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Homophobie ... peur de soi même ?
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Le terme « homosexuel » est
assez récent à en lire les écrits
de Marie-Jo Bonnet :
- « En 1869, Karoly Maria Benkert, (...), emploie pour la
première fois le mot « homosexuel
» dans une lettre ouverte au ministre allemand de la Justice,
Leonard, écrite dans le but de supprimer de la législation
pénale le paragraphe 143 réprimant les relations sexuelles
entre hommes » [1].
Auparavant, on utilisait des termes tels que « sodomite
», « pédéraste
», ou tout autre mot péjoratif
désignant des relations considérés « contre
nature ».
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Quant aux femmes, ce sont les mots « tribadisme
», « lesbianisme », qui ont qualifiés leurs relations
des siècles durant.
- Jusquau XXème siècle, les lesbiennes ont bénéficié
dune certaine indulgence, on parlait davantage de « tendre
amitié » pour évoquer les relations de deux femmes
entre elles.
Seuls la pénétration et le pénis
ayant une valeur, les lesbiennes ont souvent échappé aux
législations anti homosexuelles et dune façon générale
à une partie des préjugés discriminatoires de lopinion
commune
- (même si des générations dhommes de lettres,
dérudits, de médecins et plus récemment de
psychiatres se sont évertués à condamner les plaisirs
clitoridiens et à édicter des normes sexuelles).
- Cependant, il ne faut pas oublier quen tant que femmes, et comme
toutes les autres, leur statut et leurs libertés étaient
limités.
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A la fin du XIXe, les psychiatres, bien occupés
à mettre au jour la pathologie sexuelle, théorisent «
lhomosexualité » et vont reprendre des termes issus
de la médecine officielle, tombés en désuétude
au fur et à mesure des recherches.
- Un exemple : le discours sur le « clitorisme », mis en place
à la moitié du XVIIe, sera développé par le
Dr. Fournier [2], mais abandonné le temps où les
artisans de lordre moral quittèrent le terrain des maladies
physiques pour trouver un nouveau débouché à leurs
envies castratrices dans les maladies mentales.
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Homosexualité, pédophilie
La totalité des ignominies, des théories élaborées
(sans aucun doute, finalement par des frustrés, des fabricants
de morales, des partisans du conditionnement humain ...) nont heureusement
pas traversé les siècles jusquà nous, les démonstrations
scientifiques et le ridicule en ayant anéanti bon nombre !
Cependant, il est des convictions homophobes qui tiennent encore aujourdhui
et qui prennent racines, il y a plus de 2 000 ans.
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Je pense ici plus particulièrement à
lassociation homosexualité - pédophilie.
Cet amalgame tient ses origines de la Grèce
antique où les jeunes (plutôt les nobles),
considérés comme disciples, avaient un maître chargé
de leur éducation.
- Les relations « éraste-éromènes » comportaient
également lapprentissage de la sexualité.
- Ceci-dit, une fois le jeune devenu mâture, plus question de revoir
son maître.
- Dailleurs, en Grèce, ce sont surtout les philosophes
qui ont encensé lhomosexualité ( comme tremplin vers
lamour pur, dématérialisé), alors que pour
le reste, elle était communément condamnée en dehors
des relations initiatiques dun éraste avec un éromène.
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Il est fort à parier que ceux qui entretiennent
lamalgame aujourdhui entre homosexualité et pédophilie
(sous la grande catégorie du « contre Nature »),
- nen connaissent même pas lorigine
- et ne peuvent pas non plus expliquer rationnellement pourquoi ils le
véhiculent.
On peut aussi se demander si ces homophobes-là ont un cerveau
(ou sils en font usage) puisque 90% des affaires récentes
de pédophilie ont concerné des hétérosexuels
(conclusion ?).
Au passage, je ferais remarquer que pour bon nombre
de gens « lhomosexuel pédophile » est forcément
un homme,
- ce qui sous-entend que seuls les petits garçons sont victimes
de pédophilie,
- ce qui, loin de la vérité, est en plus implicitement misogyne
(les attouchements dadultes sur petites filles nauraient-ils
aucune importance ?, ou seuls les petits garçons seraient-ils attirants
?)
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Remarque sur la famille
Une bonne partie des préjugés homophobes contemporains
ne datent pas daujourdhui et sont le fruit dintoxications
culturelles et religieuses.
- Jemploie le terme culture au sens politique, les mots «
culture judéo-chrétienne » signifiant simplement quau
fondement dune organisation socio-politique (en France, étatique),
se trouvent certaines idées, sur lesquelles reposaient déjà
des religions.
Lexemple même est celui de la famille.
- Il a toujours était plus facile de contrôler mentalement
et physiquement une population lorsquelle est répartie en
petits groupes dindividus stables.
- A tous les assoiffés de pouvoir, la famille est apparue très
tôt comme pilier de la conservation dun ordre qui na
pas mis longtemps, dans lhistoire de loccident, à être
établi.
- Devenus sacro-saints, les liens de sang sont encore primordiaux pour
bien des occidentaux.
- Après des siècles de conditionnement moral, ça
fonctionne encore aujourdhui, même de façon laïque.
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Lors des campagnes contre le PACS,
une affiche dun syndicat étudiant dextrême droite
[3] présentait une famille dans un panneau
de circulation en triangle, sous-titrée « PACS,
attention, famille en danger ».
- Au delà de la fausseté de cette affirmation, on peut se
demander pourquoi il serait si grave de passer, par exemple, dun
mode privé (donc parcellaire) déducation des enfants
à un mode collectif ?
- Mais, ne nous emballons pas, les partisans du PACS, comme
de lhomo-parentalité nen sont pas vraiment à
se poser ce genre de question.
Bon, bref, si je trouve aberrant que tant de gens gobent les discours
sur la « Famille », il nen est pas moins quelle
est tellement intégrée comme « fait naturel »,
que ce qui sen écarte est atypique et des fois anormal.
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Les homosexuel-le-s sont donc des anormaux, pour
linstant.
- Pour linstant parce que, ne nous illusionnons pas, beaucoup dhomosexuel-le-s
ne cherchent pas à construire autre chose, mais à rentrer
dans la norme, à être considéré-e-s comme «
normaux ».
- Et même si lon peut penser le mariage entre homos et lhomoparentalité
comme des avancées anti sexistes, cest surtout la grande
valeur de la Famille qui retrouvera son piédestal (davantage
mise en danger par la mono-parentalité, par exemple).
- Les normes sexuelles en prendraient un coup, lhomophobie reculerait
probablement dans certaines régions, sur certains aspects, mais
le patriarcat nen serait pas pour autant inquiété.
Menfin, aujourdhui et ici, la Famille
est monogamique et hétéro-normée ;
- lhomophobie latente de la culture judéo-chrétienne
prend racine, en grande partie, dans cet état de fait inculqué
dès le plus jeune âge et auquel se raccrochent maniaquement
et inconsciemment des millions dindividus sur terre.
- Ajoutez à cela une bonne « politique nataliste bureaucratique
» [4] et lon a toutes les chances dassister longtemps
encore à certaines manifestations dhomophobie.
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La pre-orientation sexuelle
De manière générale, la démarche que met
en avant Daniel Borillo [5] consiste à ne pas stigmatiser
lhomophobie comme anomalie sociale horrible et monstrueuse, mais
bien plutôt à démontrer la place quelle détient
dans lorganisation de la société actuelle.
- Il lidentifie donc tout dabord comme relevant structurellement
du sexisme.
Se référant aux travaux du sociologue
Daniel Welzer-Lang [6], il écrit
:
- "lhomophobie générale nest quune
manifestation du sexisme, cest-à-dire de la discrimination
des personnes en fonction de leur sexe ( mâle / femelle ), et plus
particulièrement de leur genre ( féminin / masculin ). [
]
- Et lorsquon lance « pédé ! », on dénonce
le plus souvent un non-respect des attributs masculins « naturels
», plutôt quon ne songe à la véritable
orientation sexuelle de la personne ».
Les diktats genrés de la société moderne, qui obligent
les garçons et les filles à construire leur identité
en rapport avec les stéréotypes masculins et féminins,
sont donc mobilisés à nouveau pour discriminer toute personne
qui sécarte du « droit chemin ».
Mais au-delà de ce rapport aux comportements,
cest aussi la sexualité en elle-même que questionne
Borillo.
- Pour lui, lhomophobie se construit grâce au statut de normalité
conféré à lhétérosexualité.
- On sait aujourdhui le caractère profondément construit
et donc relatif de la sexualité humaine (même dans des mises
en situation érotiques, les enfants sauvages ne possèdent
pas de désir sexuel [7], et pourtant, lhétérosexualité
apparaît toujours comme allant de soi.
- Ainsi, la porte est ouverte à toutes les théories différentialistes
qui, sous couvert de considérer lhomosexualité comme
simplement déviante, justifient alors tous les traitements spécifiques
et inégalitaires, y compris en Droit.
Lhétérosexualité masculine (réciproquement
féminine), au même titre que les comportements considérés
comme virils (réciproquement féminins), sont donc deux facettes
dun même stéréotype social : le « vrai
» homme (la « vraie » femme).
Le rejet des personnes échappant à
cette catégorisation (homosexuel-le-s, hommes éffeminés
ou femmes masculines
) permet donc de se rassurer sur sa propre «
normalité ».
Pour citer Daniel Borillo : « le stéréotype
joue un rôle psychologique majeur, puisquil permet dapaiser
langoisse identitaire de se voir un jour déserter son statut
ou de se faire rejeter par son groupe dappartenance, surtout lorsque
celui-ci apparaît comme le modèle à suivre ».
- Cest donc en opposition à des a-typiques, à des
a-normaux, que la personnalité masculine peut se construire.
- Dit autrement, cest dans le rejet de lhomosexuel que le
genre masculin se constitue.
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Selon C. Gentaz : « lhomophobie, en raison de sa fonction
sociopsychique, préserve, tel un condom, les hétérosexuels
de la féminité en empêchant toute forme dintrusion
masculine extérieure : cest une douanière du genre
masculin. Nous pourrions dès lors supposer que lhomophobie
est constitutive de la psychogenèse de tout individu masculin ».
- Voici donc la thèse principale de lauteur exposée.
- Lhomophobie nest pas une anomalie de la société
moderne, mais un de ses piliers.
- Ni excroissance monstrueuse, ni phobie irrationnelle, la peur et le
rejet de lhomosexualité sont des principes organisateurs
de la personnalité des individus, dans le plus pur respect des
genres sexués préétablis.
On conditionne les enfants à devenir ces
hommes et femmes par un ensemble dattentes, dexigences, dattitudes,
de cadeaux, de remarques, dapprentissage manuels et intellectuels
différenciés selon le sexe de lenfant que lon
a devant soi [8].
- Il ne sagit pas dune simple répartition dans lorganisation
de la vie en général, mais de confiner les femmes dans des
rôles dinfériorité et de soumission à
légard du « sexe fort ».
- Un enjeu majeur à la clé ... le pouvoir sur autrui, celui
qui permet de disposer dun ou de plusieurs êtres humains pour
son plaisir, pour satisfaire son orgueil (sentiment très gourmand
et exigent si on ne le refuse pas) en saffirmant supérieur,
puisquau dessus dautres individus.
Pour que ça marche bien et longtemps, il
faut que lensemble des hommes acceptent dincarner, de valoriser
et dimposer à lensemble des femmes leur domination.
- De la même façon, il faut que tout un chacun soit persuadé
que la marche de la vie, cest faire des enfants, cest trouver
quelquun-e- avec qui réaliser cela.
- Chaque individu qui refuse dêtre englouti dans ces ensembles
ou dont les comportements dérogent à ceux sensés
découler « naturellement » de cette grande division
entre hommes et femmes, déstabilise, met en péril «
lordre naturel des choses ».
Alors, avant que les enfants aient pu réfléchir
à leur attirance, leurs sentiments les uns envers les autres, on
se charge de leur fixer des cadres à lamour.
- Thatcher, qui pensait que lhomosexualité se propage
quand on en parle, avait interdit quil en soit fait mention dans
les manuels scolaires.
Mais regardons en France, pas besoin de
décret, je nai trouvé aucune histoire damour
entre deux personnes du même sexe dans les manuels scolaires
[9].
- Je partage avec George Orwell lidée selon laquelle
il faut commencer par supprimer les mots qui sy réfèrent
lorsquon veut faire disparaître quelque chose (une idée,
un sentiment ... voire même quelquun) [10].
- Et, par conséquent, il est homophobe de nier certains sentiments,
certaines relations humaines en ne les mettant pas en scène, en
ne permettant pas de mettre des mots dessus.
De plus, cest bien souvent lorsque lon
ne peut (ou ne veut) pas mettre de mots raisonnés sur des choses
que lon sent, que lon voit (...), que se forment des gènes,
des peurs, voire des phobies.
- Les peurs de lhomophobe sont « apprises au berceau, réitérées
durant lenfance, envers ce quon dit étrange, non conforme,
« monstrueux » [11].
- Alors, à quand lhomosexualité « inscrite dans
les manuels scolaires avec la même clarté que les relations
hétérosexuelles » ? [12].
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Cest sûr, pas tant que, chez une majorité
dadultes, le pénis sera une valeur, sainte et sûre,
quêtre pénétré-e- sera lapanage
de linférieur(e), que la sodomie sera prise pour la pratique
la plus fréquente des homos et que les actes sexuels sans pénétration
seront considérés comme une forme de sexualité incomplète.
- Le concept de « pré-orientation sexuelle »nest
donc pas vide de sens.
- Et, pour ceux et celles qui nattendront pas dêtre
marié-e-s, davoir des enfants, pour sapercevoir, se
révéler leurs homosexualités, rien, du côté
de la découverte, de laffirmation de soi, ne sera facile.
Ladolescent-e- homosexuel-le trouvera rarement
dans le cadre scolaire
- des situations dans lesquelles se projeter,
- des personnages auxquels sidentifier
alors que lon sait que toute personnalité se forge dans limitation
et lidentification à des semblables.
Très peu de mots également sur le
million dhomosexuel-le-s mort-e-s dans les camps de concentration...
pas de mémoire collective, de passé à sapproprier
pour sinscrire dans et construire le présent, pas dHistoire.
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Le rapport au plaisir, au corps
Comment donc accepter quon procure à autrui ou quautrui
se procure le plaisir que soi-même, on se refuse ?
- Je crois en effet quun des noeuds de lhomophobie se trouve
dans la frustration sexuelle, dans la limitation des plaisirs et, dune
fa« on générale, dans la conception restrictive et
brimante du corps.
A voir la profusion des régimes amincissants,
des journaux de mode(s), des accessoires d"esthétique
», on se rend bien compte que le corps nest toujours pas sorti
de ses chaînes,
- quil sagit encore davantage de répondre présent-e-s
à lappel de toutes les valeurs normées et normatives
- que de chercher à mieux connaître son corps et la richesse
des plaisirs quil peut offrir.
Du fait même que les homos ne procréent
pas, il y a de grandes chances quils et elles fassent lamour
dans un honnête but de plaisir ..., non mais, vous vous rendez compte
?
- Alors que Jésus, lui, atteint sa gloire, rejoint Dieu
lorsquil est troué, meurtri dans sa chair (propre), de simples
âmes sabaissent à trouver du plaisir dans ce corps
vil, sale, matériel, et surtout bien vivant (tout est dit).
Si je pense que cela a à voir avec la haine vouées aux
homosexualités,
- je ne dis pas pour autant que les homosexuel-le-s
sont exempt-e-s de la répression sexuelle ambiante ni de lenfermement
du corps dans des schémas.
- La preuve pour moi est visible dans la bi-phobie [13] si répandue
dans « le milieu ».
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La lesbophobie
(Une question que je me pose encore et qui a sans doute orienté
mes recherches sur ce thème est de savoir si lon peut être
militante homosexuelle sans être féministe.)
La lesbophobie est une catégorie de lhomophobie,
qui, comme la gay-phobie, comporte des particularités.
- Par exemple, il faisait meilleur vivre lesbienne il y a quelques siècle
quaujourdhui, mais, parallèlement, il fait meilleur
être femme aujourdhui quil y a cent ans.
- Et les deux ne sont pas dissociables quand on envisage lhomosexualité
des femmes. Homosexuelles, hétérosexuelles, bon nombre de
femmes furent brûlées, torturées, violées du
même fait dune misogynie parfois sanguinaire, en tout cas
séculaire.
Accuser une femmes de sêtre «
travesti en homme » a pu conduire à son exécution
ou son emprisonnement.
- Sachant que se travestir en homme signifiant « revêtir le
costume masculin », ce sont toutes les femmes qui étaient
concernées, quelles que soient leurs sexualités [14].
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Parallèlement, je le disais plus haut, les
lesbiennes en tant que telles ont beaucoup moins fait les frais de leur
orientation sexuelle que les gays.
- Là encore, rien de surprenant, cest vrai, quest-ce
que peuvent faire deux femmes ensemble ?
- Rien... pas grand chose, enfin, rien de bien méchant quoi ? !
- Comment contredire cela. Cela fait à peine trente ans que le
plaisir des femmes entre en ligne de compte dans les discours sur les
relations hétérosexuelles, quon parle ouvertement
et simplement (quoique...) de ce fameux clitoris !
- Quest-ce que le cunilingus ? Une caresse ? Un acte sexuel ? Je
répondrais : un acte symboliquement et moralement moins chargé
que la fellation.
La négation de toute sexualité propre
aux femmes a beaucoup contribué à ce quon les tiennent
à lécart des ratonnades, des rafles.
- Certes, elles dérogent à leur rôle de procréatrice,
mais en même temps elles participent delles-mêmes à
mettre un terme à ce fléau communément nommé
femme [15].
Et puis, finalement, elles peuvent être utiles
aux hommes, au regard des différents types de productions pornographiques.
- Ceci-dit, tout nest pas rose pour les lesbiennes et elles ne sont
pas non plus épargnées en tant que simples objets de fantasmes
masculins.
- Avec la stigmatisation de la « camionneuse », nombre dhommes
se sentent attaqués dans leur virilité (ou « croyance
en leur supériorité »), et répondent par la
violence ; tu veux jouer à lhomme, tu vas voir !
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Collectivement contre lhomophobie
A quand cette fameuse « révolution sexuelle » dont
jai ouïe dire quelle sétait déjà
produite ?
Je reste persuadée quon coupera certains
ponts avec lhomophobie en faisant reculer la répression sexuelle,
en émancipant le corps de ses carcans, en donnant un sens neuf
aux mots « libération sexuelle ».
- Lutter contre lhomophobie, cest dabord, je pense,
refuser de penser lhomosexualité, et den débattre,
dans des termes de « inné-acquis », « naturel-contre
nature ».
- Tout simplement parce que ce qui est « naturel » est finalement
acquis puisque change selon les modes, les politiques... et surtout parce
que le débat qui cherche à élucider les « causes
» des homosexualités nous détourne de la question
de savoir comment bien vivre ce que nous voulons être, et au quotidien.
- Je pense quil faut également être présent-e-
à chaque occasion où le concept de « visibilité
» se trouvera manifesté concrètement. Sortir du silence,
du placard et ce, collectivement.
Par ailleurs, je me demande sil faut (comme cest déjà
le cas) lutter pour la reconnaissance des homos comme groupe social.
- Dun côté les homosexuel-le-s,
transexuel-le-s pousuivi-e-s dans un pays du fait de leur orientation
sexuelle, ne peuvent pas prétendre à lasile politique
de ce fait même qu « homo » nest pas un
groupe social.
- Mais de lautre côté, cest un vrai lobby qui
se met en place (que lon a pu observer lors des débats
sur le PaCS) avec tout ce que cela
implique : participation à un système politique pourri,
défense dintérêts économiques et commerciaux,
promotion dune culture propre, enfermement de la population dans
des catégories...
Tout pour faire pâlir mon sens de luniversalisme.
Lutter contre lhomophobie, cest aussi
à la racine,
- refuser tout discours enfermant les hommes ou les femmes dans des stéréotypes,
- refuser quil soit dégradant dappartenir au sexe féminin,
et finalement peut-être se décharger dun coup de boule
à chaque « femmelette », « enculé »
etc., qui vient nous squatter lencéphale par les oreilles.
Pour ne pas conclure, je marrêterais sur une citation de
Jacques Fortin :
- « Notre lutte contre loppression,
pour les alliances nécessaires et possibles avec les femmes, dont
la cause ébranle si fort lordre établi des genres,
avec les exploités dont le combat attaque lordre établi
des classes, nous mène, hors des sentiers battus, sur la voie inexplorée
de modes de vie émancipés, encore inédits.
» [16].
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- [1] Marie-Jo Bonnet, Les relations amoureuses entre les femmes,
ed. Odile Jacob, coll. Opus sept 1995, p.284 : Le mot « homosexuel(le)
» fait sa 1ère apparition dans le supplément du Nouveau
Larousse illustré aux alentours de 1900.
- [2] « Le clitorisme est cet acte au moyen duquel les femmes suppléent,
par une sorte dartifice, au plaisir que la nature réserve
aux seules approches amoureuses des deux sexes . » Dictionnaire
des sciences médicales par une société de médecins
et de chirurgiens, Paris, ed. Panckouke, 1812-1822, Dr. Fournier,
article « Clitorisme »
- [3] lUNI
- [4] Jacques Fortin, Homosexualités, ladieu
aux normes,ed. Textuel, coll. La discorde, 2000, p. 35
- [5] Daniel Borillo, Que sais-je ? Lhomophobie, ed. PUF,
2000
- [6] ibid. p.87
- [7] Mémoires de singes et paroles dhommes, Boris Cyrulnik,
Points Seuil
- [8] Pour décortiquer plus en profondeur les processus de construction
des genres masculins et féminins, je vous invite à lire
larticle sur ce même sujet dans le No Pasaran
75, mars 2000
- [9] Je naffirme pas pour autant avec certitude quil nen
existe pas puisque je nai pas lu la totalité des manuels
existants et quil y en a un paquet !
- [10] cf. le fameux roman 1984
- [11] Jacques Fortin, cf. plus haut, p.69.
- [12] idem p.41
- [13] je précise : « biphobie » = peur, haine des
bisexuel-le-s.
- [14] Bonaparte interdit aux femmes le port du costume masculin.
Ce nest quen 1886 que commence une campagne de la Ligue pour
lAffranchissement des Femmes contre ce fait et cette loi
- [15] cf. Françoise dEaubonne, Le sexocide des sorcières,
n°47 de lEsprit frappeur, 1999
- [16] cf.(4), p.9
. |