiens, invités à
« changer d'ère » avec lui.
A mi-chemin de la
mandature, une fois retombées l'euphorie de la victoire et l'énergie
réformatrice de son équipe, la capitale tient-elle l'ambitieuse
promesse du premier Maire socialiste de son histoire depuis la
Commune ?
.
Tout
au plus a-t-on « changé d'air », affirme l'opposition
municipale, qui commence à peine à se remettre de son
KO politique des 11 et 18 mars 2001.
- La droite parisienne croit avoir trouvé un angle d'attaque fédérateur
en accusant un Maire « bobo » de n'en avoir que pour
les « bobos », les bourgeois bohèmes, au détriment
des véritables acteurs du rayonnement économique et culturel
de la capitale française.
.
Le
Figaro a enquêté au
coeur du Paris de Delanoë
pour savoir si la ville a changé.
.
1.
Un Maire moins vibrionnant que solitaire
.
Célibataire,
homosexuel, noctambule, à la fois droit-de-l'hommiste et individualiste,
puisque très attaché à sa liberté personnelle,
Bertrand Delanoë cumule les critères du bourgeois bohème
parisien
- contre lequel
l'UMP sonne la charge dans le Livre noir qu'elle
a publié début 2005.
Le
bobo n'y « est qu'un soixante - huitard ou un héritier
de cette mouvance ayant gravi avec succès les échelons d'une
société de consommation que ses pères disaient naguère
mépriser.
- En d'autres termes, le bobo d'aujourd'hui n'est jamais, même s'il
s'en défend, qu'un rejeton de la vieille gauche caviar «
libérale-libertaire » apparue sous les années Mitterrand
(...).
- Le Maire de Paris et ses acolytes travaillent dur pour satisfaire
les attentes exorbitantes de cet électorat aussi exigeant que stratégique
».
Destinée
à galvaniser les militants de l'UMP, l'accusation
se heurte cependant à la personnalité complexe du Maire
de Paris et à un mode de gouvernement très structuré.
- Un mode aux antipodes du dilettantisme prêté par ses adversaires
et ses rivaux à Bertrand Delanoë lorsqu'il n'était
que le président du squelettique groupe socialiste du Conseil
de Paris.
- Face à un Jacques Chirac programmé pour l'Élysée.
[...]
Pourtant, l'opposant
vibrionnant n'a mis que quelques semaines à occuper l'espace politique
et médiatique dévolu à ce personnage si particulier
sur l'échiquier politique français qu'est le Maire de
Paris.
Ainsi
la comparaison entre Chirac et Delanoë s'est-elle imposée,
y compris dans l'esprit des plus fidèles chiraquiens de Paris,
qui se plaignent aujourd'hui de l'appropriation, par le Maire socialiste,
de la puissance de feu administrative, politique et médiatique
que représente la Mairie.
Delanoë,
pourfendeur du système Chirac, a-t-il instauré son
propre « système » à Paris, comme l'affirme
le Livre noir de l'opposition municipale ?
- Jean-François Legaret n'est pas loin de le croire lorsqu'il
réclame qu'une commission d'élus suive les dépenses
engagées pour le train de vie de l'équipe municipale
- puisque l'une des premières mesures imposées par Delanoë
fut la suppression de la questure de l'Hôtel de Ville, qui
gérait ce budget du temps de Chirac puis de Tiberi.
[...]
Hormis
la suppression de la questure, Bertrand Delanoë s'est bien
gardé de renoncer aux moyens et attributs qui font du Maire
de Paris l'un des personnages les plus puissants de la République.
- Son opposition lui tient grief d'occuper un des bureaux les plus vastes
de la capitale... C'était celui de ses prédécesseurs.
- Et, s'il continue d'habiter son propre appartement de la rue de Sèvres,
il traite comme il convient ses invités de marque dans les salons
classés, interdits à ce titre à tout autre usage
que celui de pièces de réception.
[...]
« Ils ont été
bien meilleurs que nous sur le verrouillage de l'administration»,
constate l'un de ses anciens adjoints [de Jean Tibéri].
Le
« verrou », d'autres disent « l'entonnoir » du
système de gouvernement de Delanoë, c'est le cabinet
du Maire et son directeur, Bernard Gaudillère.
- « Il n'y a que lui qui ait un accès direct au Maire
; c'est à lui que doivent s'adresser les adjoints, les chargés
de mission, les maires d'arrondissement », affirme un
de ces derniers, socialiste.
Exception faite peut-être
de Daniel Vaillant, le Maire du XVIIIe, vieux compagnon
de route de Lionel Jospin aux côtés de Bertrand
Delanoë et de Claude Estier.
- Cette proximité lui permet de saisir directement
le Maire quand une décision se fait attendre. « Bertrand
est vexé quand on lui dit que ses collaborateurs n'osent pas lui
transmettre certains dossiers, mais ça arrive », sourit l'ancien
Ministre de l'Intérieur.
- Ce que confirme Roger Madec, Maire du XIXe, persuadé,
pour sa part, que certaines colères de Bertrand Delanoë
sont « du cinéma délibéré ».
Bertrand Delanoë
veut tout voir, tout savoir.
- « Il n'aime pas l'improvisation »,
résume Christophe Caresche, qui fut longtemps son collaborateur
à l'Assemblée nationale.
- Toute
l'organisation du travail municipal découle de ce trait de caractère.
A commencer par la
stabilité du dispositif formé par Bernard Gaudillère
et du secrétaire général de l'Hôtel
de Ville, Pierre Guinot-Deléry.
- Les deux hommes, en place depuis le printemps 2001, se connaissaient
bien avant de se retrouver à la Mairie, où chacun
a trouvé l'opportunité de relancer sa carrière.
- Le premier avait épuisé les charmes du ministère
des Finances ; le second ceux des préfectures de province.
- Ni l'un ni l'autre ne revendiquent l'accès aux médias.
Ce n'était pas le cas de leurs prédécesseurs, sous
Tiberi.
- Bref, avec eux, Delanoë a pu éviter le piège
de la course-poursuite entre le cabinet et l'administration, en dépit
de quelques accrochages inévitables.
.
L'opposition affirme
volontiers que « Delanoë est un homme seul ».
- Obligé de s'en remettre à ses
adjoints et aux conseillers techniques du cabinet, il est effectivement
très méfiant et « jamais dans la délégation
totale, car tout le monde est doublé », constate un adjoint.
- Christophe Caresche est même marqué par une confidence
livrée par le Maire de Paris à propos d'un des ses
amis politiques : « Il fait trop confiance à ses collaborateurs,
il est mort. »
- Le seul à échapper à cette défiance naturelle
est son porte-parole, Laurent Fary.
Outre Christophe
Caresche, les élus les plus sollicités sont
- Jean-Pierre Caffet, adjoint chargé de l'urbanisme,
élu dans le XVIIIe,
- Christian Sautter, ancien ministre, ancien préfet de la
Région Ile-de-France chargé des Finances.
La
première adjointe, Anne Hidalgo, qui avait assuré
l'intérim le temps que Delanoë se remette de l'agression
dont il avait été victime fin 2002, suscite une certaine
méfiance en raison de sa proximité politique avec François
Hollande.
- Elle n'appartient pas vraiment au premier cercle, dont un des piliers
est le patron de la fédération PS de Paris
et président du groupe socialiste du Conseil de
Paris, Patrick Bloche.
Plusieurs
des Maires d'arrondissement de gauche lui avaient préféré
Jack Lang en l'an 2000.
- Cette plaie-là n'est pas complètement cicatrisée,
malgré une pacification indispensable.
- « Il a besoin des Maires pour être réélu,
car la campagne se joue aussi arrondissement pas arrondissement »,
rappelle le Maire du Xe, Tony Dreyfus, qui fut le premier
à appeler la candidature de Delanoë.
- La relation la plus difficile reste celle qu'il entretient avec le fabiusien
Michel Charzat, dans XXe, qui avait sérieusement
envisagé d'être candidat à la Mairie de Paris.
Le modus vivendi s'établit sur des rapports personnels réduits
au strict minimum.
.
« Il fait des
efforts énormes pour se donner un vernis collectif, concède
le Maire du XIXe, Roger Madec, mais le premier élu
qui l'enquiquinerait serait mort. »
Quatre
ans après son élection, personne n'est donc en état
de contester au Maire de Paris une once de pouvoir.
- Le bobo inorganisé et dépensier que l'opposition
s'attendait à affronter s'est révélé un homme
de pouvoir, au fond assez classique, élevé, il ne faut pas
l'oublier, à l'école de François Mitterrand.
Pas
vraiment bobo dans la forme, Delanoë le serait-il dans le
fond, en répondant aux revendications de cet électorat inclassable,
au portefeuille bien garni mais au mode de vie hédoniste et individualiste
?
- Au risque de verser dans le clientélisme et la satisfaction des
besoins catégoriels, forme de gouvernance qu'il ne cessait de dénoncer
lorsqu'il était dans l'opposition.
.
Aux
yeux des jeunes animateurs du Perroquet Libéré,
mensuel satirique consacré à l'Hôtel de Ville
et diffusé par courrier électronique, la dérive vers
une gestion « communautariste » des aspirations des Parisiens
est vérifiée.
- Depuis deux ans, ces anciens chevènementistes traquent
les gaffes de l'exécutif.
Comme
cette subvention accordée à une association homosexuelle
féminine organisatrice de manifestations interdites aux hommes.
- « C'est une bourde », reconnaît
Delanoë.
- Qui admet n'avoir pas contrôlé le détail des activités
de chacune des associations oeuvrant dans ce domaine.
Tout
en récusant une dérive clientéliste en direction
des quartiers du Marais et de la Bastille :
- « Je ne suis pas communautariste, mais
je subventionne les associations homo qui, en tant que telles, étaient
exclues du champ municipal avant mon arrivée. »
.
Tout
comme il réfute, bien qu'il ajoute « comprendre les interrogations
», la même accusation que lui valent ses gestes symboliques
en direction des juifs et des musulmans.
- « Il n'y a qu'une communauté, la communauté des
Parisiens, mais je m'efforce au respect, pour la première
fois dans cette ville, de toutes les composantes de cette communauté.
»
Le concept de l'identité
plutôt que celui de communauté, à la différence,
répète-t-il, de la société défendue
par Nicolas Sarkozy.
- « Les Parisiens sont comme ils veulent. Bobos ou pas, je
roule pour eux et je crois à la diversité sociologique de
cette ville », conclut-il.
.
Diversité
incarnée au sein même de l'équipe municipale,
où se côtoient des élus d'horizons aussi divers
que Daniel Vaillant, fils d'un mécanicien automobile de
la Nièvre, et Christophe Girard,
directeur de la stratégie du groupe LVMH.
- Le
premier, Maire d'un XVIIIe arrondissement encore très contrasté
socialement, estime qu'il y a eu « trop de désintérêt
pour les quartiers dégradés et, dans le même temps
trop de projets décalés ».
- Le
second, inventeur des « Nuits blanches », emblématiques
de la culture bobo, voudrait en faire encore plus à destination
de ces Parisiens montrés du doigt par une partie de la droite.
.
|
5 5 2005 : Pariscide,
le gâchis de l'ère Delanoë > par François
Devoucoux du Buysson
http://www.leperroquetlibere.com/index.php?action=article&id_article=148317
pages 64 à 69 : Editions de la Table Ronde
> ISBN 2710327651
http://www.fnac.com
1er 5 2005 : Le Perroquet libéré > par
François Devoucoux du Buysson
http://www.wmaker.net/leperroquetlibere/index.php?action=article&id_article=147097
|
[...]
Mais, au-delà des multiples subventions attribuées
aux associations communautaires, le point d'orgue des largesses accordées
par la nouvelle Municipalité au mouvement gay est sans doute la
création d'un Centre
dArchives Homosexuelles.
.
Laffaire
des Archives Homosexuelles
.
La
décision qui a présidé à la création
du Centre dArchives et de Documentations Homosexuelles de
Paris (CADHP) est la concrétisation dune promesse
de campagne faite par Bertrand Delanoë quelques semaines avant
les élections municipales,
- dans une lettre du 2 mars 2001 adressée
aux quarante associations membres du Conseil politique de la Lesbian
and Gay Pride
[ LGP Île-de-France ] , le « politburo »
du mouvement homosexuel.
- Une promesse écrite du candidat qui ne figurait nulle part dans
son programme électoral officiel distribué aux électeurs
de la capitale
.
Le
président de lAssociation de Préfiguration
du CADHP
[ APCADHP ], Christopher Miles,
ne cache alors pas le caractère communautaire de ce projet :
- « à nous de montrer que nous sommes, oui, une sorte de
« communauté », capable de dépasser les légitimes
débats qui lagitent pour se doter doutils à
son service ».
On
peut sinterroger sur lopportunité de la création
du CADHP dans la mesure où les différents Centres
darchives de la capitale contenaient déjà
des fonds documentaires relatifs à lhomosexualité
accessibles au public.
Dautant plus
que, comme le laisse entendre Christopher Miles dans sa présentation
du projet de Centre, la rigueur historique sera subordonnée
aux impératifs de lidéologie homosexuelle :
- « comme tout document relatif à lhomosexualité,
quelle que soit sa provenance, peut-être, a priori, objet détudes
ou de recherche, le Centre doit refléter une image
de stricte neutralité et sinterdire de prendre position dans
quelque débat scientifique ou politique que ce soit, sauf évidemment
pour combattre des lectures révisionnistes ou fascisantes de lhistoire
».
Les chercheurs et
les historiens étaient ainsi prévnus :
- si leurs travaux navaient pas lheur de plaire aux khmers
roses, ils seraient traités de révisionnistes.
- De quoi en dissuader plus dun ...
.
Après
lalternance de mars 2001, le projet de Centre dArchives
Homosexuelles pâtit quelque temps de la polémique
suscitée par la proposition de Christophe Girard de créer
dans le bâtiment désaffecté du théâtre
de la Gaîté-Lyrique une Bibliothèque
dotée dune section gay et lesbienne.
- « Comme à San Francisco », précisait-il.
- Une marotte, chez lui, ce tropisme californien
Mais
cette proposition était aussi la mise en application des engagements
de campagne pris par écrit par Christophe Girard avant les
élections municipales auprès du Centre Gai
et Lesbien
[ CGL de Paris ] qui,
- outre la mise à disposition dappartements pour les «
jeunes homosexuels sans abri jetés dehors par leurs parents »
- et des emplois proposés aux séropositifs dans le cadre
dun « plan de réinsertion spécifique »,
réclamait « un Rayon gay et lesbien
» dans les Bibliothèques municipales.
Pour
le moins étranger à la tradition universaliste de Paris,
le projet de Bibliothèque Homosexuelle de
Christophe Girard provoqua un tollé,
- y compris parmi des relais habituels de la gauche qui soffusquèrent
à lidée quun tri fût opéré
parmi les uvres littéraires en fonction des pratiques sexuelles
réelles ou supposées de leurs auteurs.
Laffaire
prit un tour tellement ridicule que Bertrand Delanoë fut obligé
dintervenir pour tempérer les ardeurs de son Adjoint
à la culture, décidément bien imprudent.
.
Une fois cet orage
passé, et après que Bertrand Delanoë eût
pris ses marques dans ses nouvelles fonctions,
- les associations réclamant un Centre dArchives Homosexuelles
revinrent à la charge
- et le projet du CADHP finit par
être voté en septembre 2002 par le Conseil de Paris
qui lui attribua une première subvention de 100.000 euros.
Alors que des fonds
documentaires sur la question de lhomosexualité auraient
simplement pu être ajoutés aux Archives Municipales,
- la création dun Centre dédié à
la « Mémoire Gay » constituait un symbole
pour les associations qui y voyaient la reconnaissance officielle dune
« communauté homosexuelle ».
La Mairie [
de Paris ] était loin de se douter quavec laboutissement
de cette première étape, les ennuis ne faisaient que commencer.
.
Des militantes lesbiennes, emmenées par la sociologue Marie-Hélène
Bourcier et lhistorienne Marie-Jo Bonnet, protestèrent
contre un projet qui les excluaient en faisant la part belle
à lhomosexualité masculine.
Prenant
la presse à témoin, ces amazones en colère firent
circuler une pétition intitulée Archilesb !
dans le but de dénoncer « lhégémonie
gay » dont témoignaient selon elles
- la faible présence des femmes au sein du
Comité de pilotage du projet dArchives Homosexuelles
[ APCADHP ]
- et la première sélection de livres pour le fonds documentaire,
dominée par les auteurs masculins.
La
pétition réclamait aussi que la générosité
de la Mairie à légard du milieu associatif
gay bénéficiât aussi aux associations lesbiennes.
.
Lhomo étant
un loup pour lhomo, le projet du Maire visant
à souder la « communauté homosexuelle » dégénérait
en « gayguerre » communautaire
Cest
sans doute pour faire taire ces furies et ne pas trop attirer lattention
des médias sur son très communautariste projet dArchives
Homosexuelles que la Mairie de Paris attribua peu de temps
après des subventions à Archives Recherche Culture
Lesbienne
[ ARCL ] et Cineffable
pour respectivement 10.000 et 15.000 euros
- quelle avait jusqualors refusées en raison de la
non-mixité affichée de ces associations.
- Un changement de ligne que la Mairie nallait pas tarder
à regretter.
.
Lassociation
lesbienne Cineffable organise en effet chaque année
depuis 1989 le festival Quand les lesbiennes se font du cinéma
qui est très fier de la « non-mixité » de ses
projections.
- En clair, laccès à ce festival est réservé
aux femmes
- ou, plus exactement, à « toute personne désirant
venir au festival et se considérant femme », comme laffirme
sans rire le site internet de Cineffable, ce qui permet
de repêcher les transsexuels.
Alors
quune telle ségrégation aurait, à juste titre,
provoqué un tollé si elle avait été le fait
dune association islamiste plutôt que dune poignée
damazones cinéphiles, cela nempêcha pas la Mairie
de Paris de subventionner ce festival en lui accordant en 2003 la
coquette somme de 15.000 euros.
- Pourtant, en dépit de leur soutien financier, ni Bertrand
Delanoë ni Christophe Girard nauraient été
autorisés à inaugurer la manifestation !
En 2004, à
peine sa subvention municipale reconduite par le Conseil de
Paris, Cineffable décida dinnover en proposant
à ses festivalières de participer en marge des projections
à un atelier de fabrication de « godemichés
artisanaux » de toutes formes afin de railler « le phallus
dans sa pauvre réalité ».
Questionné
au sujet de lattribution de fonds publics à une manifestation
aussi délirante, Bertrand Delanoë se garda bien de
répondre sur une affaire qui embarrassait de plus en plus la Mairie
à mesure que les journaux de tous horizons sen emparaient,
et pas seulement en France,
- tantôt sur un mode comique,
- tantôt dans le registre plus sérieux de laccusation
de « sexisme à lenvers » contre un Maire
qui a justement fait de la lutte contre les discriminations une de ses
priorités.
[...]
Tétanisée
par le politiquement correct et soucieuse de draguer elle aussi la mouvance
gay dans un but électoraliste, lopposition municipale
sest privée dune bonne occasion de critiquer Bertrand
Delanoë.
Une
habitude pour la droite parisienne qui,
- sur une recommandation expresse de Philippe
Séguin, avait apporté son soutien au projet de
Centre dArchives Homosexuelles
[ CADHP ]
- et navait pas moufté lors du vote de la subvention
à Cineffable.
Hasard ou peur du
ridicule ?
- Le fameux « Atelier Gode » de Cineffable
fut néanmoins opportunément annulé la veille du Festival
alors que la polémique enflait dans la presse.
Lépisode
Cineffable, qui illustre le chantage exercé par
les lesbiennes radicales sur les collaborateurs du Maire, a ainsi
exposé Bertrand Delanoë au risque de se voir tourné
en ridicule.
.
Un
dommage collatéral provoqué par lacharnement de
la Mairie
[ de Paris ]
à créer un Centre dArchives Homosexuelles
qui pèse cependant peu au regard de la gestion scandaleuse de
ce projet
[ CADHP ]
iconoclaste.
[...]
|
mai 2004 :
Qu'est-ce qu'une femme désire quand elle désire une
femme ? > essai de Marie-Jo Bonnet (éditions
Odile Jacob)
http://www.bluebookparis.com/index.html
http://www.fnac.com/Shelf/article.asp?Mn=5&Origin=fnac_google&PRID=1533438&Ra=-1&To=0&Nu=3&Fr=3
|
.
extrait du chapitre 5
Le
refoulement du désir lesbien dans la Cité
Formes et figures de la lesbophobie
pages 188 à
196
[...]
Mais c'est peut-être dans la façon dont l'argent publique
est redistribué aux associations qu'on perçoit le mieux
à quel point notre société est toujours gouvernée
par un pouvoir masculin.
.
Parfois même,
c'est le pouvoir gay qui devient lesbophobe comme l'association Cinéffable
en a fait la triste expérience durant l'été 2002.
- En 2000, Cinéffable présente plusieurs demandes
de subventions auprès des pouvoirs public afin d'être aidée
dans l'organisation de son festival de cinéma.
- Cinéffable est une association qui existe depuis
quinze ans, comprend 4000 adhérentes et organise chaque année
un festival de films lesbiens qui réalise plus de 7500 entrées
en quatre jours, ce qui est considérable quand on sait que les
animatrices de l'association travaillent bénévolement depuis
le début.
C'est un choix d'autonomie
qu'elles assument et qui a fait ses preuves puisque ça marche par
autofinancement grâce à une démocratie interne remarquable
qui s'appuie sur l'énergie et la générosité
de l'équipe.
- Victime de son succès, elle a dû chercher de nouveaux locaux
pour remplacer ceux devenus trop petits du Centre Culturel de Kremlin
Bicêtre qui leur demandait par ailleurs de quitter les lieux
pour les réserver à la politique locale.
- Seulement, la location de salles de grande taille est très chère
à Paris, c'est pourquoi elles ont demandé l'aide
des élus.
Le maire de Boulogne-Billancourt
a refusé de leur louer la salle de conférence de l'Espace
Landowski et l'équipement municipal du cinéma voisin.
- Jean-Pierre Fourcade, maire de la ville, a répondu
: " En égard aux thèmes que vous projetez d'évoquer
lors de cette manifestation, je regrette de ne pouvoir réserver
une suite favorable à votre requête ".
- Etant donné qu'il s'agissait d'une municipalité de droite,
ce refus n'a surpris personne.
Mais ce ne fut pas
le cas quand Cinéffable se vit refuser une subvention
de 30.000 euros par le cabinet du Maire de Paris, sous le prétexte
que ce festival était non mixte.
- Je dis sous prétexte parce que Cinéffable
n'a pas reçu de lettre lui notifiant le refus alors que dans le
même temps, une subvention était octroyée au festival
gay et lesbien [de Paris [FFGLP)]
qui avait été présidé par Christophe Girard,
devenu depuis l'élection de Bertrand Delanoë, adjoint
au maire chargé de la culture de la ville de Paris.
- Ainsi, aucune subvention n'était accordée à une
association de lesbiennes sur l'exercice 2002.
.
C'est à travers
ces micros-faits qu'apparaît la disparité de traitement entre
les gays et les lesbiennes. Elle est devenue si criante qu'on s'étonne
que le pouvoir politique ferme les yeux quand par ailleurs il se fait
le champion de la lutte contre les discriminations. A moins qu'il ne feigne
de croire que ce qu'il donne aux uns bénéficie aux autres,
et se contente de parer au plus pressé en satisfaisant les gays
qui sont, comme on le sait, bien mieux implantés que les lesbiennes
dans les mouvements politiques.
A droite comme à
gauche, remarquons-le. La première réunion du groupe "
Gay Lib " de l'UMP, organisée
à l'Assemblée Nationale en février 2003, ne
rassemblait que des garçons, une centaine, ce qui donne une idée
de la réalité factuelle d'un monde politique très
peu féminisé.
.
On se demande alors
si l'argument de la non mixité avancé par le Conseiller
auprès du Maire de Paris, chargé des relations avec
les homosexuels, Philippe Lasnier, relève de la mauvaise
foi pure et simple, de la misogynie où d'une lesbophobie qui n'ose
pas dire son nom.
Il suffit de comparer
les subventions allouées au mouvement gay par la mairie de Paris
pour comprendre que la disparité est enracinée jusque dans
le domaine économique. Surtout que les subventions votées
par la mairie de Paris aux associations gays ont toutes été
attribuées à des associations gay ou gay " et ?
" lesbiennes. La somme globale de 510.941 euros ont été
votées par le Conseil de Paris à 7 associations Gay "
et? " Lesbiennes en 2002, dont
- 7.000 euros à " Paris Aquatique ", une
association de nageurs,
- 5.000 euros à la chorale " Gay Melo Men ",
- et 100.000 euros pour le projet de Préfiguration
du Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris
(CADHP) présenté par Jean Le Bitoux
et Christopher Miles.
Ces sommes issues
de l'argent publique permettent de louer des locaux, de salarier des militants
et de faire fonctionner le mouvement gay à des hauteurs que le
mouvement féministe tout entier n'oserait rêver. Car de ce
côté là, nous devons plutôt faire contre mauvaise
fortune bon coeur.
Sans doute les femmes
ne représentent-elles pas le même poids électoral,
ni la même force de frappe. Mais tout de même ! Il y a des
limites, et la gauche ne peut pas d'un côté voter une loi
sur la parité, et de l'autre reconduire les discriminations par
le biais économique.
Certes, les lesbiennes
ont des pratiques différentes avec l'argent.
- Outre qu'elles n'ont pas l'habitude de brasser des milliards,
- ni de faire des déficits de un million soixante dix mille francs,
comme ce fut le cas de la Lesbian and Gay Pride en 1996
pour l'organisation de la marche de juin,
elles préfèrent ne pas demander de subvention afin de ne
pas se sentir moralement liée par l'argent public. Mais elles changent.
Et en 2003 l'injustice
de traitement hommes - femmes (ou gays - lesbiennes) devint si flagrante
qu'après une campagne de sensibilisation auprès d'Anne
Hidalgo, une subvention de 15.000 euros fut attribuée à
Cinéffable, sur un total de 218.950 euros attribués
aux associations gays (et) lesbiennes.
.
Sommes-nous confrontées
à une nouvelle forme de lesbophobie institutionnelle : le communautarisme
gay ? La question
ne se posait pas dans les années 1970 où, en dépit
de sa misogynie, le mouvement gay était très proche des
positions féministes.
- Le développement
d'un militantisme communautaire destiné à lutter contre
le sida a changé la donne du tout au tout. Au niveau économique,
bien sûr, où l'argent drainé à permis de construire
des structures militantes subventionnées par l'argent du sida.
Comme les partis et les syndicat, le mouvement gay a ses salariés
à Aides comme à Act up.
- Rien de tel chez
les lesbiennes et même le mensuel Lesbia magazine
qui existe depuis plus de vingt ans, est toujours réalisé
par des bénévoles. Les femmes connaissent le prix de l'argent
et se sentent bien plus redevables que les hommes quand la Cité
leur en donne. Résidus du mariage ? Peut-être, mais n'oublions
pas qu'elles se sentent toujours plus ou moins en visite chez la tante
à héritage dans le monde politique, tandis que les gays
y évoluent comme un poisson dans l'eau.
.
Mais par-delà
les problèmes structurels qui montrent que les fondements du patriarcat
sont toujours solidement implantés dans les esprits masculins,
on peut s'inquiéter des dérives lesbophobes de ce communautarisme
gay à la française. A l'université nous retrouvons
les mêmes pratiques discriminatoires sur fonds de respectabilité
scientifique. Toute personne qui n'adhère pas aux orientations
des leaders, à leurs réseaux, à leurs grippes intellectuelles
risque la mise en quarantaine, la censure ou l'exclusion.
Des conflits éclatent
régulièrement dans les régions lors de l'organisation
des Fiertés homosexuelles, par exemple, ou sur des
festivals dont le contenu culturel est trop souvent porté
vers la consommation d'images sexuelles.
- A Marseille, en 1996, les trois associations lesbiennes de la
ville ont décidé de défiler de l'autre côté
de la Lesbian & Gay Pride pour protester contre le coup
de force d'une minorité d'hommes qui a déposé des
statuts organisateurs de la marche "prétentieux et récupérateurs
" .
- En 1999 les " Dé/générées
" de Lille ont distribué un tract lors de la Marche
parisienne où elles disaient : " Nous ne nous reconnaissons
pas dans l'organisation de la (Lesbian ?) & Gay
Pride, vitrine d'une homosexualité intégrée,
politiquement correcte, commerciale et branchée, masculine et misogyne.
Nous revendiquons notre diversité et le regard critique que nous
portons sur la société " .
Je pourrais citer
une multitude d'exemples du même style illustrant la quasi impossibilité
de dialoguer sur le prétendu terrain commun de l'homosexualité
quand les objectifs divergent a ce point.
- Des conflits qui peuvent aller jusqu'à la violence, l'injure
misogyne et même la censure comme on l'a vu avec Didier Eribon,
directeur du Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes,
paru en 2003 chez Larousse, qui s'est permis de décider
seul du contenu de la culture lesbienne en écartant des chercheuses
lesbiennes et féministes faisant référence dans leur
domaine parce que leurs idées ne lui convenaient pas.
- C'est évidemment contraire à la notion même de dictionnaire
et les protestations des associations lesbiennes et féministes
ont révélé le côté partisans de ces
prétendues entreprises communautaires où les lesbiennes
n'ont d'autre choix qu'entre les rôles de potiche ou de boniche
des gays au pouvoir .
.
La
mise en place du Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelle
de Paris (CADHP) durant l'hiver 2002-2003 est également
assez exemplaire de la lesbophobie gay qui s'est développée
avec la montée en puissance politique des gays sur fond de communautarisme
masculin.
Dans
les principes, d'abord. Il est dit dans le projet initial que " dans
un premier temps, le fonds d'archives concernera majoritairement l'homosexualité
masculine pour des raisons historiques ". Quelles sont ces raisons
? Mystère.
.
Dans
le processus du vote de la subvention de 100 000 euros ensuite. Elle a
été accordée à la quasi unanimité du
Conseil de Paris à la suite de négociations discrètes
avec la droite à travers Jean-Luc Roméro,
- président (U.M.P.) de groupe au Conseil de Paris
- et par ailleurs président de l'association des Elus locaux
Contre le Sida (ELCS) subventionnée par la
mairie de Paris.
Pour
" éviter les dérapages homophobes ", une alliance
fut nouée entre la gauche et la droite qui fit passer le projet
sans coup férir. Mais les lesbiennes se sont réveillées.
Une pétition " Pour que cesse l'exclusion des lesbiennes
dans le projet du futur centre de documentation et d'archives homosexuelles
de Paris " fut lancée par Marie-Hélène
Bourcier du groupe Archilesb! à l'automne 2002,
suivie par une autre de l'association transsexuelle " Vigitrans
" qui ont recueilli près de 900 signatures.
L'affaire
devint bientôt publique à travers un article de Blandine
Grosjean, paru dans Libération,
- où les défenseurs du projet de préfiguration
du CADHP qualifiaient les lesbiennes " d'hystériques
"
- tandis que René-Paul Leraton, par ailleurs spécialiste
de la pornographie gay, déclarait à la journaliste : "
Les lesbiennes historiques ont l'habitude de s'en prendre aux seuls mecs
qu'elles ont sous la main : les pédés " .
Il
est rare d'avoir a faire à une lesbophobie gay aussi sûre
d'elle. Il faut croire que R-P. Leraton disposait de soutien hauts
placés pour oser tenir de tels propos dans un conflit où
était impliquée la mairie de Paris. Mais c'est justement
la vertu du communautarisme gay que de compter sur des solidarités
issues d'intérêts sexuels communs.
- Personne n'a démenti ces propos, et surtout pas le Conseiller
auprès du Maire de Paris chargé des relations avec les
homosexuels, Philippe Lasnier, dont on aurait pu penser qu'il
était de son devoir de défendre la dignité des lesbiennes.
- Or non seulement il ne l'a pas fait, mais il s'est fait le défenseur
inconditionnel du projet de Jean Le Bitoux, n'hésitant pas
à donner de sa personne pour en faire la publicité à
la presse ou s'attaquer aux pétitionnaires.
On est ainsi arrivé
à ce curieux paradoxe du communautarisme gay :
- d'un côté, il refuse des subventions au mouvement lesbien
sous prétexte qu'il est non mixte.
- De l'autre il soutien inconditionnellement les projets gays, même
quand ils sont un peu trop ouvertement non mixte. Personne n'y voit que
du feu puisque c'est un homme qui représente les homosexuels. Les
gens s'imaginent qu'il représente aussi les lesbiennes, comme dans
la vie politique ordinaire.
.
Pour qu'il y ait
lesbophobie induite par le communautarisme gay, il faut donc la réunion
de plusieurs facteurs dont le dénominateur commun est l'intérêt
des gays.
Dans
notre exemple il y a trois hommes connus dans la communauté gay
qui rédigent un projet qui se fait passer pour mixte tout en spécifiant
quelque part qu'il concerne d'abord les gays. La collusion entre la droite
et la gauche pour voter la subvention. La dévotion du représentant
des associations homosexuelles aux seuls intérêts gays. Et
un réseau militant solide prêt à faire taire les opposants
.
Cette
domination masculine est-elle favorisé par silence des femmes politiques
au pouvoir ? Elles protestent beaucoup trop rarement et trop timidement
devant les discriminations lesbophobes, même lorsqu'elles sont ministres
ou a de hauts postes de responsabilité.
- Ainsi, Anne Hidalgo, première adjointe au Maire
de Paris et responsable de l'Observatoire pour l'égalité
entre les femmes et les hommes, s'est montrée très
discrète, ne disant pratiquement rien pour que cesse la discrimination
dont les lesbiennes font l'objet dans des projets soutenus par la mairie.
Anne Hidalgo souhaitait fonder à Paris une Cité
des femmes qui rassemblerait une bibliothèque, des archives,
des salles d'exposition et de réunion et c'était l'occasion
de poser le problème politique en engageant un débat public
sur le sujet.
- Rien n'a été fait, hélas, et les protestations
de Clémentine Autain, adjointe au maire, lors
du débat introduisant le vote de la subvention au CADHP
sont restées lettre morte :
" Clémentine Autain :
- On parle des gays et moins des lesbiennes... Je
vois que cela fait ricaner mes collègues de l'opposition.
Mme Anne Hidalgo, première adjointe,
présidente :
- Ils sont un peu dissipés. Je vous demande de bien vouloir porter
toute l'attention à ce dossier et de faire silence.
Mme Clémentine Autain, adjointe :
- Je voudrais qu'on fasse attention à la
bonne répartition pour permettre une juste visibilité de
la communauté lesbienne. Dans l'exposé des motifs, il est
fait mention d'un site internet comportant une histoire du gay-Paris...
Et le Paris des lesbiennes ? (...)
- Je voudrais par ailleurs que dans la composition de l'Association
[de Préfiguration du Centre d'Archives et de
Documentation Homosexuelles de Paris (CADHP)]
et du Comité qui va suivre ce projet, il y ait une
place pour la coordination lesbienne [en France
(CLF)].
- Ainsi, dans le conseil d'administration, d'après ce que
j'ai compris, il n'y a que trois femmes sur neuf hommes. Peut-être
pourrait-on viser la parité ? Je pense qu'on doit pouvoir trouver
des chercheurs et des scientifiques femmes pour être dans ce Conseil
d'Administration ".
Il est encore trop
tôt pour tirer les leçons de la quasi impuissance des femmes
politiques face à la lesbophobie, mais il n'est pas difficile de
comprendre que le faible poids politique des femmes en général,
se répercute sur les lesbiennes qui sont traitées comme
une question subsidiaire.
Peu d'électeurs
risquent de leur en vouloir, remarquons-le lucidement, ce qui montre l'efficacité
de la lesbophobie larvée de nos société avancées
qui sont capables de descendre en masse dans la rue pour faire barrage
à Le Pen mais qui se bouchent les oreilles quand les citoyennes
sont insultées publiquement ou traitées en quantités
négligeables parce que coupables d'aimer les femmes.
Ceci explique peut-être
cela. A force d'écraser la dignité des personnes sous des
stratégies électoralistes, le lien démocratique se
dissous à bas bruit et l'on se rend compte un soir qu'un candidat
d'extrême droite est arrivé en deuxième position des
élections présidentielles.
Les défaites
électorales sont tissées d'une multitude de petites démissions
de cette espèce.
- Les promesses électorales sont faites pour créer un lien
démocratique avec son électorat potentiel.
- Si elles ne sont pas tenues, ou si elles dérivent vers des choix
sectaires, le lien politique devient complètement illusoire.
- Les élus se retrouvent en porte à faux par rapport à
leurs convictions et s'étonnent que leurs électeurs les
abandonnent.
[...]
Renvois :
[1] Lettre du 8 mars
2000 à Madame Florence Hertz, présidente de lassociation.
[2] Illico,
16 janvier 2003, p. 22.
[3] Nicole Sirejean,
« La fierté homosexuelle à Marseille
ou petite chronique sur la classe des femmes et la classe des hommes »,
Lesbia magazine, juillet-aout 1997.
[4] Anne-Françoise
Lefebre - Nathalie Rubel, « Une lesbian and gay
pride peut-elle être lesbienne ? », Ex-Aequo,
juillet 1999.
- Voir aussi Marianne 3-9 février 2003, p.63,
- le magazine suisse 360° de mars-avril 2003, «
Paris brûle-t-il ? »
- et Maria Grazia Meda, « Les gays sont machos ! »,
- Courrier International n° 658, 12-18 juin 2003, p.
13..
[5] voir larticle
de Xavier Héraud dans Têtu du 16-6-03 à
lencontre du « Comité contre la censure »,
- Clarisse Fabre « Quand les lesbiennes demandent la «
parité » avec les gays », Le Monde 29-30
juin 2003, p. 8,
- et les communiqués de la Coordination Lesbienne en France,
des Associations Cibel, les Voies dElles,
ainsi que le Collectif de la marche lesbienne qui dénoncent
le « gaycentrisme », linvisibilité des femmes
et des féministes et les insultes diffamatoires.
- voir le site lesbien « Tasse de Thé »
: http://www.tassedethe.com
[6] Blandine Grosjean,
« Des lesbiennes parisiennes contre le machisme gay
», Libération, 7 décembre 2002.
[7] Je renvoie à
ma « Lettre ouverte à Bertrand Delanoë, Maire
de Paris, à propos du Centre dArchives et de Documentation
Homosexuelles de Paris (CAHDP) quil souhaite
fonder dans la capitale » du 22 janvier 2003, et à lensemble
du dossier mis en ligne sur le site de lAcadémie Gay &
Lesbienne : http://www.archiveshomo.info
[8] Compte rendu du
débat des délibérations du Conseil municipal de
Paris du 24-9-02
.
|
.
2003 SG 86 -
Autorisation
à M. le Maire de Paris de signer une convention
pour l'attribution d'une subvention de fonctionnement à
l'association
Cineffable, située 37, avenue Pasteur
93100 Montreuil, afin d'organiser la 15ème édition
du
Festival Quand les lesbiennes se font du cinéma
.
M.
Christophe GIRARD, rapporteur
.
Délibération affichée à l'Hôtel-de-Ville
et transmise au représentant de l'Etat le 10 décembre
2003
Reçue par le représentant de l'Etat le 10 décembre
2003
.
Le
Conseil de Paris, siégeant en formation de Conseil
Municipal,
- Vu le Code
général des collectivités territoriales ;
-
Vu le projet en délibération en date du 10 novembre 2003,
par lequel M. le Maire de Paris lui propose l'attribution d'une
subvention de fonctionnement à l'association Cineffable
;
-
Sur le rapport présenté par M. Christophe GIRARD,
au nom de la 9e Commission,
.
Délibère :
Article premier
- M. le Maire de Paris est autorisé
à signer une convention pour l'attribution d'une subvention de
fonctionnement à l'association Cineffable, située
37, avenue Pasteur 93 100 Montreuil afin d'organiser la 15ème
édition du Festival Quand les lesbiennes se font du cinéma
qui a lieu du 7 au 11 novembre 2003 au Trianon (X03648).
Art. 2
- Une subvention de 15.000 euros est attribuée
à l'association Cineffable, située 37,
avenue Pasteur 93 100 Montreuil afin d'organiser la 15ème
édition du Festival "Quand les lesbiennes se font du
cinéma" qui a lieu du 7 au 11 novembre 2003 au Trianon
(X 03648).
Art. 3
- La dépense correspondante, soit 15.000 euros, sera imputée,
d'une part et à hauteur de 10.000 euros
sur le budget de fonctionnement de la Ville de Paris pour 2003,
chapitre 65, nature 6574, ligne P030 provision pour
subventions de fonctionnement au titre de l'Observatoire de l'égalité
et, d'autre part et à hauteur de 5
000 euros, sur le budget de fonctionnement de la Ville de
Paris pour 2003, rubrique 314, nature 6574, ligne P002 provision
pour subventions de fonctionnement au titre du
cinéma.
.
|
7
au 11 11 2003 : 15ème festival CinéFfable >
débat
http://cineffable.free.fr/p.htm#15 |
.
Agir contre linvisibilisation croissante des
lesbiennes ?
.
Ce débat a
été organisé à la demande de Marie-Hélène
Bourcier qui proposait de faire un point après la discussion
organisée au 15e festival CinéFfable
le samedi 8 novembre 2003 "Quand les lesbiennes
se font du cinéma", sur les relations entre les institutions
françaises et les associations lesbiennes.
En
présence de :
- Marie-Hélène Bourcier, sociologue et membre dArchilesb
!
- Maryse Lourmière, co-présidente de la Coordination
Lesbienne en France
- Anne Rambach, directrice des Editions gays et lesbiennes,
et auteure avec Marine Rambach de La culture gay et lesbienne
aux éditions Fayard.
.
Marie-Hélène Bourcier
: « Linvisibilisation des lesbiennes dans lespace public
(les médias, la sphère intellectuelle
) nest
pas nouvelle.
Mais elle se renforce avec lémergence dune politique
gaie-centrée et la montée en puissance dune identité
gaie hégémonique. Elle prend de nouvelles formes : les mises
à lécart perdurent, les injures pleuvent en cas de
critique et lon assiste depuis peu à des formes dexclusion
et de censure « positives » qui consistent à remplir
le L de lgbt de manière homéopathique, restreinte et inadéquate.
On oubliait les lesbiennes, on parle désormais à leur place.
- Lexclusion des lesbiennes du projet du Centre
dArchives [et de Documentation Homosexuelle
de Paris] de la Ville de Paris
(CADHP),
- leffacement de pans entiers des cultures lesbiennes dans le Dictionnaire
des cultures gays et lesbiennes paru chez Larousse,
- labsence des lesbiennes dans la presse gaie, le procès
quintente le magazine Têtu à une lesbienne
militante, autant dépisodes récents qui nous permettent
de faire le point.
Faut-il réagir ? Avec quels moyens daction ? Le séparatisme
est-il la solution ? La solidarité lesbienne existe-t-elle ? »
Cineffable
expose létat de ses démarches auprès de la
Mairie de Paris pour obtenir une subvention (15 000 euros
accordés).
- Pour Cineffable, il sagit avant tout dune
opération de visibilité, et de faire accepter lintérêt
et la nécessité des événements lesbiens non-mixtes.
Quelles quen soient les raisons, les ¾ des initiatives lesbiennes
en France sont non-mixtes. Cest une réalité.
- Cineffable nest pas la seule association lesbienne
en contact avec la Mairie de Paris et espère que la subvention
accordée permettra de préparer le terrain pour les autres.
Pour
certaines autres militantes et intellectuelles lesbiennes, en revanche,
lannée a été rude.
- Marie-Hélène Bourcier, membre
dArchilesb ! a alerté lopinion publique
sur linvisibilisation des lesbiennes dans le projet de Centre
darchives des homosexualités (CADHP)
dirigé par Jean Le Bitoux et a dû
faire face à une véritable levée de bouclier.
- Comme Geneviève Pastre, éditrice, elle a également
dénoncé lexclusion de certaines chercheuses et auteures
lesbiennes réputées du Dictionnaire des cultures gays
et lesbiennes, dirigé par Didier Eribon, publié
chez Larousse cette année. La réponse calomnieuse
de Didier Eribon sur le site de Têtu (voir
ci-joint) a déclenché un mouvement de protestation. Un communiqué
de Geneviève Pastre a été lu pendant la discussion
(voir ci-joint).
- M.H. Bourcier constate que dans les événements
et les projets LGBT, le mot lesbienne était encore trop souvent
un mot creux ; les gays, en position hégémonique, parlant
encore trop pour et à la place des lesbiennes.
Certaines
participantes dans le public sont davis que le « gay
et lesbien » apporte une légitimité parce
que cette mixité ressemble à de lhétérosexualité.
- Les gays organisent donc du « gay et lesbien » mais en ne
se servant du « lesbien » que pour la forme.
Pour
Anne Rambach, les lesbiennes se tiennent encore trop loin des sphères
du pouvoir.
- Anne et Marine Rambach nont pas hésité
à « flirter avec le pouvoir », quitte à faire
quelques concessions pour arriver à leurs fins, ce qui sest
révélé très positif.
Comme
le fait remarquer une organisatrice de Cineffable, malgré
tous nos efforts, les événements lesbiens sont bien souvent
ignorés quand ils ne sont pas méprisés, notamment
dans la presse.
- On a beau soigner sa communication, on se heurte toujours au rapport
doppression hommes/femmes.
- Anne Rambach raconte à ce propos quelle a dû
lutter pour imposer le mot « lesbienne » dans le titre de
son essai. Sa maison dédition estimait en effet que ce mot
ne voulait rien dire et ne renvoyait à aucune réalité
concrète.
Pour
une personne du public, les gays ont su exploiter le mot « gay »,
et en ont fait un terme très positif pour donner deux une
bonne image.
Mais dautres sont davis que, quel que soit le nom utilisé,
la lesbophobie resterait la même.
- Le militantisme prend un nouveau visage grâce à la généralisation
des moyens informatiques, PAO, Internet
Cela nimplique
pas de se « compromettre », de devenir commercial. On peut
se donner les moyens financiers dorganiser un événement
ambitieux tout en restant très militantes.
- Les lesbiennes hésitent à se montrer dans les médias
parce quil est difficile de contrôler son image, mais certaines
pensent que lessentiel est de se rendre visibles.
Anne
et Marine Rambach ont suivi des stages de communication destinés
aux personnes en relation avec les médias.
- Daprès A. Rambach, il faut apprendre les techniques
de communication pour savoir répondre aux questions pièges
et ainsi maîtriser son image.
Une
personne du public évoque la Marche lesbienne, organisée
la veille de la Marche des Fiertés LGBT, qui mériterait,
selon elle, une meilleure communication.
- Lidée est lancée dorganiser des stages de
communication avec les médias.
Maryse
Lourmière constate quaprès des années de
militance commune avec les féministes hétéros et
les gays, les lesbiennes se sont retrouvées niées en tant
que lesbiennes dans le mouvement féministe et en tant que femme
avec les gays.
Elles doivent à présent se regrouper. Sur la différence
entre action individuelle et action collective, abordée par le
public, limportance des luttes collectives a été réaffirmée.
- Si lon peut se dire « lesbienne » aujourdhui,
cest grâce aux mouvements collectifs. La conscience collective
nourrit la conscience individuelle. Beaucoup de lesbiennes, face à
des circonstances difficiles, ne vivent pas encore leur lesbianisme ouvertement
et vont chercher des forces dans les groupes.
- Il y a complémentarité entre ce que chacune fait de son
côté pour exister en tant que lesbienne et ce que nous pouvons
faire ensemble. Plus on est visibles dans différentes parties de
la société, plus cela peut avoir une action globale.
Catherine
Florian, dans le public, signale que pour ouvrir la nouvelle librairie
Violette and co, elle sest heurtée «
au système » et notamment aux banques dans lesquelles on
entend sur les lesbiennes des réflexions épouvantables.
Maryse
Lourmière évoque la dynamique
des réseaux qui sont en train de se constituer, par exemple celui
de lesbiennes artistes, initié à Nancy par, entre
autres, la danseuse Hélène Marquié.
Il existe deux raisons
à linvisibilité.
- La première vient de notre difficulté à utiliser
les techniques de communication et à nous imposer dans le domaine
militant comme professionnel,
- et la seconde, plus difficile à maîtriser, est due à
une misogynie et à une lesbophobie encore très vivaces.
Nous faisons face à une invisibilisation systématique et
persistante dans tous les secteurs de la société. Pour la
battre en brèche, nous devons rester vigilantes aussi bien dans
le domaine militant, privé que commercial.
Développer et multiplier les initiatives, les événements,
tout en restant solidaires. Une initiative nen empêche pas
une autre, tout peut co-exister, tout senrichit et donne de la force,
tout peut concourir à diffuser la culture lesbienne. "
.
|
février
2003 : Têtu
n° 75 : Agenda n° 26 (page 6) > par Xavier Héraud
et Jérome Gac
http://www.tetu.com/index.php?set_language=en&cccpage=anciens_numeros_2003
|
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INFOS
Paris : Polémique autour du Centre d'Archives
.
Les lesbiennes sont-elles
mises à l'écart du futur Centre d'Archives et de Documentation
des Homosexualités de Paris ?
- C'est en tout cas ce qu'estime le groupe Archilesb
!, qui a lancé une pétition sur ce thème
à la fin du mois d'octobre dernier.
- Depuis, la polémique fait rage. Retour sur le psychodrame de
cet hiver, avec les protagonistes du débat.
.
Tout est parti d'une
pétition lancée par Archilesb !, un groupe
informel à la tête duquel se trouvent la sociologue Marie-Hélène
Bourcier et l'historienne Marie-Jo Bonnet, lors du dernier
festival Cinéffable, en octobre dernier.
Au Coeur du débat,
- la petite place accordée aux lesbiennes
dans le projet du futur Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles
de Paris (CADHP), piloté par Jean Le Bitoux
et Christopher Miles,
- et cette phrase, extraite de son dossier de présentation
: «Dans un premier temps, le fonds d'archives
concernera majoritairement l'homosexualité masculine, pour des
raisons historiques».
Archilesb !,
dans sa pétition, qui a recueilli à ce jour environ 1 000
signatures, répond : «C'est bien méconnaître
l'histoire des mouvements sociaux liés aux politiques sexuelles,
qui trouvent leur enracinement dans les cultures féministe et lesbienne,
et ce dès les années 70 en France.»
- Marie-Hélène
Bourcier faisait pourtant partie du projet à ses débuts,
mais elle avait rapidement claqué la porte.
- La Mairie de Paris, qui a attribué une subvention de 100
000 euros au Centre, a elle aussi été contactée.
- Dans une lettre à Anne Hidalgo, première adjointe
au Maire de Paris, Marie-Jo Bonnet fait part
de son indignation.
.
C'est
un article de «Libération» qui met
le feu aux poudres.
Démentis, mails «forwardés», rumeurs fusent
alors de partout.
Mais c'est un article
paru dans Libération du 7 décembre dernier,
intitulé «Des lesbiennes en guerre
contre le machisme gay», reprenant cette info, qui met le
feu aux poudres.
Démentis, mails
«forwardés», rumeurs, attaques personnelles fusent
alors dans la communauté homo. Chacun choisit son camp.
.
La polémique
atteint son climax avec l'apparition d'un groupuscule «énervé»,
le Commando des Lesbiennes Insoumises et Transgressives (CLIT).
- Ce petit groupe fait parvenir quotidiennement
à Marie-Hélène Bourcier et à Marie-Jo
Bonnet [et aussi à la journaliste Blandine Grosjean,
auteure de l'article dans Libération],
cinq jours de suite, des lettres anonymes contenant un tampon usagé.
- Au cinquième jour, Marie-Jo Bonnet reçoit une lettre
dénonçant la stratégie de victimisation d'Archilesb
!.
- L'historienne porte plainte, et Marie-Hélène Bourcier
précise qu'elle compte faire de même.
.
Le 12 décembre, Jean Le Bitoux et Christopher Miles
sortent de leur silence et envoient un communiqué à la
presse.
Se défendant
de tout «machisme», le CADHP
conteste les chiffres avancés par Archilesb ! : 5
femmes seulement sur les 59 participants investis dans le projet
:
- «Ces chiffres sont erronés: le comité de soutien
compte 35 noms, dont une dizaine de femmes.»
- Et de souligner que le projet est toujours en phase de
préfiguration, et qu'il le restera encore de dix-huit à
vingt-quatre mois.
Christopher Miles,
président du projet, confie avoir vécu «amèrement»
les attaques dont le Centre a fait l'objet. Pour
ce qui concerne les «raisons historiques» invoquées
dans le dossier de présentation du projet, il persiste
et signe :
- « La majorité des documents concernant l'homosexualité
à la fin du XIXe siècle sont des documents pénaux
ou médicaux.
- L'homosexualité féminine n'étant pas pénalisée,
ces documents parlent uniquement d'homosexualité masculine.»
.
«Par
ailleurs, ajoute Jean Le Bitoux, nous avons contacté les
Archives Lesbiennes
[Archives Recherches Cultures Lesbiennes (ARCL)]
pour obtenir les doubles des documents qu'elles possèdent.»
.
«Beaucoup
de bruit pour rien, finalement», conclut Philippe Lasnier,
conseiller de Bertrand Delanoë, notamment sur les
questions homosexuelles, qui rejette toute mise en cause de la Mairie
[de Paris] :
- «Comme promis début 2001 par Bertrand Delanoë,
ce projet mixte a été soutenu grâce
à un vote consensuel en septembre 2002.
- Mais la vie interne d'une association n'est pas de notre ressort.»
.
Archilesb !,
en tout cas, ne compte pas en rester là, comme l'explique Marie-Hélène
Bourcier :
- «Archilesb! comme Vigitrans
[groupe trans qui soutient la pétition d'Archilesb
!] demandent à ce que soit organisée
une réunion de mise à plat des objectifs scientifiques et
de l'organisation de la préfiguration du Centre en
présence d'un référent de la Mairie
[de Paris].
- Autant de trans que de lesbiennes et de gays dans les instances, qu'il
s'agisse du Comité de pilotage ou du Comité d'administration
de l'association.
- Archilesb ! et Vigitrans feront des propositions
en ce sens, ainsi qu'en matière d'animation de la réflexion
sur la notion d'archives».
Et la sociologue de
prévenir :
- «Le CADHP doit apprendre à
travailler avec toutes celles et ceux qui le veulent et ont des compétences,
et cesser de se comporter en petit chef.
- Le Centre ne se fera pas sans nous !»
.
«Pour
l'instant, rappelle Christopher Miles, nous n'avons pratiquement
pas commencé la collecte d'archives.»
Jean
Le Bitoux précise que le Centre,
loin d'être opérationnel, est toujours à la recherche
d'un local.
- Et le cofondateur de Gai Pied d'appeler de ses voeux la
fin de la polémique :
- «Travailler sur les archives demande un minimum de sérénité.»
.
|
7 12 2002 : quotidien
Libération > par Blandine Grosjean
http://www.liberation.com/page.php?Article=72664
8.12.02 : tassedethe.com
http://tassedethe.com/cadres/souscadre/webzinfos/dossier%205.htm
|
.
Des lesbiennes parisiennes contre "le machisme
gay" :
Elles s'estiment exclues du projet de Centre d'Archives Homosexuelles
.
Une partie
du mouvement lesbien est en guerre ouverte contre
« le pouvoir gay hégémonique et normatif
» qui sévirait à Paris, notamment à
l'Hôtel de Ville.
Les accusations
de « misogynie antiféministe » visant des gays «
dominateurs, fonctionnant par copinage » provoquent en retour celles
de « lesbiennes hystériques enfermées dans une perpétuelle
victimologie ».
Objet
de cette poussée phobique : le futur Centre d'Archives et
de Documentation Homosexuelles [de Paris], qui vient d'obtenir
une subvention de 100 000 euros de la municipalité.
.
Remontée.
Deux
lesbiennes historiques, chercheuses incontournables du mouvement, Marie-Hélène
Bourcier et Marie-Jo Bonnet accusent la Mairie et le
promoteur du Centre, Jean Le Bitoux, d'avoir exclu
les lesbiennes du projet.
- Elles dénoncent la composition du comité de pilotage :
5 femmes sur 59 participants.
- Elles pointent la bibliographie qui ne fait référence
qu'à deux ouvrages rédigés par des femmes, l'un américain
et l'autre traitant de l'homosexualité masculine.
- Elles ont aussi du mal à digérer un passage de la présentation
: « Il est probable que, dans un premier temps, le fonds d'archives
concernera majoritairement l'homosexualité masculine pour des raisons
historiques. »
Marie-Hélène
Bourcier a lancé une pétition
qui a déjà recueilli 700 signatures, dont celles
d'Act Up, de la Coordination Lesbienne [en
France (CLF)], d'élues vertes de la capitale.
Marie-Jo
Bonnet a écrit une lettre très
remontée à la première adjointe, Anne
Hidalgo, chargée de la parité : «
Il n'est pas normal qu'il suffise qu'un projet soit présenté
par Christophe Girard [adjoint vert à la culture
et gay, ndlr] pour obtenir immédiatement de l'argent. »
.
La générosité
de la municipalité a réveillé les rivalités.
Le Centre d'Archives est devenu "le" poste stratégique
pour exister. Il sera
- un lieu de conservation de la mémoire,
- un espace de ressources documentaires
- et un outil de recherche
à l'instar des archives d'autres capitales occidentales.
Bertrand
Delanoë l'a voulu et, à la
Mairie, on explique, énervé par cette querelle, que
« seule compte la qualité scientifique du projet soutenu
par les grosses structures homosexuelles ».
Nathalie Rubel
de la Coordination Lesbienne [en France (CLF)]
est persuadée que Jean Le Bitoux n'a pas exclu "sciemment"
les lesbiennes : « Il ne se rend pas compte
qu'il a tout pensé au masculin, tout construit autour de ses affinités
personnelles, qui sont masculines. »
.
Alibi.
Pour
les féministes de Prochoix, le Centre d'Archives
sera gay : « L'ajout du mot lesbien est un alibi.»
- L'association ne se joint pas à cette protestation,
- « mais si la Mairie persiste à refuser une subvention
au Festival Lesbien Cinéffable, alors qu'elle a accordé
30 000 euros au Festival [de Films] Gay
et Lesbien [de Paris (FFGLP)] qui
est 100 % gay, alors nous dénoncerons ce pouvoir gay parisien.
»
René-Paul
Leraton, membre du comité de soutien du Centre d'Archives,
reste zen : « Les lesbiennes historiques ont l'habitude de s'en
prendre aux seuls mecs qu'elles ont sous la main : les pédés
».
.
|
2
11 2002 : 14ème festival CinéFfable > débat
http://cineffable.free.fr/p_14assol.htm
|
.
Quelle
place pour la culture lesbienne en France ?
.
Discussion
sur la place de la culture lesbienne en France et plus particulièrement
sur les relations entre les associations lesbiennes et les différents
partenaires institutionnels quelles sont amenées à
rencontrer.
La
discussion avait lieu en présence de
- Nicole Azzaro, conseillère de Paris,
- Marie-Jo Bonnet, chercheuse et historienne,
- Marie-Hélène Bourcier, sociologue et membre dArchilesb
!,
- Michèle Larrouy, Margot Meynier et Lydie Rauzier
des Archives recherches et cultures lesbiennes (ARCL),
- Fabienne Leleux, adjointe au Maire du Xe arrondissement de Paris,
- Sylvie Meinier, présidente de lassociation grenobloise
Les Voies dElles,
- et Nathalie Rubel, coprésidente de la Coordination
Lesbienne en France.
Le débat sarticulait
autour dune présentation de chaque intervenante puis dune
discussion avec le public.
Traditionnellement,
Cineffable propose des débats qui suivent les thématiques
abordées dans les films programmés.
.
Mais
cette année, Cineffable a vécu, dans le cadre
dune demande de subvention, une situation difficile et assez décevante
avec la Mairie de Paris.
Il apparaissait clairement
que ce nétait pas seulement Cineffable,
festival de films, qui était malmené mais Cineffable,
association lesbienne et en définitive toute la culture lesbienne
qui nétait ni soutenue ni reconnue par la Mairie de Paris.
.
Lannonce du
débat sur nos différents supports évoquait le Festival
[de Films] Gay et Lesbien de Paris qui avait bénéficié
courant 2002 de la reconduction dune subvention municipale de 30
000 euros.
Cineffable
demandait une subvention à la Mairie de Paris au même
titre que le Festival [de Films] Gay
et Lesbien, dont nous avons toujours respecté le
travail et dont nous nous sommes toujours montrées solidaires.
.
Lassociation
Cineffable contacte la Mairie de Paris en juillet
2001 parce que le festival, qui na pas de lieu pour sa 14e édition,
cherche une aide logistique.
- Mais
lassociation peine à trouver un interlocuteur et à
obtenir un rendez-vous,
y compris avec Philippe Lasnier, chargé des relations
avec le milieu gay et lesbien.
- Au bout de quelques mois, un chargé de mission reçoit
une représentante, lui annonce que la Mairie na
aucune salle à proposer et lui conseille de remplir un dossier
de demande de subvention qui permettrait de louer un lieu plus cher.
Le
dossier est envoyé à Régine Hatchondo,
directrice du service cinéma de la Mairie
à qui
lon demande un rendez-vous.
- Durant la conversation, elle apprendra que Cineffable
organise deux festivals de films lesbiens mais ne saura rien du caractère
non-mixte du festival doctobre.
- Elle refuse de nous accorder plus de cinq minutes et nous conseille
daller plutôt demander une subvention au CNC.
En
juillet 2002, nous apprenons que la subvention est refusée,
officiellement par manque de crédit.
.
Cineffable,
organisatrice dun événement ambitieux, de qualité
et qui enregistre en moyenne 9000 entrées par an, est scandalisée.
Elle
mobilise des personnalités,
- Caroline Fourest de lassociation Prochoix,
- Marie-Jo Bonnet,
- Clémentine Autain, chargée de la jeunesse
et des sports à la Mairie de Paris,
- Fabienne Leleux, adjointe au maire du Xe arrondissement
de Paris,
qui font remonter son indignation aux services
de la Mairie.
Finalement
en septembre 2002, Cineffable est reçue par Philippe
Lasnier qui « pense quune subvention est possible
en 2003 ».
.
Michèle
Larrouy, Margot Meynier et Lydie
Rauzier
des Archives recherches et cultures lesbiennes (ARCL)
:
«Les Archives
sont créées en 1984 (à partir dun projet démarré
en 82) et sont accueillies depuis 1994 à la Maison des femmes
de Paris qui héberge une quinzaine dassociations
féministes et lesbiennes grâce aux subventions quelle
reçoit.
- Les locaux des ARCL sont ouverts tous les mardis et sur
rendez-vous.
- Elles suivent une politique de non-mixité assumée, comme
bien dautres associations qui se créent encore aujourdhui.
Le travail des militantes
bénévoles, les dons des individues et des associations permettent
aux Archives de vivre sans subvention.
Dès 1985-87,
elles demandent des subventions ministérielles au moment où
le gouvernement est dit de gauche. Les demandes sont rejetées car
les archives sont non-mixtes.
Depuis trois ans,
elles demandent des subventions aux noms des trois centres darchives
féministes et lesbiens hébergés à la Maison
des femmes, afin de créer des postes et des vacations.
Elles nont obtenu que 20 000 francs.
Lors
de rendez-vous à la Mairie de Paris, Philippe
Lasnier les décourage car un centre darchives
gay et lesbien se crée.
Elles
sétonnent quun centre nouveau puisse se voir allouer
si rapidement des subventions alors que dautres associations qui
existent depuis très longtemps sont découragées dans
leurs démarches.
- Comment le milieu
lesbien envisage-t-il de soutenir les archives lesbiennes ?
- Comment interpeller les politiques en France comme les lesbiennes
non-mixtes peuvent le faire en Hollande ou en Allemagne
?
- Que faire alors que de nombreuses associations féministes vont
perdre la moitié de leurs subventions dici deux ans ?»
.
Marie-Hélène
Bourcier est sociologue et membre dArchilesb,
un groupe qui existe depuis un an et qui se donne pour objectif de réfléchir
à la notion darchives des minorités :
« Réflexion
qui napparaît pas dans le dossier de présentation du
projet de centre darchives des homosexualités
mené par Christopher Miles et Jean Le Bitoux.
-
Ce dossier annonce 59 participants dont 5 femmes, inconnues pour la plupart.
La vice-présidente est hétéro
et universitaire avec une vision dhistorienne non militante.
- Le dossier déclare que
« pour des raisons historiques », les archives seront principalement
masculines.
- Beaucoup de
noms sont cités mais toutes les personnes nont pas été
prévenues.
- Le
projet exclut la problématique trans.
M. Le Bitoux
propose à Marie-Hélène Bourcier de participer
mais elle refuse de cautionner ce projet dans létat où
il est.
Une
subvention de 100 000 euros est accordée par la Mairie de Paris
à lautomne 2002.
- Il est inadmissible
quune spécialiste de lhistoire des lesbiennes comme
Marie-Jo Bonnet et que toutes les historiennes féministes
soient exclues.
- Archilesb ! se donne pour mission de réfléchir
à des archives vivantes, basées par exemple sur des interviews
parce que les lesbiennes ne sont pas forcément présentes
dans des archives institutionnelles et officielles.
- Clémentine
Autain est la seule en plein conseil de Paris à
avoir rappelé limportance de la parité et à
avoir prononcé le mot « lesbienne ».
La pétition
dArchilesb ["Pour que cesse l'exclusion des lesbiennes
dans le projet du futur CADHP"] est lancée au 14e
festival Quand les lesbiennes se font du cinéma.»
.
Nathalie
Rubel co-présidente
de la Coordination Lesbienne en France :
«
La CLF regroupe une vingtaine dassociations lesbiennes
de toute la France.
- Son objectif est de partager expériences et initiatives durant
les grandes rencontres de printemps et les forums associatifs,
de visibiliser les lesbiennes, défendre leurs droits et lutter
contre la lesbophobie.
-
La CLF
a constitué un dossier de témoignages et de propositions
de lois contre la lesbophobie, qui a été remis à
des élus, des candidats aux élections législatives,
à des personnes politiques.
La CLF intègre maintenant un réseau européen.
Nathalie Rubel évoque la lesbophobie des institutions et
des politiques qui insistent sur le fait que « notre société
est fondée sur la famille et sur la différence entre les
sexes pour la reproduction ».
Les
lesbiennes sont tolérées mais marginales.
- Les administratifs enterrent souvent leurs dossiers quils considèrent
comme très secondaires.
- Ils privilégient la mixité qui se prétend universelle
alors quil sagit souvent de projets portés par des
gays essentiellement.
Certaines lesbiennes,
sous le poids du patriarcat, éprouvent des difficultés lors
de démarches concrètes de peur de se visibiliser. Elles
se méfient des institutions qui ont souvent été oppressives.
La tentation est grande
dêtre indépendantes en révisant ses moyens à
la baisse et en étant inventives.
- Mais les contacts ne servent pas seulement à demander de largent.
- Il
sagit de se faire connaître en tant que citoyennes à
part entière.
Les lesbiennes paient des impôts, largent public doit leur
revenir aussi.
Le Centre Evolutif
Lilith de Marseille, pour son projet de santé lesbienne,
a contacté un certain nombre de délégations et dinstitutions.
- Elles ont obtenu un bon retour financier pour établir un service
découte, pour mener des projets de dépistages des
cancers gynécologiques, pour mener des campagnes de préventions
auprès du public et des gynécologues. »
.
Sylvie
Meinier, présidente
de lassociation grenobloise Les Voies dElles
:
Les Voies dElles
étaient chargées dorganiser la rencontre de printemps
de la Coordination lesbienne en France (CLF).
- Elles ont
décidé de concrétiser les réflexions dune
des commissions de la CLF « précarité
économique et patriarcat » et de proposer un hébergement
au pro rata des revenus de chacune afin quun maximum de femmes puissent
y aller, y compris les plus démunies.
- Si lon
estime que le revenu moyen net dune femme est dun peu plus
de 1000 euros par mois, il fallait offrir à chacune 6,86% dun
revenu mensuel, impôt déduit.
Les
Voies dElles devaient donc
trouver des subventions afin de ne pas amputer le budget de la CLF.
- Elles contactent la délégation aux Droits des femmes
: la réponse est négative.
Le conseil général de LIsère
accorde 1000 euros mais rapporte les réflexions vexantes des autres
élus.
- La Ddass accorde 457,35 euros.
- La Mairie donne 1000 euros juste avant la rencontre.
Elles
sont contactées par les Renseignements généraux
qui veulent savoir pourquoi elles demandent une subvention à la
délégation Jeunesse et Sport.
- Elles sont
à deux reprises confondues avec des associations mixtes, signe
dun acte manqué ou dun manque de visibilité.
- Elles constatent que la non-mixité nest pas bien acceptée.
.
Marie-Jo
Bonnet, chercheuse et historienne :
«
Ce qui est remis en question avec la non-mixité, cest lautonomie
des femmes et des lesbiennes.
De plus, nous sommes
dans une démocratie représentative qui développe
des systèmes de contrôle.
- Demander de largent, cest une dépendance. On peut
nous demander une certaine forme dallégeance et on se sent
aussi obligées de faire allégeance.
- Ce ne sont
pas les femmes qui contrôlent largent et elles gagnent généralement
moins que les hommes.
Les
associations de femmes ne font pas de déficit et sont bonnes gestionnaires.
- En 1997, les Assises pour les droits des femmes avaient
un budget de 451 500 francs et ont engendré des bénéfices
de 65 000 francs.
- En 96, la LGP (Lesbian and Gay Pride, organisatrice
de la marche des fiertés) a fait un déficit
de 1,70 million de francs.
Les
disparités des subventions accordées aux gays et aux lesbiennes
ou aux femmes sont une injustice.
Il y a aussi la question
du mot « lesbienne » qui nest pratiquement jamais prononcé
comme par exemple au moment du débat sur le PACS.
- Les femmes
peuvent sassocier mais elles doivent se taire.
- Les femmes sont nettement en retard dans la démocratie, elles
ny participent que depuis cinquante ans.
- Comme la démocratie est censée être représentative,
si les lesbiennes ne sont pas représentées
par les élus, cela veut dire que la démocratie ne représente
pas tout le monde. »
.
Nicole
Azzaro, Conseillère de Paris
Quest-ce
que le Conseil de Paris ?
- « Au cours des élections municipales, on élit les
conseillers municipaux et les conseillers darrondissement,
soit 163 élus, dont le Maire de Paris et chacun des
20 maires darrondissement.
- Le Conseil de Paris prend des décisions et vote
les 500 projets de délibération environ par mois pendant
deux journées très denses.»
Nicole Azzaro
est élue du IXe où elle soccupe de la voirie, de la
propreté, des jardins, des transports.
- Nicole Azzaro rappelle quil ne faut
pas hésiter à aller chercher les élus et à
demander des rendez-vous.
- «
Les élus ne reçoivent que des projets de délibération
ou des projets aboutis. Au moment du vote, ils peuvent éventuellement
étudier les comptes prévisionnels et demander une subvention
plus importante.
- Mais lidéal
est quils soient avertis en amont afin dappeler les adjoints
et de senquérir de létat des dossiers.
Ensuite, il est important
de dépenser lintégralité dune subvention
accordée. Sinon, cela veut dire que lassociation a trop demandé.
»
.
Fabienne
Leleux, adjointe au Maire du
Xe arrondissement de Paris
« Il faut aller
à la pêche aux informations et surtout solliciter les élus
même ceux qui ne sont pas en charge des questions concernées.
On peut assister aux
conseils darrondissement.
- Les associations peuvent poser des questions par écrit aux élus
lors de plates-formes associatives.
- Les élus sont tenus dy répondre dans un délai
dune semaine.
On peut émettre
un vu et la réponse peut être une forme dengagement.
- Lors
dune demande de subvention, les administratifs peuvent bloquer un
dossier.
- On peut alors interpeller un élu qui contactera ceux qui sont
en charge du dossier.
Les élus sengagent
lors des élections, il faut le leur rappeler.
- Quand un élu soutient des dossiers, cest quil y croit
vraiment.
- Donc il ny a pas à craindre dallégeance. »
.
Discussion
:
*
Michelle Larrouy dit que «le courant des lesbiennes non-mixtes
est un courant politique.
- Il nest pas reconnu dans la sphère politique et pas seulement
à un niveau administratif.
- On refuse dentendre que le lesbianisme nest pas seulement
une sexualité mais une mouvance politique de résistance
avec une construction de solidarité.
- Faut-il dans ce contexte se résoudre à lautogestion
?»
*
Fabienne Leleux ne croit guère à une «classe»
lesbienne mais à des citoyennes engagées.
- Elle incite les lesbiennes à sengager en politique.
- Elle reconnaît que la non-mixité pose problème.
Il faut savoir alors convaincre les plus réticents, trouver des
termes précis politiquement.
- Elle a été sensible pendant les interventions aux termes
«autonomie», «indépendance», «pouvoir
dexpression».
*
Marie-Hélène Bourcier remarque que la culture féministe
nest pas présente dans les services de la Mairie de Paris.
- «Il faut une interlocutrice lesbienne qui
connaît la culture lesbienne et qui sait que la culture non-mixte
lesbienne représente les trois quarts de la culture lesbienne.
- On na pas à se justifier. On parle de parité culturelle.
- La non-mixité est aussi très présente
chez les gays. Lidentité gay est en train de devenir hégémonique
économiquement.»
*
Une femme rejoint ces propos : «La communauté gay a moins
à se battre. Les gays en France ne se remettent pas en question
par rapport au sexisme.
- Ici, contrairement à lAllemagne, les féministes
se sont désolidarisées des lesbiennes.
- En France, on parle dégalité, nous sommes
tous égaux donc on ignore les différences.
- En Allemagne, les lieux non-mixtes ne sappellent pas «non-mixtes»
mais «lieux de femmes lesbiennes».
- La non-mixité peut-elle devenir une expression de non-visibilité
?
- Ici, le terme «lesbienne» seul est très courageux,
est-ce aussi se mettre en minorité ?»
*
Une femme reprend : Cineffable existe depuis quatorze ans.
- Si lon multiplie ces années dexistence par le nombre
de femmes présentes au festival, on obtient le nombre dhabitants
dune petite ville.
- Il ny a pas à se justifier. Si nous sommes en démocratie,
on doit nous aider aussi.
*
Autre intervention : «Les lesbiennes sont refusées par la
droite car lesbiennes, refusées par la gauche car non-mixtes. Il
ny a que des sens interdits partout !
- Combien donne-t-on
aux hommes ? Combien nous donne-t-on ?
- Il faut comparer la superficie des lieux des uns et des autres.
- Il faut autant pour les hommes que pour les femmes.»
*
Nathalie Rubel : «On accorde beaucoup dargent aux gays
pour la communication qui représente souvent la moitié du
budget dun événement.
- Les lesbiennes communiquent peut-être trop peu.»
*
Une organisatrice de Cineffable : «Cineffable
enregistre 9000 entrées par an (durant ses deux festivals), ce
qui est un excellent résultat pour un événement culturel,
pourtant cela nintéresse pas nos interlocuteurs.
- Cineffable organise un festival mixte en juin mais cela
ne change rien pour eux.
- Nous sommes prêtes à expliquer notre
démarche mais on refuse de nous entendre.
- Cest la preuve que notre société est encore très
lesbophobe.»
*
Une femme note : «Il y a aussi des lesbiennes dans les associations
mixtes, il ne faut pas loublier.»
*
Marie-Jo Bonnet : «Dans les associations qui se disent gays
et lesbiennes et qui ne représentent que les gays, les lesbiennes
sont les alibis universalistes des gays.»
*
Florence Fradelizi, organisatrice du festival gay et lesbien
de Paris : Elle nest pas un alibi dans léquipe
du festival, elle soccupe de la programmation des films lesbiens
et des demandes de subvention.
- Elle remarque larrivée dune certaine «pédocratie»
:
- «Certains gays se servent des associations
pour acquérir une notoriété, obtenir des contacts,
servir leurs propres intérêts politiques et profiter des
subventions.»
*
Nathalie Rubel : «LInter-associatif LGBT,
organisateur des marches des fiertés LGBT, devient
de plus en plus féministe.
- Cest pour cela dailleurs que de nombreuses associations
lesbiennes lont rejoint.
- Cest aussi à nous de prendre notre place.»
*
Suzette Triton : «Largent alloué aux gays est
un vrai problème. Les projets mixtes sont soutenus. Les autres
sont découragés.
- Les lesbiennes non-mixtes portent aussi un projet politique qui fait
peur.
- Les institutions ne veulent pas mettre dargent dans un projet
lesbien.
- La Mairie défend la parité
dans ses services mais elle subventionne un projet sans parité,
le centre darchives des homosexualités de Le
Bitoux qui ne consulte pas les archives gays et lesbiennes ni les
archives féministes déjà existantes.
- Il ny a pas non plus de femmes hauts responsables dans ce
projet darchives qui se crée.»
*
Esther : «Nous devons avoir des stratégies autonomes,
avec nos propres forces, nos moyens et nos façons différentes
dexister et arrêter de reproduire ce que font les gays puisque
ce nest pas possible.»
*
Michelle Larrouy : «Il faut continuer lautogestion
et linterpellation locale de nos représentants.
- Il faut être un groupe de pression. Si nous cessons de faire pression,
nous mourrons.
- Beaucoup dassociations partout en France sont contre la
structure élitiste mise en place dans ce centre darchives
des homosexualités.»
*
Marie-Hélène Bourcier : «La pétition
contre lexclusion des trans et des lesbiennes dans le projet
des archives des homosexualités est aussi signée
par des gays qui contestent ce mode de fonctionnement où, dans
le meilleur des cas, certains gays placent 3 ou 4 trans dans leurs projets,
à condition quils aient une politique assimilationiste.
- Comment Le Bitoux a pu présenter ce dossier de création
darchives et croire que ça passerait ?
- Comment certains responsables dassociations, comme à linter-LGBT,
ont pu valider ce dossier et y voir une «différence structurelle
?»
*
Margot Meynier : «Les deux archives, mixte et non-mixte,
ne sont pas antinomiques.
- Les lesbiennes et les trans doivent se battre
pour être représentés autant que les gays dans le
projet darchives mixtes.»
*
Nicole Azzaro propose de demander le listing des subventions accordées
aux associations gays et aux associations lesbiennes pour voir sil
y a une parité et de réfléchir à comment on
peut rétablir une certaine égalité.
*
Fabienne Leleux relève limportance de ce genre de
rencontre qui va lui permettre dorénavant davoir dautres
types de réflexes.
- En tant quélue, elle na pas toutes les informations
et ne connaît que les projets soutenus par la Mairie.
- Selon elle, il faut beaucoup plus solliciter les élus.
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10 2002 : illico n° 64 (page 28) > par Valérie
Caillon
http://www.e-llico.com/content.php?section=actu&id=1127&start=1 |
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14ème Cineffable, Festival
de cinéma lesbien non mixte
Plein feux sur le couple
Pour sa 14e édition,
le Festival de Films lesbiens de Paris aura lieu au Trianon
à Pigalle. Sacré challenge que dorganiser lévénement
dans le quartier le plus chaud de la capitale au milieu des peep-shows
et des cinémas pornos.
Comme chaque année,
la question récurrente se pose : pourquoi un festival non-mixte
?
- Toutes les réponses sont sur le site http://cineffable.free.fr
riche en contenu.
- Et pour ceux que les films intéressent, un "Best of
mixte" ouvert à tous est organisé chaque année
au moment de la Gay Pride.
Au programme cette
année, plus de soixante-dix films de quinze pays différents
dont beaucoup tournent autour du couple.
- Dans "Le matin : lamour en 4 actes", des célibataires
et des couples évoquent leurs façons de voir les relations
amoureuses.
- "Bang, Bang, je taime, je taime" est la rencontre,
entre séduction et affrontement, dune conductrice de taxi
et de sa passagère.
- Dans un univers shakespearien Haiku et Julie actrices vivent un amour
passionné. Mais Julie est mariée et Haiku planifie son empoisonnement
("The strawberry harvest").
"Kraina Alicji",
décrit le périple de deux jeunes amies qui décident
de larguer les amarres. Et "The box", filme les tribulations
de deux lesbiennes en Chine : passé, vie de couple et polygamie.
"Ruthie et Connie" nous fait découvrir la vie heureuse
dun couple de mamies juives américaines et Jamie Babbit,
réalisatrice de "But Im a cheerleader" revient
avec "Stuck", un court sur le train-train matinal de deux lesbiennes
âgées réalisant quelles nont plus grand
chose en commun.
Le thème "homosexualité
et famille" est également traité dans deux films américains
:
- "Treading water", en film douverture,
- et "A family affair".
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Côté
débats, on pourra discuter sur "lauto-production lesbienne"
ou le "rapport entre féminisme, lesbianisme et prostitution"
à moins que lon préfère sintéresser
à lhistoire du vibro ("Turn me on").
Les guest stars :
Jennifer Miller, célèbre femme à barbe, et figure
emblématique de la scène culturelle alternative new-yorkaise
sera là pour deux films qui lui sont consacrés et Maria
Betty, dans un autre registre (celui du sm-soft) pour présenter
ses nouveaux films.
Ce
festival riche se déroule pourtant dans un contexte
financier difficile :
- à lheure où nous imprimons, le service cinéma
de la Mairie de Paris lui a refusé une subvention (alors
que 30 000 euros ont été accordés au Festival
[de Films] Gay et Lesbien [de
Paris (FFGLP)].
- Choquée, l'association
[Cinéffable] a la ferme
intention d'obtenir par tous les moyens un réexamen du dossier
au nom de la parité culturelle.
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