novembre 2001
: journal No Pasaran n° 81 >
par Josefina Gamboa
http://nopasaran.samizdat.net/
penelopes.org
http://www.penelopes.org/article.php3?id_article=2284
|
.
Homophobie
... peur de soi même ?
.
Le terme «
homosexuel » est assez récent
à en lire les écrits de Marie-Jo
Bonnet :
- « En 1869, Karoly Maria Benkert, (...), emploie pour
la première fois le mot « homosexuel
» dans une lettre ouverte au ministre allemand de la
Justice, Leonard, écrite dans le but de supprimer
de la législation pénale le paragraphe 143 réprimant
les relations sexuelles entre hommes » [1].
Auparavant,
on utilisait des termes tels que « sodomite
», « pédéraste
», ou tout autre mot péjoratif
désignant des relations considérés «
contre nature ».
.
Quant
aux femmes, ce sont les mots « tribadisme », «
lesbianisme », qui ont qualifiés leurs relations des
siècles durant.
- Jusquau XXème siècle, les lesbiennes ont bénéficié
dune certaine indulgence, on parlait davantage de «
tendre amitié » pour évoquer les relations de
deux femmes entre elles.
Seuls
la pénétration et le pénis ayant une valeur,
les lesbiennes ont souvent échappé aux législations
anti homosexuelles et dune façon générale
à une partie des préjugés discriminatoires
de lopinion commune
- (même si des générations dhommes de
lettres, dérudits, de médecins et plus récemment
de psychiatres se sont évertués à condamner
les plaisirs clitoridiens et à édicter des normes
sexuelles).
- Cependant, il ne faut pas oublier quen tant que femmes,
et comme toutes les autres, leur statut et leurs libertés
étaient limités.
.
A
la fin du XIXe, les psychiatres, bien occupés à mettre
au jour la pathologie sexuelle, théorisent « lhomosexualité
» et vont reprendre des termes issus de la médecine
officielle, tombés en désuétude au fur et à
mesure des recherches.
- Un exemple : le discours sur le « clitorisme », mis
en place à la moitié du XVIIe, sera développé
par le Dr. Fournier [2], mais abandonné le temps où
les artisans de lordre moral quittèrent le terrain
des maladies physiques pour trouver un nouveau débouché
à leurs envies castratrices dans les maladies mentales.
.
Homosexualité,
pédophilie
La totalité
des ignominies, des théories élaborées (sans
aucun doute, finalement par des frustrés, des fabricants
de morales, des partisans du conditionnement humain ...) nont
heureusement pas traversé les siècles jusquà
nous, les démonstrations scientifiques et le ridicule en
ayant anéanti bon nombre !
Cependant, il
est des convictions homophobes qui tiennent encore aujourdhui
et qui prennent racines, il y a plus de 2 000 ans.
.
Je
pense ici plus particulièrement à lassociation
homosexualité - pédophilie.
Cet
amalgame tient ses origines de la Grèce antique où
les jeunes (plutôt
les nobles),
considérés comme disciples, avaient un maître
chargé de leur éducation.
- Les relations « éraste-éromènes »
comportaient également lapprentissage de la sexualité.
- Ceci-dit, une fois le jeune devenu mâture, plus question
de revoir son maître.
- Dailleurs, en Grèce, ce sont surtout les philosophes
qui ont encensé lhomosexualité ( comme tremplin
vers lamour pur, dématérialisé), alors
que pour le reste, elle était communément condamnée
en dehors des relations initiatiques dun éraste avec
un éromène.
.
Il
est fort à parier que ceux qui entretiennent lamalgame
aujourdhui entre homosexualité et pédophilie
(sous la grande catégorie du « contre Nature »),
- nen connaissent même pas lorigine
- et ne peuvent pas non plus expliquer rationnellement pourquoi
ils le véhiculent.
On peut aussi
se demander si ces homophobes-là ont un cerveau (ou sils
en font usage) puisque 90% des affaires récentes de pédophilie
ont concerné des hétérosexuels (conclusion
?).
Au
passage, je ferais remarquer que pour bon nombre de gens «
lhomosexuel pédophile » est forcément
un homme,
- ce qui sous-entend que seuls les petits garçons sont victimes
de pédophilie,
- ce qui, loin de la vérité, est en plus implicitement
misogyne (les attouchements dadultes sur petites filles nauraient-ils
aucune importance ?, ou seuls les petits garçons seraient-ils
attirants ?)
.
Remarque
sur la famille
Une bonne partie
des préjugés homophobes contemporains ne datent pas
daujourdhui et sont le fruit dintoxications culturelles
et religieuses.
- Jemploie le terme culture au sens politique, les mots «
culture judéo-chrétienne » signifiant simplement
quau fondement dune organisation socio-politique (en
France, étatique), se trouvent certaines idées,
sur lesquelles reposaient déjà des religions.
Lexemple
même est celui de la famille.
- Il a toujours était plus facile de contrôler mentalement
et physiquement une population lorsquelle est répartie
en petits groupes dindividus stables.
- A tous les assoiffés de pouvoir, la famille est apparue
très tôt comme pilier de la conservation dun
ordre qui na pas mis longtemps, dans lhistoire de loccident,
à être établi.
- Devenus sacro-saints, les liens de sang sont encore primordiaux
pour bien des occidentaux.
- Après des siècles de conditionnement moral, ça
fonctionne encore aujourdhui, même de façon laïque.
.
Lors
des campagnes contre le PACS, une affiche dun
syndicat étudiant dextrême droite
[3] présentait une famille dans un
panneau de circulation en triangle, sous-titrée «
PACS,
attention, famille en danger ».
- Au delà de la fausseté de cette affirmation, on
peut se demander pourquoi il serait si grave de passer, par exemple,
dun mode privé (donc parcellaire) déducation
des enfants à un mode collectif ?
- Mais, ne nous emballons pas, les partisans du PACS,
comme de lhomo-parentalité nen sont pas vraiment
à se poser ce genre de question.
Bon, bref, si
je trouve aberrant que tant de gens gobent les discours sur la «
Famille », il nen est pas moins quelle est tellement
intégrée comme « fait naturel », que ce
qui sen écarte est atypique et des fois anormal.
.
Les
homosexuel-le-s sont donc des anormaux, pour linstant.
- Pour
linstant parce que, ne nous illusionnons pas, beaucoup dhomosexuel-le-s
ne cherchent pas à construire autre chose, mais à
rentrer dans la norme, à être considéré-e-s
comme « normaux ».
- Et même si lon peut penser le mariage entre homos
et lhomoparentalité comme des avancées anti
sexistes, cest surtout la grande valeur de la Famille qui
retrouvera son piédestal (davantage mise en danger
par la mono-parentalité, par exemple).
- Les normes sexuelles en prendraient un coup, lhomophobie
reculerait probablement dans certaines régions, sur certains
aspects, mais le patriarcat nen serait pas pour autant inquiété.
Menfin,
aujourdhui et ici, la Famille est monogamique et hétéro-normée
;
- lhomophobie latente de la culture judéo-chrétienne
prend racine, en grande partie, dans cet état de fait inculqué
dès le plus jeune âge et auquel se raccrochent maniaquement
et inconsciemment des millions dindividus sur terre.
- Ajoutez à cela une bonne « politique nataliste bureaucratique
» [4] et lon a toutes les chances dassister longtemps
encore à certaines manifestations dhomophobie.
.
La
pre-orientation sexuelle
De manière
générale, la démarche que met en avant Daniel
Borillo [5] consiste à ne pas stigmatiser lhomophobie
comme anomalie sociale horrible et monstrueuse, mais bien plutôt
à démontrer la place quelle détient dans
lorganisation de la société actuelle.
- Il lidentifie donc tout dabord comme relevant structurellement
du sexisme.
Se
référant aux travaux du sociologue Daniel Welzer-Lang
[6], il écrit :
- "lhomophobie générale nest quune
manifestation du sexisme, cest-à-dire de la discrimination
des personnes en fonction de leur sexe ( mâle / femelle ),
et plus particulièrement de leur genre ( féminin /
masculin ). [
]
- Et lorsquon lance « pédé ! »,
on dénonce le plus souvent un non-respect des attributs masculins
« naturels », plutôt quon ne songe à
la véritable orientation sexuelle de la personne ».
Les diktats
genrés de la société moderne, qui obligent
les garçons et les filles à construire leur identité
en rapport avec les stéréotypes masculins et féminins,
sont donc mobilisés à nouveau pour discriminer toute
personne qui sécarte du « droit chemin ».
Mais
au-delà de ce rapport aux comportements, cest aussi
la sexualité en elle-même que questionne Borillo.
- Pour lui, lhomophobie se construit grâce au statut
de normalité conféré à lhétérosexualité.
- On sait aujourdhui le caractère profondément
construit et donc relatif de la sexualité humaine (même
dans des mises en situation érotiques, les enfants sauvages
ne possèdent pas de désir sexuel [7], et pourtant,
lhétérosexualité apparaît toujours
comme allant de soi.
- Ainsi, la porte est ouverte à toutes les théories
différentialistes qui, sous couvert de considérer
lhomosexualité comme simplement déviante, justifient
alors tous les traitements spécifiques et inégalitaires,
y compris en Droit.
Lhétérosexualité
masculine (réciproquement féminine), au même
titre que les comportements considérés comme virils
(réciproquement féminins), sont donc deux facettes
dun même stéréotype social : le «
vrai » homme (la « vraie » femme).
Le
rejet des personnes échappant à cette catégorisation
(homosexuel-le-s, hommes éffeminés ou femmes masculines
)
permet donc de se rassurer sur sa propre « normalité
».
Pour citer Daniel
Borillo : « le stéréotype joue un rôle
psychologique majeur, puisquil permet dapaiser langoisse
identitaire de se voir un jour déserter son statut ou de
se faire rejeter par son groupe dappartenance, surtout lorsque
celui-ci apparaît comme le modèle à suivre ».
- Cest donc en opposition à des a-typiques, à
des a-normaux, que la personnalité masculine peut se construire.
- Dit autrement, cest dans le rejet de lhomosexuel que
le genre masculin se constitue.
.
Selon C.
Gentaz : « lhomophobie, en raison de sa fonction
sociopsychique, préserve, tel un condom, les hétérosexuels
de la féminité en empêchant toute forme dintrusion
masculine extérieure : cest une douanière du
genre masculin. Nous pourrions dès lors supposer que lhomophobie
est constitutive de la psychogenèse de tout individu masculin
».
- Voici donc la thèse principale de lauteur exposée.
- Lhomophobie nest pas une anomalie de la société
moderne, mais un de ses piliers.
- Ni excroissance monstrueuse, ni phobie irrationnelle, la peur
et le rejet de lhomosexualité sont des principes organisateurs
de la personnalité des individus, dans le plus pur respect
des genres sexués préétablis.
On
conditionne les enfants à devenir ces hommes et femmes par
un ensemble dattentes, dexigences, dattitudes,
de cadeaux, de remarques, dapprentissage manuels et intellectuels
différenciés selon le sexe de lenfant que lon
a devant soi
[8].
- Il ne sagit pas dune simple répartition dans
lorganisation de la vie en général, mais de
confiner les femmes dans des rôles dinfériorité
et de soumission à légard du « sexe fort
».
- Un enjeu majeur à la clé ... le pouvoir sur autrui,
celui qui permet de disposer dun ou de plusieurs êtres
humains pour son plaisir, pour satisfaire son orgueil (sentiment
très gourmand et exigent si on ne le refuse pas) en saffirmant
supérieur, puisquau dessus dautres individus.
Pour
que ça marche bien et longtemps, il faut que lensemble
des hommes acceptent dincarner, de valoriser et dimposer
à lensemble des femmes leur domination.
- De la même façon, il faut que tout un chacun soit
persuadé que la marche de la vie, cest faire des enfants,
cest trouver quelquun-e- avec qui réaliser cela.
- Chaque individu qui refuse dêtre englouti dans ces
ensembles ou dont les comportements dérogent à ceux
sensés découler « naturellement » de cette
grande division entre hommes et femmes, déstabilise, met
en péril « lordre naturel des choses ».
Alors,
avant que les enfants aient pu réfléchir à
leur attirance, leurs sentiments les uns envers les autres, on se
charge de leur fixer des cadres à lamour.
- Thatcher, qui pensait que lhomosexualité se
propage quand on en parle, avait interdit quil en soit fait
mention dans les manuels scolaires.
Mais
regardons en France, pas besoin de décret, je nai
trouvé aucune histoire damour entre deux personnes
du même sexe dans les manuels scolaires
[9].
- Je partage
avec George Orwell lidée selon laquelle il faut
commencer par supprimer les mots qui sy réfèrent
lorsquon veut faire disparaître quelque chose (une idée,
un sentiment ... voire même quelquun) [10].
- Et, par conséquent, il est homophobe de nier certains sentiments,
certaines relations humaines en ne les mettant pas en scène,
en ne permettant pas de mettre des mots dessus.
De
plus, cest bien souvent lorsque lon ne peut (ou ne veut)
pas mettre de mots raisonnés sur des choses que lon
sent, que lon voit (...), que se forment des gènes,
des peurs, voire des phobies.
- Les
peurs de lhomophobe sont « apprises au berceau, réitérées
durant lenfance, envers ce quon dit étrange,
non conforme, « monstrueux » [11].
- Alors, à quand lhomosexualité « inscrite
dans les manuels scolaires avec la même clarté que
les relations hétérosexuelles » ? [12].
.
Cest
sûr, pas tant que, chez une majorité dadultes,
le pénis sera une valeur, sainte et sûre, quêtre
pénétré-e- sera lapanage de linférieur(e),
que la sodomie sera prise pour la pratique la plus fréquente
des homos et que les actes sexuels sans pénétration
seront considérés comme une forme de sexualité
incomplète.
- Le concept de « pré-orientation sexuelle »nest
donc pas vide de sens.
- Et, pour ceux et celles qui nattendront pas dêtre
marié-e-s, davoir des enfants, pour sapercevoir,
se révéler leurs homosexualités, rien, du côté
de la découverte, de laffirmation de soi, ne sera facile.
Ladolescent-e-
homosexuel-le trouvera rarement dans le cadre scolaire
- des situations dans lesquelles se projeter,
- des personnages auxquels sidentifier
alors que lon sait que toute personnalité se forge
dans limitation et lidentification à des semblables.
Très
peu de mots également sur le million dhomosexuel-le-s
mort-e-s dans les camps de concentration... pas de mémoire
collective, de passé à sapproprier pour sinscrire
dans et construire le présent, pas dHistoire.
.
Le
rapport au plaisir, au corps
Comment donc
accepter quon procure à autrui ou quautrui se
procure le plaisir que soi-même, on se refuse ?
- Je crois en effet quun des noeuds de lhomophobie se
trouve dans la frustration sexuelle, dans la limitation des plaisirs
et, dune fa« on générale, dans la conception
restrictive et brimante du corps.
A
voir la profusion des régimes amincissants, des journaux
de mode(s), des accessoires d"esthétique »,
on se rend bien compte que le corps nest toujours pas sorti
de ses chaînes,
- quil sagit encore davantage de répondre
présent-e-s à lappel de toutes les valeurs normées
et normatives
- que de chercher à mieux connaître son corps et la
richesse des plaisirs quil peut offrir.
Du
fait même que les homos ne procréent pas, il y a de
grandes chances quils et elles fassent lamour dans un
honnête but de plaisir ..., non mais, vous vous rendez compte
?
- Alors que Jésus, lui, atteint sa gloire, rejoint
Dieu lorsquil est troué, meurtri dans sa chair (propre),
de simples âmes sabaissent à trouver du plaisir
dans ce corps vil, sale, matériel, et surtout bien vivant
(tout est dit).
Si je pense
que cela a à voir avec la haine vouées aux homosexualités,
- je ne dis pas pour autant que les homosexuel-le-s
sont exempt-e-s de la répression sexuelle ambiante ni de
lenfermement du corps dans des schémas.
- La preuve pour moi est visible dans la bi-phobie [13] si répandue
dans « le milieu ».
.
La
lesbophobie
(Une question
que je me pose encore et qui a sans doute orienté mes recherches
sur ce thème est de savoir si lon peut être militante
homosexuelle sans être féministe.)
La
lesbophobie est une catégorie de lhomophobie, qui,
comme la gay-phobie, comporte des particularités.
- Par exemple, il faisait meilleur vivre lesbienne il y a quelques
siècle quaujourdhui, mais, parallèlement,
il fait meilleur être femme aujourdhui quil y
a cent ans.
- Et les deux ne sont pas dissociables quand on envisage lhomosexualité
des femmes. Homosexuelles, hétérosexuelles, bon nombre
de femmes furent brûlées, torturées, violées
du même fait dune misogynie parfois sanguinaire, en
tout cas séculaire.
Accuser
une femmes de sêtre « travesti en homme »
a pu conduire à son exécution ou son emprisonnement.
- Sachant que se travestir en homme signifiant « revêtir
le costume masculin », ce sont toutes les femmes qui étaient
concernées, quelles que soient leurs sexualités [14].
.
Parallèlement,
je le disais plus haut, les lesbiennes en tant que telles ont beaucoup
moins fait les frais de leur orientation sexuelle que les gays.
- Là encore, rien de surprenant, cest vrai, quest-ce
que peuvent faire deux femmes ensemble ?
- Rien... pas grand chose, enfin, rien de bien méchant quoi
? !
- Comment contredire cela. Cela fait à peine trente ans que
le plaisir des femmes entre en ligne de compte dans les discours
sur les relations hétérosexuelles, quon parle
ouvertement et simplement (quoique...) de ce fameux clitoris !
- Quest-ce que le cunilingus ? Une caresse ? Un acte sexuel
? Je répondrais : un acte symboliquement et moralement moins
chargé que la fellation.
La
négation de toute sexualité propre aux femmes a beaucoup
contribué à ce quon les tiennent à lécart
des ratonnades, des rafles.
- Certes, elles dérogent à leur rôle de procréatrice,
mais en même temps elles participent delles-mêmes
à mettre un terme à ce fléau communément
nommé femme [15].
Et
puis, finalement, elles peuvent être utiles aux hommes, au
regard des différents types de productions pornographiques.
- Ceci-dit, tout nest pas rose pour les lesbiennes et elles
ne sont pas non plus épargnées en tant que simples
objets de fantasmes masculins.
- Avec la stigmatisation de la « camionneuse », nombre
dhommes se sentent attaqués dans leur virilité
(ou « croyance en leur supériorité »),
et répondent par la violence ; tu veux jouer à lhomme,
tu vas voir !
.
Collectivement
contre lhomophobie
A quand cette
fameuse « révolution sexuelle » dont jai
ouïe dire quelle sétait déjà
produite ?
Je
reste persuadée quon coupera certains ponts avec lhomophobie
en faisant reculer la répression sexuelle, en émancipant
le corps de ses carcans, en donnant un sens neuf aux mots «
libération sexuelle ».
- Lutter contre lhomophobie, cest dabord, je pense,
refuser de penser lhomosexualité, et den débattre,
dans des termes de « inné-acquis », « naturel-contre
nature ».
- Tout simplement parce que ce qui est « naturel » est
finalement acquis puisque change selon les modes, les politiques...
et surtout parce que le débat qui cherche à élucider
les « causes » des homosexualités nous détourne
de la question de savoir comment bien vivre ce que nous voulons
être, et au quotidien.
- Je pense quil faut également être présent-e-
à chaque occasion où le concept de « visibilité
» se trouvera manifesté concrètement. Sortir
du silence, du placard et ce, collectivement.
Par ailleurs,
je me demande sil faut (comme cest déjà
le cas) lutter pour la reconnaissance des homos comme groupe social.
- Dun côté les homosexuel-le-s,
transexuel-le-s pousuivi-e-s dans un pays du fait de leur orientation
sexuelle, ne peuvent pas prétendre à lasile
politique de ce fait même qu « homo » nest
pas un groupe social.
- Mais de lautre côté, cest un vrai lobby
qui se met en place (que lon a pu observer lors des
débats sur le PaCS) avec
tout ce que cela implique : participation à un système
politique pourri, défense dintérêts économiques
et commerciaux, promotion dune culture propre, enfermement
de la population dans des catégories...
Tout pour faire pâlir mon sens de luniversalisme.
Lutter
contre lhomophobie, cest aussi à la racine,
- refuser tout discours enfermant les hommes ou les femmes dans
des stéréotypes,
- refuser quil soit dégradant dappartenir au
sexe féminin, et finalement peut-être se décharger
dun coup de boule à chaque « femmelette »,
« enculé » etc., qui vient nous squatter lencéphale
par les oreilles.
Pour ne pas
conclure, je marrêterais sur une citation de Jacques
Fortin :
- « Notre lutte contre loppression,
pour les alliances nécessaires et possibles avec les femmes,
dont la cause ébranle si fort lordre établi
des genres, avec les exploités dont le combat attaque lordre
établi des classes, nous mène, hors des sentiers battus,
sur la voie inexplorée de modes de vie émancipés,
encore inédits. » [16].
.
- [1] Marie-Jo
Bonnet, Les relations amoureuses entre les femmes, ed. Odile
Jacob, coll. Opus sept 1995, p.284 : Le mot « homosexuel(le)
» fait sa 1ère apparition dans le supplément
du Nouveau Larousse illustré aux alentours de 1900.
- [2] « Le clitorisme est cet acte au moyen duquel les femmes
suppléent, par une sorte dartifice, au plaisir que
la nature réserve aux seules approches amoureuses des deux
sexes . » Dictionnaire des sciences médicales par une
société de médecins et de chirurgiens, Paris,
ed. Panckouke, 1812-1822, Dr. Fournier, article « Clitorisme
»
- [3] lUNI
- [4] Jacques Fortin, Homosexualités, ladieu
aux normes,ed. Textuel, coll. La discorde, 2000, p. 35
- [5] Daniel Borillo, Que sais-je ? Lhomophobie, ed.
PUF, 2000
- [6] ibid. p.87
- [7] Mémoires de singes et paroles dhommes, Boris
Cyrulnik, Points Seuil
- [8] Pour décortiquer plus en profondeur les processus de
construction des genres masculins et féminins, je vous invite
à lire larticle sur ce même sujet dans le No
Pasaran 75, mars 2000
- [9] Je naffirme pas pour autant avec certitude quil
nen existe pas puisque je nai pas lu la totalité
des manuels existants et quil y en a un paquet !
- [10] cf. le fameux roman 1984
- [11] Jacques Fortin, cf. plus haut, p.69.
- [12] idem p.41
- [13] je précise : « biphobie » = peur, haine
des bisexuel-le-s.
- [14]
Bonaparte interdit aux femmes le port du costume masculin.
Ce nest quen 1886 que commence une campagne de la Ligue
pour lAffranchissement des Femmes contre ce fait et cette
loi
- [15]
cf. Françoise dEaubonne, Le sexocide des sorcières,
n°47 de lEsprit frappeur, 1999
- [16]
cf.(4), p.9
.
|
Il dresse pour Ring un tableau peu reluisant
de la vie politique parisienne. Il dénonce la démagogie
de Delanoë et la lâcheté de la droite.
Alors que la droite ne compte déjà plus les candidats à
la candidature : Panafieu, Tibéri, Goasguen, Lellouche, Bernard
Debré, Bernard Bled ( récemment mis en examen pour détournement
de fonds ), et même Villepin, Douste, Lamour ainsi que Borloo (
d'après ce qui se murmure dans les coulisses ),
la gauche continue sereinement sa politique communautariste sans que l'opposition
ne s'en émeuve plus que cela.
- Lire aussi l'article : Delanoe : la politique
du tout à l'ego
http://www.surlering.com/
article.php/id/4726
.
Ring :
- Quel regard portez-vous sur l'opposition municipale parisienne ?
François Devoucoux du Buysson
:
- Abstraction faite du manque cruel de leaders, la stratégie de
la droite est inexistante : elle a sombré dans le mutisme. Ils
ont abandonné le terrain politique. Ils pensent, à tort,
qu'ils reprendront du terrain sur le maire de Paris en surfant également
sur des thématiques comme la propreté, la proximité,
la vie quotidienne ( les bouchons ) ... Ils participent aussi à
la dépolitisation du débat à Paris. En revanche,
on les attend toujours sur la politique du logement. Si ce n'est pour
critiquer les choix de Delanoë sans proposer la moindre alternative.
Sur les fêtes, ils sentent bien que l'opinion publique est agacée,
mais, en même temps, ils ont assuré qu'en cas de victoire
ils garderaient Paris-Plage. Ils font les mêmes reproches
à Delanoë que les riverains durant les comptes-rendus de
mandat. Ils râlent sur l'état des rues ou les crottes de
chien... Mais ne jugent jamais la politique globale. Et puis, il n'y
a pas une propreté de gauche ou une propreté de droite.
C'est une absurdité.
- Décortiquer les subventions comme Le
Perroquet libéré essaie de le faire, l'opposition municipale
n'y pense même pas. A l'exception des arrondissements qui
concernent directement tel ou tel élu. Goasguen ( leader UMP
au Conseil de Paris, NDLR ) est quasiment incollable pour le XVIe
par exemple. Mais ça ne suffit pas.
.
Ring :
- La droite ne dénonce jamais l'activisme homosexuel et la politique
ouvertement communautariste de Delanoë. Pourquoi ?
François Devoucoux du Buysson
:
- Elle a peur d'être accusée d'homophobie.
Quand Panafieu dans VSD s'est émue - à juste titre
- de la présence du maire de Paris en tête de cortège
à la Gay Pride, elle s'est faite insultée partout.
La presse a relayé complaisamment les communiqués haineux
qui émanaient d'associations homosexuelles.
Effectivement, cela peut calmer les plus valeureux. Pourtant, il y a des
choses à dire.
- Le Centre d'Archives Gays et Lesbiens
[ projet de Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris
( AP CADHP ) ] est un gouffre financier, et n'a
toujours pas vu le jour. Cent mille euros lui ont été attribués,
voilà deux ans. C'est la gabegie.
Le responsable, un personnage sulfureux, a été
viré récemment parce qu'il n'a rien foutu. C'est un vieux
militant des années 70. Il justifie notamment la pédophilie.
Il s'appelle Jean Le Bitoux : le fondateur de Gai-Pied.
Stupidement, la droite avait voté pour ce
projet, histoire d'éviter les ennuis. Résultat, ce «
machin » a été voté à l'unanimité
et maintenant la droite peut difficilement faire entendre sa voix sur
cette question.
- Un festival de films, Cineffable, a également été
interdit aux hommes. Et la droite n'a strictement rien dit. Et là
encore : quinze mille euros de subventions.
La droite ne précise même pas que toutes ces mesures n'étaient
inscrites nulle part dans le programme de Delanoë. Il s'agissait
uniquement de promesses écrites faites à des assoc' gay
pendant la campagne.
Mais ce n'est pas tout : des clubs de sports gays et lesbiens ont bénéficié
d'horaires aménagés pour s'entraîner dans les stades
parisiens ! On imagine le tollé si c'était l'UOIF
qui avait formulé une telle demande.
[...] |
.
Adoption :
l'APGL, SOS Homophobie,
Gais et Lesbiennes Branchés
dénoncent les propos homophobes de l'association SOS Papa
.
L'association SOS PAPA s'est autorisée, dans la
lettre interne envoyée par e-mail à ses sympathisants,
- à des propos discriminatoires homophobes
particulièrement agressifs vis à vis de certaines associations
homosexuelles,
- sous le titre « les homos veulent pouvoir adopter des enfants
».
Après s'être moqué du PaCS («
fac-similé du mariage »), l'auteur tente de dresser sa liste
des arguments mis en avant par les homosexuels désireux d'adopter
un enfant,
- dans un style clairement belliqueux
- ("les homos s'attaquent aux enfants des autres. Ils veulent pouvoir
adopter nos enfants sans en faire").
.
L'auteur se permet ensuite d'amalgamer homosexualité
et pédophilie, avançant des chiffres parfaitement infondés
- ("homosexualité et pédophilie sont proches
à 20%")
- destinés certainement à donner un contenu pseudo-scientifique
à son flot d'inepties.
Avec une délectation suspecte, le représentant
de SOS PAPA rapproche également l'homosexualité
et l'échangisme ou même... la zoophilie !
Rappelons que si certaines pratiques sont des déviances,
l'homosexualité, elle, est une orientation sexuelle tout comme
l'hétérosexualité.
.
Par ailleurs, l'auteur ne cache plus ses intentions lorsqu'il conclut
en déformant les adresses internet d'Act-Up, SOS
Homophobie et le site Internet France.qrd.org pour
les enrichir du mot « orgasme ».
- Nous ne pouvons que protester contre ces insultes gratuites à
notre encontre, et à travers nous à l'encontre des homosexuels.
Si SOS PAPA a, dans un second communiqué,
tenté d'excuser l'agressivité de ces propos,
- nous déplorons que cette association n'ait pas choisi de remettre
en question la position qu'elle défendait initialement vis à
vis de l'adoption par les homosexuels.
.
De plus, elle n'hésite pas à s'attaquer également
- aux « lesbio-féministes »
- puis aux célibataires qui élèvent seuls un enfant,
et reprend sa liste d'arguments contre l'adoption, la monoparentalité
et l'homoparentalité.
- Nous protestons évidemment contre les propos diffusés
par cette association.
- Nous n'avons jamais pris position contre les pères de familles
hétérosexuels, comme semble le penser le représentant
de SOS PAPA.
Chacun est libre de défendre sa propre vision de l'éducation
des enfants, d'un schéma parental « idéal »,
de l'homoparentalité.
- Mais il est inadmissible qu'une association qui
se veut respectable véhicule des idées de rejet et de stigmatisation
des homosexuels et des femmes.
Si les valeurs défendues par cette association
sont le rejet, l'insulte, la fermeture d'esprit, le machisme et le refus
des différences, on comprendra que nous contestions le caractère
pédagogique des leçons qu'elle veut nous donner.
.
Gais et Lesbiennes Branchés
www.France.qrd.org
Contact presse : Pierre Léonard : 06 62 83 47 44
SOS homophobie
BP177
75523 Paris cedex 11
www.sos-homophobie.org
Contact presse : Ronan Rosec : 06.81.04.91.76
APGL (Association des Parents et futurs parents
Gays et Lesbiens)
BP 255
75524 Paris cedex 11
01 47 97 69 15
www.apgl.asso.fr
Contact presse : 06 16 66 56 91
. |
.
Actualites Gay
Assises de Melun : la colère
de SOS Homophobie
L'association dénonce l'amalgame entre pédophilie et homosexualité
.
A chaque compte-rendu, on a envie de bondir et de hurler. SOS Homophobie
a décidé de le faire pour nous tous :
- le procès pédophile de Melun prend des allures très
inquiétantes de chasse aux sorcières homosexuelles avec
des amalgames à la pelle.
-"Certains accusés ont choisi comme
mode de défense de mettre en avant leur homosexualité, n'hésitant
pas à y amalgamer le caractère pédophile de leurs
actes.
- Certains médias se sont autorisés à véhiculer
ces idées aussi préconçues que dangereuses.
SOS Homophobie tient à rappeler que pédophilie
et homosexualité n'ont rien en commun.
- Tout comme l'hétérosexualité, l'homosexualité
est une orientation sexuelle,
- alors que la pédophilie est une déviance
sexuelle", estime l'association.
Pour SOS Homophobie,
- "ce procédé peu scrupuleux
(l'amalgame entre l'homosexualité et les pulsions ou pratiques
pédophiles) signe sans conteste l'homophobie des personnes
qui en usent.
- A-t-on jamais vu soulignée ou suggérée une relation
de causalité entre l'hétérosexualité et le
goût de certains messieurs pour les petites filles, sans parler
des pères incestueux ?".
L'association appelle donc les médias à
une plus grande vigilance face à cette confusion malheureusement
trop répandue qui contribue à la stigmatisation injustifiée
des homosexuels.
. |
9 9 2002 : SOS homophobie
> communiqué
http://www.france.qrd.org/
assocs/sos/read_cp.php? cp=cp020909.htm |
.
Assises de Melun :
SOS homophobie dénonce l'amalgame dangereux
entre pédophilie et homosexualité
.
Lors du procès en assises de membres du réseau pédophile
de Chelles, certains accusés
- ont choisi comme mode de défense de mettre
en avant leur homosexualité,
- n'hésitant pas à y amalgamer le caractère pédophile
de leurs actes.
Certains médias se sont autorisés à véhiculer
ces idées aussi préconçues que dangereuses.
.
SOS homophobie
tient à rappeler que pédophilie et homosexualité
n'ont rien en commun.
- Tout comme l'hétérosexualité,
l'homosexualité est une orientation sexuelle,
- alors que la pédophilie est une déviance sexuelle.
Ce procédé peu scrupuleux (l'amalgame
entre l'homosexualité et les pulsions ou pratiques pédophiles)
signe sans conteste l'homophobie des personnes qui en usent.
A-t-on jamais vu soulignée ou suggérée
une relation de causalité
- entre l'hétérosexualité et le goût de certains
messieurs pour les petites filles,
- sans parler des pères incestueux ?
SOS homophobie appelle donc les médias à
une plus grande vigilance face à cette confusion malheureusement
trop répandue
- qui contribue à la stigmatisation injustifiée des
homosexuels.
.
SOS Homophobie
BP 177 - 75523 Paris cedex 11
www.sos-homophobie.org
[ http://www.france.qrd.org/assocs/sos/
]
contact presse : Ronan Rosec : 06.81.04.91.76
. |
26 3 2002 : e-llico.com
> par la rédaction http://www.e-llico.com/
content.php? section=actu&id=560 |
.
Pédophilie : le CGL dénonce
les amalgames
.
Homosexualité = pédophilie ?
Cest en constatant que, dans plusieurs affaires
judiciaires récentes où la pédophilie est en cause,
certains médias faisaient cet amalgame, que le CGL de Paris
a décidé de sindigner dans un communiqué où
sont recensés ces dérapages plus ou moins avérés,
en comparant "le traitement des affaires de murs où
la personne entendue est un homme, selon que la victime est un homme ou
une femme".
"Avec la récente affaire d'un père qui aurait prostitué
ses enfants lors de "soirées homosexuelles", nous constatons
que certains média insistent systématiquement sur l'homosexualité
prétendue ou avérée des agresseurs dans les affaires
de murs" écrivent Jenny Legris et Jérôme
Kirch, vice-président et président du CGL.
"Le Centre Gai et Lesbien rappelle
que l'homosexualité est l'attirance
sexuelle et/ou amoureuse envers une personne du même sexe.
- Elle ne peut être pénalisée car elle respecte le
consentement du partenaire.
- L'homosexualité ne peut donc expliquer en aucun cas les comportements
délictueux ou criminels qui ont récemment fait l'actualité."
"Ces affaires font aussi apparaître les différences
lexicales pour traiter de l'homosexualité, ajoute le communiqué
:
- un pédophile agressant des garçons est un homosexuel ;
- un homosexuel sympathique et branché est un gai."
. |
8 3 2002 : monchoix.net
> la rédaction http://www.monchoix.net/
homophobie/ la-confusion-entre-homosexualite -et-pedophilie- article273.html |
.
Dossier Homophobie :
La confusion entre homosexualité
et pédophilie
UN AMALGAME DANGEREUX
.
Lhomosexualité désigne les rapports, ou simplement
lattirance sexuelle, que peuvent avoir les unes pour les autres
des personnes du même sexe.
La pédophilie désigne lutilisation par un adulte
dun enfant impubère comme objet sexuel, quel que soit le
sexe de lenfant concerné.
.
A première vue, cela na rien à
voir, et pourtant ...
Il se passe rarement une semaine sans que les médias ne dérapent
sur le sujet.
- Presque toujours, lorsquune affaire de pédophilie est traitée
et que la victime est de même sexe que lauteur des faits,
on parle du pédophile comme dun homosexuel.
- Alors que les pédophiles hétérosexuels ne suscitent
pas ce genre damalgame.
Les pédophiles eux-mêmes sefforcent dutiliser
cette confusion.
- Un prêtre pédophile a parlé pendant son procès
de sa difficulté à vivre son homosexualité dans lEglise
afin de justifier ses actes.
- De nombreux médias ont repris ces propos sans recul.
.
Cet amalgame entre homosexualité et pédophilie
est lourd de conséquences dans le débat public.
Les peurs suscitées par lhomoparentalité sont étroitement
liées à cette confusion.
- Pour sen convaincre, il suffit de lire quelques lignes signées
par lun des plus brillants historiens de sa génération,
Emmanuel Le Roy-Ladurie : "le fait de confier des enfants
à des couples homosexuels masculins [...] ne manquera pas daccroître
encore les risques pédophiliques qui sont déjà en
plein essor."
- Les manifestants du 31 janvier 1999 ne sont pas allés bien plus
loin en écrivant sur une pancarte que : "Les homosexuels daujourdhui
sont les pédophiles de demain."
.
De cet amalgame, lhistoire du mouvement
homosexuel porte une part de responsabilité.
La manière dont des homosexuels célèbres, dans une
société plus violemment homophobe que la nôtre, ont
tenté de justifier leur orientation, contribue encore aujourdhui
à cette confusion.
- A un moment où tout discours public sur lhomosexualité
était impossible, de nombreux intellectuels ont utilisé
la comparaison avec lantiquité grecque pour essayer de donner
une image positive.
- Et les Grecs ne concevaient lhomosexualité
comme socialement acceptable quentre un adulte jouant un rôle
dinitiateur au sens large, et un jeune pour lequel cette relation
était une transition vers sa vie dhomme, et une éducation
aux valeurs politiques et militaires de la cité (voir lhomophobie
dans lhistoire > 272).
- Oscar Wilde et André Gide
ont abondament utilisé cette référence pour rendre
lhomosexualité présentable, comme jouant un rôle
dans la transmission des valeurs viriles.
Cette justification de lhomosexualité
est aujourdhui datée, certes, mais ni [André]
Gide ni [Oscar] Wilde
nétaient pédophiles.
- Ils nont ni glorifié ni pratiqués lutilisation
denfants impubères comme objets sexuels.
- Et les pédophiles qui utilisent aujourdhui la référence
à lantiquité pour justifier leurs fantasmes ou, hélas,
leurs actes, sont intellectuellement malhonnêtes.
.
Encore considérée avec complaisance
il y a trente ans, la pédophilie est aujourdhui unanimement
condamnée.
Cette condamnation, aussi indiscutable que nécessaire dans son
principe, ne doit cependant pas être instrumentalisée par
le discours homophobe, et au nom dun juste combat - la protection
des enfants - servir de caution à cette doctrine de haine quest
lhomophobie.
Car lamalgame va loin. Au lieu de sembler naturelle, la différence
dâge dans un couple est une difficulté supplémentaire
aux yeux de la société.
Un exemple symptomatique : les producteurs du téléfilm
Juste une question damour ont hésité
avant de retenir Cyrille Thouvenin pour le rôle principal.
- Ils avaient peur que le physique très juvénile de lacteur
ne provoque des confusions entre homosexualité et pédophilie.
- Finalement, cela na pas été le cas, et le film a
connu le succès quon sait.
.
Lhomosexualité na plus besoin
de se chercher des justifications dans la pédérastie de
lantiquité.
Pour le reste, un seul moyen : répéter inlassablement ces
quelques vérites.
- Que lamour nest pas le viol.
- Quaimer les hommes nimplique pas plus le fait de rechercher
les petits garçons que le fait daimer les femmes nincite
à violer les petites filles.
- Que ce que font des personnes en âge de consentir valablement
à des rapports sexuels ne concerne que leur intimité.
Et surtout que ce nest pas en cherchant des
boucs émissaires que lon fera quelque chose pour prévenir
les actes pédophiles,
- ni que lon pourra comprendre ce qui conduit certaines personnes
à commettre de tels actes,
- ni que lon pourra prévenir ces actes et pas seulement empêcher
tant bien que mal la récidive.
La lutte contre la pédophilie mérite
beaucoup mieux quune récupération homophobe.
Monchoix.net
.
Pour les justifications littéraires, on
peut se reporter à :
- Odon VALLET, Laffaire Oscar Wilde (collection
Folio)
- André GIDE, Corydon (collection Folio)
- Didier ERIBON, Réflexions sur la question gay
(Fayard)
particulièrement la 2e partie "Spectres de Wilde"
pour une lecture critique de Gide et de Wilde
. |
19 12 2001 > communiqué
de presse de l'AP CADHP [ Association de Préfiguration du Centre
d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris ]
Bonjour à tous, nous vous remercions de bien vouloir prêter
attention au communiqué de presse ci-dessous et de lui donner le meilleur
écho.
Merci. Ce message vous a été adressé par Franck ANTONI,
membre de la Commission Internet du CADHP
=> Communiqué
de presse
Depuis le printemps 2001, une petite équipe, structurée
en association, travaille à l'élaboration d'un projet de Centre
d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris ( CADHP ).
Ce Centre aurait pour vocation de regrouper, inventorier, conserver et mettre
à disposition du public les traces de l'histoire de l'homosexualité
en France.
Un projet d'une telle ampleur nécessite un appui
politique. Les premiers contacts pris avec la Mairie de Paris se sont
révélés très fructueux.
Interviewé dans Illico du 13 décembre, Bertrand Delanoë,
Maire de Paris, a déclaré :
- Je souhaite que ce projet voit le jour, à
l'instar de ce qui existe dans d'autres capitales. L'horizon serait plutôt
2003.
En tout état de cause, le dossier est porté par des personnes
compétentes et sérieuses.
Nous examinons d'ailleurs sérieusement la possibilité de les aider
à réaliser une étude de faisabilité précise,
dès cette année.
Les personnes intéressées par cette initiative peuvent s'abonner
à notre liste de diffusion, Archives gay : http://fr.groups.yahoo.com/
group/archives-gay/ pour être informées de l'évolution
du projet,
=> Le dossier présenté à la Mairie
de Paris : http://www.madfix.com/
Ledossier/DossierCADHP.html
Pour toute information en complément du présent communiqué,
les journalistes peuvent contacter Philippe BOT', [ trésorier ] membre
du bureau du CADHP, par e-mail : mail to cadhp@madfix.com
19 12 2001 > déclaration
légale à la Préfecture de Police de Paris de l'AP CADHP
=> création officielle de l'Association de Préfiguration du
Centre d'Archives et de Documentation Homosexuelles de Paris ...
- Objet : mettre en place à Paris, par tous moyens
appropriés, un centre d’archives et de documentation sur les
minorités sexuelles, qui sera mis à la disposition de toute
personne désireuse de se documenter et/ou de conduire des recherches
sur les sexualités minoritaires.
- Siège social : 33, rue Richer, 75009 Paris
...
=> Publication légale
de l'enregistrement de l'AP CADHP [ Journal Officiel ] 26 1 2002
19 12 2001 > création
de l'Association de Préfiguration du Centre d'Archives et de Documentation
Homosexuelles de Paris ( AP CADHP ) [ déclaration à la Préfecture
de Police de Paris ]
[...] de procéder à la déclaration de l'association dite
" Association de Préfiguration du Centre d'Archives
et de Documentation Homosexuelles de Paris ",
dont le siège est à
Paris IXème, au 33 de la rue Richer : chez M. Jean Le Bitoux.
Cette association a pour objet :
mettre en place à Paris, par tous moyens appropriés, un centre
darchives et de documentation sur les minorités sexuelles,
qui sera mis à la disposition de toute personne désireuse de se
documenter et/ou de conduire des recherches sur les sexualités minoritaires.
Les personnes chargées de son Administration ou de sa Direction
sont
- M. Miles Christopher [...] :
président ,
- M. Bot' Philippe [...] : trésorier ,
- M. Le Bitoux Jean [...] : secrétaire.
[...]
.
Les pédophiles,
boucs émissaires des homos
.
Ancien co-fondateur et rédacteur en chef de "Gai Pied",
Jean Le Bitoux, observateur engagé, depuis les années 70,
revient sur les rapports entre militants homos et militants pédophiles
:
.
L’enfant
En France, l’homosexualité vient d’une culture pédophile
avec André Gide.
En 1968, il existait même un comité d’action pédérastique
révolutionnaire.
Dans le discours du GLH à partir de 1975, il y a tout un héritage
du FHAR notamment sur la question pédophile. A l’époque,
il s’agissait de libérer son corps, libérer ses fantasmes.
Il ne faut pas oublier qu’à cette époque-là
la majorité est à 21 ans, ce qui est bien tard.
Dans les années 70 , tout est à libérer y compris
l’enfant qui est corseté comme la femme, comme l’homosexuel.
Aujourd’hui, on ne parle plus du tout du même enfant. L’enfant
des années 70 était l’esclave d’une vieille
civilisation, l’enfant d’aujourd’hui est extrêmement
sacralisé.
.
Gai Pied
Cela ne coulait pas de source pour tout le monde. J’ai régulièrement
été inquiet, par rapport à des articles relativement
audacieux, de représailles judiciaires.
Dans les années 70 déjà, la pédophilie est
un sujet tabou. Il y avait cependant une conscience collective qu’il
fallait libérer tout cela.
René Schérer [ philosophe très engagé en faveur
de la pédophilie, ndlr ] expliquait : pendant que tout le monde
se libère, il ne faut pas oublier l’enfant.
Je crois, concernant "Gai Pied", qu’est resté parfaitement
gravé le souvenir de toutes nos adolescences homosexuelles. J’ai
attendu 21 ans avant d’être majeur officiellement. Mon adolescence
homosexuelle est passée à la trappe.
Ces années ont été assez douloureuses pour pas mal
de gens de ma génération. Le tabou de la pédophilie
cache toute cette période où on est adolescent, où
on a des désirs mais où on reste en carafe parce que rien
n’est possible.
C’est cela dont se souvient la génération de l’équipe
"Gai Pied" à la fin des années 70.
.
Duvert
Tony Duvert [ écrivain très engagé en faveur de
la pédophilie, ndlr ] tenait une rubrique dans "Gai Pied"
où il affirmait : la question pédophile existe et certains
gays sont pédophobes et ils considèrent que l’émancipation
des homosexuels se fera sur le dos des pédophiles.
On a inventé un homosexuel qui laisse de côté la question
pédophile.
.
Le Coral
La date symbolique et funeste, c’est 1982, celle de l’affaire
du Coral. La gauche est au pouvoir et l’extrême droite sort
une affaire complètement farfelue, selon laquelle de grands intellectuels
de gauche et des politiques iraient visiter régulièrement
un centre pour jeunes ayant des difficultés psychologiques pour
y avoir des ébats.
Il y avait là une machination médiatico-politique qui a
fait peur à tout le monde.
L’affaire du Coral constitue un arrêt, non pas de la pédophilie,
mais de la réflexion sur cette question.
.
Bouc émissaire
Aujourd’hui, je pense que les pédophiles sont toujours les
boucs émissaires des homosexuels.
Le débat n’est plus du côté d’un espace
de liberté que les pédophiles n’ont toujours pas mais
du côté de la jeunesse des homosexuels.
. |
novembre 2001 : journal No
Pasaran n° 81 > par Josefina Gamboa
http://nopasaran.samizdat.net/
penelopes.org
http://www.penelopes.org/
article.php3? id_article=2284 |
.
Homophobie ... peur de soi même ?
.
Le terme « homosexuel » est
assez récent à en lire les écrits
de Marie-Jo Bonnet :
- « En 1869, Karoly Maria Benkert, (...), emploie pour la
première fois le mot « homosexuel
» dans une lettre ouverte au ministre allemand de la Justice,
Leonard, écrite dans le but de supprimer de la législation
pénale le paragraphe 143 réprimant les relations sexuelles
entre hommes » [1].
Auparavant, on utilisait des termes tels que « sodomite
», « pédéraste
», ou tout autre mot péjoratif
désignant des relations considérés « contre
nature ».
.
Quant aux femmes, ce sont les mots « tribadisme
», « lesbianisme », qui ont qualifiés leurs relations
des siècles durant.
- Jusquau XXème siècle, les lesbiennes ont bénéficié
dune certaine indulgence, on parlait davantage de « tendre
amitié » pour évoquer les relations de deux femmes
entre elles.
Seuls la pénétration et le pénis
ayant une valeur, les lesbiennes ont souvent échappé aux
législations anti homosexuelles et dune façon générale
à une partie des préjugés discriminatoires de lopinion
commune
- (même si des générations dhommes de lettres,
dérudits, de médecins et plus récemment de
psychiatres se sont évertués à condamner les plaisirs
clitoridiens et à édicter des normes sexuelles).
- Cependant, il ne faut pas oublier quen tant que femmes, et comme
toutes les autres, leur statut et leurs libertés étaient
limités.
.
A la fin du XIXe, les psychiatres, bien occupés
à mettre au jour la pathologie sexuelle, théorisent «
lhomosexualité » et vont reprendre des termes issus
de la médecine officielle, tombés en désuétude
au fur et à mesure des recherches.
- Un exemple : le discours sur le « clitorisme », mis en place
à la moitié du XVIIe, sera développé par le
Dr. Fournier [2], mais abandonné le temps où les
artisans de lordre moral quittèrent le terrain des maladies
physiques pour trouver un nouveau débouché à leurs
envies castratrices dans les maladies mentales.
.
Homosexualité, pédophilie
La totalité des ignominies, des théories élaborées
(sans aucun doute, finalement par des frustrés, des fabricants
de morales, des partisans du conditionnement humain ...) nont heureusement
pas traversé les siècles jusquà nous, les démonstrations
scientifiques et le ridicule en ayant anéanti bon nombre !
Cependant, il est des convictions homophobes qui tiennent encore aujourdhui
et qui prennent racines, il y a plus de 2 000 ans.
.
Je pense ici plus particulièrement à
lassociation homosexualité - pédophilie.
Cet amalgame tient ses origines de la Grèce
antique où les jeunes (plutôt les nobles),
considérés comme disciples, avaient un maître chargé
de leur éducation.
- Les relations « éraste-éromènes » comportaient
également lapprentissage de la sexualité.
- Ceci-dit, une fois le jeune devenu mâture, plus question de revoir
son maître.
- Dailleurs, en Grèce, ce sont surtout les philosophes
qui ont encensé lhomosexualité ( comme tremplin vers
lamour pur, dématérialisé), alors que pour
le reste, elle était communément condamnée en dehors
des relations initiatiques dun éraste avec un éromène.
.
Il est fort à parier que ceux qui entretiennent
lamalgame aujourdhui entre homosexualité et pédophilie
(sous la grande catégorie du « contre Nature »),
- nen connaissent même pas lorigine
- et ne peuvent pas non plus expliquer rationnellement pourquoi ils le
véhiculent.
On peut aussi se demander si ces homophobes-là ont un cerveau
(ou sils en font usage) puisque 90% des affaires récentes
de pédophilie ont concerné des hétérosexuels
(conclusion ?).
Au passage, je ferais remarquer que pour bon nombre
de gens « lhomosexuel pédophile » est forcément
un homme,
- ce qui sous-entend que seuls les petits garçons sont victimes
de pédophilie,
- ce qui, loin de la vérité, est en plus implicitement misogyne
(les attouchements dadultes sur petites filles nauraient-ils
aucune importance ?, ou seuls les petits garçons seraient-ils attirants
?)
.
Remarque sur la famille
Une bonne partie des préjugés homophobes contemporains
ne datent pas daujourdhui et sont le fruit dintoxications
culturelles et religieuses.
- Jemploie le terme culture au sens politique, les mots «
culture judéo-chrétienne » signifiant simplement quau
fondement dune organisation socio-politique (en France, étatique),
se trouvent certaines idées, sur lesquelles reposaient déjà
des religions.
Lexemple même est celui de la famille.
- Il a toujours était plus facile de contrôler mentalement
et physiquement une population lorsquelle est répartie en
petits groupes dindividus stables.
- A tous les assoiffés de pouvoir, la famille est apparue très
tôt comme pilier de la conservation dun ordre qui na
pas mis longtemps, dans lhistoire de loccident, à être
établi.
- Devenus sacro-saints, les liens de sang sont encore primordiaux pour
bien des occidentaux.
- Après des siècles de conditionnement moral, ça
fonctionne encore aujourdhui, même de façon laïque.
.
Lors des campagnes contre le PACS,
une affiche dun syndicat étudiant dextrême droite
[3] présentait une famille dans un panneau
de circulation en triangle, sous-titrée « PACS,
attention, famille en danger ».
- Au delà de la fausseté de cette affirmation, on peut se
demander pourquoi il serait si grave de passer, par exemple, dun
mode privé (donc parcellaire) déducation des enfants
à un mode collectif ?
- Mais, ne nous emballons pas, les partisans du PACS, comme
de lhomo-parentalité nen sont pas vraiment à
se poser ce genre de question.
Bon, bref, si je trouve aberrant que tant de gens gobent les discours
sur la « Famille », il nen est pas moins quelle
est tellement intégrée comme « fait naturel »,
que ce qui sen écarte est atypique et des fois anormal.
.
Les homosexuel-le-s sont donc des anormaux, pour
linstant.
- Pour linstant parce que, ne nous illusionnons pas, beaucoup dhomosexuel-le-s
ne cherchent pas à construire autre chose, mais à rentrer
dans la norme, à être considéré-e-s comme «
normaux ».
- Et même si lon peut penser le mariage entre homos et lhomoparentalité
comme des avancées anti sexistes, cest surtout la grande
valeur de la Famille qui retrouvera son piédestal (davantage
mise en danger par la mono-parentalité, par exemple).
- Les normes sexuelles en prendraient un coup, lhomophobie reculerait
probablement dans certaines régions, sur certains aspects, mais
le patriarcat nen serait pas pour autant inquiété.
Menfin, aujourdhui et ici, la Famille
est monogamique et hétéro-normée ;
- lhomophobie latente de la culture judéo-chrétienne
prend racine, en grande partie, dans cet état de fait inculqué
dès le plus jeune âge et auquel se raccrochent maniaquement
et inconsciemment des millions dindividus sur terre.
- Ajoutez à cela une bonne « politique nataliste bureaucratique
» [4] et lon a toutes les chances dassister longtemps
encore à certaines manifestations dhomophobie.
.
La pre-orientation sexuelle
De manière générale, la démarche que met
en avant Daniel Borillo [5] consiste à ne pas stigmatiser
lhomophobie comme anomalie sociale horrible et monstrueuse, mais
bien plutôt à démontrer la place quelle détient
dans lorganisation de la société actuelle.
- Il lidentifie donc tout dabord comme relevant structurellement
du sexisme.
Se référant aux travaux du sociologue
Daniel Welzer-Lang [6], il écrit
:
- "lhomophobie générale nest quune
manifestation du sexisme, cest-à-dire de la discrimination
des personnes en fonction de leur sexe ( mâle / femelle ), et plus
particulièrement de leur genre ( féminin / masculin ). [
]
- Et lorsquon lance « pédé ! », on dénonce
le plus souvent un non-respect des attributs masculins « naturels
», plutôt quon ne songe à la véritable
orientation sexuelle de la personne ».
Les diktats genrés de la société moderne, qui obligent
les garçons et les filles à construire leur identité
en rapport avec les stéréotypes masculins et féminins,
sont donc mobilisés à nouveau pour discriminer toute personne
qui sécarte du « droit chemin ».
Mais au-delà de ce rapport aux comportements,
cest aussi la sexualité en elle-même que questionne
Borillo.
- Pour lui, lhomophobie se construit grâce au statut de normalité
conféré à lhétérosexualité.
- On sait aujourdhui le caractère profondément construit
et donc relatif de la sexualité humaine (même dans des mises
en situation érotiques, les enfants sauvages ne possèdent
pas de désir sexuel [7], et pourtant, lhétérosexualité
apparaît toujours comme allant de soi.
- Ainsi, la porte est ouverte à toutes les théories différentialistes
qui, sous couvert de considérer lhomosexualité comme
simplement déviante, justifient alors tous les traitements spécifiques
et inégalitaires, y compris en Droit.
Lhétérosexualité masculine (réciproquement
féminine), au même titre que les comportements considérés
comme virils (réciproquement féminins), sont donc deux facettes
dun même stéréotype social : le « vrai
» homme (la « vraie » femme).
Le rejet des personnes échappant à
cette catégorisation (homosexuel-le-s, hommes éffeminés
ou femmes masculines
) permet donc de se rassurer sur sa propre «
normalité ».
Pour citer Daniel Borillo : « le stéréotype
joue un rôle psychologique majeur, puisquil permet dapaiser
langoisse identitaire de se voir un jour déserter son statut
ou de se faire rejeter par son groupe dappartenance, surtout lorsque
celui-ci apparaît comme le modèle à suivre ».
- Cest donc en opposition à des a-typiques, à des
a-normaux, que la personnalité masculine peut se construire.
- Dit autrement, cest dans le rejet de lhomosexuel que le
genre masculin se constitue.
.
Selon C. Gentaz : « lhomophobie, en raison de sa fonction
sociopsychique, préserve, tel un condom, les hétérosexuels
de la féminité en empêchant toute forme dintrusion
masculine extérieure : cest une douanière du genre
masculin. Nous pourrions dès lors supposer que lhomophobie
est constitutive de la psychogenèse de tout individu masculin ».
- Voici donc la thèse principale de lauteur exposée.
- Lhomophobie nest pas une anomalie de la société
moderne, mais un de ses piliers.
- Ni excroissance monstrueuse, ni phobie irrationnelle, la peur et le
rejet de lhomosexualité sont des principes organisateurs
de la personnalité des individus, dans le plus pur respect des
genres sexués préétablis.
On conditionne les enfants à devenir ces
hommes et femmes par un ensemble dattentes, dexigences, dattitudes,
de cadeaux, de remarques, dapprentissage manuels et intellectuels
différenciés selon le sexe de lenfant que lon
a devant soi [8].
- Il ne sagit pas dune simple répartition dans lorganisation
de la vie en général, mais de confiner les femmes dans des
rôles dinfériorité et de soumission à
légard du « sexe fort ».
- Un enjeu majeur à la clé ... le pouvoir sur autrui, celui
qui permet de disposer dun ou de plusieurs êtres humains pour
son plaisir, pour satisfaire son orgueil (sentiment très gourmand
et exigent si on ne le refuse pas) en saffirmant supérieur,
puisquau dessus dautres individus.
Pour que ça marche bien et longtemps, il
faut que lensemble des hommes acceptent dincarner, de valoriser
et dimposer à lensemble des femmes leur domination.
- De la même façon, il faut que tout un chacun soit persuadé
que la marche de la vie, cest faire des enfants, cest trouver
quelquun-e- avec qui réaliser cela.
- Chaque individu qui refuse dêtre englouti dans ces ensembles
ou dont les comportements dérogent à ceux sensés
découler « naturellement » de cette grande division
entre hommes et femmes, déstabilise, met en péril «
lordre naturel des choses ».
Alors, avant que les enfants aient pu réfléchir
à leur attirance, leurs sentiments les uns envers les autres, on
se charge de leur fixer des cadres à lamour.
- Thatcher, qui pensait que lhomosexualité se propage
quand on en parle, avait interdit quil en soit fait mention dans
les manuels scolaires.
Mais regardons en France, pas besoin de
décret, je nai trouvé aucune histoire damour
entre deux personnes du même sexe dans les manuels scolaires
[9].
- Je partage avec George Orwell lidée selon laquelle
il faut commencer par supprimer les mots qui sy réfèrent
lorsquon veut faire disparaître quelque chose (une idée,
un sentiment ... voire même quelquun) [10].
- Et, par conséquent, il est homophobe de nier certains sentiments,
certaines relations humaines en ne les mettant pas en scène, en
ne permettant pas de mettre des mots dessus.
De plus, cest bien souvent lorsque lon
ne peut (ou ne veut) pas mettre de mots raisonnés sur des choses
que lon sent, que lon voit (...), que se forment des gènes,
des peurs, voire des phobies.
- Les peurs de lhomophobe sont « apprises au berceau, réitérées
durant lenfance, envers ce quon dit étrange, non conforme,
« monstrueux » [11].
- Alors, à quand lhomosexualité « inscrite dans
les manuels scolaires avec la même clarté que les relations
hétérosexuelles » ? [12].
.
Cest sûr, pas tant que, chez une majorité
dadultes, le pénis sera une valeur, sainte et sûre,
quêtre pénétré-e- sera lapanage
de linférieur(e), que la sodomie sera prise pour la pratique
la plus fréquente des homos et que les actes sexuels sans pénétration
seront considérés comme une forme de sexualité incomplète.
- Le concept de « pré-orientation sexuelle »nest
donc pas vide de sens.
- Et, pour ceux et celles qui nattendront pas dêtre
marié-e-s, davoir des enfants, pour sapercevoir, se
révéler leurs homosexualités, rien, du côté
de la découverte, de laffirmation de soi, ne sera facile.
Ladolescent-e- homosexuel-le trouvera rarement
dans le cadre scolaire
- des situations dans lesquelles se projeter,
- des personnages auxquels sidentifier
alors que lon sait que toute personnalité se forge dans limitation
et lidentification à des semblables.
Très peu de mots également sur le
million dhomosexuel-le-s mort-e-s dans les camps de concentration...
pas de mémoire collective, de passé à sapproprier
pour sinscrire dans et construire le présent, pas dHistoire.
.
Le rapport au plaisir, au corps
Comment donc accepter quon procure à autrui ou quautrui
se procure le plaisir que soi-même, on se refuse ?
- Je crois en effet quun des noeuds de lhomophobie se trouve
dans la frustration sexuelle, dans la limitation des plaisirs et, dune
fa« on générale, dans la conception restrictive et
brimante du corps.
A voir la profusion des régimes amincissants,
des journaux de mode(s), des accessoires d"esthétique
», on se rend bien compte que le corps nest toujours pas sorti
de ses chaînes,
- quil sagit encore davantage de répondre présent-e-s
à lappel de toutes les valeurs normées et normatives
- que de chercher à mieux connaître son corps et la richesse
des plaisirs quil peut offrir.
Du fait même que les homos ne procréent
pas, il y a de grandes chances quils et elles fassent lamour
dans un honnête but de plaisir ..., non mais, vous vous rendez compte
?
- Alors que Jésus, lui, atteint sa gloire, rejoint Dieu
lorsquil est troué, meurtri dans sa chair (propre), de simples
âmes sabaissent à trouver du plaisir dans ce corps
vil, sale, matériel, et surtout bien vivant (tout est dit).
Si je pense que cela a à voir avec la haine vouées aux
homosexualités,
- je ne dis pas pour autant que les homosexuel-le-s
sont exempt-e-s de la répression sexuelle ambiante ni de lenfermement
du corps dans des schémas.
- La preuve pour moi est visible dans la bi-phobie [13] si répandue
dans « le milieu ».
.
La lesbophobie
(Une question que je me pose encore et qui a sans doute orienté
mes recherches sur ce thème est de savoir si lon peut être
militante homosexuelle sans être féministe.)
La lesbophobie est une catégorie de lhomophobie,
qui, comme la gay-phobie, comporte des particularités.
- Par exemple, il faisait meilleur vivre lesbienne il y a quelques siècle
quaujourdhui, mais, parallèlement, il fait meilleur
être femme aujourdhui quil y a cent ans.
- Et les deux ne sont pas dissociables quand on envisage lhomosexualité
des femmes. Homosexuelles, hétérosexuelles, bon nombre de
femmes furent brûlées, torturées, violées du
même fait dune misogynie parfois sanguinaire, en tout cas
séculaire.
Accuser une femmes de sêtre «
travesti en homme » a pu conduire à son exécution
ou son emprisonnement.
- Sachant que se travestir en homme signifiant « revêtir le
costume masculin », ce sont toutes les femmes qui étaient
concernées, quelles que soient leurs sexualités [14].
.
Parallèlement, je le disais plus haut, les
lesbiennes en tant que telles ont beaucoup moins fait les frais de leur
orientation sexuelle que les gays.
- Là encore, rien de surprenant, cest vrai, quest-ce
que peuvent faire deux femmes ensemble ?
- Rien... pas grand chose, enfin, rien de bien méchant quoi ? !
- Comment contredire cela. Cela fait à peine trente ans que le
plaisir des femmes entre en ligne de compte dans les discours sur les
relations hétérosexuelles, quon parle ouvertement
et simplement (quoique...) de ce fameux clitoris !
- Quest-ce que le cunilingus ? Une caresse ? Un acte sexuel ? Je
répondrais : un acte symboliquement et moralement moins chargé
que la fellation.
La négation de toute sexualité propre
aux femmes a beaucoup contribué à ce quon les tiennent
à lécart des ratonnades, des rafles.
- Certes, elles dérogent à leur rôle de procréatrice,
mais en même temps elles participent delles-mêmes à
mettre un terme à ce fléau communément nommé
femme [15].
Et puis, finalement, elles peuvent être utiles
aux hommes, au regard des différents types de productions pornographiques.
- Ceci-dit, tout nest pas rose pour les lesbiennes et elles ne sont
pas non plus épargnées en tant que simples objets de fantasmes
masculins.
- Avec la stigmatisation de la « camionneuse », nombre dhommes
se sentent attaqués dans leur virilité (ou « croyance
en leur supériorité »), et répondent par la
violence ; tu veux jouer à lhomme, tu vas voir !
.
Collectivement contre lhomophobie
A quand cette fameuse « révolution sexuelle » dont
jai ouïe dire quelle sétait déjà
produite ?
Je reste persuadée quon coupera certains
ponts avec lhomophobie en faisant reculer la répression sexuelle,
en émancipant le corps de ses carcans, en donnant un sens neuf
aux mots « libération sexuelle ».
- Lutter contre lhomophobie, cest dabord, je pense,
refuser de penser lhomosexualité, et den débattre,
dans des termes de « inné-acquis », « naturel-contre
nature ».
- Tout simplement parce que ce qui est « naturel » est finalement
acquis puisque change selon les modes, les politiques... et surtout parce
que le débat qui cherche à élucider les « causes
» des homosexualités nous détourne de la question
de savoir comment bien vivre ce que nous voulons être, et au quotidien.
- Je pense quil faut également être présent-e-
à chaque occasion où le concept de « visibilité
» se trouvera manifesté concrètement. Sortir du silence,
du placard et ce, collectivement.
Par ailleurs, je me demande sil faut (comme cest déjà
le cas) lutter pour la reconnaissance des homos comme groupe social.
- Dun côté les homosexuel-le-s,
transexuel-le-s pousuivi-e-s dans un pays du fait de leur orientation
sexuelle, ne peuvent pas prétendre à lasile politique
de ce fait même qu « homo » nest pas un
groupe social.
- Mais de lautre côté, cest un vrai lobby qui
se met en place (que lon a pu observer lors des débats
sur le PaCS) avec tout ce que cela
implique : participation à un système politique pourri,
défense dintérêts économiques et commerciaux,
promotion dune culture propre, enfermement de la population dans
des catégories...
Tout pour faire pâlir mon sens de luniversalisme.
Lutter contre lhomophobie, cest aussi
à la racine,
- refuser tout discours enfermant les hommes ou les femmes dans des stéréotypes,
- refuser quil soit dégradant dappartenir au sexe féminin,
et finalement peut-être se décharger dun coup de boule
à chaque « femmelette », « enculé »
etc., qui vient nous squatter lencéphale par les oreilles.
Pour ne pas conclure, je marrêterais sur une citation de
Jacques Fortin :
- « Notre lutte contre loppression,
pour les alliances nécessaires et possibles avec les femmes, dont
la cause ébranle si fort lordre établi des genres,
avec les exploités dont le combat attaque lordre établi
des classes, nous mène, hors des sentiers battus, sur la voie inexplorée
de modes de vie émancipés, encore inédits.
» [16].
.
- [1] Marie-Jo Bonnet, Les relations amoureuses entre les femmes,
ed. Odile Jacob, coll. Opus sept 1995, p.284 : Le mot « homosexuel(le)
» fait sa 1ère apparition dans le supplément du Nouveau
Larousse illustré aux alentours de 1900.
- [2] « Le clitorisme est cet acte au moyen duquel les femmes suppléent,
par une sorte dartifice, au plaisir que la nature réserve
aux seules approches amoureuses des deux sexes . » Dictionnaire
des sciences médicales par une société de médecins
et de chirurgiens, Paris, ed. Panckouke, 1812-1822, Dr. Fournier,
article « Clitorisme »
- [3] lUNI
- [4] Jacques Fortin, Homosexualités, ladieu
aux normes,ed. Textuel, coll. La discorde, 2000, p. 35
- [5] Daniel Borillo, Que sais-je ? Lhomophobie, ed. PUF,
2000
- [6] ibid. p.87
- [7] Mémoires de singes et paroles dhommes, Boris Cyrulnik,
Points Seuil
- [8] Pour décortiquer plus en profondeur les processus de construction
des genres masculins et féminins, je vous invite à lire
larticle sur ce même sujet dans le No Pasaran
75, mars 2000
- [9] Je naffirme pas pour autant avec certitude quil nen
existe pas puisque je nai pas lu la totalité des manuels
existants et quil y en a un paquet !
- [10] cf. le fameux roman 1984
- [11] Jacques Fortin, cf. plus haut, p.69.
- [12] idem p.41
- [13] je précise : « biphobie » = peur, haine des
bisexuel-le-s.
- [14] Bonaparte interdit aux femmes le port du costume masculin.
Ce nest quen 1886 que commence une campagne de la Ligue pour
lAffranchissement des Femmes contre ce fait et cette loi
- [15] cf. Françoise dEaubonne, Le sexocide des sorcières,
n°47 de lEsprit frappeur, 1999
- [16] cf.(4), p.9
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