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.Reportage
sur le phénomène des "brouteurs"
en Côte D'Ivoire
En Côte d'Ivoire, et partout en Afrique, il n'est plus rare
de voir les cybercafés bondés de monde. Des adolescents,
pour la grande majorité, en ont fait leur espace de prédilection.
Leur objectif, "tchatcher" sur Internet, afin d'appâter
d'éventuels pigeons.
Le cercle des "brouteurs" fait peur
Le but étant d’escroquer le maximum de personnes (les Blancs
surtout), en se faisant passer pour des filles, avec photos fictives à
l'appui, via le webcam.
Ou en échangeant sur des sites exclusivement
réservés aux homosexuels. Cette pratique appelée
"Love’’ a pignon sur rue auprès de cette nouvelle
race de ‘’broutteurs’’.
Pire encore, ils poussent le bouchon très loin en consultant
des charlatans et autres marabouts de fortune. Comment procèdent-ils
? Quels sont leurs différents stratagèmes ? Lisez ce dossier
qui vous donnera froid dans le dos, tant les recettes utilisées
par ces jeunes font peur.
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Origines de ce phénomène
Le phénomène du "broutage" a débuté
avec la création d'ONG fictives sur Internet par les jeunes Africains
vivant en Europe, via ce qu'ils ont appelé le "36-15".
L'objectif proclamé de ces organisations non gouvernementales à
but non lucratif est de joindre des personnalités européennes
nanties, en vue de venir en aide aux personnes en difficultés en
Afrique.
Avec une stratégie bien ficelée, ces jeunes arrivaient
à berner les éventuelles personnes qu'ils dépossédaient
de fortes sommes d'argent. Ensuite, est arrivé un autre phénomène.
Celui des cartes bleues. Encore une fois, avec l'ingéniosité
qui leur était propre, ces jeunes africains, pour la grande majorité
de connivence avec certains agents travaillant dans des supermarchés,
des banques et autres grandes surfaces, où les clients effectuaient
le règlement de leurs factures et autres achats par les cartes
bancaires, arrivaient à soutirer les numéros des cartes
à eux remis, en vue d'un éventuel règlement à
la caisse.
Ainsi donc, avec la collaboration de certains complices, il leur était
facile d'accéder à des comptes bancaires via Internet qu'ils
se chargeaient, avec joie, de vider de leur contenu. Une fois le butin
amassé, une infime partie était envoyée à
ceux qui se trouvent en Afrique et qui ont permis la réussite du
plan (envoi de photos et témoignages très souvent) et l'autre
partie leur servait à plastronner. En faisant des achats de vêtements
et autres accessoires de mode à des coûts exorbitants. En
distribuant des billets de banque dans les boîtes de nuits et autres
endroits chauds d'Europe. Ainsi donc, il n'était pas rare de voir
un jeune vivant à Paris se rendre spécialement pour un show
à Londres, aux Etats-Unis, en Italie, etc., juste pour lancer des
défis aux autres noceurs qui veulent leur voler la vedette ou qui
voudraient se mesurer à eux.
De vol en vol, le phénomène du ‘’broutage’’
via Internet était né. En Côte d'Ivoire, il a débuté
avec la confection de faux documents administratifs, communément
appelés dans le jargon des ‘’brouteurs’’,
"formate".
Des copies bien reproduites qui portent des logos, des indications précises
et des cachets de certains ministères bien ciblés. Cette
arnaque bien ficelée faisait l'objet d'une préparation bien
minutieuse. Il n'est pas rare de recevoir dans sa boite aux lettres des
e-mails faisant cas d'une loterie organisée par la Fondation BillGates,
du nom du milliardaire. Communément appelé "Fondation
Bill Gates Lotery". A travers la création d'une adresse électronique,
plusieurs e-mails sont envoyés sur Internet à des correspondants
"tamponnés" grâce au "tchat" sur
le net. Après quoi, les "brouteurs" envoient des messages
de félicitations aux concernés pour leur annoncer qu'ils
viennent de remporter un gain à la loterie dite de Bill Gates.
Il est aussi expliqué que tous les participants pour la version
en ligne ont été choisis aléatoirement à partir
des emplacements mondiaux de web par le système d'aspiration d'ordinateurs
et d'extraits, à partir de plus de 100.000 syndicats, associations
d'ordinateurs et sociétés qui sont énumérées
en ligne. Malheureusement, nombreuses sont les personnes qui tombent dans
le piège de ces voleurs d'un genre nouveau.
Pour ne pas éveiller de soupçon, les arnaqueurs créent
un avocat fictif, afin de certifier l'originalité de leur mail.
Une fois "l'heureux gagnant" rassuré, ce dernier rentre
en contact avec l'avocat pour pouvoir recevoir son argent. Et celui-ci
lui expédie un "certificat de reconnaissance de gain"
qu'il devra remplir et lui retourner dans un bref délai. "L'avocat
fictif" demande alors aux "gagnants" de payer une facture
s'élevant parfois à 500.000 fcfa, pour "les formalités
administratives au niveau du ministère de l'Economie et des Finances".
Cette facture sera réglée et retirée par le canal
d'agences de transfert d'argent avec de faux noms. Avec l'aide de complices
dans ces agences, les ‘’brouteurs’’ n'ont aucune
difficulté à entrer en possession de leur argent, sans les
pièces requises. En retour, les agents complices reçoivent
des commissions allant de 1 à 5 millions de nos francs, selon le
montant encaissé. Bien entendu, l'aboutissement de tout ce stratagème
n'est que désillusion pour les soi-disant gagnants et une bonne
affaire pour les escrocs. Ces "brouteurs" confient que la
grande partie de leur revenu provient des Européens qui tombent
très souvent dans le piège. Les Africains, plus réticents,
ne sont pas très souvent ciblés par ces arnaqueurs.
Pour se défendre, les "brouteurs"
osent se justifier en arguant à qui veut l'entendre que :
"c'est notre manière à nous de récupérer
auprès des Blancs ce qu'ils ont pris à nos pays africains.
Nous avons été suffisamment exploités et nous n'avons
aucun remords en faisant cela. Nous réparons à notre manière
cette injustice".
Mais ce stratagème a de plus en plus de mal à fonctionner,
car certaines personnes plus averties veillent maintenant au grain et
font plus attention quant-aux e-mails qu'elles reçoivent. Conséquence,
les jeunes ‘’brouteurs’’ ont trouvé une
alternative, celle d'user de pratiques fétichistes pour avoir encore
plus de gain.
Il existe également une autre pratique appelée
"love". Elle consiste à "tchatcher" sur
des sites réservés aux homosexuels ou tout simplement aux
Européens avides de chair fraîche. Le but est de discuter
via Internet avec le "mougou", comme ils se plaisent à
appeler les Européens. Les "Gaïs" , le nom de
code des ‘’brouteurs’’, discutent donc avec ces
Européens pendant de longues heures, voire des semaines entières.
Soit directement avec photos de jeunes filles dont la beauté ne
souffre d'aucun commentaire. Ces photos sont prises sur des sites comme
: www.models.com, hi5,…. et bien d'autres sites en l'absence de
webcam. Dans le cas contraire, ils usent souvent des services de certaines
jeunes filles qui se plaisent à jouer au jeu de séduction
avec les Européens. Ces dernières, en cas d'appel des "mougous",
répondent avec leurs voix langoureuses au téléphone.
Chose qui a pour but de rassurer les Européens afin qu'ils envoient
assez d'argent pour l'achat de billet d'avion et autres démarches
à effectuer pour que la dulcinée les rejoigne en Europe.
Malheureusement, ce ne sera que désillusion. Au cas où ce
dernier décide de venir lui-même en Afrique pour rencontrer
cette dernière, il n'est pas rare que les "Gaïs"
présentent de belles jeunes filles fraîches à la recherche
de maris Blancs, aux Européens. Très souvent, ces pratiques
aboutissent à des mariages mixtes. Chose qui ne déplait
pas à certaines familles qui voient en cela une porte vers la fortune.
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Douk Saga et sa clique
Au plus fort de la guerre qu'a vécue la Côted'Ivoire, un
jeune nommé Douk Saga, de son véritable nom Stéphane
Hamidou Doukouré, né le 23 mai 1974 à Yamoussoukro,
va faire parler de lui. Créateur auto proclamé du "décalé
coupé", un rythme urbain de la Côted'Ivoire. Ce jeune
s'est fait remarquer en distribuant de l'argent pendant des shows et des
prestations scéniques de certains artistes. Lui et ses amis Molare,
Boro Sangui, Lino Versace, Chacoulé, Solo Beton et autres faisaient
du coup beaucoup de bruit à chacun de leur déplacement.
Ils avaient ainsi créé le phénomène du "travaillement"
et du "boucan".
Ce m'as-tu vu d'un genre nouveau attirera le regard jaloux de certains
jeunes qui, très tôt, se mettront, eux-aussi, à vouloir,
vaille que vaille, se faire de l'argent facile avec les mêmes procédés
utilisés par leurs frères vivant dans l'hexagone. De ce
fait, ils effectueront des ventes de terrains fictifs. Le cas aberrant
de la vente de la "forêt du Banco". Et ficèleront
des testaments avec des sommes mirobolantes à acquérir avec
l'aide d'autrui, moyennant une compensation. Des sociétés
qui n'existent que dans leur imagination, dans le but d'arnaquer d'honnêtes
citoyens.
Malheureusement, le précurseur de ce mouvement décédera
le 12 octobre 2006 à Ouagadougou, au Burkina Faso dans des conditions
mystérieuses. A sa mort, plusieurs hypothèses ont été
avancées. Ainsi donc, des maladies comme la pneumonie atypique,
le SIDA et autres affections contagieuses ont été cités
comme cause de son décès. Tandis que d'autres personnes
soutenaient, elles, la thèse du mysticisme. Pour ces personnes,
Doukouré ne serait pas mort d'une mort naturelle, car le "boucantier"
aurait vendu son âme au diable en pactisant avec un marabout au
Bénin. A les croire, Saga serait décédé trois
années après avoir réussi son pacte avec un marabout.
Sacrifiant ainsi sa vie pour trois années de bonheur. Trois années
au cours desquelles il sera envié, choyé et chéri
par une armada de fans. Malheureusement, il nous a quitté dans
la fleur de l'âge. Cette hypothèse, ne serait pas à
négliger. Quand on sait que certains jeunes ivoiriens se sont intéressés
de près à la vie outrancière que menait le "boucantier".
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Le "broutage" et ses conséquences
Maïga Number One, John Compressor, Président Zidane, Loic
Le Sultan, Tsunami, Empereur Parfait, Wari Parkeur, Kader Le Riche Albanais,
Sidy Le Magnific, Chamberlin d'Actualité, JP Jean Paul Gautier,
Papa Gouel, Jean Louis Edoukou, Timité Number One, Senateur Vao,
Marshal Shipper, Moussa Le Long, Seydou BCEAO, Ange Versace, Patco Le
Milliardaire, Soucousou Trapatoni, IB Cacao, Ismaël Le Refondateur,
Momo Cash Money, Coco Le Riche… Tels sont les sobriquets que se
donnent les jeunes qui s'adonnent au "broutage". A travers
un classement bien défini, ils se sont attribués des sobriquets
aussi flatteurs les uns que les autres. Certains vont jusqu'à faire
le "boucan" sur des sites spécialement destinés
à ce phénomène. Ces jeunes ont pris l'habitude, comme
leurs devanciers "brouteur" d'user des mêmes stratagèmes.
Hélas, il y a des dérapages. C'est l'amer constat que nous
avons fait lorsque nous avons décidé de nous intéresser
de plus près à cette pratique qui bat son plein de nos jours
en Côte d' Ivoire. En effet, ces jeunes abandonnent les bancs de
l'école pour passer la plupart de leur temps dans des cybers qu'ils
investissent. Certains vont jusqu'à passer des nuits blanches,
rien que pour "tchatcher" et appâter d'éventuels
naïfs, amateurs de rondeurs féminines africaines et de pratiques
immorales.
Avec leur style de jeune dandy, toujours bien habillé,
coiffé, avec chemise et tee-shirt "très près
du corps". Leur dada, dilapider l'argent. Cet argent acquis de la
plus mauvaise manière avec une stratégie d'escroquerie bien
huilée. Il n'est donc pas rare de voir des disc-jockeys
et même des jeunes filles se rabaisser juste pour jouir des faveurs
de cette nouvelle race de "riches". Mais ces actes ne sont
pas sans conséquences. Il ressort que certains d'entres eux dont
les affaires ne fleurissent plus depuis un certain temps usent de certaines
pratiques peu orthodoxes. Il s'agit des pratiques mystiques.
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Le fétichisme et les brouteurs
Rendez-vous à Port-bouët, Abobo, Marcory, Treichville, Vridi,
Dabou et autres contrées du pays. Quelle ne serait pas votre surprise
de faire l'amer constat que ces jeunes usent de pratiques fétichistes
pour avoir plus de gains. Comment font-ils? Nous avons fouiné dans
leur univers. Selon les témoignages recueillis auprès de
certains d'entres eux, il nous est revenu qu'une fois chez le marabout,
il leur est soumis différentes conditions à des degrés
divers. Ainsi donc, pour ceux qui veulent "un travail mystique bien
fait", il leur est remis des mixtures ou des amulettes censées
faire prospérer leur affaire.
Ces marabouts leur demandent aussi de donner un
organe de leur corps qui leur est cher. Ainsi donc, il n'est pas rare
que certains "brouteurs" vendent un, voire deux doigts, un
œil, leur sexe, leurs orteils. Une fois ce don d'organe effectué,
le brouteur dans les jours, les semaines et les mois qui suivent, recevrait
des sommes très consistantes de la part de son "mougou",
parlant des Européens comme ils se plaisent à les appeler.
Malheureusement, après quelques mois de jouissance et de joie,
le "boucantier", se verra dans l'obligation de retourner chez
le marabout, afin de renouveler l'opération. Puisque la "puissance
du travail" du charlatan peut diminuer d'intensité. D'autres,
plus entreprenants, pousseront le bouchon très loin jusqu'à
se sectionner un doigt ou un orteil.
Parfois, ils seront poussés par ces marabouts
à avoir des relations sexuelles avec des personnes du même
sexe. Comprenez le nombre grandissant d'homosexuels en Côte d'Ivoire.
Certains vendent leur âme, dorment dans des cimetières, ou
se lavent avec de l'eau extrait de cadavres et recueillie dans des morgues,
dans le but de gagner des sommes faramineuses. Cet argent une fois reçu,
doit, aux dires de certains témoins qui ont, eux-aussi, pratiqué
le "broutage", avoir une durée illimitée. Ces
marabouts fixent donc des conditions et des délais selon la somme
reçue. Il leur est interdit très souvent, en guise de totem,
de donner de l'argent aux membres de leur famille. De se laver avec du
savon, au cas où, ils reçoivent des mixtures appropriées.
Ils ne doivent pas non plus tendre la main ou répondre
à la salutation d'une femme, avant d'aller s'asseoir sur un ordinateur,
en cas de rendez-vous pour "tchatcher" avec leur Blanc.
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Les inconvénients de ces actes
On remarque depuis un certain temps les morts en cascade de jeunes en
Côte d'ivoire. Si ces morts sont pour la plupart du temps mises
sur le compte des maladies et autres sorciers du village, ce que l'opinion
ignore, c'est que ces différents décès, sont dus
à des pratiques mystiques qu'ils effectuent pour des gains de l'argent
facile. Ces pratiques ont malheureusement des revers dont ces jeunes ignorants
sont loin de se douter.
En effet, cette pratique qui consiste à
donner une ou plusieurs parties de son corps comme gage pour un travail
de maraboutage réussi fait des dégâts. Pour
les ‘’brouteurs’’ qui poussent le bouchon très
loin jusqu'à vendre leur âme, c'est la mort de façon
mystérieuse dans des conditions toujours étranges.
Comme ce jeune à Port-Bouët, décédé
suite à un violent accident de voiture. Le chauffeur, voulant éviter
un carambolage, a préféré percuter l’adolescent,
qu'il a pris pour un chien errant. Sa surprise sera de taille, lorsqu'il
mettra pied à terre, puisqu'il ne comprenait pas l'attroupement
qui a suivi l'accident.
Avec stupeur, il fera le constat amer de voir un
jeune homme, bien habillé portant plusieurs bijoux, à
la place du chien percuté. Renseignement pris, ce jeune
serait un "brouteur". Idem pour cet autre jeune, qui serait
mort suite à un violent accident de la circulation, pendant qu'il
voulait éviter, selon la version officielle, un braquage. Cependant,
la thèse selon laquelle ce jeune serait également une victime
de cette pratique à la mode a aussi été évoquée.
Ces exemples sont légion dans le cercle infernal du "broutage".
Les voitures et autres biens matériels acquis par ces derniers
finissent toujours dans les mains des autres. Ces actes ont des conséquences
irréversibles, malheureusement. Si notre jeunesse n’en prend
pas rapidement conscience, elle se perdra dans ces pratiques qui aboutissent
à la folie et très souvent à la mort.
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