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2 11 2002 : 14ème festival CinéFfable > débat
http://cineffable.free.fr/p_14assol.htm

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Quelle place pour la culture lesbienne en France ?
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Discussion sur la place de la culture lesbienne en France et plus particulièrement sur les relations entre les associations lesbiennes et les différents partenaires institutionnels qu’elles sont amenées à rencontrer.

La discussion avait lieu en présence de
- Nicole Azzaro, conseillère de Paris,
- Marie-Jo Bonnet, chercheuse et historienne,
- Marie-Hélène Bourcier, sociologue et membre d’Archilesb !,
- Michèle Larrouy, Margot Meynier et Lydie Rauzier des Archives recherches et cultures lesbiennes (ARCL),
- Fabienne Leleux, adjointe au Maire du Xe arrondissement de Paris,
- Sylvie Meinier, présidente de l’association grenobloise Les Voies d’Elles,
- et Nathalie Rubel, coprésidente de la Coordination lesbienne en France.

Le débat s’articulait autour d’une présentation de chaque intervenante puis d’une discussion avec le public.

Traditionnellement, Cineffable propose des débats qui suivent les thématiques abordées dans les films programmés.
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Mais cette année, Cineffable a vécu, dans le cadre d’une demande de subvention, une situation difficile et assez décevante avec la Mairie de Paris.

Il apparaissait clairement que ce n’était pas seulement Cineffable, festival de films, qui était malmené mais Cineffable, association lesbienne et en définitive toute la culture lesbienne qui n’était ni soutenue ni reconnue par la Mairie de Paris.
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L’annonce du débat sur nos différents supports évoquait le Festival [de films] gay et lesbien de Paris qui avait bénéficié courant 2002 de la reconduction d’une subvention municipale de 30 000 euros.

Cineffable demandait une subvention à la Mairie de Paris au même titre que le festival [de films] gay et lesbien, dont nous avons toujours respecté le travail et dont nous nous sommes toujours montrées solidaires.
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L’association Cineffable contacte la Mairie de Paris en juillet 2001 parce que le festival, qui n’a pas de lieu pour sa 14e édition, cherche une aide logistique.
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Mais l’association peine à trouver un interlocuteur et à obtenir un rendez-vous, y compris avec Philippe Lasnier, chargé des relations avec le milieu gay et lesbien.
- Au bout de quelques mois, un chargé de mission reçoit une représentante, lui annonce que la Mairie n’a aucune salle à proposer et lui conseille de remplir un dossier de demande de subvention qui permettrait de louer un lieu plus cher.

Le dossier est envoyé à Régine Hatchondo, directrice du service cinéma de la Mairie à qui l’on demande un rendez-vous.
- Durant la conversation, elle apprendra que Cineffable organise deux festivals de films lesbiens mais ne saura rien du caractère non-mixte du festival d’octobre.
- Elle refuse de nous accorder plus de cinq minutes et nous conseille d’aller plutôt demander une subvention au CNC.

En juillet 2002, nous apprenons que la subvention est refusée, officiellement par manque de crédit.
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Cineffable, organisatrice d’un événement ambitieux, de qualité et qui enregistre en moyenne 9000 entrées par an, est scandalisée.

Elle mobilise des personnalités,
- Caroline Fourest de l’association Prochoix,
- Marie-Jo Bonnet,
- Clémentine Autain, chargée de la jeunesse et des sports à la Mairie de Paris,
- Fabienne Leleux, adjointe au maire du Xe arrondissement de Paris,
qui font remonter son indignation aux services de la Mairie.

Finalement en septembre 2002, Cineffable est reçue par Philippe Lasnier qui « pense qu’une subvention est possible en 2003 ».
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Michèle Larrouy, Margot Meynier et Lydie Rauzier
des Archives recherches et cultures lesbiennes (ARCL) :

«Les Archives sont créées en 1984 (à partir d’un projet démarré en 82) et sont accueillies depuis 1994 à la Maison des femmes de Paris qui héberge une quinzaine d’associations féministes et lesbiennes grâce aux subventions qu’elle reçoit.
- Les locaux des ARCL sont ouverts tous les mardis et sur rendez-vous.
- Elles suivent une politique de non-mixité assumée, comme bien d’autres associations qui se créent encore aujourd’hui.

Le travail des militantes bénévoles, les dons des individues et des associations permettent aux Archives de vivre sans subvention.

Dès 1985-87, elles demandent des subventions ministérielles au moment où le gouvernement est dit de gauche. Les demandes sont rejetées car les archives sont non-mixtes.

Depuis trois ans, elles demandent des subventions aux noms des trois centres d’archives féministes et lesbiens hébergés à la Maison des femmes, afin de créer des postes et des vacations. Elles n’ont obtenu que 20 000 francs.

Lors de rendez-vous à la Mairie de Paris, Philippe Lasnier les décourage car un centre d’archives gay et lesbien se crée.

Elles s’étonnent qu’un centre nouveau puisse se voir allouer si rapidement des subventions alors que d’autres associations qui existent depuis très longtemps sont découragées dans leurs démarches.

- Comment le milieu lesbien envisage-t-il de soutenir les archives lesbiennes ?
- Comment interpeller les politiques en France comme les lesbiennes non-mixtes peuvent le faire en Hollande ou en Allemagne ?
- Que faire alors que de nombreuses associations féministes vont perdre la moitié de leurs subventions d’ici deux ans ?»
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Marie-Hélène Bourcier est sociologue et membre d’Archilesb,
un groupe qui existe depuis un an
et qui se donne pour objectif de réfléchir à la notion d’archives des minorités :

« Réflexion qui n’apparaît pas dans le dossier de présentation du projet de centre d’archives des homosexualités mené par Christopher Miles et Jean Le Bitoux.

- Ce dossier annonce 59 participants dont 5 femmes, inconnues pour la plupart. La vice-présidente est hétéro et universitaire avec une vision d’historienne non militante.
- Le dossier déclare que
« pour des raisons historiques », les archives seront principalement masculines.
- Beaucoup de noms sont cités mais toutes les personnes n’ont pas été prévenues.
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Le projet exclut la problématique trans.

M. Le Bitoux propose à Marie-Hélène Bourcier de participer mais elle refuse de cautionner ce projet dans l’état où il est.

Une subvention de 100 000 euros est accordée par la Mairie de Paris à l’automne 2002.
- Il est inadmissible qu’une spécialiste de l’histoire des lesbiennes comme Marie-Jo Bonnet et que toutes les historiennes féministes soient exclues.
- Archilesb ! se donne pour mission de réfléchir à des archives vivantes, basées par exemple sur des interviews parce que les lesbiennes ne sont pas forcément présentes dans des archives institutionnelles et officielles.
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Clémentine Autain est la seule en plein conseil de Paris à avoir rappelé l’importance de la parité et à avoir prononcé le mot « lesbienne ».

La pétition d’Archilesb ["Pour que cesse l'exclusion des lesbiennes dans le projet du futur CADHP"] est lancée au 14e festival Quand les lesbiennes se font du cinéma
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Nathalie Rubel co-présidente
de la Coordination lesbienne en France :

« La CLF regroupe une vingtaine d’associations lesbiennes de toute la France.
- Son objectif est de partager expériences et initiatives durant les grandes rencontres de printemps et les forums associatifs,
de visibiliser les lesbiennes, défendre leurs droits et lutter contre la lesbophobie.
- La CLF a constitué un dossier de témoignages et de propositions de lois contre la lesbophobie, qui a été remis à des élus, des candidats aux élections législatives, à des personnes politiques.
La CLF intègre maintenant un réseau européen. Nathalie Rubel évoque la lesbophobie des institutions et des politiques qui insistent sur le fait que « notre société est fondée sur la famille et sur la différence entre les sexes pour la reproduction ».

Les lesbiennes sont tolérées mais marginales.
- Les administratifs enterrent souvent leurs dossiers qu’ils considèrent comme très secondaires.
- Ils privilégient la mixité qui se prétend universelle alors qu’il s’agit souvent de projets portés par des gays essentiellement.

Certaines lesbiennes, sous le poids du patriarcat, éprouvent des difficultés lors de démarches concrètes de peur de se visibiliser. Elles se méfient des institutions qui ont souvent été oppressives.

La tentation est grande d’être indépendantes en révisant ses moyens à la baisse et en étant inventives.
- Mais les contacts ne servent pas seulement à demander de l’argent.
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Il s’agit de se faire connaître en tant que citoyennes à part entière. Les lesbiennes paient des impôts, l’argent public doit leur revenir aussi.

Le Centre Evolutif Lilith de Marseille, pour son projet de santé lesbienne, a contacté un certain nombre de délégations et d’institutions.
- Elles ont obtenu un bon retour financier pour établir un service d’écoute, pour mener des projets de dépistages des cancers gynécologiques, pour mener des campagnes de préventions auprès du public et des gynécologues. »
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Sylvie Meinier, présidente
de l’association grenobloise Les Voies d’Elles :

Les Voies d’Elles étaient chargées d’organiser la rencontre de printemps de la Coordination lesbienne en France (CLF).
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Elles ont décidé de concrétiser les réflexions d’une des commissions de la CLF « précarité économique et patriarcat » et de proposer un hébergement au pro rata des revenus de chacune afin qu’un maximum de femmes puissent y aller, y compris les plus démunies.
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Si l’on estime que le revenu moyen net d’une femme est d’un peu plus de 1000 euros par mois, il fallait offrir à chacune 6,86% d’un revenu mensuel, impôt déduit.

Les Voies d’Elles devaient donc trouver des subventions afin de ne pas amputer le budget de la CLF.
- Elles contactent la délégation aux Droits des femmes : la réponse est négative.
Le conseil général de L’Isère accorde 1000 euros mais rapporte les réflexions vexantes des autres élus.
- La Ddass accorde 457,35 euros.
- La Mairie donne 1000 euros juste avant la rencontre.

Elles sont contactées par les Renseignements généraux qui veulent savoir pourquoi elles demandent une subvention à la délégation Jeunesse et Sport.
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Elles sont à deux reprises confondues avec des associations mixtes, signe d’un acte manqué ou d’un manque de visibilité.
- Elles constatent que la non-mixité n’est pas bien acceptée.
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Marie-Jo Bonnet,
chercheuse et historienne :

« Ce qui est remis en question avec la non-mixité, c’est l’autonomie des femmes et des lesbiennes.

De plus, nous sommes dans une démocratie représentative qui développe des systèmes de contrôle.
- Demander de l’argent, c’est une dépendance. On peut nous demander une certaine forme d’allégeance et on se sent aussi obligées de faire allégeance.
-
Ce ne sont pas les femmes qui contrôlent l’argent et elles gagnent généralement moins que les hommes.

Les associations de femmes ne font pas de déficit et sont bonnes gestionnaires.
- En 1997, les Assises pour les droits des femmes avaient un budget de 451 500 francs et ont engendré des bénéfices de 65 000 francs.
- En 96, la LGP (Lesbian and Gay Pride, organisatrice de la marche des fiertés) a fait un déficit de 1,70 million de francs.

Les disparités des subventions accordées aux gays et aux lesbiennes ou aux femmes sont une injustice.

Il y a aussi la question du mot « lesbienne » qui n’est pratiquement jamais prononcé comme par exemple au moment du débat sur le PACS.
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Les femmes peuvent s’associer mais elles doivent se taire.
- Les femmes sont nettement en retard dans la démocratie, elles n’y participent que depuis cinquante ans.
- Comme la démocratie est censée être représentative, si les lesbiennes ne sont pas représentées par les élus, cela veut dire que la démocratie ne représente pas tout le monde. »
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Nicole Azzaro,
Conseillère de Paris

Qu’est-ce que le Conseil de Paris ?
- « Au cours des élections municipales, on élit les conseillers municipaux et les conseillers d’arrondissement, soit 163 élus, dont le Maire de Paris et chacun des 20 maires d’arrondissement.
- Le Conseil de Paris prend des décisions et vote les 500 projets de délibération environ par mois pendant deux journées très denses.»

Nicole Azzaro est élue du IXe où elle s’occupe de la voirie, de la propreté, des jardins, des transports.
- Nicole Azzaro rappelle qu’il ne faut pas hésiter à aller chercher les élus et à demander des rendez-vous.
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« Les élus ne reçoivent que des projets de délibération ou des projets aboutis. Au moment du vote, ils peuvent éventuellement étudier les comptes prévisionnels et demander une subvention plus importante.
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Mais l’idéal est qu’ils soient avertis en amont afin d’appeler les adjoints et de s’enquérir de l’état des dossiers.

Ensuite, il est important de dépenser l’intégralité d’une subvention accordée. Sinon, cela veut dire que l’association a trop demandé. »
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Fabienne Leleux,
adjointe au Maire du Xe arrondissement de Paris

« Il faut aller à la pêche aux informations et surtout solliciter les élus même ceux qui ne sont pas en charge des questions concernées.

On peut assister aux conseils d’arrondissement.
- Les associations peuvent poser des questions par écrit aux élus lors de plates-formes associatives.
- Les élus sont tenus d’y répondre dans un délai d’une semaine.

On peut émettre un vœu et la réponse peut être une forme d’engagement.
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Lors d’une demande de subvention, les administratifs peuvent bloquer un dossier.
- On peut alors interpeller un élu qui contactera ceux qui sont en charge du dossier.

Les élus s’engagent lors des élections, il faut le leur rappeler.
- Quand un élu soutient des dossiers, c’est qu’il y croit vraiment.
- Donc il n’y a pas à craindre d’allégeance. »

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Discussion :

* Michelle Larrouy dit que «le courant des lesbiennes non-mixtes est un courant politique.
- Il n’est pas reconnu dans la sphère politique et pas seulement à un niveau administratif.
- On refuse d’entendre que le lesbianisme n’est pas seulement une sexualité mais une mouvance politique de résistance avec une construction de solidarité.
- Faut-il dans ce contexte se résoudre à l’autogestion ?»

* Fabienne Leleux ne croit guère à une «classe» lesbienne mais à des citoyennes engagées.
- Elle incite les lesbiennes à s’engager en politique.
- Elle reconnaît que la non-mixité pose problème. Il faut savoir alors convaincre les plus réticents, trouver des termes précis politiquement.
- Elle a été sensible pendant les interventions aux termes «autonomie», «indépendance», «pouvoir d’expression».

* Marie-Hélène Bourcier remarque que la culture féministe n’est pas présente dans les services de la Mairie de Paris.
- «Il faut une interlocutrice lesbienne qui connaît la culture lesbienne et qui sait que la culture non-mixte lesbienne représente les trois quarts de la culture lesbienne.
- On n’a pas à se justifier. On parle de parité culturelle.
- La non-mixité est aussi très présente chez les gays. L’identité gay est en train de devenir hégémonique économiquement

* Une femme rejoint ces propos : «La communauté gay a moins à se battre. Les gays en France ne se remettent pas en question par rapport au sexisme.
- Ici, contrairement à l’Allemagne, les féministes se sont désolidarisées des lesbiennes.
- En France, on parle d’égalité, nous sommes tous égaux donc on ignore les différences.
- En Allemagne, les lieux non-mixtes ne s’appellent pas «non-mixtes» mais «lieux de femmes lesbiennes».
- La non-mixité peut-elle devenir une expression de non-visibilité ?
- Ici, le terme «lesbienne» seul est très courageux, est-ce aussi se mettre en minorité ?»

* Une femme reprend : Cineffable existe depuis quatorze ans.
- Si l’on multiplie ces années d’existence par le nombre de femmes présentes au festival, on obtient le nombre d’habitants d’une petite ville
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- Il n’y a pas à se justifier. Si nous sommes en démocratie, on doit nous aider aussi.

* Autre intervention : «Les lesbiennes sont refusées par la droite car lesbiennes, refusées par la gauche car non-mixtes. Il n’y a que des sens interdits partout !
- Combien donne-t-on aux hommes ? Combien nous donne-t-on ?
- Il faut comparer la superficie des lieux des uns et des autres.
- Il faut autant pour les hommes que pour les femmes.»

* Nathalie Rubel : «On accorde beaucoup d’argent aux gays pour la communication qui représente souvent la moitié du budget d’un événement.
- Les lesbiennes communiquent peut-être trop peu.»

* Une organisatrice de Cineffable : «Cineffable enregistre 9000 entrées par an (durant ses deux festivals), ce qui est un excellent résultat pour un événement culturel, pourtant cela n’intéresse pas nos interlocuteurs.
- Cineffable organise un festival mixte en juin mais cela ne change rien pour eux.
- Nous sommes prêtes à expliquer notre démarche mais on refuse de nous entendre.
- C’est la preuve que notre société est encore très lesbophobe.»

* Une femme note : «Il y a aussi des lesbiennes dans les associations mixtes, il ne faut pas l’oublier.»

* Marie-Jo Bonnet : «Dans les associations qui se disent gays et lesbiennes et qui ne représentent que les gays, les lesbiennes sont les alibis universalistes des gays.»

* Florence Fradelizi, organisatrice du festival gay et lesbien de Paris : Elle n’est pas un alibi dans l’équipe du festival, elle s’occupe de la programmation des films lesbiens et des demandes de subvention.
- Elle remarque l’arrivée d’une certaine «pédocratie» :
- «Certains gays se servent des associations pour acquérir une notoriété, obtenir des contacts, servir leurs propres intérêts politiques et profiter des subventions

* Nathalie Rubel : «L’Inter-associatif LGBT, organisateur des marches des fiertés LGBT, devient de plus en plus féministe.
- C’est pour cela d’ailleurs que de nombreuses associations lesbiennes l’ont rejoint.
- C’est aussi à nous de prendre notre place.»

* Suzette Triton : «L’argent alloué aux gays est un vrai problème. Les projets mixtes sont soutenus. Les autres sont découragés.
- Les lesbiennes non-mixtes portent aussi un projet politique qui fait peur.
- Les institutions ne veulent pas mettre d’argent dans un projet lesbien.
- La Mairie défend la parité dans ses services mais elle subventionne un projet sans parité, le centre d’archives des homosexualités de Le Bitoux qui ne consulte pas les archives gays et lesbiennes ni les archives féministes déjà existantes.
- Il n’y a pas non plus de femmes hauts responsables dans ce projet d’archives qui se crée

* Esther : «Nous devons avoir des stratégies autonomes, avec nos propres forces, nos moyens et nos façons différentes d’exister et arrêter de reproduire ce que font les gays puisque ce n’est pas possible.»

* Michelle Larrouy : «Il faut continuer l’autogestion et l’interpellation locale de nos représentants.
- Il faut être un groupe de pression. Si nous cessons de faire pression, nous mourrons.
- Beaucoup d’associations partout en France sont contre la structure élitiste mise en place dans ce centre d’archives des homosexualités

* Marie-Hélène Bourcier : «La pétition contre l’exclusion des trans et des lesbiennes dans le projet des archives des homosexualités est aussi signée par des gays qui contestent ce mode de fonctionnement où, dans le meilleur des cas, certains gays placent 3 ou 4 trans dans leurs projets, à condition qu’ils aient une politique assimilationiste.
- Comment Le Bitoux a pu présenter ce dossier de création d’archives et croire que ça passerait ?
- Comment certains responsables d’associations, comme à l’inter-LGBT, ont pu valider ce dossier et y voir une «différence structurelle ?
»

* Margot Meynier : «Les deux archives, mixte et non-mixte, ne sont pas antinomiques.
- Les lesbiennes et les trans doivent se battre pour être représentés autant que les gays dans le projet d’archives mixtes

* Nicole Azzaro propose de demander le listing des subventions accordées aux associations gays et aux associations lesbiennes pour voir s’il y a une parité et de réfléchir à comment on peut rétablir une certaine égalité.

* Fabienne Leleux relève l’importance de ce genre de rencontre qui va lui permettre dorénavant d’avoir d’autres types de réflexes.
- En tant qu’élue, elle n’a pas toutes les informations et ne connaît que les projets soutenus par la Mairie.
- Selon elle, il faut beaucoup plus solliciter les élus.

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5 5 2005 : Le Figaro (page 6) > par Pascale Sauvage
http://www.lefigaro.fr/politique/20050505.FIG0053.html
http://www.lefigaro.fr/politique/20050505.FIG0054.html

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ENQUÊTE :
Élu il y a quatre ans, le Maire de la capitale a-t-il changé la ville ?

Voyage dans le Paris de Bertrand Delanoë
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Depuis quatre ans qu'il est installé à la Mairie de Paris, Bertrand Delanoë a eu le temps.
- Le temps d'ancrer son pouvoir.
- Le temps de mettre en oeuvre les premières mesures de son programme électoral : couloirs de bus, restrictions budgétaires sur le train de vie de l'Hôtel de Ville ...
- Le temps de préparer la candidature de Paris aux Jeux Olympiques de 2012.

Mais il avait promis beaucoup plus aux Parisiens, invités à « changer d'ère » avec lui.

A mi-chemin de la mandature, une fois retombées l'euphorie de la victoire et l'énergie réformatrice de son équipe, la capitale tient-elle l'ambitieuse promesse du premier Maire socialiste de son histoire depuis la Commune ?
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Tout au plus a-t-on « changé d'air », affirme l'opposition municipale, qui commence à peine à se remettre de son KO politique des 11 et 18 mars 2001.
- La droite parisienne croit avoir trouvé un angle d'attaque fédérateur en accusant un Maire « bobo » de n'en avoir que pour les « bobos », les bourgeois bohèmes, au détriment des véritables acteurs du rayonnement économique et culturel de la capitale française.
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Le Figaro a enquêté au coeur du Paris de Delanoë
pour savoir si la ville a changé.
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1. Un Maire moins vibrionnant que solitaire
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Célibataire, homosexuel, noctambule, à la fois droit-de-l'hommiste et individualiste, puisque très attaché à sa liberté personnelle, Bertrand Delanoë cumule les critères du bourgeois bohème parisien
- contre lequel l'UMP sonne la charge dans le Livre noir qu'elle a publié début 2005.

Le bobo n'y « est qu'un soixante - huitard ou un héritier de cette mouvance ayant gravi avec succès les échelons d'une société de consommation que ses pères disaient naguère mépriser.
- En d'autres termes, le bobo d'aujourd'hui n'est jamais, même s'il s'en défend, qu'un rejeton de la vieille gauche caviar « libérale-libertaire » apparue sous les années Mitterrand (...).
- Le Maire de Paris et ses acolytes travaillent dur pour satisfaire les attentes exorbitantes de cet électorat aussi exigeant que stratégique ».

Destinée à galvaniser les militants de l'UMP, l'accusation se heurte cependant à la personnalité complexe du Maire de Paris et à un mode de gouvernement très structuré.
- Un mode aux antipodes du dilettantisme prêté par ses adversaires et ses rivaux à Bertrand Delanoë lorsqu'il n'était que le président du squelettique groupe socialiste du Conseil de Paris.
- Face à un Jacques Chirac programmé pour l'Élysée.

[...]

Pourtant, l'opposant vibrionnant n'a mis que quelques semaines à occuper l'espace politique et médiatique dévolu à ce personnage si particulier sur l'échiquier politique français qu'est le Maire de Paris.

Ainsi la comparaison entre Chirac et Delanoë s'est-elle imposée, y compris dans l'esprit des plus fidèles chiraquiens de Paris, qui se plaignent aujourd'hui de l'appropriation, par le Maire socialiste, de la puissance de feu administrative, politique et médiatique que représente la Mairie.

Delanoë, pourfendeur du système Chirac, a-t-il instauré son propre « système » à Paris, comme l'affirme le Livre noir de l'opposition municipale ?
- Jean-François Legaret n'est pas loin de le croire lorsqu'il réclame qu'une commission d'élus suive les dépenses engagées pour le train de vie de l'équipe municipale
- puisque l'une des premières mesures imposées par Delanoë fut la suppression de la questure de l'Hôtel de Ville, qui gérait ce budget du temps de Chirac puis de Tiberi.

[...]

Hormis la suppression de la questure, Bertrand Delanoë s'est bien gardé de renoncer aux moyens et attributs qui font du Maire de Paris l'un des personnages les plus puissants de la République.
- Son opposition lui tient grief d'occuper un des bureaux les plus vastes de la capitale... C'était celui de ses prédécesseurs.
- Et, s'il continue d'habiter son propre appartement de la rue de Sèvres, il traite comme il convient ses invités de marque dans les salons classés, interdits à ce titre à tout autre usage que celui de pièces de réception.

[...]

« Ils ont été bien meilleurs que nous sur le verrouillage de l'administration», constate l'un de ses anciens adjoints [de Jean Tibéri].

Le « verrou », d'autres disent « l'entonnoir » du système de gouvernement de Delanoë, c'est le cabinet du Maire et son directeur, Bernard Gaudillère.
- « Il n'y a que lui qui ait un accès direct au Maire ; c'est à lui que doivent s'adresser les adjoints, les chargés de mission, les maires d'arrondissement », affirme un de ces derniers, socialiste.

Exception faite peut-être de Daniel Vaillant, le Maire du XVIIIe, vieux compagnon de route de Lionel Jospin aux côtés de Bertrand Delanoë et de Claude Estier.
- Cette proximité lui permet de saisir directement le Maire quand une décision se fait attendre. « Bertrand est vexé quand on lui dit que ses collaborateurs n'osent pas lui transmettre certains dossiers, mais ça arrive », sourit l'ancien Ministre de l'Intérieur.
- Ce que confirme Roger Madec, Maire du XIXe, persuadé, pour sa part, que certaines colères de Bertrand Delanoë sont « du cinéma délibéré ».

Bertrand Delanoë veut tout voir, tout savoir.
- « Il n'aime pas l'improvisation », résume Christophe Caresche, qui fut longtemps son collaborateur à l'Assemblée nationale.
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Toute l'organisation du travail municipal découle de ce trait de caractère.

A commencer par la stabilité du dispositif formé par Bernard Gaudillère et du secrétaire général de l'Hôtel de Ville, Pierre Guinot-Deléry.
- Les deux hommes, en place depuis le printemps 2001, se connaissaient bien avant de se retrouver à la Mairie, où chacun a trouvé l'opportunité de relancer sa carrière.
- Le premier avait épuisé les charmes du ministère des Finances ; le second ceux des préfectures de province.
- Ni l'un ni l'autre ne revendiquent l'accès aux médias. Ce n'était pas le cas de leurs prédécesseurs, sous Tiberi.
- Bref, avec eux, Delanoë a pu éviter le piège de la course-poursuite entre le cabinet et l'administration, en dépit de quelques accrochages inévitables.
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L'opposition affirme volontiers que « Delanoë est un homme seul ».
- Obligé de s'en remettre à ses adjoints et aux conseillers techniques du cabinet, il est effectivement très méfiant et « jamais dans la délégation totale, car tout le monde est doublé », constate un adjoint.
- Christophe Caresche est même marqué par une confidence livrée par le Maire de Paris à propos d'un des ses amis politiques : « Il fait trop confiance à ses collaborateurs, il est mort. »
- Le seul à échapper à cette défiance naturelle est son porte-parole, Laurent Fary.

Outre Christophe Caresche, les élus les plus sollicités sont
- Jean-Pierre Caffet, adjoint chargé de l'urbanisme, élu dans le XVIIIe,
- Christian Sautter, ancien ministre, ancien préfet de la Région Ile-de-France chargé des Finances.

La première adjointe, Anne Hidalgo, qui avait assuré l'intérim le temps que Delanoë se remette de l'agression dont il avait été victime fin 2002, suscite une certaine méfiance en raison de sa proximité politique avec François Hollande.
- Elle n'appartient pas vraiment au premier cercle, dont un des piliers est le patron de la fédération PS de Paris et président du groupe socialiste du Conseil de Paris, Patrick Bloche.

Plusieurs des Maires d'arrondissement de gauche lui avaient préféré Jack Lang en l'an 2000.
- Cette plaie-là n'est pas complètement cicatrisée, malgré une pacification indispensable.
- « Il a besoin des Maires pour être réélu, car la campagne se joue aussi arrondissement pas arrondissement », rappelle le Maire du Xe, Tony Dreyfus, qui fut le premier à appeler la candidature de Delanoë.
- La relation la plus difficile reste celle qu'il entretient avec le fabiusien Michel Charzat, dans XXe, qui avait sérieusement envisagé d'être candidat à la Mairie de Paris. Le modus vivendi s'établit sur des rapports personnels réduits au strict minimum.
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« Il fait des efforts énormes pour se donner un vernis collectif, concède le Maire du XIXe, Roger Madec, mais le premier élu qui l'enquiquinerait serait mort. »

Quatre ans après son élection, personne n'est donc en état de contester au Maire de Paris une once de pouvoir.
- Le bobo inorganisé et dépensier que l'opposition s'attendait à affronter s'est révélé un homme de pouvoir, au fond assez classique, élevé, il ne faut pas l'oublier, à l'école de François Mitterrand.

Pas vraiment bobo dans la forme, Delanoë le serait-il dans le fond, en répondant aux revendications de cet électorat inclassable, au portefeuille bien garni mais au mode de vie hédoniste et individualiste ?
- Au risque de verser dans le clientélisme et la satisfaction des besoins catégoriels, forme de gouvernance qu'il ne cessait de dénoncer lorsqu'il était dans l'opposition.
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Aux yeux des jeunes animateurs du Perroquet Libéré, mensuel satirique consacré à l'Hôtel de Ville et diffusé par courrier électronique, la dérive vers une gestion « communautariste » des aspirations des Parisiens est vérifiée.
- Depuis deux ans, ces anciens chevènementistes traquent les gaffes de l'exécutif.

Comme cette subvention accordée à une association homosexuelle féminine organisatrice de manifestations interdites aux hommes.
- « C'est une bourde », reconnaît Delanoë.
- Qui admet n'avoir pas contrôlé le détail des activités de chacune des associations oeuvrant dans ce domaine.

Tout en récusant une dérive clientéliste en direction des quartiers du Marais et de la Bastille :
- « Je ne suis pas communautariste, mais je subventionne les associations homo qui, en tant que telles, étaient exclues du champ municipal avant mon arrivée. »
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Tout comme il réfute, bien qu'il ajoute « comprendre les interrogations », la même accusation que lui valent ses gestes symboliques en direction des juifs et des musulmans.
- « Il n'y a qu'une communauté, la communauté des Parisiens, mais je m'efforce au respect, pour la première fois dans cette ville, de toutes les composantes de cette communauté. »

Le concept de l'identité plutôt que celui de communauté, à la différence, répète-t-il, de la société défendue par Nicolas Sarkozy.
- « Les Parisiens sont comme ils veulent. Bobos ou pas, je roule pour eux et je crois à la diversité sociologique de cette ville », conclut-il.
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Diversité incarnée au sein même de l'équipe municipale, où se côtoient des élus d'horizons aussi divers que Daniel Vaillant, fils d'un mécanicien automobile de la Nièvre, et Christophe Girard, directeur de la stratégie du groupe LVMH.
- Le premier, Maire d'un XVIIIe arrondissement encore très contrasté socialement, estime qu'il y a eu « trop de désintérêt pour les quartiers dégradés et, dans le même temps trop de projets décalés ».
-
Le second, inventeur des « Nuits blanches », emblématiques de la culture bobo, voudrait en faire encore plus à destination de ces Parisiens montrés du doigt par une partie de la droite.

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5 5 2005 : Pariscide, le gâchis de l'ère Delanoë > par François Devoucoux du Buysson
http://www.leperroquetlibere.com/index.php?action=article&id_article=148317
pages 64 à 69 : Editions de la Table Ronde > ISBN 2710327651
http://www.fnac.com
1er 5 2005 : Le Perroquet libéré > par François Devoucoux du Buysson
http://www.wmaker.net/leperroquetlibere/index.php?action=article&id_article=147097

[...]
Mais, au-delà des multiples subventions attribuées aux associations communautaires, le point d'orgue des largesses accordées par la nouvelle Municipalité au mouvement gay est sans doute la création d'un
Centre d’Archives Homosexuelles.
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L’affaire des Archives Homosexuelles
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La décision qui a présidé à la création du Centre d’Archives et de Documentations Homosexuelles de Paris (CADHP) est la concrétisation d’une promesse de campagne faite par Bertrand Delanoë quelques semaines avant les élections municipales,
- dans une lettre du 2 mars 2001 adressée aux quarante associations membres du Conseil politique de la Lesbian and Gay Pride
[ LGP Île-de-France ] , le « politburo » du mouvement homosexuel.
- Une promesse écrite du candidat qui ne figurait nulle part dans son programme électoral officiel distribué aux électeurs de la capitale …
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Le président de l’Association de Préfiguration du CADHP [ APCADHP ], Christopher Miles, ne cache alors pas le caractère communautaire de ce projet :
- « à nous de montrer que nous sommes, oui, une sorte de « communauté », capable de dépasser les légitimes débats qui l’agitent pour se doter d’outils à son service ».

On peut s’interroger sur l’opportunité de la création du CADHP dans la mesure où les différents Centres d’archives de la capitale contenaient déjà des fonds documentaires relatifs à l’homosexualité accessibles au public.

D’autant plus que, comme le laisse entendre Christopher Miles dans sa présentation du projet de Centre, la rigueur historique sera subordonnée aux impératifs de l’idéologie homosexuelle :
- « comme tout document relatif à l’homosexualité, quelle que soit sa provenance, peut-être, a priori, objet d’études ou de recherche, le Centre doit refléter une image de stricte neutralité et s’interdire de prendre position dans quelque débat scientifique ou politique que ce soit, sauf évidemment pour combattre des lectures révisionnistes ou fascisantes de l’histoire ».

Les chercheurs et les historiens étaient ainsi prévnus :
- si leurs travaux n’avaient pas l’heur de plaire aux khmers roses, ils seraient traités de révisionnistes.
- De quoi en dissuader plus d’un ...
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Après l’alternance de mars 2001, le projet de Centre d’Archives Homosexuelles pâtit quelque temps de la polémique suscitée par la proposition de Christophe Girard de créer dans le bâtiment désaffecté du théâtre de la Gaîté-Lyrique une Bibliothèque dotée d’une section gay et lesbienne.
- « Comme à San Francisco », précisait-il.
- Une marotte, chez lui, ce tropisme californien …

Mais cette proposition était aussi la mise en application des engagements de campagne pris par écrit par Christophe Girard avant les élections municipales auprès du Centre Gai et Lesbien [ CGL de Paris ] qui,
- outre la mise à disposition d’appartements pour les « jeunes homosexuels sans abri jetés dehors par leurs parents »
- et des emplois proposés aux séropositifs dans le cadre d’un « plan de réinsertion spécifique »,
réclamait « un Rayon gay et lesbien » dans les Bibliothèques municipales.

Pour le moins étranger à la tradition universaliste de Paris, le projet de Bibliothèque Homosexuelle de Christophe Girard provoqua un tollé,
- y compris parmi des relais habituels de la gauche qui s’offusquèrent à l’idée qu’un tri fût opéré parmi les œuvres littéraires en fonction des pratiques sexuelles réelles ou supposées de leurs auteurs.

L’affaire prit un tour tellement ridicule que Bertrand Delanoë fut obligé d’intervenir pour tempérer les ardeurs de son Adjoint à la culture, décidément bien imprudent.
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Une fois cet orage passé, et après que Bertrand Delanoë eût pris ses marques dans ses nouvelles fonctions,
- les associations réclamant un Centre d’Archives Homosexuelles revinrent à la charge
- et le projet du CADHP finit par être voté en septembre 2002 par le Conseil de Paris qui lui attribua une première subvention de 100.000 euros.

Alors que des fonds documentaires sur la question de l’homosexualité auraient simplement pu être ajoutés aux Archives Municipales,
- la création d’un Centre dédié à la « Mémoire Gay » constituait un symbole pour les associations qui y voyaient la reconnaissance officielle d’une « communauté homosexuelle ».

La Mairie [ de Paris ] était loin de se douter qu’avec l’aboutissement de cette première étape, les ennuis ne faisaient que commencer.
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Des militantes lesbiennes, emmenées par la sociologue Marie-Hélène Bourcier et l’historienne Marie-Jo Bonnet, protestèrent contre un projet qui les excluaient en faisant la part belle à l’homosexualité masculine.

Prenant la presse à témoin, ces amazones en colère firent circuler une pétition intitulée Archilesb ! dans le but de dénoncer « l’hégémonie gay » dont témoignaient selon elles
- la faible présence des femmes au sein du Comité de pilotage du projet d’Archives Homosexuelles [ APCADHP ]
- et la première sélection de livres pour le fonds documentaire, dominée par les auteurs masculins.

La pétition réclamait aussi que la générosité de la Mairie à l’égard du milieu associatif gay bénéficiât aussi aux associations lesbiennes.
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L’homo étant un loup pour l’homo, le projet du Maire visant à souder la « communauté homosexuelle » dégénérait en « gayguerre » communautaire …

C’est sans doute pour faire taire ces furies et ne pas trop attirer l’attention des médias sur son très communautariste projet d’Archives Homosexuelles que la Mairie de Paris attribua peu de temps après des subventions à Archives Recherche Culture Lesbienne [ ARCL ] et Cineffable pour respectivement 10.000 et 15.000 euros
- qu’elle avait jusqu’alors refusées en raison de la non-mixité affichée de ces associations.
- Un changement de ligne que la Mairie n’allait pas tarder à regretter.
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L’association lesbienne Cineffable organise en effet chaque année depuis 1989 le festival Quand les lesbiennes se font du cinéma qui est très fier de la « non-mixité » de ses projections.
- En clair, l’accès à ce festival est réservé aux femmes
- ou, plus exactement, à « toute personne désirant venir au festival et se considérant femme », comme l’affirme sans rire le site internet de Cineffable, ce qui permet de repêcher les transsexuels.

Alors qu’une telle ségrégation aurait, à juste titre, provoqué un tollé si elle avait été le fait d’une association islamiste plutôt que d’une poignée d’amazones cinéphiles, cela n’empêcha pas la Mairie de Paris de subventionner ce festival en lui accordant en 2003 la coquette somme de 15.000 euros.
- Pourtant, en dépit de leur soutien financier, ni Bertrand Delanoë ni Christophe Girard n’auraient été autorisés à inaugurer la manifestation !

En 2004, à peine sa subvention municipale reconduite par le Conseil de Paris, Cineffable décida d’innover en proposant à ses festivalières de participer en marge des projections à un atelier de fabrication de « godemichés artisanaux » de toutes formes afin de railler « le phallus dans sa pauvre réalité ».

Questionné au sujet de l’attribution de fonds publics à une manifestation aussi délirante, Bertrand Delanoë se garda bien de répondre sur une affaire qui embarrassait de plus en plus la Mairie à mesure que les journaux de tous horizons s’en emparaient, et pas seulement en France,
- tantôt sur un mode comique,
- tantôt dans le registre plus sérieux de l’accusation de « sexisme à l’envers » contre un Maire qui a justement fait de la lutte contre les discriminations une de ses priorités.

[...]

Tétanisée par le politiquement correct et soucieuse de draguer elle aussi la mouvance gay dans un but électoraliste, l’opposition municipale s’est privée d’une bonne occasion de critiquer Bertrand Delanoë.

Une habitude pour la droite parisienne qui,
- sur une recommandation expresse de Philippe Séguin, avait apporté son soutien au projet de Centre d’Archives Homosexuelles
[ CADHP ]
-
et n’avait pas moufté lors du vote de la subvention à Cineffable.

Hasard ou peur du ridicule ?
- Le fameux « Atelier Gode » de Cineffable fut néanmoins opportunément annulé la veille du Festival alors que la polémique enflait dans la presse.

L’épisode Cineffable, qui illustre le chantage exercé par les lesbiennes radicales sur les collaborateurs du Maire, a ainsi exposé Bertrand Delanoë au risque de se voir tourné en ridicule.
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Un dommage collatéral provoqué par l’acharnement de la Mairie [ de Paris ] à créer un Centre d’Archives Homosexuelles qui pèse cependant peu au regard de la gestion scandaleuse de ce projet [ CADHP ] iconoclaste.

[...]

mai 2004 : Qu'est-ce qu'une femme désire quand elle désire une femme ? > essai de Marie-Jo Bonnet (éditions Odile Jacob)
http://www.bluebookparis.com/index.html
http://www.fnac.com/Shelf/article.asp?Mn=5&Origin=fnac_google&PRID=1533438&Ra=-1&To=0&Nu=3&Fr=3

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extrait du chapitre 5

Le refoulement du désir lesbien dans la Cité
Formes et figures de la lesbophobie

pages 188 à 196

[...]
Mais c'est peut-être dans la façon dont l'argent publique est redistribué aux associations qu'on perçoit le mieux à quel point notre société est toujours gouvernée par un pouvoir masculin.
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Parfois même, c'est le pouvoir gay qui devient lesbophobe comme l'association Cinéffable en a fait la triste expérience durant l'été 2002.
- En 2000, Cinéffable présente plusieurs demandes de subventions auprès des pouvoirs public afin d'être aidée dans l'organisation de son festival de cinéma.
- Cinéffable est une association qui existe depuis quinze ans, comprend 4000 adhérentes et organise chaque année un festival de films lesbiens qui réalise plus de 7500 entrées en quatre jours, ce qui est considérable quand on sait que les animatrices de l'association travaillent bénévolement depuis le début.

C'est un choix d'autonomie qu'elles assument et qui a fait ses preuves puisque ça marche par autofinancement grâce à une démocratie interne remarquable qui s'appuie sur l'énergie et la générosité de l'équipe.
- Victime de son succès, elle a dû chercher de nouveaux locaux pour remplacer ceux devenus trop petits du Centre Culturel de Kremlin Bicêtre qui leur demandait par ailleurs de quitter les lieux pour les réserver à la politique locale.
- Seulement, la location de salles de grande taille est très chère à Paris, c'est pourquoi elles ont demandé l'aide des élus.

Le maire de Boulogne-Billancourt a refusé de leur louer la salle de conférence de l'Espace Landowski et l'équipement municipal du cinéma voisin.
- Jean-Pierre Fourcade, maire de la ville, a répondu : " En égard aux thèmes que vous projetez d'évoquer lors de cette manifestation, je regrette de ne pouvoir réserver une suite favorable à votre requête ".
- Etant donné qu'il s'agissait d'une municipalité de droite, ce refus n'a surpris personne.

Mais ce ne fut pas le cas quand Cinéffable se vit refuser une subvention de 30.000 euros par le cabinet du Maire de Paris, sous le prétexte que ce festival était non mixte.
- Je dis sous prétexte parce que Cinéffable n'a pas reçu de lettre lui notifiant le refus alors que dans le même temps, une subvention était octroyée au festival gay et lesbien [de Paris [FFGLP)] qui avait été présidé par Christophe Girard, devenu depuis l'élection de Bertrand Delanoë, adjoint au maire chargé de la culture de la ville de Paris.
- Ainsi, aucune subvention n'était accordée à une association de lesbiennes sur l'exercice 2002.
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C'est à travers ces micros-faits qu'apparaît la disparité de traitement entre les gays et les lesbiennes. Elle est devenue si criante qu'on s'étonne que le pouvoir politique ferme les yeux quand par ailleurs il se fait le champion de la lutte contre les discriminations. A moins qu'il ne feigne de croire que ce qu'il donne aux uns bénéficie aux autres, et se contente de parer au plus pressé en satisfaisant les gays qui sont, comme on le sait, bien mieux implantés que les lesbiennes dans les mouvements politiques.

A droite comme à gauche, remarquons-le. La première réunion du groupe " Gay Lib " de l'UMP, organisée à l'Assemblée Nationale en février 2003, ne rassemblait que des garçons, une centaine, ce qui donne une idée de la réalité factuelle d'un monde politique très peu féminisé.
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On se demande alors si l'argument de la non mixité avancé par le Conseiller auprès du Maire de Paris, chargé des relations avec les homosexuels, Philippe Lasnier, relève de la mauvaise foi pure et simple, de la misogynie où d'une lesbophobie qui n'ose pas dire son nom.

Il suffit de comparer les subventions allouées au mouvement gay par la mairie de Paris pour comprendre que la disparité est enracinée jusque dans le domaine économique. Surtout que les subventions votées par la mairie de Paris aux associations gays ont toutes été attribuées à des associations gay ou gay " et ? " lesbiennes. La somme globale de 510.941 euros ont été votées par le Conseil de Paris à 7 associations Gay " et? " Lesbiennes en 2002, dont
- 7.000 euros à " Paris Aquatique ", une association de nageurs,
- 5.000 euros à la chorale " Gay Melo Men ",
- et 100.000 euros pour le projet de Préfiguration du Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris (CADHP) présenté par Jean Le Bitoux et Christopher Miles.

Ces sommes issues de l'argent publique permettent de louer des locaux, de salarier des militants et de faire fonctionner le mouvement gay à des hauteurs que le mouvement féministe tout entier n'oserait rêver. Car de ce côté là, nous devons plutôt faire contre mauvaise fortune bon coeur.

Sans doute les femmes ne représentent-elles pas le même poids électoral, ni la même force de frappe. Mais tout de même ! Il y a des limites, et la gauche ne peut pas d'un côté voter une loi sur la parité, et de l'autre reconduire les discriminations par le biais économique.

Certes, les lesbiennes ont des pratiques différentes avec l'argent.
- Outre qu'elles n'ont pas l'habitude de brasser des milliards,
- ni de faire des déficits de un million soixante dix mille francs, comme ce fut le cas de la Lesbian and Gay Pride en 1996 pour l'organisation de la marche de juin,
elles préfèrent ne pas demander de subvention afin de ne pas se sentir moralement liée par l'argent public. Mais elles changent.

Et en 2003 l'injustice de traitement hommes - femmes (ou gays - lesbiennes) devint si flagrante qu'après une campagne de sensibilisation auprès d'Anne Hidalgo, une subvention de 15.000 euros fut attribuée à Cinéffable, sur un total de 218.950 euros attribués aux associations gays (et) lesbiennes.
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Sommes-nous confrontées à une nouvelle forme de lesbophobie institutionnelle : le communautarisme gay ? La question ne se posait pas dans les années 1970 où, en dépit de sa misogynie, le mouvement gay était très proche des positions féministes.

- Le développement d'un militantisme communautaire destiné à lutter contre le sida a changé la donne du tout au tout. Au niveau économique, bien sûr, où l'argent drainé à permis de construire des structures militantes subventionnées par l'argent du sida. Comme les partis et les syndicat, le mouvement gay a ses salariés à Aides comme à Act up.

- Rien de tel chez les lesbiennes et même le mensuel Lesbia magazine qui existe depuis plus de vingt ans, est toujours réalisé par des bénévoles. Les femmes connaissent le prix de l'argent et se sentent bien plus redevables que les hommes quand la Cité leur en donne. Résidus du mariage ? Peut-être, mais n'oublions pas qu'elles se sentent toujours plus ou moins en visite chez la tante à héritage dans le monde politique, tandis que les gays y évoluent comme un poisson dans l'eau.
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Mais par-delà les problèmes structurels qui montrent que les fondements du patriarcat sont toujours solidement implantés dans les esprits masculins, on peut s'inquiéter des dérives lesbophobes de ce communautarisme gay à la française. A l'université nous retrouvons les mêmes pratiques discriminatoires sur fonds de respectabilité scientifique. Toute personne qui n'adhère pas aux orientations des leaders, à leurs réseaux, à leurs grippes intellectuelles risque la mise en quarantaine, la censure ou l'exclusion.

Des conflits éclatent régulièrement dans les régions lors de l'organisation des Fiertés homosexuelles, par exemple, ou sur des festivals dont le contenu culturel est trop souvent porté vers la consommation d'images sexuelles.
- A Marseille, en 1996, les trois associations lesbiennes de la ville ont décidé de défiler de l'autre côté de la Lesbian & Gay Pride pour protester contre le coup de force d'une minorité d'hommes qui a déposé des statuts organisateurs de la marche "prétentieux et récupérateurs " .
- En 1999 les " Dé/générées " de Lille ont distribué un tract lors de la Marche parisienne où elles disaient : " Nous ne nous reconnaissons pas dans l'organisation de la (Lesbian ?) & Gay Pride, vitrine d'une homosexualité intégrée, politiquement correcte, commerciale et branchée, masculine et misogyne. Nous revendiquons notre diversité et le regard critique que nous portons sur la société " .

Je pourrais citer une multitude d'exemples du même style illustrant la quasi impossibilité de dialoguer sur le prétendu terrain commun de l'homosexualité quand les objectifs divergent a ce point.
- Des conflits qui peuvent aller jusqu'à la violence, l'injure misogyne et même la censure comme on l'a vu avec Didier Eribon, directeur du Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes, paru en 2003 chez Larousse, qui s'est permis de décider seul du contenu de la culture lesbienne en écartant des chercheuses lesbiennes et féministes faisant référence dans leur domaine parce que leurs idées ne lui convenaient pas.
- C'est évidemment contraire à la notion même de dictionnaire et les protestations des associations lesbiennes et féministes ont révélé le côté partisans de ces prétendues entreprises communautaires où les lesbiennes n'ont d'autre choix qu'entre les rôles de potiche ou de boniche des gays au pouvoir .
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La mise en place du Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelle de Paris (CADHP) durant l'hiver 2002-2003 est également assez exemplaire de la lesbophobie gay qui s'est développée avec la montée en puissance politique des gays sur fond de communautarisme masculin.

Dans les principes, d'abord. Il est dit dans le projet initial que " dans un premier temps, le fonds d'archives concernera majoritairement l'homosexualité masculine pour des raisons historiques ". Quelles sont ces raisons ? Mystère.
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Dans le processus du vote de la subvention de 100 000 euros ensuite. Elle a été accordée à la quasi unanimité du Conseil de Paris à la suite de négociations discrètes avec la droite à travers Jean-Luc Roméro,
- président (U.M.P.) de groupe
au Conseil de Paris
- et par ailleurs président de l'association des Elus locaux Contre le Sida (ELCS) subventionnée par la mairie de Paris.

Pour " éviter les dérapages homophobes ", une alliance fut nouée entre la gauche et la droite qui fit passer le projet sans coup férir. Mais les lesbiennes se sont réveillées. Une pétition " Pour que cesse l'exclusion des lesbiennes dans le projet du futur centre de documentation et d'archives homosexuelles de Paris " fut lancée par Marie-Hélène Bourcier du groupe Archilesb! à l'automne 2002, suivie par une autre de l'association transsexuelle " Vigitrans " qui ont recueilli près de 900 signatures.

L'affaire devint bientôt publique à travers un article de Blandine Grosjean, paru dans Libération,
- où les défenseurs du projet de préfiguration du CADHP qualifiaient les lesbiennes " d'hystériques "
- tandis que René-Paul Leraton, par ailleurs spécialiste de la pornographie gay, déclarait à la journaliste : " Les lesbiennes historiques ont l'habitude de s'en prendre aux seuls mecs qu'elles ont sous la main : les pédés " .

Il est rare d'avoir a faire à une lesbophobie gay aussi sûre d'elle. Il faut croire que R-P. Leraton disposait de soutien hauts placés pour oser tenir de tels propos dans un conflit où était impliquée la mairie de Paris. Mais c'est justement la vertu du communautarisme gay que de compter sur des solidarités issues d'intérêts sexuels communs.
- Personne n'a démenti ces propos, et surtout pas le Conseiller auprès du Maire de Paris chargé des relations avec les homosexuels, Philippe Lasnier, dont on aurait pu penser qu'il était de son devoir de défendre la dignité des lesbiennes.
- Or non seulement il ne l'a pas fait, mais il s'est fait le défenseur inconditionnel du projet de Jean Le Bitoux, n'hésitant pas à donner de sa personne pour en faire la publicité à la presse ou s'attaquer aux pétitionnaires.

On est ainsi arrivé à ce curieux paradoxe du communautarisme gay :
- d'un côté, il refuse des subventions au mouvement lesbien sous prétexte qu'il est non mixte.
- De l'autre il soutien inconditionnellement les projets gays, même quand ils sont un peu trop ouvertement non mixte. Personne n'y voit que du feu puisque c'est un homme qui représente les homosexuels. Les gens s'imaginent qu'il représente aussi les lesbiennes, comme dans la vie politique ordinaire.
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Pour qu'il y ait lesbophobie induite par le communautarisme gay, il faut donc la réunion de plusieurs facteurs dont le dénominateur commun est l'intérêt des gays.

Dans notre exemple il y a trois hommes connus dans la communauté gay qui rédigent un projet qui se fait passer pour mixte tout en spécifiant quelque part qu'il concerne d'abord les gays. La collusion entre la droite et la gauche pour voter la subvention. La dévotion du représentant des associations homosexuelles aux seuls intérêts gays. Et un réseau militant solide prêt à faire taire les opposants .

Cette domination masculine est-elle favorisé par silence des femmes politiques au pouvoir ? Elles protestent beaucoup trop rarement et trop timidement devant les discriminations lesbophobes, même lorsqu'elles sont ministres ou a de hauts postes de responsabilité.
- Ainsi, Anne Hidalgo, première adjointe au Maire de Paris et responsable de l'Observatoire pour l'égalité entre les femmes et les hommes, s'est montrée très discrète, ne disant pratiquement rien pour que cesse la discrimination dont les lesbiennes font l'objet dans des projets soutenus par la mairie. Anne Hidalgo souhaitait fonder à Paris une Cité des femmes qui rassemblerait une bibliothèque, des archives, des salles d'exposition et de réunion et c'était l'occasion de poser le problème politique en engageant un débat public sur le sujet.
- Rien n'a été fait, hélas, et les protestations de Clémentine Autain, adjointe au maire, lors du débat introduisant le vote de la subvention au CADHP sont restées lettre morte :

" Clémentine Autain :
- On parle des gays et moins des lesbiennes... Je vois que cela fait ricaner mes collègues de l'opposition.
Mme Anne Hidalgo, première adjointe, présidente :
- Ils sont un peu dissipés. Je vous demande de bien vouloir porter toute l'attention à ce dossier et de faire silence.
Mme Clémentine Autain, adjointe :
- Je voudrais qu'on fasse attention à la bonne répartition pour permettre une juste visibilité de la communauté lesbienne. Dans l'exposé des motifs, il est fait mention d'un site internet comportant une histoire du gay-Paris... Et le Paris des lesbiennes ? (...)
- Je voudrais par ailleurs que dans la composition de l'Association
[de Préfiguration du Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris (CADHP)] et du Comité qui va suivre ce projet, il y ait une place pour la coordination lesbienne [en France (CLF)].
- Ainsi, dans le conseil d'administration, d'après ce que j'ai compris, il n'y a que trois femmes sur neuf hommes. Peut-être pourrait-on viser la parité ? Je pense qu'on doit pouvoir trouver des chercheurs et des scientifiques femmes pour être dans ce Conseil d'Administration ".

Il est encore trop tôt pour tirer les leçons de la quasi impuissance des femmes politiques face à la lesbophobie, mais il n'est pas difficile de comprendre que le faible poids politique des femmes en général, se répercute sur les lesbiennes qui sont traitées comme une question subsidiaire.

Peu d'électeurs risquent de leur en vouloir, remarquons-le lucidement, ce qui montre l'efficacité de la lesbophobie larvée de nos société avancées qui sont capables de descendre en masse dans la rue pour faire barrage à Le Pen mais qui se bouchent les oreilles quand les citoyennes sont insultées publiquement ou traitées en quantités négligeables parce que coupables d'aimer les femmes.

Ceci explique peut-être cela. A force d'écraser la dignité des personnes sous des stratégies électoralistes, le lien démocratique se dissous à bas bruit et l'on se rend compte un soir qu'un candidat d'extrême droite est arrivé en deuxième position des élections présidentielles.

Les défaites électorales sont tissées d'une multitude de petites démissions de cette espèce.
- Les promesses électorales sont faites pour créer un lien démocratique avec son électorat potentiel.
- Si elles ne sont pas tenues, ou si elles dérivent vers des choix sectaires, le lien politique devient complètement illusoire.
- Les élus se retrouvent en porte à faux par rapport à leurs convictions et s'étonnent que leurs électeurs les abandonnent.
[...]

Renvois :

[1] Lettre du 8 mars 2000 à Madame Florence Hertz, présidente de l’association.

[2] Illico, 16 janvier 2003, p. 22.

[3] Nicole Sirejean, « La fierté homosexuelle à Marseille ou petite chronique sur la classe des femmes et la classe des hommes », Lesbia magazine, juillet-aout 1997.

[4] Anne-Françoise Lefebre - Nathalie Rubel, « Une lesbian and gay pride peut-elle être lesbienne ? », Ex-Aequo, juillet 1999.
- Voir aussi Marianne 3-9 février 2003, p.63,
- le magazine suisse 360° de mars-avril 2003, « Paris brûle-t-il ? »
- et Maria Grazia Meda, « Les gays sont machos ! »,
- Courrier International n° 658, 12-18 juin 2003, p. 13..

[5] voir l’article de Xavier Héraud dans Têtu du 16-6-03 à l’encontre du « Comité contre la censure »,
- Clarisse Fabre « Quand les lesbiennes demandent la « parité » avec les gays », Le Monde 29-30 juin 2003, p. 8,
- et les communiqués de la Coordination Lesbienne en France, des Associations Cibel, les Voies d’Elles, ainsi que le Collectif de la marche lesbienne qui dénoncent le « gaycentrisme », l’invisibilité des femmes et des féministes et les insultes diffamatoires.
- voir le site lesbien « Tasse de Thé » : http://www.tassedethe.com

[6] Blandine Grosjean, « Des lesbiennes parisiennes contre le “machisme gay” », Libération, 7 décembre 2002.

[7] Je renvoie à ma « Lettre ouverte à Bertrand Delanoë, Maire de Paris, à propos du Centre d’Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris (CAHDP) qu’il souhaite fonder dans la capitale » du 22 janvier 2003, et à l’ensemble du dossier mis en ligne sur le site de l’Académie Gay & Lesbienne : http://www.archiveshomo.info

[8] Compte rendu du débat des délibérations du Conseil municipal de Paris du 24-9-02

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24 et 25 11 2003 : Conseil de Paris > Délibération du Conseil Municipal
http://www.paris.fr/bmo/delib/cmdelib20031124/cmdelib200311242003_sg_86.htm

.
2003 SG 86 -

Autorisation à M. le Maire de Paris de signer une convention
pour l'attribution d'une subvention de fonctionnement à
l'association
Cineffable, située 37, avenue Pasteur
93100 Montreuil, afin d'organiser la 15ème édition du
Festival Quand les lesbiennes se font du cinéma

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M. Christophe GIRARD, rapporteur

.
Délibération affichée à l'Hôtel-de-Ville
et transmise au représentant de l'Etat le 10 décembre 2003
Reçue par le représentant de l'Etat le 10 décembre 2003
.

Le Conseil de Paris, siégeant en formation de Conseil Municipal,

- Vu le Code général des collectivités territoriales ;

- Vu le projet en délibération en date du 10 novembre 2003, par lequel M. le Maire de Paris lui propose l'attribution d'une subvention de fonctionnement à l'association Cineffable ;

- Sur le rapport présenté par M. Christophe GIRARD, au nom de la 9e Commission,

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Délibère :

Article premier
- M. le Maire de Paris est autorisé à signer une convention pour l'attribution d'une subvention de fonctionnement à l'association Cineffable, située 37, avenue Pasteur 93 100 Montreuil afin d'organiser la 15ème édition du Festival Quand les lesbiennes se font du cinéma qui a lieu du 7 au 11 novembre 2003 au Trianon (X03648).

Art. 2
- Une subvention de 15.000 euros est attribuée à l'association Cineffable, située 37, avenue Pasteur 93 100 Montreuil afin d'organiser la 15ème édition du Festival "Quand les lesbiennes se font du cinéma" qui a lieu du 7 au 11 novembre 2003 au Trianon (X 03648).

Art. 3
- La dépense correspondante, soit 15.000 euros, sera imputée,
d'une part et à hauteur de 10.000 euros sur le budget de fonctionnement de la Ville de Paris pour 2003, chapitre 65, nature 6574, ligne P030 provision pour subventions de fonctionnement au titre de l'Observatoire de l'égalité
et, d'autre part et à hauteur de 5 000 euros, sur le budget de fonctionnement de la Ville de Paris pour 2003, rubrique 314, nature 6574, ligne P002 provision pour subventions de fonctionnement au titre du cinéma.

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7 au 11 11 2003 : 15ème festival CinéFfable > débat
http://cineffable.free.fr/p.htm#15

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Agir contre l’invisibilisation croissante des lesbiennes ?
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Ce débat a été organisé à la demande de Marie-Hélène Bourcier qui proposait de faire un point après la discussion organisée au 15e festival CinéFfable le samedi 8 novembre 2003 "Quand les lesbiennes se font du cinéma", sur les relations entre les institutions françaises et les associations lesbiennes.

En présence de :
- Marie-Hélène Bourcier, sociologue et membre d’Archilesb !
- Maryse Lourmière, co-présidente de la Coordination Lesbienne en France
- Anne Rambach, directrice des Editions gays et lesbiennes, et auteure avec Marine Rambach de La culture gay et lesbienne aux éditions Fayard.
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Marie-Hélène Bourcier : « L’invisibilisation des lesbiennes dans l’espace public (les médias, la sphère intellectuelle…) n’est pas nouvelle.
Mais elle se renforce avec l’émergence d’une politique gaie-centrée et la montée en puissance d’une identité gaie hégémonique. Elle prend de nouvelles formes : les mises à l’écart perdurent, les injures pleuvent en cas de critique et l’on assiste depuis peu à des formes d’exclusion et de censure « positives » qui consistent à remplir le L de lgbt de manière homéopathique, restreinte et inadéquate.
On oubliait les lesbiennes, on parle désormais à leur place.
- L’exclusion des lesbiennes du projet du Centre d’Archives [et de Documentation Homosexuelle de Paris] de la Ville de Paris (CADHP),
- l’effacement de pans entiers des cultures lesbiennes dans le Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes paru chez Larousse,
- l’absence des lesbiennes dans la presse gaie, le procès qu’intente le magazine Têtu à une lesbienne militante, autant d’épisodes récents qui nous permettent de faire le point.

Faut-il réagir ? Avec quels moyens d’action ? Le séparatisme est-il la solution ? La solidarité lesbienne existe-t-elle ? »

Cineffable expose l’état de ses démarches auprès de la Mairie de Paris pour obtenir une subvention (15 000 euros accordés).
- Pour Cineffable, il s’agit avant tout d’une opération de visibilité, et de faire accepter l’intérêt et la nécessité des événements lesbiens non-mixtes. Quelles qu’en soient les raisons, les ¾ des initiatives lesbiennes en France sont non-mixtes. C’est une réalité.
- Cineffable n’est pas la seule association lesbienne en contact avec la Mairie de Paris et espère que la subvention accordée permettra de préparer le terrain pour les autres.

Pour certaines autres militantes et intellectuelles lesbiennes, en revanche, l’année a été rude.
- Marie-Hélène Bourcier, membre d’Archilesb ! a alerté l’opinion publique sur l’invisibilisation des lesbiennes dans le projet de Centre d’archives des homosexualités (CADHP) dirigé par Jean Le Bitoux et a dû faire face à une véritable levée de bouclier.
- Comme Geneviève Pastre, éditrice, elle a également dénoncé l’exclusion de certaines chercheuses et auteures lesbiennes réputées du Dictionnaire des cultures gays et lesbiennes, dirigé par Didier Eribon, publié chez Larousse cette année. La réponse calomnieuse de Didier Eribon sur le site de Têtu (voir ci-joint) a déclenché un mouvement de protestation. Un communiqué de Geneviève Pastre a été lu pendant la discussion (voir ci-joint).
- M.H. Bourcier constate que dans les événements et les projets LGBT, le mot lesbienne était encore trop souvent un mot creux ; les gays, en position hégémonique, parlant encore trop pour et à la place des lesbiennes.

Certaines participantes dans le public sont d’avis que le « gay et lesbien » apporte une légitimité parce que cette mixité ressemble à de l’hétérosexualité.
- Les gays organisent donc du « gay et lesbien » mais en ne se servant du « lesbien » que pour la forme.

Pour Anne Rambach, les lesbiennes se tiennent encore trop loin des sphères du pouvoir.
- Anne et Marine Rambach n’ont pas hésité à « flirter avec le pouvoir », quitte à faire quelques concessions pour arriver à leurs fins, ce qui s’est révélé très positif.

Comme le fait remarquer une organisatrice de Cineffable, malgré tous nos efforts, les événements lesbiens sont bien souvent ignorés quand ils ne sont pas méprisés, notamment dans la presse.
- On a beau soigner sa communication, on se heurte toujours au rapport d’oppression hommes/femmes.
- Anne Rambach raconte à ce propos qu’elle a dû lutter pour imposer le mot « lesbienne » dans le titre de son essai. Sa maison d’édition estimait en effet que ce mot ne voulait rien dire et ne renvoyait à aucune réalité concrète.

Pour une personne du public, les gays ont su exploiter le mot « gay », et en ont fait un terme très positif pour donner d’eux une bonne image.
Mais d’autres sont d’avis que, quel que soit le nom utilisé, la lesbophobie resterait la même.
- Le militantisme prend un nouveau visage grâce à la généralisation des moyens informatiques, PAO, Internet… Cela n’implique pas de se « compromettre », de devenir commercial. On peut se donner les moyens financiers d’organiser un événement ambitieux tout en restant très militantes.
- Les lesbiennes hésitent à se montrer dans les médias parce qu’il est difficile de contrôler son image, mais certaines pensent que l’essentiel est de se rendre visibles.

Anne et Marine Rambach ont suivi des stages de communication destinés aux personnes en relation avec les médias.
- D’après A. Rambach, il faut apprendre les techniques de communication pour savoir répondre aux questions pièges et ainsi maîtriser son image.

Une personne du public évoque la Marche lesbienne, organisée la veille de la Marche des Fiertés LGBT, qui mériterait, selon elle, une meilleure communication.
- L’idée est lancée d’organiser des stages de communication avec les médias.

Maryse Lourmière constate qu’après des années de militance commune avec les féministes hétéros et les gays, les lesbiennes se sont retrouvées niées en tant que lesbiennes dans le mouvement féministe et en tant que femme avec les gays.
Elles doivent à présent se regrouper. Sur la différence entre action individuelle et action collective, abordée par le public, l’importance des luttes collectives a été réaffirmée.
- Si l’on peut se dire « lesbienne » aujourd’hui, c’est grâce aux mouvements collectifs. La conscience collective nourrit la conscience individuelle. Beaucoup de lesbiennes, face à des circonstances difficiles, ne vivent pas encore leur lesbianisme ouvertement et vont chercher des forces dans les groupes.
- Il y a complémentarité entre ce que chacune fait de son côté pour exister en tant que lesbienne et ce que nous pouvons faire ensemble. Plus on est visibles dans différentes parties de la société, plus cela peut avoir une action globale.

Catherine Florian, dans le public, signale que pour ouvrir la nouvelle librairie Violette and co, elle s’est heurtée « au système » et notamment aux banques dans lesquelles on entend sur les lesbiennes des réflexions épouvantables.

Maryse Lourmière évoque la dynamique des réseaux qui sont en train de se constituer, par exemple celui de lesbiennes artistes, initié à Nancy par, entre autres, la danseuse Hélène Marquié.

Il existe deux raisons à l’invisibilité.
- La première vient de notre difficulté à utiliser les techniques de communication et à nous imposer dans le domaine militant comme professionnel,
- et la seconde, plus difficile à maîtriser, est due à une misogynie et à une lesbophobie encore très vivaces.
Nous faisons face à une invisibilisation systématique et persistante dans tous les secteurs de la société. Pour la battre en brèche, nous devons rester vigilantes aussi bien dans le domaine militant, privé que commercial.
Développer et multiplier les initiatives, les événements, tout en restant solidaires. Une initiative n’en empêche pas une autre, tout peut co-exister, tout s’enrichit et donne de la force, tout peut concourir à diffuser la culture lesbienne. "

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février 2003 : Têtu n° 75 : Agenda n° 26 (page 6) > par Xavier Héraud et Jérome Gac
http://www.tetu.com/index.php?set_language=en&cccpage=anciens_numeros_2003
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INFOS

Paris : Polémique autour du Centre d'Archives
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Les lesbiennes sont-elles mises à l'écart du futur Centre d'Archives et de Documentation des Homosexualités de Paris ?
- C'est en tout cas ce qu'estime le groupe Archilesb !, qui a lancé une pétition sur ce thème à la fin du mois d'octobre dernier.
- Depuis, la polémique fait rage. Retour sur le psychodrame de cet hiver, avec les protagonistes du débat.
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Tout est parti d'une pétition lancée par Archilesb !, un groupe informel à la tête duquel se trouvent la sociologue Marie-Hélène Bourcier et l'historienne Marie-Jo Bonnet, lors du dernier festival Cinéffable, en octobre dernier.

Au Coeur du débat,
- la petite place accordée aux lesbiennes dans le projet du futur Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris (CADHP), piloté par Jean Le Bitoux et Christopher Miles,
- et cette phrase, extraite de son dossier de présentation : «Dans un premier temps, le fonds d'archives concernera majoritairement l'homosexualité masculine, pour des raisons historiques».

Archilesb !, dans sa pétition, qui a recueilli à ce jour environ 1 000 signatures, répond : «C'est bien méconnaître l'histoire des mouvements sociaux liés aux politiques sexuelles, qui trouvent leur enracinement dans les cultures féministe et lesbienne, et ce dès les années 70 en France

- Marie-Hélène Bourcier faisait pourtant partie du projet à ses débuts, mais elle avait rapidement claqué la porte.
- La Mairie de Paris, qui a attribué une subvention de 100 000 euros au Centre, a elle aussi été contactée.
- Dans une lettre à Anne Hidalgo, première adjointe au Maire de Paris, Marie-Jo Bonnet fait part de son indignation.
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C'est un article de «Libération» qui met le feu aux poudres.
Démentis, mails «forwardés», rumeurs fusent alors de partout.

Mais c'est un article paru dans Libération du 7 décembre dernier, intitulé «Des lesbiennes en guerre contre le machisme gay», reprenant cette info, qui met le feu aux poudres.

Démentis, mails «forwardés», rumeurs, attaques personnelles fusent alors dans la communauté homo. Chacun choisit son camp.
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La polémique atteint son climax avec l'apparition d'un groupuscule «énervé», le Commando des Lesbiennes Insoumises et Transgressives (CLIT).
- Ce petit groupe fait parvenir quotidiennement à Marie-Hélène Bourcier et à Marie-Jo Bonnet [et aussi à la journaliste Blandine Grosjean, auteure de l'article dans Libération], cinq jours de suite, des lettres anonymes contenant un tampon usagé.
- Au cinquième jour, Marie-Jo Bonnet reçoit une lettre dénonçant la stratégie de victimisation d'Archilesb !.
- L'historienne porte plainte, et Marie-Hélène Bourcier précise qu'elle compte faire de même.
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Le 12 décembre, Jean Le Bitoux et Christopher Miles sortent de leur silence et envoient un communiqué à la presse.

Se défendant de tout «machisme», le CADHP conteste les chiffres avancés par Archilesb ! : 5 femmes seulement sur les 59 participants investis dans le projet :
- «Ces chiffres sont erronés: le comité de soutien compte 35 noms, dont une dizaine de femmes.»
- Et de souligner que le projet est toujours en phase de préfiguration, et qu'il le restera encore de dix-huit à vingt-quatre mois.

Christopher Miles, président du projet, confie avoir vécu «amèrement» les attaques dont le Centre a fait l'objet. Pour ce qui concerne les «raisons historiques» invoquées dans le dossier de présentation du projet, il persiste et signe :
- « La majorité des documents concernant l'homosexualité à la fin du XIXe siècle sont des documents pénaux ou médicaux.
- L'homosexualité féminine n'étant pas pénalisée, ces documents parlent uniquement d'homosexualité masculine.»
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«Par ailleurs, ajoute Jean Le Bitoux, nous avons contacté les Archives Lesbiennes [Archives Recherches Cultures Lesbiennes (ARCL)] pour obtenir les doubles des documents qu'elles possèdent.»
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«Beaucoup de bruit pour rien, finalement», conclut Philippe Lasnier, conseiller de Bertrand Delanoë, notamment sur les questions homosexuelles, qui rejette toute mise en cause de la Mairie [de Paris] :
- «Comme promis début 2001 par Bertrand Delanoë, ce projet mixte a été soutenu grâce à un vote consensuel en septembre 2002.
- Mais la vie interne d'une association n'est pas de notre ressort.»

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Archilesb !, en tout cas, ne compte pas en rester là, comme l'explique Marie-Hélène Bourcier :
- «Archilesb! comme Vigitrans [groupe trans qui soutient la pétition d'Archilesb !] demandent à ce que soit organisée une réunion de mise à plat des objectifs scientifiques et de l'organisation de la préfiguration du Centre en présence d'un référent de la Mairie [de Paris].
- Autant de trans que de lesbiennes et de gays dans les instances, qu'il s'agisse du Comité de pilotage ou du Comité d'administration de l'association.
- Archilesb ! et Vigitrans feront des propositions en ce sens, ainsi qu'en matière d'animation de la réflexion sur la notion d'archives».

Et la sociologue de prévenir :
- «Le CADHP doit apprendre à travailler avec toutes celles et ceux qui le veulent et ont des compétences, et cesser de se comporter en petit chef.
- Le Centre ne se fera pas sans nous !»

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«Pour l'instant, rappelle Christopher Miles, nous n'avons pratiquement pas commencé la collecte d'archives.»

Jean Le Bitoux précise que le Centre, loin d'être opérationnel, est toujours à la recherche d'un local.
- Et le cofondateur de Gai Pied d'appeler de ses voeux la fin de la polémique :

- «Travailler sur les archives demande un minimum de sérénité.»

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7 12 2002 : quotidien Libération > par Blandine Grosjean
http://www.liberation.com/page.php?Article=72664
8.12.02 : tassedethe.com
http://tassedethe.com/cadres/souscadre/webzinfos/dossier%205.htm

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Des lesbiennes parisiennes contre "le machisme gay" :
Elles s'estiment exclues du projet de Centre d'Archives Homosexuelles

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Une partie du mouvement lesbien est en guerre ouverte contre « le pouvoir gay hégémonique et normatif » qui sévirait à Paris, notamment à l'Hôtel de Ville.

Les accusations de « misogynie antiféministe » visant des gays « dominateurs, fonctionnant par copinage » provoquent en retour celles de « lesbiennes hystériques enfermées dans une perpétuelle victimologie ».

Objet de cette poussée phobique : le futur Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles [de Paris], qui vient d'obtenir une subvention de 100 000 euros de la municipalité.
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Remontée.

Deux lesbiennes historiques, chercheuses incontournables du mouvement, Marie-Hélène Bourcier et Marie-Jo Bonnet accusent la Mairie et le promoteur du Centre, Jean Le Bitoux, d'avoir exclu les lesbiennes du projet.
- Elles dénoncent la composition du comité de pilotage : 5 femmes sur 59 participants.
- Elles pointent la bibliographie qui ne fait référence qu'à deux ouvrages rédigés par des femmes, l'un américain et l'autre traitant de l'homosexualité masculine.
- Elles ont aussi du mal à digérer un passage de la présentation : « Il est probable que, dans un premier temps, le fonds d'archives concernera majoritairement l'homosexualité masculine pour des raisons historiques. »

Marie-Hélène Bourcier a lancé une pétition qui a déjà recueilli 700 signatures, dont celles d'Act Up, de la Coordination Lesbienne [en France (CLF)], d'élues vertes de la capitale.

Marie-Jo Bonnet a écrit une lettre très remontée à la première adjointe, Anne Hidalgo, chargée de la parité : « Il n'est pas normal qu'il suffise qu'un projet soit présenté par Christophe Girard [adjoint vert à la culture et gay, ndlr] pour obtenir immédiatement de l'argent. »
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La générosité de la municipalité a réveillé les rivalités. Le Centre d'Archives est devenu "le" poste stratégique pour exister. Il sera
- un lieu de conservation de la mémoire,
- un espace de ressources documentaires
- et un outil de recherche
à l'instar des archives d'autres capitales occidentales.

Bertrand Delanoë l'a voulu et, à la Mairie, on explique, énervé par cette querelle, que « seule compte la qualité scientifique du projet soutenu par les grosses structures homosexuelles ».

Nathalie Rubel de la Coordination Lesbienne [en France (CLF)] est persuadée que Jean Le Bitoux n'a pas exclu "sciemment" les lesbiennes : « Il ne se rend pas compte qu'il a tout pensé au masculin, tout construit autour de ses affinités personnelles, qui sont masculines. »
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Alibi.

Pour les féministes de Prochoix, le Centre d'Archives sera gay : « L'ajout du mot lesbien est un alibi.»
- L'association ne se joint pas à cette protestation,
- « mais si la Mairie persiste à refuser une subvention au Festival Lesbien Cinéffable, alors qu'elle a accordé 30 000 euros au Festival
[de Films] Gay et Lesbien [de Paris (FFGLP)] qui est 100 % gay, alors nous dénoncerons ce pouvoir gay parisien. »

René-Paul Leraton, membre du comité de soutien du Centre d'Archives, reste zen : « Les lesbiennes historiques ont l'habitude de s'en prendre aux seuls mecs qu'elles ont sous la main : les pédés ».

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2 11 2002 : 14ème festival CinéFfable > débat
http://cineffable.free.fr/p_14assol.htm

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Quelle place pour la culture lesbienne en France ?
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Discussion sur la place de la culture lesbienne en France et plus particulièrement sur les relations entre les associations lesbiennes et les différents partenaires institutionnels qu’elles sont amenées à rencontrer.

La discussion avait lieu en présence de
- Nicole Azzaro, conseillère de Paris,
- Marie-Jo Bonnet, chercheuse et historienne,
- Marie-Hélène Bourcier, sociologue et membre d’Archilesb !,
- Michèle Larrouy, Margot Meynier et Lydie Rauzier des Archives recherches et cultures lesbiennes (ARCL),
- Fabienne Leleux, adjointe au Maire du Xe arrondissement de Paris,
- Sylvie Meinier, présidente de l’association grenobloise Les Voies d’Elles,
- et Nathalie Rubel, coprésidente de la Coordination Lesbienne en France.

Le débat s’articulait autour d’une présentation de chaque intervenante puis d’une discussion avec le public.

Traditionnellement, Cineffable propose des débats qui suivent les thématiques abordées dans les films programmés.
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Mais cette année, Cineffable a vécu, dans le cadre d’une demande de subvention, une situation difficile et assez décevante avec la Mairie de Paris.

Il apparaissait clairement que ce n’était pas seulement Cineffable, festival de films, qui était malmené mais Cineffable, association lesbienne et en définitive toute la culture lesbienne qui n’était ni soutenue ni reconnue par la Mairie de Paris.
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L’annonce du débat sur nos différents supports évoquait le Festival [de Films] Gay et Lesbien de Paris qui avait bénéficié courant 2002 de la reconduction d’une subvention municipale de 30 000 euros.

Cineffable demandait une subvention à la Mairie de Paris au même titre que le Festival [de Films] Gay et Lesbien, dont nous avons toujours respecté le travail et dont nous nous sommes toujours montrées solidaires.
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L’association Cineffable contacte la Mairie de Paris en juillet 2001 parce que le festival, qui n’a pas de lieu pour sa 14e édition, cherche une aide logistique.
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Mais l’association peine à trouver un interlocuteur et à obtenir un rendez-vous, y compris avec Philippe Lasnier, chargé des relations avec le milieu gay et lesbien.
- Au bout de quelques mois, un chargé de mission reçoit une représentante, lui annonce que la Mairie n’a aucune salle à proposer et lui conseille de remplir un dossier de demande de subvention qui permettrait de louer un lieu plus cher.

Le dossier est envoyé à Régine Hatchondo, directrice du service cinéma de la Mairie à qui l’on demande un rendez-vous.
- Durant la conversation, elle apprendra que Cineffable organise deux festivals de films lesbiens mais ne saura rien du caractère non-mixte du festival d’octobre.
- Elle refuse de nous accorder plus de cinq minutes et nous conseille d’aller plutôt demander une subvention au CNC.

En juillet 2002, nous apprenons que la subvention est refusée, officiellement par manque de crédit.
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Cineffable, organisatrice d’un événement ambitieux, de qualité et qui enregistre en moyenne 9000 entrées par an, est scandalisée.

Elle mobilise des personnalités,
- Caroline Fourest de l’association Prochoix,
- Marie-Jo Bonnet,
- Clémentine Autain, chargée de la jeunesse et des sports à la Mairie de Paris,
- Fabienne Leleux, adjointe au maire du Xe arrondissement de Paris,
qui font remonter son indignation aux services de la Mairie.

Finalement en septembre 2002, Cineffable est reçue par Philippe Lasnier qui « pense qu’une subvention est possible en 2003 ».
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Michèle Larrouy, Margot Meynier et Lydie Rauzier
des Archives recherches et cultures lesbiennes (ARCL) :

«Les Archives sont créées en 1984 (à partir d’un projet démarré en 82) et sont accueillies depuis 1994 à la Maison des femmes de Paris qui héberge une quinzaine d’associations féministes et lesbiennes grâce aux subventions qu’elle reçoit.
- Les locaux des ARCL sont ouverts tous les mardis et sur rendez-vous.
- Elles suivent une politique de non-mixité assumée, comme bien d’autres associations qui se créent encore aujourd’hui.

Le travail des militantes bénévoles, les dons des individues et des associations permettent aux Archives de vivre sans subvention.

Dès 1985-87, elles demandent des subventions ministérielles au moment où le gouvernement est dit de gauche. Les demandes sont rejetées car les archives sont non-mixtes.

Depuis trois ans, elles demandent des subventions aux noms des trois centres d’archives féministes et lesbiens hébergés à la Maison des femmes, afin de créer des postes et des vacations. Elles n’ont obtenu que 20 000 francs.

Lors de rendez-vous à la Mairie de Paris, Philippe Lasnier les décourage car un centre d’archives gay et lesbien se crée.

Elles s’étonnent qu’un centre nouveau puisse se voir allouer si rapidement des subventions alors que d’autres associations qui existent depuis très longtemps sont découragées dans leurs démarches.

- Comment le milieu lesbien envisage-t-il de soutenir les archives lesbiennes ?
- Comment interpeller les politiques en France comme les lesbiennes non-mixtes peuvent le faire en Hollande ou en Allemagne ?
- Que faire alors que de nombreuses associations féministes vont perdre la moitié de leurs subventions d’ici deux ans ?»
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Marie-Hélène Bourcier est sociologue et membre d’Archilesb,
un groupe qui existe depuis un an et qui se donne pour objectif de réfléchir à la notion d’archives des minorités :

« Réflexion qui n’apparaît pas dans le dossier de présentation du projet de centre d’archives des homosexualités mené par Christopher Miles et Jean Le Bitoux.

- Ce dossier annonce 59 participants dont 5 femmes, inconnues pour la plupart. La vice-présidente est hétéro et universitaire avec une vision d’historienne non militante.
- Le dossier déclare que
« pour des raisons historiques », les archives seront principalement masculines.
- Beaucoup de noms sont cités mais toutes les personnes n’ont pas été prévenues.
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Le projet exclut la problématique trans.

M. Le Bitoux propose à Marie-Hélène Bourcier de participer mais elle refuse de cautionner ce projet dans l’état où il est.

Une subvention de 100 000 euros est accordée par la Mairie de Paris à l’automne 2002.
- Il est inadmissible qu’une spécialiste de l’histoire des lesbiennes comme Marie-Jo Bonnet et que toutes les historiennes féministes soient exclues.
- Archilesb ! se donne pour mission de réfléchir à des archives vivantes, basées par exemple sur des interviews parce que les lesbiennes ne sont pas forcément présentes dans des archives institutionnelles et officielles.
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Clémentine Autain est la seule en plein conseil de Paris à avoir rappelé l’importance de la parité et à avoir prononcé le mot « lesbienne ».

La pétition d’Archilesb ["Pour que cesse l'exclusion des lesbiennes dans le projet du futur CADHP"] est lancée au 14e festival Quand les lesbiennes se font du cinéma
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Nathalie Rubel co-présidente
de la Coordination Lesbienne en France :

« La CLF regroupe une vingtaine d’associations lesbiennes de toute la France.
- Son objectif est de partager expériences et initiatives durant les grandes rencontres de printemps et les forums associatifs,
de visibiliser les lesbiennes, défendre leurs droits et lutter contre la lesbophobie.
- La CLF a constitué un dossier de témoignages et de propositions de lois contre la lesbophobie, qui a été remis à des élus, des candidats aux élections législatives, à des personnes politiques.
La CLF intègre maintenant un réseau européen. Nathalie Rubel évoque la lesbophobie des institutions et des politiques qui insistent sur le fait que « notre société est fondée sur la famille et sur la différence entre les sexes pour la reproduction ».

Les lesbiennes sont tolérées mais marginales.
- Les administratifs enterrent souvent leurs dossiers qu’ils considèrent comme très secondaires.
- Ils privilégient la mixité qui se prétend universelle alors qu’il s’agit souvent de projets portés par des gays essentiellement.

Certaines lesbiennes, sous le poids du patriarcat, éprouvent des difficultés lors de démarches concrètes de peur de se visibiliser. Elles se méfient des institutions qui ont souvent été oppressives.

La tentation est grande d’être indépendantes en révisant ses moyens à la baisse et en étant inventives.
- Mais les contacts ne servent pas seulement à demander de l’argent.
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Il s’agit de se faire connaître en tant que citoyennes à part entière. Les lesbiennes paient des impôts, l’argent public doit leur revenir aussi.

Le Centre Evolutif Lilith de Marseille, pour son projet de santé lesbienne, a contacté un certain nombre de délégations et d’institutions.
- Elles ont obtenu un bon retour financier pour établir un service d’écoute, pour mener des projets de dépistages des cancers gynécologiques, pour mener des campagnes de préventions auprès du public et des gynécologues. »
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Sylvie Meinier, présidente
de l’association grenobloise Les Voies d’Elles :

Les Voies d’Elles étaient chargées d’organiser la rencontre de printemps de la Coordination lesbienne en France (CLF).
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Elles ont décidé de concrétiser les réflexions d’une des commissions de la CLF « précarité économique et patriarcat » et de proposer un hébergement au pro rata des revenus de chacune afin qu’un maximum de femmes puissent y aller, y compris les plus démunies.
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Si l’on estime que le revenu moyen net d’une femme est d’un peu plus de 1000 euros par mois, il fallait offrir à chacune 6,86% d’un revenu mensuel, impôt déduit.

Les Voies d’Elles devaient donc trouver des subventions afin de ne pas amputer le budget de la CLF.
- Elles contactent la délégation aux Droits des femmes : la réponse est négative.
Le conseil général de L’Isère accorde 1000 euros mais rapporte les réflexions vexantes des autres élus.
- La Ddass accorde 457,35 euros.
- La Mairie donne 1000 euros juste avant la rencontre.

Elles sont contactées par les Renseignements généraux qui veulent savoir pourquoi elles demandent une subvention à la délégation Jeunesse et Sport.
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Elles sont à deux reprises confondues avec des associations mixtes, signe d’un acte manqué ou d’un manque de visibilité.
- Elles constatent que la non-mixité n’est pas bien acceptée.
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Marie-Jo Bonnet, chercheuse et historienne :

« Ce qui est remis en question avec la non-mixité, c’est l’autonomie des femmes et des lesbiennes.

De plus, nous sommes dans une démocratie représentative qui développe des systèmes de contrôle.
- Demander de l’argent, c’est une dépendance. On peut nous demander une certaine forme d’allégeance et on se sent aussi obligées de faire allégeance.
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Ce ne sont pas les femmes qui contrôlent l’argent et elles gagnent généralement moins que les hommes.

Les associations de femmes ne font pas de déficit et sont bonnes gestionnaires.
- En 1997, les Assises pour les droits des femmes avaient un budget de 451 500 francs et ont engendré des bénéfices de 65 000 francs.
- En 96, la LGP (Lesbian and Gay Pride, organisatrice de la marche des fiertés) a fait un déficit de 1,70 million de francs.

Les disparités des subventions accordées aux gays et aux lesbiennes ou aux femmes sont une injustice.

Il y a aussi la question du mot « lesbienne » qui n’est pratiquement jamais prononcé comme par exemple au moment du débat sur le PACS.
-
Les femmes peuvent s’associer mais elles doivent se taire.
- Les femmes sont nettement en retard dans la démocratie, elles n’y participent que depuis cinquante ans.
- Comme la démocratie est censée être représentative, si les lesbiennes ne sont pas représentées par les élus, cela veut dire que la démocratie ne représente pas tout le monde. »
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Nicole Azzaro, Conseillère de Paris

Qu’est-ce que le Conseil de Paris ?
- « Au cours des élections municipales, on élit les conseillers municipaux et les conseillers d’arrondissement, soit 163 élus, dont le Maire de Paris et chacun des 20 maires d’arrondissement.
- Le Conseil de Paris prend des décisions et vote les 500 projets de délibération environ par mois pendant deux journées très denses.»

Nicole Azzaro est élue du IXe où elle s’occupe de la voirie, de la propreté, des jardins, des transports.
- Nicole Azzaro rappelle qu’il ne faut pas hésiter à aller chercher les élus et à demander des rendez-vous.
-
« Les élus ne reçoivent que des projets de délibération ou des projets aboutis. Au moment du vote, ils peuvent éventuellement étudier les comptes prévisionnels et demander une subvention plus importante.
-
Mais l’idéal est qu’ils soient avertis en amont afin d’appeler les adjoints et de s’enquérir de l’état des dossiers.

Ensuite, il est important de dépenser l’intégralité d’une subvention accordée. Sinon, cela veut dire que l’association a trop demandé. »
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Fabienne Leleux, adjointe au Maire du Xe arrondissement de Paris

« Il faut aller à la pêche aux informations et surtout solliciter les élus même ceux qui ne sont pas en charge des questions concernées.

On peut assister aux conseils d’arrondissement.
- Les associations peuvent poser des questions par écrit aux élus lors de plates-formes associatives.
- Les élus sont tenus d’y répondre dans un délai d’une semaine.

On peut émettre un vœu et la réponse peut être une forme d’engagement.
-
Lors d’une demande de subvention, les administratifs peuvent bloquer un dossier.
- On peut alors interpeller un élu qui contactera ceux qui sont en charge du dossier.

Les élus s’engagent lors des élections, il faut le leur rappeler.
- Quand un élu soutient des dossiers, c’est qu’il y croit vraiment.
- Donc il n’y a pas à craindre d’allégeance. »

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Discussion :

* Michelle Larrouy dit que «le courant des lesbiennes non-mixtes est un courant politique.
- Il n’est pas reconnu dans la sphère politique et pas seulement à un niveau administratif.
- On refuse d’entendre que le lesbianisme n’est pas seulement une sexualité mais une mouvance politique de résistance avec une construction de solidarité.
- Faut-il dans ce contexte se résoudre à l’autogestion ?»

* Fabienne Leleux ne croit guère à une «classe» lesbienne mais à des citoyennes engagées.
- Elle incite les lesbiennes à s’engager en politique.
- Elle reconnaît que la non-mixité pose problème. Il faut savoir alors convaincre les plus réticents, trouver des termes précis politiquement.
- Elle a été sensible pendant les interventions aux termes «autonomie», «indépendance», «pouvoir d’expression».

* Marie-Hélène Bourcier remarque que la culture féministe n’est pas présente dans les services de la Mairie de Paris.
- «Il faut une interlocutrice lesbienne qui connaît la culture lesbienne et qui sait que la culture non-mixte lesbienne représente les trois quarts de la culture lesbienne.
- On n’a pas à se justifier. On parle de parité culturelle.
- La non-mixité est aussi très présente chez les gays. L’identité gay est en train de devenir hégémonique économiquement

* Une femme rejoint ces propos : «La communauté gay a moins à se battre. Les gays en France ne se remettent pas en question par rapport au sexisme.
- Ici, contrairement à l’Allemagne, les féministes se sont désolidarisées des lesbiennes.
- En France, on parle d’égalité, nous sommes tous égaux donc on ignore les différences.
- En Allemagne, les lieux non-mixtes ne s’appellent pas «non-mixtes» mais «lieux de femmes lesbiennes».
- La non-mixité peut-elle devenir une expression de non-visibilité ?
- Ici, le terme «lesbienne» seul est très courageux, est-ce aussi se mettre en minorité ?»

* Une femme reprend : Cineffable existe depuis quatorze ans.
- Si l’on multiplie ces années d’existence par le nombre de femmes présentes au festival, on obtient le nombre d’habitants d’une petite ville
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- Il n’y a pas à se justifier. Si nous sommes en démocratie, on doit nous aider aussi.

* Autre intervention : «Les lesbiennes sont refusées par la droite car lesbiennes, refusées par la gauche car non-mixtes. Il n’y a que des sens interdits partout !
- Combien donne-t-on aux hommes ? Combien nous donne-t-on ?
- Il faut comparer la superficie des lieux des uns et des autres.
- Il faut autant pour les hommes que pour les femmes.»

* Nathalie Rubel : «On accorde beaucoup d’argent aux gays pour la communication qui représente souvent la moitié du budget d’un événement.
- Les lesbiennes communiquent peut-être trop peu.»

* Une organisatrice de Cineffable : «Cineffable enregistre 9000 entrées par an (durant ses deux festivals), ce qui est un excellent résultat pour un événement culturel, pourtant cela n’intéresse pas nos interlocuteurs.
- Cineffable organise un festival mixte en juin mais cela ne change rien pour eux.
- Nous sommes prêtes à expliquer notre démarche mais on refuse de nous entendre.
- C’est la preuve que notre société est encore très lesbophobe.»

* Une femme note : «Il y a aussi des lesbiennes dans les associations mixtes, il ne faut pas l’oublier.»

* Marie-Jo Bonnet : «Dans les associations qui se disent gays et lesbiennes et qui ne représentent que les gays, les lesbiennes sont les alibis universalistes des gays.»

* Florence Fradelizi, organisatrice du festival gay et lesbien de Paris : Elle n’est pas un alibi dans l’équipe du festival, elle s’occupe de la programmation des films lesbiens et des demandes de subvention.
- Elle remarque l’arrivée d’une certaine «pédocratie» :
- «Certains gays se servent des associations pour acquérir une notoriété, obtenir des contacts, servir leurs propres intérêts politiques et profiter des subventions

* Nathalie Rubel : «L’Inter-associatif LGBT, organisateur des marches des fiertés LGBT, devient de plus en plus féministe.
- C’est pour cela d’ailleurs que de nombreuses associations lesbiennes l’ont rejoint.
- C’est aussi à nous de prendre notre place.»

* Suzette Triton : «L’argent alloué aux gays est un vrai problème. Les projets mixtes sont soutenus. Les autres sont découragés.
- Les lesbiennes non-mixtes portent aussi un projet politique qui fait peur.
- Les institutions ne veulent pas mettre d’argent dans un projet lesbien.
- La Mairie défend la parité dans ses services mais elle subventionne un projet sans parité, le centre d’archives des homosexualités de Le Bitoux qui ne consulte pas les archives gays et lesbiennes ni les archives féministes déjà existantes.
- Il n’y a pas non plus de femmes hauts responsables dans ce projet d’archives qui se crée

* Esther : «Nous devons avoir des stratégies autonomes, avec nos propres forces, nos moyens et nos façons différentes d’exister et arrêter de reproduire ce que font les gays puisque ce n’est pas possible.»

* Michelle Larrouy : «Il faut continuer l’autogestion et l’interpellation locale de nos représentants.
- Il faut être un groupe de pression. Si nous cessons de faire pression, nous mourrons.
- Beaucoup d’associations partout en France sont contre la structure élitiste mise en place dans ce centre d’archives des homosexualités

* Marie-Hélène Bourcier : «La pétition contre l’exclusion des trans et des lesbiennes dans le projet des archives des homosexualités est aussi signée par des gays qui contestent ce mode de fonctionnement où, dans le meilleur des cas, certains gays placent 3 ou 4 trans dans leurs projets, à condition qu’ils aient une politique assimilationiste.
- Comment Le Bitoux a pu présenter ce dossier de création d’archives et croire que ça passerait ?
- Comment certains responsables d’associations, comme à l’inter-LGBT, ont pu valider ce dossier et y voir une «différence structurelle ?
»

* Margot Meynier : «Les deux archives, mixte et non-mixte, ne sont pas antinomiques.
- Les lesbiennes et les trans doivent se battre pour être représentés autant que les gays dans le projet d’archives mixtes

* Nicole Azzaro propose de demander le listing des subventions accordées aux associations gays et aux associations lesbiennes pour voir s’il y a une parité et de réfléchir à comment on peut rétablir une certaine égalité.

* Fabienne Leleux relève l’importance de ce genre de rencontre qui va lui permettre dorénavant d’avoir d’autres types de réflexes.
- En tant qu’élue, elle n’a pas toutes les informations et ne connaît que les projets soutenus par la Mairie.
- Selon elle, il faut beaucoup plus solliciter les élus.

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31 10 2002 : illico n° 64 (page 28) > par Valérie Caillon
http://www.e-llico.com/content.php?section=actu&id=1127&start=1

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14ème Cineffable, Festival de cinéma lesbien non mixte
Plein feux sur le couple

Pour sa 14e édition, le Festival de Films lesbiens de Paris aura lieu au Trianon à Pigalle. Sacré challenge que d’organiser l’événement dans le quartier le plus chaud de la capitale au milieu des peep-shows et des cinémas pornos.

Comme chaque année, la question récurrente se pose : pourquoi un festival non-mixte ?
- Toutes les réponses sont sur le site http://cineffable.free.fr riche en contenu.
- Et pour ceux que les films intéressent, un "Best of mixte" ouvert à tous est organisé chaque année au moment de la Gay Pride.

Au programme cette année, plus de soixante-dix films de quinze pays différents dont beaucoup tournent autour du couple.
- Dans "Le matin : l’amour en 4 actes", des célibataires et des couples évoquent leurs façons de voir les relations amoureuses.
- "Bang, Bang, je t’aime, je t’aime" est la rencontre, entre séduction et affrontement, d’une conductrice de taxi et de sa passagère.
- Dans un univers shakespearien Haiku et Julie actrices vivent un amour passionné. Mais Julie est mariée et Haiku planifie son empoisonnement ("The strawberry harvest").

"Kraina Alicji", décrit le périple de deux jeunes amies qui décident de larguer les amarres. Et "The box", filme les tribulations de deux lesbiennes en Chine : passé, vie de couple et polygamie. "Ruthie et Connie" nous fait découvrir la vie heureuse d’un couple de mamies juives américaines et Jamie Babbit, réalisatrice de "But I’m a cheerleader" revient avec "Stuck", un court sur le train-train matinal de deux lesbiennes âgées réalisant qu’elles n’ont plus grand chose en commun.

Le thème "homosexualité et famille" est également traité dans deux films américains :
- "Treading water", en film d’ouverture,
- et "A family affair".
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Côté débats, on pourra discuter sur "l’auto-production lesbienne" ou le "rapport entre féminisme, lesbianisme et prostitution" à moins que l’on préfère s’intéresser à l’histoire du vibro ("Turn me on").

Les guest stars : Jennifer Miller, célèbre femme à barbe, et figure emblématique de la scène culturelle alternative new-yorkaise sera là pour deux films qui lui sont consacrés et Maria Betty, dans un autre registre (celui du sm-soft) pour présenter ses nouveaux films.

Ce festival riche se déroule pourtant dans un contexte financier difficile :
- à l’heure où nous imprimons, le service cinéma de la Mairie de Paris lui a refusé une subvention (alors que 30 000 euros ont été accordés au Festival
[de Films] Gay et Lesbien [de Paris (FFGLP)].
- Choquée, l'association [Cinéffable] a la ferme intention d'obtenir par tous les moyens un réexamen du dossier au nom de la parité culturelle.

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