.
Marie-Jo BONNET
Docteur en Histoire
contactmjbonnet[AT]yahoo.fr
Paris
le 22 janvier 2003,
Lettre
ouverte à M. Bertrand Delanoë, Maire de Paris,
à propos du Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles
de Paris (CADHP)
qu'il souhaite fonder dans la capitale
.
Monsieur le Maire,
.
Le
2 décembre dernier j'ai écrit à Mme Anne Hidalgo,
Première Adjointe à la Mairie de Paris et
Responsable de l'Observatoire de l'égalité entre les
femmes et les hommes, pour lui faire état de la "discrimination
officielle" dont sont victimes les lesbiennes dans le projet de Jean
Le Bitoux du futur "Centre d'Archives et de Documentation
Homosexuelles de Paris" que
vous souhaitez installer à Paris et que son "Association
de Préfiguration du CADHP" s'est vu attribuer une
subvention de 100 000 euros le 24 septembre 2002 pour entrer en phase
de préfiguration.
.
N'ayant
pas encore de réponse de Mme Hidalgo, et ayant été
témoin de trop nombreuses inexactitudes, voire des déformations
volontaires
diffusées dans la presse par M. Philippe Lasnier, votre
"Conseiller auprès du Maire de Paris" et
votre "Chargé des relations avec les homosexuels",
au sujet de notre action anti-discriminatoire, je me permets de répondre
ici point par point à son argumentation :
.
-
Je lis dans Télérama du 15 janvier 2003, les
propos de M. Lasnier
selon lesquels "Cette pétition truffée d'approximations
émane d'un mouvement informel créé et peu représentatif
du militantisme lesbien".
.
Il
a toujours été clair que si je m'opposais à ce projet
qui exclut les lesbiennes, c'était en tant que chercheuse, spécialiste
de la question.
J'ai soutenu une thèse d'histoire sur Les relations amoureuses
entre les femmes en mars 1979, thèse qui en est à
sa troisième édition.
Et je ne parle pas
de mon récent livre Les deux Amies, Essai sur le couple
de femmes dans l'art, ni des articles que j'ai publiés
dans le cadre scientifique comme dans le cadre militant.
.
Le
groupe Archilesb! a été fondé dans
le but de réfléchir à la question des archives.
Je ne l'ai jamais caché et si Archilesb! a pu lancer
sa pétition au festival Cinéffable, participer
avec moi au débat organisé par Cinéffable
sur les rapports du mouvement lesbien avec les institutions et si la pétition
a recueilli à ce jour plus de 800 signatures, c'est bien parce
que les questions qui y sont posées correspondent à une
réelle inquiétude des mouvements lesbiens, d'abord, et d'autres
acteurs du militantisme gay qui sont eux aussi discriminés par
les pratiques hégémoniques de Jean Le Bitoux.
.
Je
parle des transsexuels et transgenres mais aussi des associations gays
et lesbiennes, des chercheurs et historiens qui n'ont pas attendu M. Le
Bitoux pour constituer des Centres d'archives,
ou qui sont choqués de l'exclusion des lesbiennes.
Rien
que sur la région parisienne, il existe déjà au moins
trois centres d'archives
(voir plus loin). Or à ce jour, aucun centre existant n'a
accepté de le rejoindre. Chat échaudé craint l'eau
froide, probablement.
.
En
effet, ce n'est pas la première fois que M. Le Bitoux lance cette
idée grandiose et obtient son financement par les pouvoirs publics
:
En 1990, il a fondé
avec d'autres personnes la "Maison des Homosexualités",
dans un appartement de "deux pièces et cuisine",
rue Michel Le Comte.
Des subventions de
l'Agence Française de Lutte contre le Sida (AFLS)
et d'autres partenaires d'un montant global (pour 1990 au 1er semestre
1992) de 787 600 francs leur sont attribués (plus le loyer, les
salaires et celui de la logistique administrative), parmi
lesquelles "une subvention de 50 000 francs du Ministère
de la Culture pour le service documentation" pour
1991 (cf. Gai Pied Hebdo N° 492, 31 octobre 1991,
p. 55).
C'est
pourquoi, Jean Le Bitoux, "responsable des programmes
à la Maison des Homosexualités", se félicite
dans un éditorial du magazine Illico d'octobre 1991,
p.12, de l'octroi de la subvention en écrivant :
"Un lieu s'impose, protégé des querelles associatives
et des menaces politiques. Des éléments épars, des
repères de notre histoire, encombrent encore nos caves. Certains,
plus prévoyants, les remettent au Centre d'archives de la
Maison des Homosexualités. Le Ministère de la
Culture vient pour la première fois de se décider à
reconnaître, par une subvention, la richesse de cette mémoire.
Prenons-en acte, en sachant que l'histoire n'existe d'abord que par la
protection de la sienne propre".
.
Or
un mois plus tard, Act-Up Paris décidait de
ne plus faire partie de la "Maison des Homosexualités"
(cf. Illico, décembre 1991, p. 33 et 36). Pourquoi
?
Relisons leur déclaration :
"Comment peut-on croire à une Maison
des Homosexualités où les lesbiennes sont si peu représentées,
où les associations présentes n'ont aucun contact direct
avec les homosexuels, et qui manque à ce point de
sens critique à l'égard des institutions gouvernementales
?" (cf. Gai Pied Hebdo N° 493, 7 novembre 1991,
p. 17).
Dans
Action N°4 de novembre 1991, p. 7, Act-Up Paris
demandait la création d'un "vrai Centre Gai et Lesbien",
parce que la "Maison des Homosexualités"
n'avait rien fait contre le sida, notamment, ajoutant : "Des subventions
pour le moins anticipées de l'AFLS donnent un cachet " lutte
contre le sida " à ce qui n'est que l'ébauche "
expérimentale " d'un centre gai (on n'ose pas dire
" lesbien " tant les femmes en sont absentes)"
[c'est moi qui souligne].
Et
c'est comme cela que, se discréditant elle-même, la "Maison
des Homosexualités" allait disparaître
et qu'un vrai Centre Gai et Lesbien allait naître,
quelques années plus tard à Paris, dans des nouveaux locaux,
au 3, rue Keller.
.
Or
aujourd'hui, on a le droit de se demander :
- Où sont passées les archives de la "Maison
des Homosexualités" ?
- Et comment les subventions ont-elles été utlilisées
?
- Est-ce parce quelques mystères planent encore sur ces questions
que personne ne veut donner d'archives à M. Le Bitoux ?
- Veux-t-on ainsi éviter que la même mésaventure arrive
au nouveau CADHP ?
.
Les
articles des magazines Têtu (N° 70, p. 54 et 55)
et IB News (N° 13, p. 64 et 65), parus début
septembre 2002, sur le projet du futur CADHP, révèlent
que M. Le Bitoux "possède peu d'archives en propre".
Dans
une interview du même numéro de Têtu, il reconnaît
ne pas avoir les archives de Gai Pied, journal dont il se
vante pourtant d'être le fondateur, et qui ont été
rachetées par Patrick Elzière, PDG de Webscape
et du site internet gayvox.com. [ http://www.gayvox.com/
]
.
De
plus, il a lui même affirmé que : "C'est le projet
de la Ville de Paris, soutenu par Christophe Girard et Bertrand
Delanoë [
] Si M. Tibéri avait conservé
sa place de maire, nous ne serions pas en train de travailler là
dessus. Bertrand Delanoë a bien compris que Paris était
une très grande ville au niveau de l'homosexualité. Nous
sommes dans une bonne conjoncture [
] "
.
-
Dans Télérama je lis encore de Philippe
Lasnier :
"Le projet est d'ailleurs soutenu par les deux grands collectifs
associatifs, le Centre gai et lesbien et la LGBT"...
.
Certes,
et pour cause.... Un peu d'histoire nous révélera pourquoi
:
.
En février
2001, la Lesbian and Gay Pride Ile-de-France (LGP
IdF) a envoyé un "Questionnaire adressé
aux candidats à la mairie de Paris" comprenant 8 questions,
dont celle numéro 7 sur "Le Maire et la mémoire".
- Le 2 mars, Bertrand
Delanoë répond favorablement : "[...] la possibilité
de créer un lieu de documentation, d'information et de recherche
autour de cette mémoire a retenu toute mon attention".
- Sa
réponse sera d'ailleurs intégralement repoduite dans "l'introduction
au dossier" en préface du projet de M. Le Bitoux,
comme s'il s'agissait d'une réponse personnelle.
.
Je
cite le Rapport d'activités 2001 de la LGP
Ile-de-France :
"Le 13 juin
une rencontre a lieu avec Odette Christienne, adjointe chargée
de la mémoire. La délégation était composée
de Jean Le Bitoux, René Lallement et d'Alain Piriou,
accompagnée de Christopher Miles. L'objet
de la discussion était la mise sur pied d'un centre d'archives
et de documentation sur les homosexualités. L'échange, bien
que cordial, n'a pas été des plus fructueux".
Autrement dit Mme Christienne ne veut pas se charger du dossier.
.
Une semaine plus tard,
le 18 juin, la délégation est revenue à la Mairie
de Paris pour rencontrer :
"M. Christophe Girard, adjoint chargé de la culture
à la mairie de Paris : un soutien de principe a été
accordé pour la mise sur pied d'un tel projet, bien que la
décision revienne au maire" (cf. Rapport d'activités
2001 de la LGP IdF sur le site de l'Inter-LGBT).
- On lui remet un
mémorandum de deux pages : "Un outil pour la mémoire
collective" avec le logo de la LGP IdF qui
montre que c'est bien un document de la LGP IdF.
- Mais
sur certaines versions du dossier de présentation du projet de
M. Le Bitoux ce logo de la LGP IdF n'apparaîtra
plus, comme s'il s'agit d'un document de son association AP CADHP.
.
Puis lors de la réunion
du 3 septembre de LGP IdF (aujourd'hui dénommée
Inter-LGBT), il a été dit que :
"L'association " Association pour
le centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris"
a été créée pour faire avancer le projet,
et Jean Le Bitoux et Philippe Bot' qui en sont les représentants
en présente l'état d'avancement. Le chantier est
immense, mais d'énormes quantités d'archives sont déjà
mobilisables [...]" (cf. Compte-rendu de la réunion
sur le site de la LGP IdF). Comment ? Mystère.
En
réalité l'association AP CADHP n'est pas
encore créée et ses statuts ne seront déposés
que trois mois plus tard, le 19 décembre 2001 exactement (cf. Journal
Officiel), juste à temps pour demander la subvention pour
l'exercice 2002.
.
Mais
le problème de l'accès aux archives existantes est loin
d'être réglé. Il existe déjà plusieurs
centres d'archives à Paris, comme je l'ai dit :
-
Archives Recherches Cultures Lesbiennes (ARCL) :
fondées en 1983 par Claudie Lesselier et qui sont hébergées
à la Maison des Femmes de Paris, 163 rue de Charenton,
75012 Paris. (voir détails de leurs archives sur leur site : http://arcl.free.fr/)
Ce grand fonds documentaire constitué sans aucune subvention comprend
plus de 5 000 ouvrages, des centaines de revues, dossiers thématiques,
vidéos, etc.
Même si celles-ci assurent des permanences régulières
pour leurs consultations au public, les ARCL
sont disqualifiées d'un revers de plume sous prétexte qu'elles
sont non mixte.
Et en tout cas, la Mairie de Paris ne leur a même
pas accordé une petite subvention !
-
L'Académie Gay et Lesbienne :
fondée par des collectionneurs qui se sont regroupés en
association le 1er mars 2001.
Depuis vingt sept ans, sans aucune aide, ils ont collecté toutes
sortes de documents LGBT (environ 15 000).
Ils ont établi sur leur site http://www.archiveshomo.info/
: une liste de centres et fonds d'archives en France qui
ont des documents sur les gays, lesbiennes, bisexuel(le)s, transgenres.
Mais cela ne compte pas : l'Académie
Gay et Lesbienne est disqualifiée parce que ses archives
sont toujours logées en banlieue, à Vitry sur Seine
(94), et donc d'accès peu aisé pour les Parisiens.
Depuis deux ans, cependant, elle demande en vain un local dans Paris
et une aide à la Mairie de Paris.
.
-
Reste la Bibliothèque du Centre Gai et Lesbien de Paris
(C.G.L.) :
Fondée en 1995 par Philippe Labbey, elle comprend 2 000
volumes, 3 000 revues et une documentation importante sur les associations,
etc. (voir détails de leurs archives sur leur site : http://www.cglparis.org/
)
Et de plus, celle-ci assure des permanences régulières pour
leurs consultations au public.
Depuis décembre
2001, des actions de "gay guerre"
sont menées de l'extérieur contre le CGL,
allant jusqu'à perturber le CGL en pleine Assemblée
Générale du 16 février 2002 (cf. Nouvel
Observateur Paris IdF du 28.02 au 06.03.02, p.13 ; gayvox.com
du 18.02.02 ; etc.).
Pourquoi
et pour qui a-t-on organisé des tentatives de déstabilisation
du CGL ?
Le conflit va durer plusieurs mois...
En tout cas le
CGL a réussi à résister : La
Mairie de Paris finit par attribuer au CGL
une subvention de 100 000 euros (votée le 22 novembre 2002),
même montant, remarquons-le, qu'au projet
CADHP de M. Le Bitoux.
[Le CGL n'avait bénéficié que d'une
subvention de 200 000 francs (environ 30 000 euros) en octobre 2001]
Par la suite, le CGL
aurait concédé à l'idée de "cohabiter"
avec le l'Inter-LGBT (ex LGP IdF) et le projet
CADHP de M. Le Bitoux dans un même immeuble
(ce qui est promis par la mairie de Paris).
.
Enfin,
dernier problème : le vote de la subvention des 100 000 euros par
le Conseil de Paris en septembre 2002.
Là encore les
choses ont été rondement menées, et ce, sur le dos
des lesbiennes.
.
Le
débat est intéressant car il montre qu'on a laissé
parler Clémentine Autain, adjointe au Maire,
sans aucunement tenir compte de ce qu'elle avait dit,
car les jeux étaient déjà faits.
- Que disait-elle
: " - [...] On parle des gays et moins des
lesbiennes... Je vois que cela fait ricaner mes collègues
de l'opposition.
- Mme Anne Hidalgo,
première adjointe, présidente
: - Ils sont un peu dissipés. Je vous demande de bien vouloir
porter toute l'attention à ce dossier et de faire silence.
- Mme Clémentine
Autain, adjointe : - Je voudrais
qu'on fasse attention à la bonne répartition pour permettre
une juste visibilité de la communauté lesbienne. Dans l'exposé
des motifs, il est fait mention d'un site internet comportant une histoire
du gay-Paris... Et le Paris des lesbiennes ? [...] Je voudrais
par ailleurs que dans la composition de l'Association
et du Comité qui va suivre ce projet, il y ait une place
pour la Coordination Lesbienne. Ainsi, dans le conseil
d'administration, d'après ce que j'ai compris, il
n'y a que trois femmes sur neuf hommes. Peut-être pourrait-on viser
la parité ? Je pense qu'on doit pouvoir trouver des chercheurs
et des scientifiques femmes pour être dans ce Conseil d'Administration
[...]"
(cf. Compte rendu du débat des délibérations
du Conseil Municipal de Paris du 24-9-2001).
.
Cause
toujours...
.
Le
vote s'est passé sans histoire parce que "l'Association
[de
Préfiguration du CADHP]
et la Mairie [de
Paris] ont
discrètement sollicité Jean-Luc Roméro
(RPR-UMP) pour qu'il tente de " sensibiliser
" quelques élu-e-s de droite pour éviter des dérapages
homophobes lors de la session qui examinera cette question"
(cf. e-llico.com du 9-9-2002).
Et
"[...]
Jean-Luc Roméro a écrit à tous les présidents
de groupe à la mairie de Paris : Il me semble à cet égard
indéniable qu'un tel projet s'inscrit dans une démarche
historiographique d'utilité publique
[...]"
(cf. gay.com du 6-9-2002).
[
- M. Roméro est par ailleurs le président
(et aussi le fondateur) de son association des "Elus
Locaux Contre le Sida : Ensemble Luttons Contre le Sida"
(ELCS), dont la subvention allouée par la Mairie
de Paris avait augmenté de manière substantielle
de 10 000 francs (1 600 euros environ) en juin 2000 à
7 623 euros en juillet 2002 ]
.
Ainsi
l'alliance entre la gauche et la droite se noue sur le dos des lesbiennes
pour "éviter les dérapages homophobes",
nous dit-on.
Personne
ne parle de la lesbophobie. Ni des pratiques hégémoniques
de M. Le Bitoux sur les associations gays, lesbiennes et transgenres
qui ont déjà travaillé sur le sujet.
Est-ce
la nouvelle cohabitation ?
Résultat
des courses : Le Conseil de Paris (dont Philippe Seguin)
a voté pour et il n'y eut que quelques abstentions de l'opposition.
.
Faut-il
en vouloir à Archilesb! d'avoir oeuvré
pour l'égalité en lançant sa pétition début
novembre 2002 ?
.
-
Que faire aujourd'hui ?
Je demande la
réunion d'une table ronde rassemblant toutes les
personnes concernées par les archives et l'histoire de l'éros
gay, lesbien et l'étude des genres.
Pour faire cesser
les polémiques inutiles, je propose que cette table ronde soit
tenue sous l'égide de l'Observatoire pour l'égalité
entre les femmes et les hommes dont c'est la fonction, me semble-t-il,
de s'occuper de ce type de problèmes.
.
Il
faudra repenser complètement le projet
et mettre un terme aux visées hégémoniques de M.
Le Bitoux qui divisent la communauté gay tout en reconduisant
les pratiques discriminatoires envers les femmes qui relèvent
d'un autre temps.
.
Monsieur Le
Maire,
Nous
vous avons élu parce vous vous êtes engagé à
lutter contre la discrimination. "Toute forme de discrimination
est à proscrire, qu'elle soit de nature raciste, homophobe, sexiste
ou autre",
avez-vous dit en réponse au questionnaire de la LGP Ile de
France.
Et
aussi : "Je redis mon engagement à organiser des campagnes
de lutte contre toutes les formes de discrimination, y compris celles
liées à l'orientation sexuelle".
Vous avez donc au
moins deux raisons d'agir : le sexisme et la lesbophobie.
J'en ajouterai une
troisième qui est la simple honnêteté intellectuelle.
Dans cette attente,
recevez, Monsieur le Maire de Paris, l'expression de mes
sentiments distingués.
.
Fait à Paris,
le 22 janvier 2003, Marie-Jo
Bonnet
.
Copies
à :
- Anne Hidalgo - Odette Christienne - Christophe Girard - Clémentine
Autain - Nicole Azarro - Fabienne Leleu
- AP CADHP - Jean Le Bitoux
- Archilesb! - Coordination des Lesbiennes en France
- Vigitrans - LopattaQ - Académie Gay &
Lesbienne
- aux associations et personnes citées
.
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